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Ploum

source: Ploum

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Le 23 mai

mardi 22 mai 2012 à 01:31

Au pied du mur, entre deux traces de salpêtre, je descelle une brique. Alors que je dégage une boîte emballée dans un tissu huilé, les murs de la cave me renvoie l'écho sordide de ma respiration haletante.

Une cave

Comment en est-on arrivé là ? Le monde progressiste me semble si lointain, vaporeux, oublié. Or, si nous sommes bien le 22 mai 2022, c'était il y a dix ans seulement. Mais comment être sûr ? Étant un hors-la-loi, un dangereux pirate, j'ai été forcé de couper tout appareil électronique pouvant me dénoncer sur le réseau. Suite à l'analyse de mon profil Facebook, que je n'ai effacé qu'en 2015, les milices privées savent que je suis dangereux. Je n'ai, pour seul repère, que cette antique horloge. J'écris et je communique avec du papier de récupération et des crayons achetés au marché noir.

Le monde de 2012 n'était pas parfait, j'en conviens. Il y avait des récessions, des régressions. Mais, cahin-caha, l'humanité progressait depuis deux siècles.

Je m'en souviens. À l'époque, on commençait seulement à se rendre compte que le pouvoir dit « démocratique » avait changé de main et était devenu financier. Des nouvelles lois ont fait leur apparition, bafouant les droits les plus élémentaires de l'homme sous prétexte de préserver des intérêts économiques. Au départ, cela semblait anecdotique, une histoire à propos de producteurs de musiques qui ne voulaient pas voir leur affaire contournée par les utilisateurs du réseau.

Inconscients de la gravité réelle du problème, nous avons laissé filer notre seule planche de salut: la démocratie. En Europe, cet abandon s'est formellement fait le 23 mai 2012. À cette date, restée gravée en lettre de feu dans ma mémoire, la France a fait voter 700.000 électeurs par internet, utilisant un système fermé, non sécurisé et appartenant à une entreprise privée.

À l'époque, ceux qu'on appelait déjà des pirates ont tenté d'alerter l'opinion, de s'opposer. Mais personne ne les a vraiment compris. D'ailleurs, il y avait bien plus important, il y a avait une crise, il y avait la précarité de l'emploi. Personne ne voulait s'occuper de ces futilités.

La minorité touchée par le discours des pirates répondait invariablement que, honnêtement, dans notre société, il n'y aurait jamais de triche, qu'il ne fallait pas être paranoïaque, qu'une réelle dérive était impensable.

Comme le vote s'est globalement bien déroulé, le principe a été étendu. La légende veut que, pour rigoler, la société en charge du comptage des votes aie retiré cette année là un pourcentage du nombre de voix donné aux pirates. Ceux-ci ne comptaient de toute façon pas, il s'agissait uniquement d'une blague de potache. De toutes façons, il est impossible de savoir si ce n'est qu'un simple racontar.

Graduellement, pourcentage après pourcentage, élection après élection, les sociétés ont découvert qu'elles pouvaient préserver leurs intérêts autrement qu'en finançant des coûteuses campagnes.

Il n'y a eu ni tyran ni dictateur démoniaque. Aucune révolte, aucune effusion de sang. Simplement, le système s'est installé. Quelques actionnaires prennent des décisions, des employés les exécutent. Personne n'a jamais eu l'impression de corrompre la démocratie.

D'ailleurs, il n'y a jamais eu besoin de forcer beaucoup. Pour élire un obscur candidat, la recette est simple. Commandez à un institut que vous dirigez un sondage annonçant la percée spectaculaire de votre poulain. Faites publier ce sondage dans toute la presse que vous contrôlez. Les humains ayant une tendance naturelle à suivre les gagnants, votre candidat fera réellement un pourcentage de voix non-négligeable. Le vote électronique achève le travail.

Depuis l'aube de la démocratie, il est de tradition de considérer les élus comme des pourris, des corrompus. Mais l'histoire a révélé que ce n'était pas vrai. Ils étaient juste complètement dépassés par la technologie. Aucun n'a pu en saisir l'importance cruciale. Aveuglés par leur impression de pouvoir, par le lobbying sonnant et trébuchant des grands acteurs économiques, ils ont eux-mêmes creusé leur tombe, emportant la population avec eux.

