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Enfoirés d’altruistes !

lundi 25 avril 2016 à 20:54
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En éternel optimiste, je suis confiant dans le fait que l’immense majorité de l’humanité est bienveillante. Nous ne souhaitons que le bonheur pour nous-mêmes et les autres.

Mais alors, comment expliquer la multiplication des conflits, des guerres, des disputes et des violences ?

Ma réponse est toute simple : parce que nous ne sommes pas assez égoïstes et que nos différentes cultures nous poussent à “penser d’abord aux autres”.

« Et alors ? » me diriez vous avec un air étonné en vous tapant la tempe de l’index. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, avoir des bonnes intentions pour les autres ne fait que paver l’enfer, pour paraphraser le proverbe. La solution ? Soyons égoïstes et arrêtons un peu d’essayer de penser pour les autres !

Petit exemple introductif

Marie a offert une boîte de pralines à Jean. Ils viennent de la manger ensemble. Il n’en reste plus qu’une dans la boîte. Marie en a très envie. Mais elle veut avant tout faire plaisir à Jean.

— Tiens, prends la dernière !

Jean n’a pas du tout envie de la praline car il sait qu’elle est à l’alcool et il a horreur de ça. Cependant, il ne veut pas froisser Marie ni montrer que son refus est purement égoïste.

— Non, merci, je te la laisse.
— J’insiste, tu en as pris moins que moi !
— Vraiment, sans façon !
— Ce serait bête de la jeter !
— Bon, d’accord…

Moralité : Marie et Jean sont tous les deux frustrés mais sont persuadés de s’être frustrés pour le bien de l’autre. Ce qui a eu l’effet inverse !

Peut-on généraliser cet exemple ? Oui, je le pense !

Une hypocrite bienveillance

Le problème d’une société altruiste, c’est qu’il devient virtuellement impossible d’exprimer son propre désir, celui-ci étant perçu comme égoïste. Il devient également impossible de signifier à une personne bien intentionnée que son intention n’a pas eu l’effet escompté.

Il s’ensuit que les altruistes sont, par construction, forcés de vivre leurs propres plaisirs par procuration. Dans notre cas, c’est Marie forçant Jean à manger la praline qu’elle aurait bien voulu avoir.

La praline parait peut-être anecdotique mais remplaçons le chocolat par la morale et nous avons la source même des conflits et du fanatisme. Si un homme pense qu’il n’est pas sain que ses enfants soient exposés à de la pornographie, il va militer pour interdire la pornographie dans toutes la société afin de protéger tous les enfants ! Les opposants du mariage homosexuels militent pour, selon leur propre mot, le bien de tous et de la société. Ils sont donc essentiellement altruistes.

Exemple extrême : les extrémistes religieux ne cherchent jamais qu’à sauver les âmes égarées, quitte à les torturer et les tuer un petit peu en passant. Mais c’est pour leur bien.

L’inévitable frustration

Mais ces enfoirés d’altruistes font encore pire !

En effet, frustrés inconsciemment par le non-assouvissement de leurs désirs, ils en viennent à haïr les égoïstes qui n’ont rien demandé à personne.

Sans le savoir, ils exigent que tout le monde fasse le même sacrifice qu’eux. Ou, au minimum, ils veulent être reconnus pour leur sacrifice.

Certains vont jusqu’à affirmer tirer leur bonheur du bonheur des autres ! Cette rhétorique est paradoxale. Car si la phrase est vraie, alors l’altruiste est en fait profondément égoïste. Comme l’égoïsme n’est pas acceptable pour l’altruiste, il s’en suit que la proposition est hypocrite.

En résumé, les altruistes imposent leur vision du monde aux autres et ne supportent pas ceux qui s’occupent d’eux-mêmes.

Les conflits

Vous m’objecterez que si tout le monde était égoïste, il y aurait encore plus de conflits car, forcément, les envies sont parfois incompatibles.

Mais je pense le contraire. Car tout être humain normalement constitué est capable d’accepter une frustration si celle-ci est consciente et justifiée.
— J’ai envie de la dernière praline.
— Moi aussi.
— Tu en as mangé plus que moi.
— Effectivement, je te la laisse pour cette fois.

