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Télécharger un film sur The Pirate Bay

jeudi 29 août 2013 à 14:26
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Si vous vous intéressez à la culture numérique et à la mouvance pirate, je vous recommande chaudement le documentaire TPB:AFK, qui signifie « The Pirate Bay: loin du clavier ». Il raconte l’histoire des personnes derrière The Pirate Bay, le site de partage de fichiers le plus populaire au monde, ainsi que toutes les péripéties judiciaires ayant notamment conduit à la création du Parti Pirate.

Le film a été initialement diffusé sur… The Pirate Bay bien évidemment. Aussi, je vous propose un petit guide pas-à-pas pour télécharger et visionner le film.

Se rendre sur The Pirate Bay

L’adresse officielle de The Pirate Bay est thepiratebay.sx. Dans la plupart des cas, il suffit de cliquer sur le lien pour vous y rendre. Malheureusement, dans des pays comme la Belgique il se peut que l’accès soit bloqué. Soit le site ne répond pas, soit il semble chercher pendant des heures, soit vous avez un effrayant écran vous informant que le site est bloqué.

Sur internet, la véritable adresse d’un ordinateur est ce qu’on appelle une adresse IP, quatre chiffres du genre 194.71.107.80. Comme les chiffres sont difficiles à retenir, on utilise généralement un nom de domaine, de type ploum.net ou thepiratebay.sx. Lorsque vous tapez l’adresse thepiratebay.sx, votre navigateur interroge ce qu’on appelle un serveur DNS, généralement géré par votre fournisseur d’accès internet. La demande est du genre : « Hey mec, quelle est l’adresse de thepiratebay.sx ? » et la réponse « Attends, je regarde, c’est 194.71.107.80 ! ».

Ce que fait le législateur belge, c’est d’interdire aux fournisseurs d’accès internet de répondre correctement à des requêtes concernant certains sites, notamment thepiratebay.sx. Pour contourner cela, il suffit d’utiliser un autre serveur DNS que celui de son fournisseur d’accès internet. Ou, tout simplement, de connaître l’adresse IP.

Dans notre cas, il suffit donc de taper 194.71.107.80 dans la barre d’adresse de votre navigateur.

Trouver un fichier sur The Pirate Bay

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The Pirate Bay se présente comme un simple moteur de recherche. Et, en effet, ce n’est rien d’autre. Ce qui pose d’ailleurs de savoir pourquoi celui-là est interdit plutôt qu’un autre. Enfin, continuons et entrons le titre du film que nous voulons voir.

tpb2

Plusieurs résultats s’affichent avec pas mal d’informations qui ne sont pas toujours très claires. La première chose que je fais c’est de simplifier l’affichage en cliquant sur « Simple » et puis sur le haut de la colonne « SE ». SE est le diminutif de « Seeders » qui signifient le nombre de personnes qui sont actuellement en train de fournir le fichier en question. Plus il y a de fournisseurs, plus le téléchargement sera rapide. Sans fournisseurs du tout, il sera impossible de télécharger le fichier.

tpb3

Voilà, l’affichage est un peu plus clair. Un point important à prendre en considération est la taille. Si vous voulez de la très haute qualité, vous pouvez télécharger la version de 6Go. Personnellement, j’estime que la version de 974Mo est bien assez grosse pour un film de 90 minutes. Et elle a également suffisamment de fournisseurs (196) pour m’assurer un téléchargement rapide. Je clique donc sur cette version.

tpb4

Voici la fiche du document demandé. Il y a généralement toutes les informations nécessaires. N’hésitez pas à aller faire un tour dans les commentaires en bas de page pour voir si les autres utilisateurs ont des problèmes ou non avec ce fichier.

Télécharger le fichier

Pour télécharger, il vous suffit de cliquer sur le lien « Get this torrent » à côté de l’aimant rouge. Attention, il y a parfois des liens publicitaires à l’intitulé trompeur. Ne confondez pas (et installez Adblock) !

Si rien ne se passe, c’est que vous n’avez pas logiciel pour télécharger les torrents. Je vous recommande d’installer Deluge puis de réessayer de cliquer sur le lien (UPDATE: suppression de la recommandation de µTorrent, qui serait bardé de publicités).

