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source: Ploum

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Changez de vie, apprenez à lire

samedi 29 juin 2013 à 01:28

La personne me tend une feuille imprimée, un article de journal ou une page de livre.
— Cela devrait t’intéresser.
Je m’en saisis et jette un œil puis, le rendant à son propriétaire :
— Merci !
— Quoi ? Ça ne t’intéresse pas ? Tu ne vas pas le lire ?
— Si, je viens de le lire à l’instant.

Beaucoup pensent que je me moque. D’autres que j’ai la chance d’être porteur d’un extraordinaire don de lecture photographique. La réponse est bien plus simple : j’ai appris à lire et je m’exerce quotidiennement. Vous en êtes probablement autant capable que moi.

Pourquoi lire rapidement ?

La quantité d’information écrite dans le monde est inimaginable. Pour chaque composant de votre vie, il existe des centaines ou des milliers de textes affirmant tout et son contraire. Plus vous en lirez, plus vous pourrez confronter des idées, devenir critique, bâtir votre propre pensée. Mais il ne s’agit pas seulement d’utilitaire. La fiction est le souffle épique de nos vies, une source d’inspiration, de créativité. Ah, si seulement vous aviez le temps de lire tout cela !

Ce temps, lire rapidement vous l’offre !

Lire et non vocaliser

Lire, c’est donner un sens à un ensemble de lettres. C’est un processus très rapide. Malheureusement, la majeure partie d’entre nous ne sait pas lire. En fait, nous associons les lettres à un son que nous prononçons dans notre tête. Cela porte le nom de vocalisation. Ensuite seulement, notre audition entre en jeu pour nous faire comprendre le sens du texte.

Une personne qui vocalise pourra lire à peine plus vite qu’une personne qui lit tout haut. En fait, la personne ne sait pas réellement lire. Elle sait déchiffrer et elle écoute. Concentrée sur la vocalisation, elle perd beaucoup de temps et de sens.

Apprendre à ne plus vocaliser est difficile mais pas impossible. Cela vient à la longue, en lisant rapidement. Si vous avez des enfants, vous pouvez les aider : interdisez à tout prix la lecture à haute voix et l’ânonnement. Interrogez-les sur le sens d’un texte et ne leur faite pas déchiffrer syllabe après syllabe. Associez toujours un mot complet avec sa signification plutôt qu’avec le son.

Suivez une formation à la lecture rapide

La lecture rapide est un ensemble de techniques très utiles. N’hésitez pas à suivre une formation. Notez les exercices et pratiquez les régulièrement. Entraînez-vous.

Une bonne formation vous apprendra comment exercer vos yeux pour lire vite et vous enseignera pourquoi lire vite peut, en fait, vous procurer plus d’informations qu’une lecture profonde. Vous apprendrez également à ne plus avoir peur de la vitesse. Malheureusement, la qualité des formateurs est très variable. Je ne suis pas un formateur compétent moi-même mais peut-être essaierais-je de partager quelques astuces et exercices dans de prochains billets.

Je vous donne néanmoins une astuce importante : n’ayez pas peur de la vitesse. Ne revenez jamais en arrière, même si vous pensez n’avoir rien compris. Avancez, lisez, forcez votre cerveau à suivre le rythme de vos yeux et non le contraire.

Analysez votre cible

Le secret de la lecture ultra rapide est, tout d’abord, de ne pas lire ce qui est inutile. La première chose à faire est donc de lire le tout dernier paragraphe. Si le titre et la conclusion ne vous donne pas une idée claire du contenu, il y a de fortes chances que le texte ne soit pas structuré et soit inintéressant. Si la conclusion est intéressante, la question suivante qui se pose est : ai-je besoin de connaître le cheminement de l’auteur ? Dans bien des cas, ce n’est pas nécessaire. Si oui, vous pouvez passer à la deuxième étape : scannez les titres ou la table des matières. L’essentiel d’un texte peut se comprendre à ses titres. Personnellement, je fais généralement cela en partant de la fin et en remontant.