L’égoïsme améliore la communication, la transparence. De manière contre-intuitive, il est beaucoup plus facile de faire confiance à un égoïste : il ne cherche pas à nous faire plaisir, il suffit que ses intérêts soient alignés avec les nôtres. La frustration, elle, est verbalisée et rationalisée : « J’avais envie de la dernière praline mais il est juste que Marie aie pu la manger. »

L’égoïsme et la franchise entraîne donc une diminution des incompréhensions. Les conflits restants sont, au moins, clairement identifiés et négociables.

L’harmonie

Mais la véritable raison qui me fait abhorrer les altruistes est bien plus profonde.

Comment voulez-vous apporter de l’harmonie au monde si vous n’êtes pas en harmonie avec vous-mêmes ? Comment voulez-vous écouter les autres si vous n’êtes pas capable de vous écouter ? Comment satisfaire les envies de ceux que vous aimez si vous êtes vous même frustrés ?

L’altruisme est essentiellement morbide.

Vous voulez changer le monde ? Rendre les autres heureux ? Apporter du bonheur à vos proches ?

Charité bien ordonnée commence par soi-même ! Travaillez à être heureux, à votre propre bonheur et arrêtez de penser à la place des autres.

 

Photo par Lorenzoclick.

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

La moitié du monde qui vit dans la peur

jeudi 14 avril 2016 à 23:34
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J’aime me balader seul la nuit dans les rues désertes. Couper par un bois obscur. Respirer l’air de la nuit. Je me sens bien.

Peur ?

Je ne connais pas vraiment la peur. J’ai confiance dans mes capacités de défense. J’ai confiance dans ma pointe de vitesse. J’ai surtout confiance dans le fait que m’agresser est un acte très grave, complètement condamné par la société. Les agresseurs sont donc relativement peu nombreux et doivent être vraiment acculés. De plus, une agression éventuelle aurait très peu de chance de laisser des séquelles durables. Même si c’était le cas, je sais que j’aurais le support de l’ensemble de la société, que mon agresseur serait unanimement condamné.

Je suis donc en confiance, j’ai la chance de vivre dans un endroit sûr.

Parce que je suis un homme.

Si je me transforme en femme, le monde est immédiatement différent. Physiquement, j’ai moins de chance d’être plus forte ou plus rapide qu’un éventuel agresseur. Je suis obligée de considérer chaque homme comme un agresseur potentiel. Les regards, les remarques, même les plus gentilles, me rappellent à chaque instant que je suis avant tout une proie sexuelle dans le regard des mâles.

Que ce soit dans un contexte professionnel, intellectuel ou de détente, les premières remarques concerneront toujours mon physique et, implicitement, ma baisabilité. Et si l’on sort des considérations sexuelles, ce sera essentiellement pour parler de mon rôle potentiel d’épouse et de mère.

Des agresseurs potentiels n’ont pas besoin d’être acculés, désespérés pour passer à l’acte avec moi : il suffit qu’ils aient des pulsions sexuelles un peu trop vives.

De plus, je sais que la société les condamne très peu. Si je suis victime d’un viol, les policiers commenceront par me culpabiliser en me demandant pourquoi je me suis promené à tel endroit dans telle tenue. Pourquoi j’étais seule. Victime d’un viol, je suis en partie coupable. Et, pour toujours, impure et détruite à vie au regard des hommes, même les plus bienveillants.

Dans le meilleur des cas, mon agresseur sera puni comme s’il m’avait donné quelques coups. Si on le retrouve.

Je ne suis donc pas en confiance, je vis dans la peur. Que ce soit dans la rue, dans un événement professionnel, une soirée, un concert. Sans aucune gêne, les hommes à faible distance parlent de mon décolleté, des positions sexuelles qu’ils vont essayer avec moi ou une autre, du fait que je suis baisable ou non. Ils ne se cachent même pas, ils n’imaginent pas que je les entends. Ils sont même persuadés d’être gentils et attentionnés en soulignant mes qualités physiques. Et je suis forcée de me sentir flattée de peur d’être perçue comme prude, d’être exclue de leurs cercles et, dans le cas professionnel, de voir se volatiliser les opportunités de carrière.

Une immense majorité d’hommes et de femmes me critiquent, ouvertement ou sans s’en rendre compte car je tente de m’octroyer les mêmes libertés de parole et d’action que les hommes. Ils me trouvent bizarre, dérangeante, choquante. Pour les femmes, je ne suis pas assez féminine, sensible. Un simple gros mot ou une allusion sexuelle prend dans ma bouche une ampleur insoupçonnée. Je n’ai pas le droit de les dire, seulement d’en rire quand elles proviennent d’un homme.