Une fenêtre s’ouvre vous demandant où sauvegarder le film et votre téléchargement se lance. Une fois celui-ci terminé, n’hésitez pas à laisser votre logiciel Bittorrent ouvert afin de devenir vous-même un « seeder » et d’aider d’autres à télécharger.

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Pour terminer

Un torrent peut contenir plusieurs fichiers. Par exemple, le torrent de 974 Mo contient également les sous-titres en anglais. Les sous-titres en français sont disponibles séparément sur The Pirate Bay. À titre d’exercice, je vous laisse les télécharger. Ils sont trouvables avec la recherche « tpb afk french ».

Enfin, si vous avez apprécié le film, n’hésitéz pas à soutenir le réalisateur par un achat ou un Flattr.

Bon visionnage !

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La liberté de soutenir

mardi 27 août 2013 à 16:17
Ballons rouges sur fond de ciel bleu

Chers créateurs,

Vous êtes de plus en plus nombreux à faire appel aux dons, à offrir votre travail en échange d’un prix libre. J’en suis très heureux car je fais de même. Mais lorsque je vois un travail qui me plaît, je suis souvent surpris par le peu de liberté que j’ai pour envoyer mon argent. Lorsque je demande si il y a un compte Flattr ou une adresse Bitcoin, je me vois rétorquer « Nous utilisons Paypal uniquement ».

Offrez la liberté de vous soutenir

Chez les programmeurs, il y a un adage qui dit « Soyez libéral dans ce que vous acceptez et strict dans ce que vous envoyez ». L’aphorisme me semble convenir également à ce cas de figure.

Vos supporters sont prêts à vous donner de l’argent. C’est extraordinaire. La moindre des choses ne serait-elle pas de leur laisser le choix du mode de paiement voire même de la nature de ce paiement ?

Personnellement, j’adore Flattr et Bitcoin. Je n’hésite pas à faire des dons en utilisant ces deux méthodes. Par contre, je suis très réservé sur Paypal dont la commission est énorme pour des petites sommes. Je ne fais donc pas de don avec cette méthode. Il n’empêche que j’accepte Paypal car j’estime que c’est le choix de chacun. Si quelqu’un souhaite me soutenir et apprécie le service Paypal, c’est son droit le plus strict de préférer cette méthode.

Même si ce n’était pas votre intention au départ

Si vous n’offrez pas votre contenu en ligne volontairement, il y a beaucoup de chances pour qu’il s’y trouve malgré tout, accessible gratuitement par tout un chacun. Acheter votre disque ou votre livre est donc de facto un don déguisé. Votre fan paie pour vous soutenir alors qu’il peut accéder au contenu librement.

Vous pouvez insultez vos fans, les traiter de pirates. Mais c’est dommage. Certains seraient sans doute prêts à vous soutenir mais ils n’ont que faire d’un bout de plastique ou d’une pile de papier et savent que vous ne toucherez qu’un très faible pourcentage de chaque achat.

Pourquoi ne pas prendre acte de cet état de fait et offrir à vos fans la liberté de vous soutenir, de la manière qui leur convient le mieux ? Des expériences de ce type ont déjà été tentées avec succès.

Tant que c’est rentable

Les excuses des créateurs pour ne pas accepter un moyen de paiement relèvent très souvent de la paresse. Ils n’ont pas le temps ni l’envie de se pencher sur des solutions nouvelles. À mes yeux, cela fait pourtant partie du travail d’un créateur qui souhaite être rémunéré. C’est une marque de respect envers les personnes qui vous soutiennent.

Mais, parfois, ce n’est tout simplement pas possible. Une solution peut se révéler plus coûteuse que ce qu’elle ne rapporte. Ainsi, Numerama a abandonné l’utilisation de Flattr. La raison ? Ce genre de dons est encore une zone grise au niveau comptable, un risque qui, à l’époque, n’était pas contre-balancé par les quelques dizaines d’euros mensuels.

Dans des cas similaires, le plus simple est d’expliquer, sur votre page de dons, que vous n’acceptez pas les paiements selon telle méthode en donnant la raison. N’hésitez pas à revoir votre opinion régulièrement car le monde évolue rapidement.

Un zeste de curiosité et de respect

Un jour, en sortant du supermarché, un mendiant me tend une main suppliante. Sans réfléchir, j’attrape des paquets de nourriture qui dépassent de mon caddie et je les lui tends. Il refuse en me faisant signe qu’il préfère du cash. Je reprends mes paquets, hausse les épaules et tourne le dos sans rien donner, vexé.