Vous seriez étonnés de constater que, à cette étape-ci, alors que vous avez passé une à deux minutes sur le texte, vous avez une meilleur compréhension globale du contenu que quelqu’un qui a tout lu de manière séquentielle en une grosse vingtaine de minutes. C’est d’ailleurs une expérience édifiante que l’on réalise au début d’une formation à la lecture rapide. N’ayez donc pas peur de rater quelque chose, vous en savez déjà plus que la majorité des lecteurs !

Parfois, il faut aller en profondeur. Ou bien il s’agit d’un texte de fiction que l’on souhaite déguster et non pas scanner en commençant par la fin. Agatha Christie en commençant par la fin, ça perd tout de suite de son charme…

Séparez la lecture de votre procrastination web

Si vous lisez ce blog, il y a de grandes chances que votre première source de textes à lire soit le web. Pendant longtemps, j’ai considéré le web comme n’étant pas une réelle source de lecture. Sur le web, ce sont essentiellement des discussions mais un vrai article fouillé se lit sur du papier, pensais-je. Pour cette raison, je ne publiais pas sur ce blog mes textes plus travaillés. Mon erreur venait du fait que, sur le web, nous sommes en permanence sollicités. À peine un texte a-t-il été commencé que la souris passe machinalement sur l’onglet suivant. Une notification avertit de l’arrivée d’un mail. Le texte nous semble fade, inintéressant comparé à cette hilarante vidéo de chats qui sautillent. Or, ce n’est pas le texte qui est en cause mais bien la manière de lire. Le cerveau a acquis un réflexe de suractivité lorsque nous sommes face à notre ordinateur.

Inutile de lutter contre cela. Au contraire, acceptons-le ! Désormais, je n’essaie plus de lire les articles plus long que la hauteur de mon écran. Je les ajoute à Pocket en utilisant l’extension de mon navigateur. Lorsque je suis assis à mon bureau devant mon écran, je ne lis jamais ! Je procrastine, je saute d’un lien à l’autre, je collecte mais je n’essaie même pas de me concentrer.

En lieu et place, je garde des plages privilégiées pour la lecture. Avant d’aller dormir, une fois la connexion coupée, je lis au minimum une demi-heure de fiction. Quand aux articles dans Pocket, je les lis depuis mon téléphone quand je suis à la… enfin… vous comprenez quoi. Là !

Attention, ce n’est pas exclusif. Il m’arrive de lire de la fiction et des articles sauvegardés quand l’envie de lire me prend. Mais ces deux périodes sont des pauses déconnectées, loin de mon ordinateur. Avec un peu d’habitude, cela devient un réflexe. Mon cerveau entre en mode lecture dans ces moments.

Investissez dans du matériel

Loin de moi l’idée de pousser au consumérisme mais deux achats ont révolutionné ma vie en ligne et m’ont fait reconsidérer ma vision du web: mon premier smartphone et mon premier livre électronique. Si vous aimez lire, l’investissement en vaut clairement la peine. Prenez un smartphone avec un grand écran et installez-y Pocket. J’ai également lu plusieurs livres sur mon téléphone en utilisant FBReader mais, dès que vos finances vous le permettent, passez au livre électronique. Grâce à Calibre, je convertis les PDFs que je souhaite lire. Mon ebook est toujours dans ma poche, je dévore livre sur livre sans m’arrêter, que ce soit du domaine public ou en version piratée. Quel plaisir de partir pour une longue période sans devoir faire un choix cornélien ! Fini le « Zut, il me reste à lire quatre chapitres de ce Dostoïevski mais il met mon bagage en sur-poids » !

De manière étonnante, le livre électronique a satisfait à la fois mon appétence de lecture et mon pervers besoin d’avoir un jouet électronique entre les mains. La lecture est devenue un véritable jeu vidéo !