En 2022, les politiques ne sont que des pâles marionnettes fantomatiques dont plus personne ne prend la peine de cacher les ficelles.

Il ne reste donc plus que nous, les citoyens, forcés de mendier un travail à ceux qui ont aujourd'hui le véritable pouvoir, forcés d'accepter des restrictions sans cesse croissantes sur nos libertés.

Mais au fond, quelle liberté nous reste-t-il, me demandé-je en sortant de la boîte un fusil et ses munitions.

Cela ne pouvait pas arriver. Pas dans notre société. Nous étions libres. Se battre pour défendre notre vie privée nous semblait absurde si nous n'avions rien à cacher. Et puis, si le vote électronique était un tel problème, il se serait bien trouvé des gens importants pour faire un scandale. Ce n'était pas possible que ce fût si dangereux, il était impensable que des gens trichent à ce point.

Tandis que j'introduis les munitions dans l'arme, une larme perle au coin de la paupière de mon seul œil valide. Demain, nous serons le 23 mai.

Comment en est-on arrivé là ?



Photo par howzey


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Bref, j'ai créé un compte Facebook

jeudi 3 mai 2012 à 16:59

Je sais que vous allez être déçu, vous mes fidèles lecteurs de la première heure. Peut-être me maudirez-vous, vouerez-vous mon blog aux gémonies. Mais voilà, il faut que je vous le confesse: malgré mes diatribes anti-Facebook , j'ai fini par re-créer un compte.

Hérésie ! Sacrilège ! J'entends déjà à ma porte les chuchotements de l'inquisition libriste qui vont me mener au bûcher.

Mais est-ce que créer un compte Facebook est compatible avec ma philosophie ? N'y vois-je pas une contradiction avec ma défense du Parti Pirate ?

Barreaux de prison

Pas un problème de philosophie

Oui, Facebook est compatible avec ma philosophie et avec celle du Parti Pirate. D'ailleurs, je suis un adepte de Google+ et, d'un point de vue philosophique, rien ne différencie ce dernier de Facebook.

Facebook, comme le reste, est un moyen de communiquer. C'est donc avant tout un outil très positif. En facilitant la communication, Facebook permet beaucoup de belles choses, des échanges insoupçonnés.

Facebook et Google+ posent cependant deux inquiétudes fondamentales: la centralisation, qui rend les deux sociétés toutes puissantes, et le respect de la vie privée. Ce n'est donc pas l'outil Facebook qui est le problème mais la manière dont la société éditrice gère l'outil.

Une utilisation raisonnée

Ces deux problèmes peuvent être plus ou moins contournés en adaptant son usage du réseau social.

Pour la centralisation, on prendra garde de ne jamais compter uniquement sur ce service et de s'assurer de toujours pouvoir contacter les personnes autrement. De même, on prêtera une attention toute particulière à ne pas exclure les personnes n'étant pas sur un réseau centralisé. Par exemple, je ne garantis pas de répondre aux messages Facebook, utilisez mon adresse mail, vous êtes sûrs d'avoir une réponse.

Quand à la vie privée, comptez que tout ce qui transite par Facebook est public, y compris les messages. Si vous n'aimeriez pas que certaines choses apparaissent sur un écran géant de la place de votre ville, alors n'utilisez pas Facebook ou Google+.

J'ai déjà décrit comment je rendais l'impact de Google minimal sur ma vie privée. Pour Facebook, je pousse le vice encore plus loin: je bloque toute URL venant de Facebook dans mon navigateur principal et j'utilise un navigateur entièrement dédié à Facebook.

Cellules de prison

Franchement…

Soyons honnête : en créant ce compte, je fais le jeu de ces sociétés. Certains diront que j'encourage même à les utiliser. C'est un peu vrai même si, n'étant pas Georges Clooney, je pense que cette influence est très limitée. Peut-être que, au contraire, ma présence sur Facebook peut donner de la lecture à des gens qui ne soupçonnait pas l'existence du logiciel libre ? J'ose le croire, peut-être pour m'auto-justifier.