Lorsqu’un fan vous fait part d’un nouveau moyen de recevoir des dons, prenez le temps de l’investiguer. Peut-être que cette solution est particulièrement exotique et qu’elle ne vous rapportera que quelques euros sur l’année. Mais, comme l’illustre mon anecdote, refuser un don sans explication est extrêmement vexant. C’est un manque de respect vis-à-vis de quelqu’un qui vous offre sa confiance et son attention.

Et puis, peut-être que cette solution deviendra subitement populaire l’année prochaine. En attendant, les petits ruisseaux ne font-ils pas les grandes rivières ?

 

Photo par Kathy

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Désactivez votre messagerie vocale

vendredi 23 août 2013 à 15:00
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Le téléphone sonne. Machinalement, vous regardez dans votre sac. Deuxième sonnerie. Il n’y est pas, vous l’avez laissé sur la table du salon. Troisième sonnerie. Vous vous ruez dans le salon. Quatrième sonnerie. Vous l’avez saisi à l’envers et le retournez. C’est un appel de votre conjoint. Bizarre, vous êtes légèrement inquiet. Cinquième sonnerie. Vous décrochez. Zut, après la cinquième sonnerie, votre répondeur se met en route. Vous vous demandez pourquoi il vous appelle à cette heure-ci. Vous l’appelez. Vous tombez sur sa messagerie. Forcément, il est en train de laisser un message sur la votre. Vous attendez. Une seconde, dix secondes. Nouvel essai. De nouveau la messagerie. Vous laissez un message demandant pourquoi il vous a appelé. Vous racrochez. Vous écoutez votre messagerie. Pour écouter le message, tapez 1. Vous tapez 1. Message reçu… aujourd’hui… à… treize… heures… trente… quatre. « Appelle moi quand tu as ce message ! ». Et si c’était urgent ? Ou grave ? Vous commencez à paniquer, tous les scenarios catastrophes se bousculent dans votre tête. Vous réessayez d’appeler votre conjoint. De nouveau le répondeur. Vous racrochez. Ah, un SMS. Il vous informe que vous avez un nouveau message. Rebelote.  Pour écouter le message, tapez 1. Message reçu… aujourd’hui… à… treize… heures… trente… cinq. « Bizarre, je tombe sur ta messagerie. Tout va bien ? Appelle-moi, bisous ! ». Vous décidez de vous calmer et d’attendre cinq minutes sans toucher au téléphone histoire de ne plus vous appeler en même temps. Après trois minutes trente, vous craquez. Chance ! Votre conjoint n’avait pas encore craqué ! Vous l’avez au bout du fil. « Dis, je suis au supermarché. On a encore du papier toilette en réserve ? ».

Cette histoire, je suppose que vous l’avez tous vécue à des degrés divers. Et le coupable est tout désigné : la messagerie vocale.

Depuis plusieurs années, j’ai complètement désactivé la messagerie vocale de mon téléphone et je pensais vous en parler un jour. Aujourd’hui, j’apprends que Korben fait de même, me coiffant au passage sur le sujet. Je partage entièrement ses raisons : si je ne décroche pas, envoyez moi un SMS ou un email. Je n’ai ni le temps ni l’envie de passer par un menu audio afin de prendre une minute à écouter un message qui passerait en une seconde par écrit (je vous ai dit que je lisais vite ?).

Vous allez me dire que c’est un choix personnel, une question de goût. Non, c’est également une question de respect de moi-même et de mes correspondants. C’est un acte citoyen pour rendre le monde (très légèrement) meilleur.

Stress !

Comme le montre l’histoire précédente, la messagerie est un générateur de stress. La raison est simple : son existence met un ultimatum au temps dont vous disposez pour décrocher. Si vous n’arrivez pas à décrochez à temps, vous savez que vous risquez une histoire comme celle racontée plus haut. Il s’ensuit que chaque coup de fil pour lequel vous souhaitez décrocher devient une course contre la montre. Avec, à la clé, un ou deux messages qu’il faudra vider de la messagerie à travers un obscur menu audio. Ce stress n’est peut-être pas conscient mais il est plus que certainement présent.