Me plaindre est hors de question : mon audience me soulignera immédiatement la chance que j’ai de vivre dans un pays où les femmes ont déjà tellement de droits, que j’exagère, qu’en Arabie Saoudite, c’est bien pire mais qu’au moins les hommes ont la paix là bas (rires gras). Mais ces droits dont je jouis sont si fragiles… Chaque jour, nous devons lutter pour les faire exister, les matérialiser et la lutte est d’autant plus difficile que la plupart sont persuadés que le combat est terminé, que l’égalité est acquise.

Pire, certains hommes vont jusqu’à se sentir opprimés du fait que je tente de jouir des mêmes droits qu’eux. Il est vrai qu’après des millénaires de privilèges, le retour à l’égalité doit ressembler à de l’oppression.

Aujourd’hui, j’ai peur d’être ce que je suis, j’ai peur de perdre les droits pour lesquels les femmes se sont battues et, malgré tout, je dois cacher cette peur, être belle et forte pour avancer.

Enfin, heureusement, je ne connais pas cette peur. Car je suis un homme.

Mais, souvent, la honte m’étreint à l’idée de vivre dans un monde soi-disant libre où plus de la moitié de la population est forcée de vivre dans la peur de l’autre moitié.

 

Photo par Nicola Albertini.

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Il faut agrandir le centre commercial !

dimanche 21 février 2016 à 16:33
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Comment ? Mais bien sûr qu’il faut agrandir le centre commercial ! Ceux qui vous disent le contraire ne sont qu’une poignée de véhéments passéistes.

Voyez-vous, le centre commercial est devenu un endroit de ralliement, d’échanges. Tous, jeunes, vieux, s’y retrouvent, seuls ou en familles, pour consommer et se faire plaisir.

En se retrouvant dans le centre commercial, nous sommes exposés à des opportunités, des couleurs, des offres alléchantes et nous dépensons alors que si nous avions simplement passé du temps chez nous, chez des amis ou en forêt, nous n’aurions jamais fait tourner l’économie.

Et, sans centre commercial, qui fournirait de l’emploi ? L’extension du centre commercial, c’est avant tout plusieurs dizaines de personnes qui, au lieu de perdre du temps à lire sur internet, vont passer leurs journées dans ce cadre fermé magnifique à vous vendre la production d’enfants indiens ou chinois. Le centre commercial est donc également une ouverture à l’autre, un geste vers les pays défavorisés.

Je sais que, dans notre culture, nous avons tendance à voir cela d’un mauvais œil mais le petit thaïlandais est lui bien content de coudre des vêtements plutôt que de mourir de faim.

De plus, l’extension du centre commercial, c’est également un engagement écologique durable. Toute l’énergie que nous utilisons pour refroidir fortement le centre en été et le réchauffer à outrance en hiver sera produite par un fournisseur de gaz russe qui s’est engagé à ce que 10% de sa production soit certifiée durable par une agence de certification locale dont le fondateur siège dans le conseil d’administration de notre entrepreneur. C’est vous dire à quel point nous sommes attentifs à la nature et à la préservation de la planète !

Mais l’agrandissement du centre commercial, c’est avant tout un projet économique qui aura des retombées non négligeables. Bien sûr qu’il faudra réduire fortement la taille du parc boisé, mais certainement pas le raser comme quelques manifestants le prétendent. N’oublions pas qu’un parc n’est pas économiquement viable ni rentable. Tandis que le projet de centre commercial, lui, promet de verser des dividendes aux investisseurs après seulement cinq années grâce à la participation des pouvoirs publics et le versement de différentes aides de l’état. Sans compter une défiscalisation astucieuse que nous permet l’établissement de notre siège au Luxembourg et une classe politique locale convaincue que la création de quelques emplois ne doit pas être mise en péril par une application trop stricte de la fiscalité.

Non, franchement. Je ne vois pas comment on peut oser s’opposer à l’agrandissement du centre commercial ! Du plaisir, de l’emploi et une économie ronflante, n’est-ce pas ce que nous désirons tous ?

 

Photo par Logan Elliott.