Promis : tout ce que je posterai sur Facebook sera disponible ailleurs.

Une envie d'élargir l'horizon

Mais la question que certains se posent sans doute est : pourquoi ce soudain revirement ?

En fait, jusqu'à présent, j'ai toujours été dans mon petit univers libriste. Je postais ce que je voulais. Me lisait et répondait qui était intéressé ou tombait par hasard sur mon blog. Ma rencontre avec des pirates m'a fait reconsidérer la question.

Ma vision de la politique c'est la transparence, c'est le contact entre les personnes afin de bâtir une société pour le plus grand nombre. Il faut être réaliste: en restant sur Diaspora, je me ferme à beaucoup de gens, beaucoup d'opinions différentes. Et ce cloisonnement, qu'il soit virtuel, culturel ou géographique, fait tendre vers la radicalisation.

Ignorer une majorité de personnes sous prétexte qu'elles n'ont pas la compréhension que j'ai de l'informatique ou qu'elles ne suivent tout simplement pas mes choix me semble relever de la plus pédante suffisance. Prétendre construire un projet de société en ignorant ces même personnes est pire encore.

Si je n'ai jamais été un parangon de modestie, je me rends compte que dans un exercice aussi compliqué que de se forger une conscience politique, j'ai besoin de l'aide de tous, j'ai besoin de visions divergentes et pas seulement de l'optique geeko-libriste.

Bref, je suis sur Facebook et vous pouvez vous moquer de moi sur mon wall[1].



Photos par Fernando Siveira et miss_millions

Note

[1] Comme je considère Facebook comme public, j'accepterai de « devenir ami » avec mes lecteurs qui le souhaitent.


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Les grands défis du Parti Pirate

jeudi 26 avril 2012 à 17:41

Le Parti Pirate est crédité, selon les sondages, de 13% d'intentions de vote en Allemagne mais, en France, ne serait connu que de 12% des internautes !

Bébé pirate

Si vous même faites partie des 88%, je vous invite chaleureusement à prendre 10 min de votre temps pour une session de rattrapage.

Mais, entre nous, comment expliquer une telle disparité entre deux pays voisins ? Et, surtout, comment y remédier ?

Syndrome de Robinson

N'importe qui peut créer un parti politique et l'appeler Parti Pirate. À l'échelle d'un pays, la légitimité des fondateurs est donc absolument nulle. Un groupe peut décider, dans son garage, de devenir le Parti Pirate du Zimbabwe.

Une fois le travail administratif de création fait, les dirigeants doivent rester lucides. Peut-être ne sont-ils pas les meilleurs pour l'étape suivante, à savoir la popularisation du mouvement ?

Laissez leur chance aux nouveaux arrivants, soyez ouverts !

Syndrome d'Iznogoud

Comme n'importe quelle structure, le Parti Pirate est soumis à la corruption du pouvoir. Être président ou premier-secrétaire est un honneur. Il est difficile de renoncer à un poste et presque impossible de reconnaître ses erreurs. Le réflexe du pouvoir devient alors de cacher, de garder confidentiel au nom « du bien commun ».

bébé pirate

La philosophie du Parti Pirate est simple pour lutter contre les dérives du pouvoir: transparence totale de la structure et encouragement à reconnaître ses erreurs. Rick Falkvinge, fondateur du Parti Pirate Suédois, est célèbre pour être un des premiers leaders politiques à reconnaître rapidement et pleinement ses fautes.

Mais encore faut-il que votre Parti Pirate local applique ces règles honnêtement et sans les traditionnels « Oui mais bon, là c'est une exception ! ».

Arrêtez de faire l'autruche ! Dans un conflit, personne n'est jamais complètement innocent.

Syndrome de la paix au proche-orient

Chaque novice qui se lance en politique passe des nuits à établir des programmes complets pour changer le monde, passant de la paix au proche-orient à la sauvegarde du mode de vie des papous. Une fois cet illisible et exhaustif programme prêt, on écrase le joint dans le cendrier et on rend le manifeste public, espérant convaincre le monde.