Admettons que vous reconnaissiez le numéro de votre patron ou d’un employeur potentiel chez qui vous avez postulé. Une réaction logique voudrait que vous laissiez sonner quelques secondes de plus, le temps de respirer un grand coup ou de vous mettre dans un endroit favorable. Malheureusement, la crainte de la messagerie vous en empêchera, vous forçant à répondre sous le coup de la surprise et de l’émotion.

La vie moderne est déjà assez fournie en stress sans qu’il soit utile d’en rajouter de manière artificielle.

Pognon !

Tout cela n’est pas non plus gratuit. Chaque appel sur un répondeur est une communication au tarif normal. Si le forfait de votre correspondant facture la minute entamée, cela peut très vite chiffrer, même s’il raccroche aussitôt qu’il reconnait un répondeur. Votre correspondant était prêt à dépenser pour communiquer avec vous mais il est toujours frustrant de voir son argent dépensé de manière inutile. Dans l’historiette ci-dessus, ce n’est qu’au quatrième appel que la communication a pu s’établir, pour un coût total pouvant aller à 60 ou 70 centimes… pour rien !

En désactivant votre messagerie, vous laissez votre correspondant contrôler son budget. Il peut décider de vous envoyer un SMS ou un email.

Avec votre forfait optimisé, le cout sera sans doute plus proche de 10 centimes, cela ne vous semble pas grand chose. Mais si vous multipliez cela par des millions d’utilisateurs, je me demande parfois si ce n’est pas à dessein que les opérateurs téléphoniques configurent par défaut la messagerie après un temps très court.

Désactivation totale

D’ailleurs, désactiver totalement le répondeur n’est pas chose aisée. Dans la plupart des cas, il faudra contacter votre opérateur. Renseignez-vous également sur le net car on vous répondra souvent que c’est impossible. Je vous ai parlé de Mobile Vikings et, chez eux, il faut entrer le code ##002# sur son téléphone.

Si vraiment cela s’avère impossible chez votre opérateur, n’hésitez pas à résilier votre contrat. Vous serez surpris à quel point ce petit changement peut, chez certains, être un soulagement voire un changement radical dans la manière d’approcher les communications téléphoniques.

Faites un geste pour vous et pour les autres, désactivez votre répondeur !

 

Photo par Studio Tempura

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La première guerre civile mondiale

mercredi 21 août 2013 à 19:55

English version available on Falkvinge.net.

Chaque jour qui passe apporte son lot de confirmation sur une vérité que beaucoup voudraient ignorer : nous sommes en guerre. Une guerre larvée, relativement calme mais une guerre tout de même.

Contrairement à une guerre traditionnelle, une guerre civile n’a pas de front bien tracé, de belligérants clairement identifiables à la couleur de leur uniforme. Chaque camp est partout, au sein d’une même ville, d’un même quartier, d’une même famille.

D’un côté, nous avons une classe de pouvoir. Riches, puissants, ils ont l’habitude de contrôler, ils ne connaissent pas le doute. Ils décident et sont intimement persuadés de le faire dans l’intérêt général. Beaucoup, ni riches ni puissants, les soutiennent. Par peur du changement. Par habitude. Par intérêt personnel. Par crainte de perdre certains acquis. Ou par incapacité intellectuelle de comprendre la révolution à l’œuvre.

De l’autre, voici la génération numérique. Issus de tous les sexes, tous les âges, toutes les cultures, tous les emplacements géographiques. Ils discutent entre eux, s’échangent des expériences. Découvrant leurs différences, ils se cherchent des points communs en remettant tout en question, jusqu’à la foi et aux valeurs profondes de leurs parents.

Cette population a développé des valeurs qui lui sont propres mais également une intelligence analytique hors du commun. Les outils dont elle dispose lui permettent de pointer très vite les contradictions, de poser les questions pertinentes, de soulever le voile des apparences. À travers des milliers de kilomètres de distance, ses membres peuvent ressentir de l’empathie pour tous les humains.

Un fossé grandissant

Longtemps, j’ai été persuadé qu’il ne s’agissait que d’une question de temps. Que la culture numérique imprégnerait de plus en plus chaque individu et que les plus réfractaires finiraient par disparaître, au fil des générations et du renouvellement naturel.