Conclusion

J’observe autour de moi une certaine division entre les lecteurs avides et les technophiles. Les premiers considèrent toujours le web comme un succédané d’impression. Un texte sur le web n’est pas un « vrai » texte. Chez les seconds, j’observe une tendance à la perte de lecture. Lecteurs fanatiques pendant leur adolescence, ils reconnaissent lire de moins en moins, passer les liens qui débouchent sur un texte trop long. Ou bien ils accumulent dans un répertoir « À lire ». Moins ils lisent, moins ils ont envie de lire.

Or, le web est une source intarissable de textes. Il semble évident que les textes imprimés non-disponibles sur le web se raréfient et vont bientôt disparaître. Le web donnera à tout un chacun la possibilité de lire n’importe quel texte écrit au cours de l’histoire de l’humanité. Devant un tel trésor, nous avons la fâcheuse tendance à perdre notre capacité de lecture au lieu de l’améliorer. Mais nous pouvons, individuellement, inverser ce penchant en adaptant notre mode de lecture et en utilisant les outils à notre disposition.

Chaque jour, la lecture change ma vie. Et puis, je vais être honnête avec vous : je vends ma came. Je produit des billets kilométriques sur ce blog. Certains me disent de les réduire afin d’attirer un plus grand lectorat. Plutôt que de m’abrutir, de niveler par le bas, je préfère partager avec vous ce qui me rend tous les jours plus intelligent. Car, devenir plus intelligent, j’en ai grandement besoin ! Je ne dois pas être le seul. Alors, n’arrêtons pas de lire !

 

Photo par Paul Lowry

flattr this!

Flattr’s biggest problem

lundi 24 juin 2013 à 19:48

And how I work around it

A few months ago, I tried to convince you to spend 2€ per month to reward the content you like.

Lot of people are enthusiastic with Flattr. But there’s a recurring complain that there’s not enough content accepting Flattr.

This is a real concern. Flattr was build around a model where more or less every creator has a personal blog or website. Unfortunately, there’s a clear trend that creators are now increasingly regrouping on a few centralized platforms. Creators don’t have the control of the platform and, as such, cannot add a Flattr button.

This raises a lot of questions about centralization and gives the feeling that, besides a few blogs like mine, there’s nothing to Flattr on the web. It looks like you are standing alone on a desert island with your money.

Enter the unclaimed Flattr

Did you know that you can flattr someone which is not on Flattr yet? It is called an “unclaimed Flattr”. The money remains on your account until the creator sign-in. So don’t hesitate to use this feature.

What is great with unclaimed Flattrs is that you can flattr nearly everything on the web without thinking about it. If, for a given month, you flattr only unclaimed things, it will cost you nothing for that particular month.

To Flattr something, even if it has no Flattr button, install the Flattr browser extension for Firefox or for Chrome. When the content you are currently viewing can be flattered, a little Flattr icon will be show in the address bar. Click on it and confirm your flattr.

Unfortunately, not every web page can be flattered. So let me explain how I manage to give 62 flattrs this month.

Flattering blogs, articles, comics and social network messages

The web extension allows me to see immediately if a blog or a website has a Flattr account. I can even flattr each Wikipedia page!

If there’s no Flattr icon, I use this little trick: I flattr the Twitter account of the blog. If I liked the article Foo from blogger Bar, I simply find the tweet from @Bar that announced the article Foo. I then click on the tweeting date to open the tweet full page.

If you do that, you will see that the Flattr icon appears in your address bar. Indeed, you can flattr individual tweet. That makes one more pending flattr for this creator.

flattr_tweet

Of course, I also sometimes flattr individual tweets that I particularly enjoy. The same can be done with pictures on Instagram and even messages on App.net but I did not found anyone using the later. Maybe it would be nice to be able to flattr a Tumblr post?

Flattering videos, music and podcasts

Every video on Youtube or Vimeo can be flattered if you have the browser extension installed. Same for any audio track or podcast on Soundcloud. If I appreciate a content on this platform, I flattr it without any second thought. Unfortunately, Dailymotion support is missing.

Grooveshark also has a Flattr setting where you can automatically Flattr any artist you are listening to. Most artists are not registered on Flattr yet but I flattr anyway. If any artist I like ever complains about piracy, I will happily point to the money waiting on Flattr.