Résultat garanti: quelques poussières de pourcent de gens qui se sont trompé de ligne en votant.

Se considérer le centre du monde et croire détenir la vérité sont les béquilles de la sous-politique de comptoir. Pour le parti pirate, la politique devrait être un mouvement de bas en haut. La force du Parti Pirate se mesure à celle de ses groupes locaux, régionaux. Ceux qui vont vraiment à la rencontre des gens. Ceux qui sont les gens.

Une relation de confiance s'établit en premier lieu à l'échelle d'une ville. C'est dans les élections communales et locales que le Parti Pirate doit d'abord se faire entendre. Et, rien qu'à ce niveau, il y a tant à faire !

Syndrome de l'usine à gaz

La tendance est également forte de tout faire, de tout prévoir, de sur-structurer. Un nouveau parti de vingt personne se dotera d'un comité national, d'un bureau politique, d'un sous-secrétariat au calibrage des œufs d'autruche[1], etc.

Des règles complexes viendront gérer les relations entre ces vingts personnes. Si établir ces règles permet de se sentir important, c'est tout simplement contreproductif quand l'objectif est de devenir populaire.

bébé pirate

La philosophie du Parti Pirate est pourtant simple: pas de règles tant que ça ne se révèle pas absolument nécessaire. Laissez les personnes et les groupes fonctionner à la manière qui leur convient le mieux. Ne vous inspirez pas des partis politiques existants mais plutôt des projets opensource, de wikipedia.

Si un problème se révèle à un niveau, demandez un arbitrage à un niveau supérieur là où, probablement, il y a aura du recul et peu d'investissement émotionnel.

Syndrome de la gau-gauche

Dès que deux personnes discutent d'une idée globale, il est probable qu'à un moment ou un autre, elles tombent en désaccord sur un point de détail. À gauche, il est de tradition que chacun fonde son propre parti.

Il est indispensable que chaque Pirate, du plus novice au plus influent, comprenne que, faire de la politique, c'est surtout faire des compromis.

Bébé pirate

Le Parti Pirate a des valeurs fondamentales. Adhérer au parti représente une acceptation de ces valeurs. Par contre, il est essentiel de se dire que vous ne serez pas toujours en accord avec certaines décisions du Parti.

Souvenez-vous: il est plus important de défendre les valeurs communes que de se disputer publiquement. Un vrai pirate est capable de compromis, de remise en question.

Les pirates ne sont pas nombreux, leur seule force réside dans leur unité.

Syndrome Laurent Louis

Un autre problème auquel est confronté un parti naissant est le manque de cadres expérimentés. La tendance va être à recruter le plus large possible afin de remplir les listes électorales.

En Belgique, un nouveau parti, le Parti Populaire, a eu un élu en 2010. Il n'a pas fallu longtemps pour se rendre compte que l'élu en question n'avait pas toutes ses frites dans le même sachet et qu'il soit éjecté de son parti, privant ce dernier d'élus et donc de subsides. Quand à Laurent Louis, si il a amusé la galerie un moment, il est récemment tombé dans le grand n'importe quoi.

Ce genre d'individus peut tout à fait apparaitre au Parti Pirate. C'est pourquoi le travail de fond doit impérativement être fait par les groupes locaux. Pour gagner en responsabilité, un pirate doit si possible faire ses preuves localement puis avec une importance croissante.

Les listes doivent être déterminée collégialement et doivent avoir toute la confiance des membres.

Aux sympathisants et aux candidats, présents et à venir, du Parti Pirate

Plutôt que de critiquer un parti national, ne tergiversez pas: rejoignez ou fondez votre structure locale. Mettez vos idées en pratique et voyez ce que ça devient.

Si vous êtes candidats Parti Pirate, souvenez-vous que vous êtes avant tout porteur d'une nouvelle idée et que, cette idée est plus importante pour les électeurs que toutes vos petites histoires.