Malgré la popularisation des outils tels que le smartphone ou Twitter, cette fracture ne s’est pas résorbée. Au contraire, elle n’a fait que s’empirer. L’ancienne génération n’a pas adopté la culture numérique. Elle s’est contentée de manipuler aveuglement les outils sans les comprendre, en une parodie désespérée du culte du cargo. Résultats : des musiciens qui insultent leurs propres fans, des journaux dont le site web, envahi de publicités, semble être une copie conforme de la version papier, des jeunes politiciens qui utilisent Facebook ou Twitter comme une machine à publier des communiqués de presse sans jamais tenter de communiquer avec leur électorat.

Il y a 40 ans, deux journalistes révélaient au monde que le président de la nation la plus puissante utilisait les services secrets pour mettre sur écoute ses adversaires politiques. Ce travail d’investigation leur vaudra le prix Pulitzer et mènera à la démission du président.

Aujourd’hui, des acteurs imprégnés de culture numérique révèlent au monde que le président à mis le monde entier sur écoute ! Qu’il envoie des hommes massacrer cyniquement des civils. Ces révélations leur vaudront 35 ans de prison pour l’un et une traque à travers le monde entier pour l’autre. Le président en question est, quant à lui, titulaire d’un prix Nobel de la paix.

La mort du journalisme

Contrairement au Watergate, il n’est plus possible de compter sur la presse. Une grand partie des journalistes ont tout simplement cessé tout travail de fond ou d’analyse. Les journaux sont devenus des organes de divertissement ou de propagande. Un esprit un peu critique est capable de démonter la majorité des articles en quelques minutes de recherches sur le web.

Et lorsque certains journalistes commencent à creuser, ils voient leur famille se faire arrêter et détenir sans raison, ils reçoivent des menaces politiques et sont forcés de détruire leur matériel. Le site Groklaw, qui fut un site déterminant dans la publication d’actualités liées à des grands procès industriels, vient de fermer car sa créatrice a pris peur.

La classe dirigeante a décidé que le journalisme devait se contenter de deux choses : faire craindre le terrorisme, afin de justifier le contrôle total, et agiter le spectre de la perte d’emplois, afin de donner une impression d’inéluctabilité face aux choix personnels.

Bien sûr, tout cela n’a pas été mis en place consciemment. La plupart des acteurs sont intiment persuadés d’œuvrer pour le bien collectif, de savoir ce qui est bon pour l’humanité.

On vous fera croire que l’espionnage des mails ou l’affaire Wikileaks sont des détails, que les questions importantes sont l’économie, l’emploi ou les résultats sportifs. Mais ces questions dépendent directement de l’issue du combat qui est en train de se jouer. Les grandes crises financières et les guerres actuelles ont été créées de toutes pièces par la classe actuellement au pouvoir. La génération numérique, porteuse de propositions nouvelles, est bâillonnée, étouffée, moquée ou persécutée.

L’état de panique

En 1974, pour la classe dirigeante il est plus facile de sacrifier Nixon et de faire tomber quelques têtes avec lui. Le parallèle avec la situation actuelle est troublant. La classe dirigeante a peur, elle est dans un état de panique et n’agit plus de manière rationnelle. Elle cherche à faire des exemples à tout prix, à colmater les fuites en espérant qu’il ne s’agit que de quelques cas isolés.

Ils n’hésitent plus à utiliser les lois anti-terroristes de manière inique, contre les journalistes eux-mêmes. Ceux qui prédisaient de telles choses il y a un an étaient traités de paranoïaques. Mais les plus pessimistes ne les avaient probablement pas imaginées aussi rapidement, aussi directement.

La destruction des disques durs du Guardian est certainement l’événement le plus emblématique. Son inutilité, son absurdité totale ne peuvent masquer la violence politique d’un gouvernement qui impose sa volonté par la menace à un organe de presse reconnu et réputé.

Cet épisode illustre la totale incompréhension du monde moderne dont fait preuve la classe dirigeante. Un monde qu’elle pense diriger mais qui échappe à son contrôle. Se drapant dans la ridicule autorité de son ignorance, elle déclare ouvertement la guerre aux citoyens du monde entier.