Flattering pictures

To get illustrations for this blog, I look on Flickr or 500px for Creative Commons pictures. Any picture on those platforms can be flattered and I make sure to do it for each picture I re-use. It even happens that the author is already on Flattr, such as this one, used in an article in French.

I still miss to be able to flattr pictures on DevianArt but, on 500px and Flickr, I’ve no hesitation to Flattr any nice picture randomly appearing in front of my eyes.

Software

There’s a growing list of software accepting Flattr donations. I try to regularly flattr software I use. If your favourite piece of code is not on Flattr, you can still flattr any tweet from the official account.

Also, any GitHub repository and any commit can be flattered. I tend to flattr external contributions to my own projects or commits fixing an annoying bug.

For example, I started flattering commits to the repository of the WordPress theme I use for this blog, even though the author was not on Flattr (he joined recently). If you like the theme of this blog, don’t hesitate to give a little Flattr to the Github repository.

Automatic flattering

The best of all is that you can make it automatic. In your Flattr preferences, you can link your accounts so, for example, each time you like a Youtube video or an Instagram picture it receives a flattr.

FlattrStar is a third party service which extends this functionality. It allows to flattr each favourite tweet, favourite artists on Last.fm and many more.

Conclusion

Not everything is flattrable and this is a problem. Each time you interact with a creator, don’t hesitate to talk about Flattr. She might not be immediately interested but it may ring a bell if multiple fans start to ask for a Flattr button. Don’t hesitate to suggest ideas. What about a 9gag Flattr integration? Or a Reddit integration? (EDIT:Reddit integration is possible through Fleddit)

In the meantime, there’s already a huge amount of content that can receive flattrs. If this is not enough for you, keep your Flattr fee to the minimal 2€ per month and, like me, continue to make unclaimed flattrs. You can also subscribe to a few charities. Charities don’t pay the 10% Flattr fee. 100% of your money is directly going to them.

In the worst case, you will spend 2€ per months to help charities and creators. In the best case, you will have fuelled a cultural revolution.

 

Picture from Daniel Colquitt

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Augmentez la taille de votre… visibilité

vendredi 21 juin 2013 à 12:48

Dans « Qui veut la peau de Roger Rabbit ? », le producteur de cinéma véreux lance une friandise à Dumbo et se tourne vers le détective en lui disant :
— Ce qui est marrant avec Dumbo, c’est qu’il ne travaille que pour des cacahuètes.
Ce à quoi Eddy Vaillant répond :
— Moi je ne travaille pas pour des cacahuètes.

Chez les blogueurs ou toute personne produisant du contenu pour le web, il existe un principe similaire. Seulement, les cacahuètes sont remplacées par une phrase magique : « Augmenter votre visibilité ».

En échange d’ « augmenter votre visibilité », on demandera au blogueur toute sortes de services : placement de pubs, articles sponsorisés. Je vous ai raconté comment on me proposait de l’argent pour insérer des liens. Mais il est important de préciser que, à chaque fois, on me proposait « d’augmenter ma visibilité ou un paiement, au choix ». Généralement, l’augmentation de la visibilité est présentée comme la plus avantageuse et le paiement vivement déconseillé.

Avec raison vu que cette « augmentation de visibilité » ne coûte rien, ne sert à rien et est de toutes façons impossible à vérifier. Au pire, rien ne sera fait et vous n’aurez même pas la moindre cacahuète. Au mieux, votre adresse sera placée dans des fermes à liens ou des sites partenaires et vous recevrez des statistiques vous prouvant ô combien votre visibilité a augmenté. Ce qui vous fait une belle jambe. Pendant que l’agence se frotte les mains en vous pointant du doigt : « Ce qui est marrant avec le blogueur, c’est qu’il ne travaille que pour des cacahuètes ».