Engagez-vous à garder un ton respectueux en public (y compris sur internet), à ne pas répondre émotionnellement, à oublier vos querelles et à reconnaitre pleinement vos erreurs.

Jeune pirate déguisé

Souvenez-vous que vous vous engagez pour vous mettre au service de la population, que si vous êtes élus, vos besoins et vos avis personnels passeront au second plan.

Ne prenez pas le pouvoir, donnez-le à vos électeurs !



Images par Bart Heird, Ryan Ruppe, Lau Sew, Eric Peacock and Eva Rinaldi

Note

[1] ça parle beaucoup d'autruches ce billet, non ?


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Le Parti Pirate, la démocratie du troisième millénaire ?

vendredi 20 avril 2012 à 14:53

Suite à ses récents succès en Allemagne, où il pourrait devenir la troisième force politique nationale, le Parti Pirate fait beaucoup parler de lui.

Manifestation de Pirates en Allemagne

Mais comment considérer sérieusement un parti qui est né sur le désir de télécharger de la musique et qui, à première vue, n'est qu'un parti de défense des droits des internautes ?

En fait, réduire le parti Pirate au téléchargement reviendrait à considérer que les partis écologistes ne cherchent qu'à protéger les pandas d'Asie. Caricaturer le Parti Pirate en un groupuscule de geeks barbus est également mensonger: j'en connais deux qui se rasent.

Précisons tout d'abord que chaque citoyen est un internaute de fait. Que ce soit directement ou indirectement, toute personne est appelée à utiliser internet ou, tout au moins, à y avoir des données personnelles. Même votre arrière-grand-mère est probablement dans un album photo en ligne et, à ce titre, liée à internet. Dire que le parti Pirate est un défenseur du droit des internautes n'est donc pas faux mais il serait plus exact de dire: « défenseur du droit des citoyens ».

Enfin, contrairement à ce qu'on pourrait croire à première vue, le téléchargement de musique n'est pas le cœur du problème. Il s'agit uniquement d'un symptôme. Et ce symptôme est révélateur d'un problème beaucoup plus profond de la société actuelle : la confiscation du pouvoir des individus par des entités comme les grandes sociétés privées ou les organismes gouvernementaux.

Ce que la polémique du téléchargement a mis en lumière est que les gouvernements étaient prêts à bafouer des libertés et des droits fondamentaux des citoyens uniquement pour préserver certains intérêts privés. La démocratie glisse doucement vers la ploutocratie et les récentes crises bancaires ne sont finalement qu'une autre facette de la même question.

Triporteur pirate Ce profond problème de notre société s'illustre de différentes façons, que ce soit à travers les brevets ou la propension des gouvernements à donner l'argent public à des entreprises privées sous prétexte de « créer des emplois ». Les conséquences de la crise économique ont également mis en exergue la déconnexion totale entre le pouvoir et le peuple au service duquel ledit pouvoir devrait être.

En Belgique, on constate même une certaine confiscation de la démocratie au profit d'une caste politique peu renouvelée et opaque. Nos élus cultivent la tradition du secret, même lorsqu'il s'agit de négocier un gouvernement chargé de nous représenter. Fait paradoxal pour une démocratie, le peuple est de plus en plus écarté de ce qui a trait au pouvoir. Des manifestations, des pétitions, des mouvements de masse ou le lobbying intensif deviennent les seules armes pour se faire entendre, donnant voix à celui qui crie le plus fort ou finance les campagnes de lobbying les plus coûteuses.

Les principaux partis belges ont été de grands artisans de la démocratie et de la liberté. Leur apport a été fondamental au cours de notre histoire. Grâce à eux, je suis en mesure d'exprimer aujourd'hui mes idées, librement et sans crainte. Mais le monde change, de plus en plus vite. La technologie permettrait beaucoup d'améliorations positives, de simplifications, de transparence. Force est de constater que, jusqu'à présent, aucun parti n'a fait montre d'une réelle compréhension de cette évolution et semble s'accrocher à toute opportunité de pouvoir plutôt qu'à une réelle volonté de progrès.