Une guerre qu’elle ne peut pas gagner, qui est déjà perdue. Mais qu’elle va tenter de faire durer en entraînant dans leur chute de nombreuses victimes qui seront injustement emprisonnées pendant des années, torturées, arrêtées, harcelées, détruites moralement, poussées au suicide, traquées à travers le monde.

C’est déjà le cas aujourd’hui. Et parce que vous aurez eu le malheur d’être sur le mauvais avion ou d’avoir envoyé un email à la mauvaise personne, vous pourriez être le prochain sur la liste. Il n’y a pas de neutralité possible. Nous sommes en guerre.

 

Photo par Jayel AheramEnglish version available on Falkvinge.net.

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Open Letter to Flight Attendants

lundi 19 août 2013 à 12:40

Dear flight attendant,

I’ve printed this letter that I’m handing to you because you are asking me to stop reading during take off or landing.

We all know that commercial flying is nowadays full of idiotic rules. The “potentially dangerous bottle of water that you have to throw in a trash can because it contains more than 100ml” is one. Asking me “to switch off all electronic devices” is another.

The good old mobile phone

Mobile phones try to stay connected with the closest antenna by adjusting its transmission power. As antennas get further, the phone increases its emitting power. If you put two hundreds phones in a small volume and quickly get away from any antenna, phones will all start to send full power signals at the same time.

Is it bad? There’s no proof that it can do any harm. But it would drain all the batteries while being, at best, useless. Hence, it did make sense to ask people to switch off their phone during a flight.

Smartphones and tablets

On modern devices, phone is only one amongst many features. It makes a lot of sense to use your phone or tablet during a flight. That’s why manufacturers invented a new function called “flight mode” which shut down the phone feature. Problem solved?

No because some flight attendants still stick to the old “shut down your phone” mantra. I’ve heard a stewardess explicitly explaining that “flight mode” was for flight but that the phone/tablets must be off during take off and landing. An explanation probably made up on the fly to cover the fact that she was not understanding herself what she was asking to the passengers.

It can’t do any harm

No, it can not do any harm to the plane. You don’t need to be a PhD in physics to understand one simple fact: I flew in airplanes where there was wifi available on board and a seven inches LCD screen with a computer allowing me to play some video games in every single seat. Despite hundred of screens being turned on during the whole flight, we landed safely. Do you really think that my phone or tablet can do more harm than hundred of computers? Would my laptop be allowed on board if there was a slight chance of interfering with the plane?

Today, you asked me to shut down my e-book reader. Technically, an e-ink e-book reader like mine is nearly off most of the time. It only briefly wakes up when I turn the page. Do you really expect me to stop reading during take off and landing because of the indistinguishable electrical activity when I turn a page? I’ve once joked to a flight attendant: I’m only reading this page, I will not turn the page. Is it forbidden to stare at the screen of a turned off device?

Passengers are laughing

The worst thing about this whole story is that people stop listening to cabin crew or trusting their authority. When I’m asked to shut down my e-book, I simply close the leather cover and I reopen it as soon as the steward is on the next seat. Half the plane is doing that anyway. When someone is asked to turn his smartphone off, do you really believe that he will go through the menu and wait for the shutting down process to happen? No, he just put it in his pocket or turn off the screen with a hypocritical smile.

As more and more passengers use those devices, they start to feel the stupidity of the rule. I’ve witnessed people starting to laugh behind the back of the attendants. I’ve seen two passengers, that don’t know each other, share a knowing look after being required to stop reading and surreptitiously reopening their Kindle together.

The solution

The solution is easy and straightforward. Instead of asking people to turn off their devices, simply ask them to put them in flight mode. Simple and efficient. And you know what? I’ve already met flight attendants doing it. They see me reading and they ask me “flight mode?”. And I answer yes because I’ve disabled the wifi on my e-book reader. And I feel happy. And I feel some respect for that particular flight attendant. And I feel like I’m living in the 21st century.

If those explanations seem obvious to an engineer like me, I understand that most people are not into technology or mobile gadgets. That’s why, instead of laughing behind your back, I decided to write you this letter. I hope this will help. And don’t worry: even with the stupidest boss in the world, you cannot lose your job because “a few passengers were in flight mode instead of having their phones completely turned off”. Those phones are already on anyway. So let’s try to act intelligently together.

Thanks a lot for your work and caring about us during this journey.

Respectfully,

A passenger

 

Picture by Brian Herzog

 

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