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Demain, la conquête de la galaxie !

mardi 9 février 2016 à 16:07
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Nous parlons beaucoup des voitures sans conducteurs mais il est un autre domaine où l’intelligence artificielle va certainement bientôt jouer un rôle disruptif : la conquête spatiale.

Si les humains sont encore cantonnés à la proche banlieue de la terre, il n’en est pas de même pour les robots : ils ont déjà été sur Mars, sur Vénus, sur une comète, sur Titan. Ils ont photographié Jupiter, Saturne et Pluton et ils sont en train de quitter le système solaire.

Bien entendu, ces robots sont extrêmement rudimentaires. Ils n’ont peu ou prou d’intelligence et se contentent d’obéir aux ordres directement donnés par la terre. Avec le gros défaut que, plus la distance est grande, plus l’ordre met du temps à parvenir.

Pour un rover roulant sur Mars et apercevant un rocher barrant sa route, il faut 20 minutes pour envoyer l’information jusqu’à la terre puis, en admettant une réponse immédiate de l’opérateur, 20 minutes pour transmettre l’ordre d’éviter le rocher.

Rendre les sondes exploratrices plus intelligentes et plus autonomes est donc particulièrement approprié. Elles seraient en mesure de prendre les décisions les plus pertinentes et n’envoyer sur terre que les clichés et les résultats scientifiques les plus intéressants.

L’énergie et les réparations

Le principal problème d’une sonde spatiale est celui de l’énergie. Le soleil s’éloignant, il devient de plus en plus difficile d’obtenir de l’énergie. Il faut donc le stocker et l’économiser. En étant plus intelligent, les sondes pourraient développer des stratégies inédites propres à leurs environnements.

En étant plus intelligentes, les sondes devraient également être capables de réparer les problèmes qu’elles pourraient rencontrer en exploitant, si possible, les ressources du milieu où elles se trouvent. Ce qui nécessite la capacité d’extraire des matériaux.

Si vous mettez ensemble une intelligence de préservation de l’énergie et une intelligence réparatrice, il est vraisemblable que les sondes se mettront à construire de nouveaux moyens de capter l’énergie. Par exemple, une sonde pourrait fabriquer une éolienne sur Mars.

Tout cela est bien entendu encore très théorique. Est-ce complètement fou ? Au vu des progrès actuels, il est vraisemblable que ce genre de sondes soit lancé dans le système solaire d’ici vingt ou trente ans. Peut-être cinquante.

La collaboration

Sur une planète comme Mars, imaginons que les sondes se mettent à coopérer entre elles. Ou, pourquoi pas, qu’elles se mettent à communiquer entre elles à travers tout le système solaire. Elles seraient également capables de communiquer avec les anciennes sondes et d’apprendre de leurs observations, comme le font les opérateurs humains aujourd’hui. Après tout, pourquoi pas ?

Nous aurions donc un véritable réseau de robots spatiaux lancés dans le cosmos, apprenant, communiquant, s’auto-réparant, s’entraidant. Certes, la plupart des sondes finiraient par mourir jusqu’au jour où…

La singularité

Tout ceci n’est pas foncièrement excitant. Des sondes qui se réparent toutes seules et qui communiquent, c’est joli mais ça ne change pas la vie. Vraiment ? Pourtant, une conséquence immédiate serait l’adaptation progressive des sondes, devenant à chaque réparation un engin de moins en moins reconnaissable par ses concepteurs. Certaines sondes pourraient devenir microscopiques ! D’autre sondes ayant trouvé une abondance de ressources auront une tendance naturelle à construire leurs propres robots autonomes qui les aideront à se réparer, à obtenir de l’énergie et à explorer.

En construisant des sondes qui se réparent et cherchent à obtenir de l’énergie, nous aurons insufflé l’instinct de survie !

Dans ces nouvelles sondes de seconde génération, certaines seront elles-mêmes lancées pour explorer le cosmos et contribuer au réseau de sondes ou à leur sonde mère. La conquête de la galaxie aura commencé !

Le temps

Lorsqu’on parle d’exploration spatiale, l’ennemi numéro un est le temps. Selon les théories actuelles, il serait strictement impossible de voyager plus vite que la lumière (ce que j’explique ici). L’espace étant immense, voyager d’étoile en étoile prendrait des décennies voire des siècles, une durée bien trop grande pour des humains.

Mais pas pour des robots. Les robots, eux, ont tout leur temps.