Mais certains poussent le vice à l’extrême. Ils vont reprendre votre contenu sur leur propre site, ils vont y ajouter des pubs et, en échange, vont prétendre vous apporter « de la visibilité ». Le plus connu étant Paperblog.fr qui, chaque année, me relance pour que je fasse partie de leur réseau en m’expliquant ô combien ce serait génial pour moi si le contenu de mes billets pouvait être agrémenté de pub sur leur site.

Que les choses soient claires : le contenu de mon blog est sous licence libre. N’importe qui peut le reprendre et le republier avec des publicités dessus. Mais n’attendez pas de moi que je considère cela comme un honneur, que je prenne une seconde de mon temps pour soumettre mon blog ou que je signe des conditions d’utilisation, quelles qu’elles soient.

Le web moderne et les réseaux sociaux ont ceci de magnifique que vous n’avez plus besoin d’intermédiaire. Vous voulez de la visibilité : alors produisez du contenu intéressant, drôle, pertinent, émouvant. Vous voulez être influent ? Alors sortez-vous les doigts du Klout et écrivez, enregistrez, filmez. Postez le et tout le reste viendra naturellement.

Mais au plus vous produirez, au plus vous serez soumis à des sollicitations qui vous promettront d’augmenter ou de mesurer votre audience, votre influence, votre visibilité. Ce n’est qu’un mirage dans lequel vous risquez de diluer votre créativité. Dans certains cas, de créateur, vous devenez vous-même le produit. Ou le faire-valoir d’un produit. Gardez en tête que tout ce qui n’est pas du contenu issu de votre sueur et de vos tripes ne peut pas augmenter votre visibilité de manière significative ou durable.

Alors, lorsque vous appréciez du contenu, encouragez l’auteur à ne pas céder à la tentation en le partageant, en l’encourageant et en le soutenant. Si vous êtes créateur, et nous le sommes tous un peu, ne laissez pas ces sirènes vous faire perdre votre temps et gâcher votre talent pour des cacahuètes.

Et puis, le plus important, souriez ! Car si tu souris, tu verras que les choses ne vont pas si mal que ça, si tu souris, la chance a une chance de passer par là

 

Photo par Henry Mestre

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Le rôle secret de PRISM dans l’échec de l’attentat fritier

mercredi 19 juin 2013 à 13:35

Le scandale PRISM a révélé que le gouvernement américain espionnait les citoyens de tous les pays. Mais pour le brigadier Alzeway, responsable de la section de protection des friteries de la police de Bruxelles, c’est tout à fait normal. Selon lui, ce programme a déjà sauvé des vies. Il cite le cas de Kevin Dupont, condamné l’année passée à trente ans de réclusion pour terrorisme et atteinte grave à la sécurité de l’état.

Monsieur Alzeway, vous estimez que PRISM a permis l’arrestation de Kevin Dupont.

Tout à fait, le parcours de Kevin est typique de ce milieu. Frustré car ses parents ne le laissent pas sortir après une heure du matin, l’enquête révélera également qu’il avait de mauvais points en gym et que le prof de latin le considérait comme médiocre.

Bien qu’issu d’une famille catholique, il décide de se tourner vers l’islam radical afin d’extérioriser sa haine de la société. Il devient membre d’Al-Qaeda en s’inscrivant sur un site internet terroriste. Il devra d’ailleurs recommencer trois fois l’inscription à cause du captcha anti-spam.

Là, il reçoit une formation en ligne à l’utilisation terroriste des réseaux sociaux. Il décide de faire exploser une friterie mais pas n’importe laquelle : celle de la place Flagey. Tout un symbole !

Quel a été le rôle exact de PRISM dans ce dossier ?

Kevin communiquait avec d’autres membres de son forum terroriste via Twitter et Facebook. Il fera l’erreur que même les plus grands professionnels, voire des ministres, font : ils enverra un tweet public en pensant l’envoyer en DM (Direct Message dans le jargon terroriste). Le message : « On va faire pêter la mayo place Flagey, #lol ». Le mot « mayo » est bien sûr un code pour désigner un explosif puissant. Nous n’avons pas déchiffré le « #lol » mais il s’agit certainement d’un code d’activation comme le prouve le signe bizarre devant.