Face à cela, le credo du Parti Pirate est simple: rendre le pouvoir aux citoyens, remettre le gouvernement au service des individus et non l'inverse. Par défaut, faire confiance aux citoyens et, sauf preuve du contraire, les considérer de bonne foi. Les initiatives comme Wikipedia ou OpenStreetMap ont apporté la preuve qu'il était souvent plus productif de corriger les erreurs de quelques moutons noirs que de mettre des barrières à tout le monde.

La roue des Pirates

De ce credo du pouvoir rendu au citoyen découlent huit grands principes fondamentaux, regroupés sous l'appellation « La roue des Pirates »[1].

1. Vie privée

Chaque individu a droit au respect de sa vie privée, de sa correspondance, de ses données, de sa position. Sans le droit à la vie privée, un gouvernement dispose d'un pouvoir disproportionné sur les individus.

2. Transparence

Le secteur public, les élus et le gouvernement sont payés par les citoyens. De ce fait, le citoyen devrait avoir accès de manière transparente et compréhensible à toutes les décisions, à tous les détails, à tous les documents. Le gouvernement est responsable devant les citoyens.

3. Ticks - ( Tools Ideas Culture Knowledge Sentiments)

Les outils, les idées, la culture, la connaissance et les sentiments doivent pouvoir être partagés et échangés sans restriction. Les citoyens doivent avoir le pouvoir de s'auto-éduquer, de s'informer.

4. Humanisme

Tous les êtres humains naissent égaux et disposent des mêmes droits. Le gouvernement ne peut catégoriser ou discriminer certains groupes d'êtres humains.

5. Diversité

La société est fondamentalement multi-culturelle dans tous ses aspects: technique ou éducationnel. Aucune culture n'est privilégiée. Se revendiquer d'une culture ou d'une autre est le propre de l'individu et ne donne lieu à aucun droit ou devoir supplémentaire.

6. Résistance

La société doit être conçue pour résister aux possibles abus ainsi qu'aux problèmes prévisibles. Cela implique une décentralisation, tant technique que politique, ainsi que la mise en place de solutions durables.

7. Économie dégroupée

Les individus sont responsables de la production de richesse et non les grandes sociétés. Les citoyens doivent donc avoir le pouvoir de travailler à leur convenance, de voir leur travail encouragé et valorisé, qu'il soit bénévole ou non.

8. Une législation de qualité

Les lois doivent être nécessaires, proportionnées et efficaces. Elles doivent répondre à un problème clairement identifié, elles doivent résoudre ce problème et ne doivent pas créer de problèmes plus importants. Cela implique une analyse non-idéologique et rationnelle.

Ces principes gouvernent la pensée pirate à travers le monde et cherchent à donner la base d'un cadre de réflexion qui soit avant tout pragmatique et efficace plutôt qu'idéologique.

Bien entendu, cette réflexion est fort théorique et beaucoup de réactions aimeraient voir des propositions concrètes sur l'emploi, la sécurité ou l'environnement.

Drapeau Pirate Plutôt que de promettre tout et n'importe quoi, le Parti Pirate se concentre donc sur certains problèmes clairement identifiés (la réforme du droit d'auteur, du système de brevet) et sur la mise en place de plate-forme de « démocratie liquide », afin de permettre à chaque citoyen d'être entendu, de proposer des idées et d'avoir une influence sur les sujets qui lui tiennent à cœur.

La roue des Pirates peut également donner naissance à beaucoup d'idées[2] mais il est du ressort des candidats d'exprimer leurs propositions concrètes et de laisser les électeurs décider.

Le populisme, le clientélisme et l'action à court terme sont les maux de nos démocraties modernes. Je suis intimement convaincu que la vision du Parti Pirate est la première étape vers la démocratie du troisième millénaire, une démocratie ou la liberté individuelle et l'efficacité pragmatique au service du citoyen supplanterait l'idéologie et l'électoralisme.

Voter Pirate, c'est donner du poids à un idéal de démocratie moderne. Et si vous militez dans un autre parti, n'hésitez pas à pirater ces idées. Les idées sont faites pour ça.