Si un robot met cent ans pour gagner une nouvelle étoile et que les informations qu’il envoie mettent dix ans ou vingt ans à parvenir aux autres robots, ce n’est pas un problème. De plus, si chaque robot donne naissance à plus d’un autre robot, la conquête sera exponentielle. En quelques centaines de millénaires, la galaxie pourra être conquise par les sondes spatiales humaines. Chaque étoile, chaque planète de la galaxie sera explorée, exploitée et les robots pourraient se mettre à coopérer afin de gagner une autre galaxie.

La race humaine aura probablement disparu d’ici là mais ses descendants, les robots, continueront son œuvre.

L’inquiétude

Cette singularité spatiale, ce moment clé où nous aurons enclenché irrémédiablement la conquête de la galaxie n’est pas si loin. Il est vraisemblable que certains d’entre nous connaîtront ce moment de leur vivant, même si personne ne s’en rendra forcément compte.

Mais du coup, une question existentielle se pose : pourquoi n’avons-nous pas encore détecté le moindre signe d’une intelligence extra-terrestre qui aurait suivi le même chemin ? Où sont les sondes spatiales issus d’autres planètes ? Doit-on s’inquiéter ou se réjouir d’être, a priori, les premiers dans notre zone du cosmos ?

Dans un prochain billet, je tenterai d’apporter des réponses à ces questions, mais, autant vous le dire, ce ne sont pas des réponses rassurantes quant à notre avenir immédiat.

 

Photo Nasa.

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Printeurs 38

samedi 23 janvier 2016 à 12:13
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Ceci est le billet 38 sur 38 dans la série Printeurs

Nellio et Junior sont arrivés dans une usine de mannequins sexuels à l’effigie d’Eva. La voix d’Eva retentit derrière eux.

— Qu’est-ce qui me prouve que tu es la vraie Eva ?
— Nellio, je suis l’Eva que tu as toujours connue, que tu as rencontrée à la conférence de CrazyDog.
— Tu n’as pas répondu à ma question ! D’ailleurs, pourquoi m’as-tu envoyé les coordonnées de cette usine ?
— Mais je n’ai pas…
— C’est moi !

La voix est douce, chaude. Elle jaillit dans mon dos comme celle d’un commentateur d’une vidéo animalière. Je me retourne et tombe face à face avec un amas de chairs, de métal et de plastiques.
— Max !
— Et oui, poursuit-il de son timbre incroyablement chaleureux. Comme tu peux l’entendre, j’ai même réparé mon générateur vocal.

Les deux employés s’approchent de nous. Je constate qu’aucun ne semblent manifester de curiosité excessive ni même d’étonnement. Le plus grand des deux s’adresse familièrement à Max.
— Max, bordel, ce sont tes amis ? C’est toi qui les a amenés ici ? Tu risques de nous attirer des emmerdes !
– Relax, poursuit la voix chaude et envoutante du générateur. C’était le seul endroit auquel je faisais suffisamment confiance pour pouvoir rencontrer Nellio en toute sécurité. C’était également nécessaire en vue de son édification.
— Hein ? Je pige rien Max. Tout ce que je sais c’est que vous êtes quatre personnes non autorisées et que nous risquons de perdre notre boulot.
— Votre boulot ?

Max éclate de rire. Son corps hybride se tord et se dandine mais, étrangement, seul un rire calme et sympathique se fait entendre.

— Tu parles d’un boulot ! Vous passez votre temps à consulter des sites pornos et à baiser des mannequins désarticulés. Vous êtes les deux seuls humains de toute l’usine car le contrat d’exploitation exigeait la création d’emplois locaux !
— Ça, ce n’est pas ton problème Max ! L’important c’est que nous évitons le statut de télé-pass. Et c’est un avantage que je tiens à garder, même si cela nécessite que j’appelle une milice.
— Et qui te filerait tes shoots si j’étais arrêté par les flics ?
— Tu n’es pas le seul dealer, Max !
— Non, mais je suis le meilleur. Allez, je te taquine. Je comprends votre inquiétude. Merci pour votre aide et votre accueil ! Allez, je vous offre une dose, c’est ma tournée.

Un large sourire illumine le visage des deux employés. D’un geste incroyablement rapide, Max leur tend deux petites gélules noires. Ils se l’insèrent immédiatement dans l’oreille gauche avant de s’écrouler instantanément sur le sol, pantins désarticulés, la bouche déformée par un rictus baveux.