L’algorithme PRISM détectera immédiatement une menace. Le FBI sauvegardera ce tweet sur une disquette et l’enverra au service de la sûreté belge par colis non prioritaire (à cause des restrictions budgétaires). Il ont d’abord essayé de nous envoyer un fax mais on n’avait plus de papier thermique au ministère. Une fois que nous avons finalement reçu la disquette, nous avons immédiatement plongé dans le profil Facebook de l’intéressé. Des échanges sur les murs de ses condisciples sont sans équivoque. Notamment :

« Je vais me faire péter le bide place Flagey. Il ne restera plus une frite ! »

C’est effectivement très inquiétant. Comment avez-vous réagi ?

Le temps était compté. Nous avons envoyé immédiatement le squad d’intervention et l’avons arrêté avant qu’il ne sorte de chez lui.

Nous l’avons arrêté et jugé. Les preuves étaient accablantes : il se laissait pousser la barbe depuis plusieurs mois, même si à son âge cela ne se voyait pas. Il avait aimé la page Facebook de Dieudonné.

Mais il était moins une. Devant la recrudescence de la menace, nous nous sommes rendu compte que nous n’arriverions pas toujours à temps. Que se serait-il passé si Kevin était resté sur le forum plutôt que de passer sur Facebook et Twitter ? Car nous n’avons pas accès à ce forum. Nous avons des agents qui tentent de s’inscrire mais ils n’ont pas encore réussi à passer le captcha.

Quelles sont les mesures concrètes que vous avez prises après l’affaire Kevin ?

On ne badine pas avec la sécurité de l’état. Quelques internautes anarchistes se plaignent de PRISM mais se rendent-ils compte que ce programme n’est même pas suffisant ? Nous avons du mettre sur pied un plan d’alerte. Des militaires, équipés d’armes lourdes, patrouillent dans le métro et les toilettes des stations d’autobus. Dans les aéroports, nous avons fait interdire les bouteilles d’eau de plus de 50ml.

Mais elles étaient déjà interdites, non ?

Seulement celles de plus de 100ml. Nous avons augmenté le niveau de sécurité. Nous sommes sur le qui-vive.

Effectivement, c’est logique. Est-ce que ça marche ?

Plutôt bien oui. J’ai vu plusieurs fois des gens changer de trottoir pour éviter de croiser un barbu à l’air louche. C’est que les citoyens commencent à se rendre compte du danger. Grâce à une coopération sans faille avec les médias, les petits vieux n’osent plus sortir de chez eux. Au moins, ils sont en sécurité.

Cela fonctionne tellement bien que nous pouvons dès à présent considérer que chaque personne qui sort sans crainte de chez elle est un suspect potentiel. Son comportement n’est pas normal.

Merci brigadier Alzeway, c’est rassurant de savoir que notre sécurité est dans les mains d’hommes comme vous.

Tout le plaisir est pour moi. Soyez prudent !

 

Photo par Zoolette Des Bois

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Pourquoi ne peut-on pas dépasser la vitesse de la lumière ?

lundi 10 juin 2013 à 12:42

Vous allez enfin comprendre la relativité restreinte d’Einstein

Les amateurs de physique ou de science-fiction le savent: rien ne peut aller plus vite que la lumière dans le vide, à savoir 299 792 km/s (kilomètres par seconde). C’est d’ailleurs de là que découle notre définition moderne du mètre.

Mais pourquoi cette constante est-elle si importante ? Pourquoi est-on si sûr de ne pouvoir atteindre 299 793 km/s ? Si l’explication semble réservée aux docteurs en physique, elle est en fait relativement simple à comprendre dans son essence. Relativement étant le mot approprié.

Laissez-moi 20 minutes pour vous expliquer tout cela. Vous allez voir, c’est fascinant et magique à la fois. J’ai fait le choix douloureux de me passer d’équations. J’ai tendance à trouver les équations explicites mais, il faut le reconnaître, elles sont intimidantes. Je m’excuse donc auprès des puristes, ceci est un exercice de vulgarisation.