Images par PIRATEN, Piratenpartei Heilbronn, bookish in north park , Damien Clauzel

Notes

[1] Consultable en anglais sur le site de Rick Falkvinge

[2] N'étant ni un candidat ni un élu du Parti Pirate, j'ai choisi de ne pas exposer mes idées personnelles dans ce billet


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Being selected as a Summer of Code student

jeudi 19 avril 2012 à 12:55

For several years now, I've been a Summer of Code mentor for Getting Things Gnome, under the GNOME umbrella.

This year again we received plenty of student proposals. GTG being a very small part of the GNOME project and having only few mentors available, we had to choose. That choice was sometimes really hard and it's a pity to see some students not being selected.

In order to help them for next year, I would like to point what we, potential mentors, expect from the students.

Swing in the night

Programming knowledge

Summer of Code's primary purpose is programming. We expect candidates to have a somewhat good knowledge of the programming language used in our project. We have seen very bright students with very interesting ideas. But it quickly appeared that they were not comfortable enough with Python.

Accepting such a student could only lead to a failure. Every little problem which is trivial to an experienced programmer might become a blocker. More importantly: we are not programming mentors. Programming is obvious to us and is a pre-requisite.

Project ownership

Swing for baby Each year, GTG developers put some SoC ideas on the GNOME wiki. Retrospectively, I think it's a bad thing. Indeed, we receive plenty of proposals from students who simply copy/paste our ideas. Sometimes, they don't even understand it and have no clue of what GTG is.

We expect students to become owners of their project. The best way to achieve that is to have the student come with his own idea, to scratch his own itch. Of course, this could be discussed with the team and potential mentors but the initiative itself should come from the student.

Originality

Another reason why taking a SoC idea from the wiki is bad is because we end with ten identical proposals. We then try to find the most skilled student but we usually found that the best students came with their own, original project.

If you want to succeed as a student, be original and show that you understand what you want to achieve. Ask you the question: "Why was it not done before me and why can I succeed where nobody has been before?".

Early start

Next year, during the student proposal period, I plan to not answer emails from students with whom I had no prior contacts. As I'm listed as a possible mentor, each year I see my inbox filled with requests from students that particular week. All those mails are kind, polite but are basically asking "please tell me what to write on my proposal and support my candidacy".

Sorry but that week is not a good time to approach a mentor. A mentor is busy, have a work, a family and cannot handle twenty students requests in a few days. Remember that a mentor is not paid and that writing the proposal is your job.

But the secret here is very simple: start early. Be involved very early in the project you target. Get in touch with the team. Fix some easy bugs. Learn the project.

If you don't have the time or the motivation to do that in the months prior to the Summer of Code, there are chances you will not be a good student anyway.

But if you are known to the team, if we have seen you at work, we will probably want you as our student.

Jump from a swing

Initiative

Never send an email to a possible mentor vaguely asking what to do. We want to see initiatives. Try to find a mentor several weeks before the proposal period. Come with a well structured idea and ask for a critical review of your project. Seek critics, not advices.

When the submitting time start, immediately post your proposal. Don't wait. You will always be able to correct or edit your proposal. You will immediately get feedback from mentors so don't waste time trying to get private feedback before posting.

Also, in the first days, there's usually few proposals posted. Mentors take time to review them and post comments. After one week, there could be tenth of proposals and nobody review them all anymore.

Multiply your chances

You can post multiple proposals in different organisations, you have nothing to lose doing so. It's specially interesting if your project could be under different umbrellas. For example, a proposal about a video chat client could be adapted for GNOME, Gstreamer or even XMPP.

Conclusion

Being accepted as a GSoC student doesn't require you to be good enough. You need to convince us that you are the best.

Doing so is never, never, never done by writing an impressive list of skills or telling us that you were the leader of your football team. All we need to see is your code, your idea and your planning skills.

If you were not accepted this year and plan to try again next year, start to code now. Start to learn, start to contribute.

And don't send me an email asking me what to do. My answer is already written hereabove.



Picture by Seema K K, Mypouss and Fred Dhennin


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