Je pousse un cri :
— Max, tu ne les as pas…
— Non, je te rassure. Ils sont juste endormi pour un quart d’heure. Après, ils auront droit à leur shoot normal et n’auront pas conscience d’avoir été dans le coma. Ils se souviendront à peine de notre entrevue.

Junior s’exclame :
— Nom d’un clavier ! Tout mon service est à la recherche des trafiquants de neuro-logiciels.
— Trafiquant est un bien grand mot. Je suis le seul réel fournisseur.

Max appuie sa phrase d’un mouvement du visage qui s’apparente à un clin d’œil. Mais, entre les vis, les muscles luisants mis à nus et les pièces imprimées, j’avoue ne pas être à même de lire ses émotions.

— Les neuro-logiciels ? Mais n’est-ce pas une belle saloperie ? Tu me déçois beaucoup Max ! fais-je d’un ton outré.
— C’est ce que la propagande essaie de nous faire croire. Mais les neuro-logiciels sont, au contraire, la drogue idéale ! Il suffit d’un implant dans le tympan qui va se connecter à ton réseau neuronal. Ensuite, pour peux que tu t’y connaisses, tu peux programmer absolument n’importe quel trip. Je me suis spécialisé dans les micro-doses. La puce électronique fond avec la chaleur du corps humain et se dissous totalement. Sans cela, les trips seraient illimités, ce qui n’est pas très bon pour mon business ! Un petit trip bien cinglant, c’est parfait, mes clients en redemandent !
— Mais… c’est répugnant ! Tu manipules le cerveau des gens !
— Oui. Mais sans tous les effets secondaires que peuvent induire les drogues chimiques. Mes trips sont complètement safes. J’ai même en magasin des trips compatibles avec une activité sociale normale. Ton conjoint t’emmerde ? J’ai un trip qui te fait vivre l’extase intérieure pendant que tu passes la soirée avec un air attentif à répondre aux questions.
— Dis, murmure Junior, tu n’aurais pas un truc à me filer pour supporter la douleur le temps qu’on me rafistole ?

Max se penche sur l’oreille de Junior. Je l’interrompts d’un air solennel.
— Max, pourquoi m’as-tu amené ici ?

Il hésite une fraction de seconde.
— Parce que je ne pense pas qu’on vienne te chercher ici.
— Qui “on” ?
— Les flics, Georges Farreck, les industriels, … J’avoue que je ne sais pas trop qui tire les ficelles. Tu es traqué, recherché mais je n’arrive pas à mettre la mains sur la personne qui chapeaute tout.
— Georges Farreck, fais—je, mais je ne comprends pas son acharnement.
— Georges Farreck n’est qu’un pion, assène Max. Il n’a été qu’un instrument, un catalyseur pour faire naitre le printeur. Tout comme toi et…

D’un geste ample, il désigne le hangar remplit de mannequins immobiles.

— … Eva !

Je me tourne vers Eva, la vraie. Elle n’a pas bougé, son regard est éteint et son visage trahit l’angoisse.

Je réalise que Max ne la pas pointée elle mais a bel et bien désigné l’ensemble du hangar.

— Eva ? Quel est ton rôle exactement !

Une larme perle le long de sa joue.

— Nellio ! Je te supplie de me faire confiance. Je suis de ton côté !
— Réponds à ma question : es-tu, oui ou non, la vraie Eva ? L’originale ?
— Je croyais que tu avais compris, nous interrompt Max d’une voix douce. Les vraies Eva sont là, dans ce hangar. Tu n’as jamais connu que la copie.
— Hein ?
— C’est pas que j’ai envie de jouer les troubles-fête mais je continue à pisser du sang et les deux zozos vont bientôt se réveiller. Est-ce que ça vous arracherait la gueule de vous occuper un peu de moi ? Bordel, j’ai mal !

En regardant Junior se tordre de douleur, j’ai soudain une illumination.
— Max, occupe-toi de Junior et arrange-toi pour que les deux employés restent endormis.
— Mais je ne peux modifier leur shoot sans…
— Écoute Max, tu te démerde. J’ai besoin de deux heures. Et puis on se casse d’ici.

De la main, j’empoigne le bras d’Eva.
— Viens avec moi !
— Que fais-tu Nellio ?
— Ils veulent le printeur ? Et bien on va leur donner le printeur !

 

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