Relativité Galiléenne

La relativité est un concept parfaitement intuitif. En théorie, il stipule que tout repère inertiel est équivalent à un autre. Un repère inertiel, terme très important, désigne tout simplement un point que vous choisissez comme un repère. Pour être inertiel, ce repère doit être à vitesse constante et non pas en accélération ou décélération.

Ainsi, imaginons que vous courriez à 20km/h dans un TGV roulant à 300km/h. Un observateur sur le quai d’une gare traversée vous verrait passer à 320km/h, son repère inertiel est le quai de la gare. Pourtant, pour les passagers du train, dont le repère inertiel est le train lui-même, vous faites bien du 20km/h. Si le train roule le long de l’autoroute et croise une voiture roulant à 120km/h, le conducteur de la voiture vous verrait passer à 440km/h, son repère inertiel étant sa voiture ! 440km/h, un beau sprint, n’est-ce pas ?

Cette relativité des vitesses est appelée « relativité galiléenne ». Nous en faisons l’expérience tous les jours. Si une hôtesse de l’air vous sert un café dans un avion volant à 800km/h, le café tombe droit dans votre tasse et n’est pas plaqué sur votre chemise. La raison est que vous, la tasse, l’hôtesse et le café avez tous la même vitesse. De manière relative, vous êtes à 0km/h l’un par rapport à l’autre, vous êtes tous dans le même repère inertiel alors que vous allez à 800km/h par rapport au sol qui est un repère inertiel différent.

Logiquement, on en déduit que pour aller à la vitesse de la lumière, il suffirait d’avoir un train qui roule dans un train qui roule dans un train, etc. Toute vitesse semble donc possible, il suffit d’additionner. Pourquoi la vitesse de la lumière serait-elle une limite ?

L’électromagnétisme

Faisons un bond vers le XIXème siècle. À cette époque, on connaît déjà expérimentalement une approximation de la vitesse de la lumière. Maxwell, un scientifique de génie, travaille sur les ondes électromagnétiques, des ondes qui permettent de transmettre des informations à distance. Grâce à un travail mathématique complexe, Maxwell démontre que la vitesse des ondes électromagnétiques dans un milieu dépend uniquement de deux coefficients: la permittivité électrique et la perméabilité magnétique. Pour le vide, ces deux valeurs sont connues.

Le résultat de son équation est que la vitesse d’une onde électromagnétique est extrêmement proche de la valeur connue de la vitesse de la lumière. Cela prouve sans l’ombre d’un doute ce que certains soupçonnaient : la lumière n’est qu’une manifestation des ondes électromagnétiques.

Ces ondes peuvent en effet avoir plusieurs fréquences. À la fréquence 150 kHz (une vibration de 150.000 battements par seconde), ce sont les ondes longues utilisées par les radios longue distance. En augmentant un peu la fréquence, on arrive à la radio FM puis on monte de plus en plus, passant par les fréquences utilisées par nos GSM, nos routeurs Wifi, pour arriver au spectre visible. Nos yeux sont en effet des organes sensibles aux ondes électromagnétiques mais seulement dans une zone de fréquence déterminée.

Les changements de fréquence dans cette zone sont les changement de couleur (ainsi, le rouge a une fréquence plus basse que le bleu). Si on augmente encore la fréquence, on redevient invisible et on obtient l’ultraviolet puis les rayons X.

Tout cela n’est donc qu’électromagnétisme et se déplace à la vitesse de la lumière. Après tout, la radio et le wifi ne sont qu’une forme de lumière invisible à nos yeux.

Le paradoxe

Il y a cependant un problème. Selon Maxwell, la vitesse de la lumière ne dépend que du milieu, pas de la vitesse relative de ce milieu.

En toute logique, si je braque une lampe de poche envoyant de la lumière à 299.792km/s vers un TGV roulant vers moi à 300km/h (ou 0,08km/s), la lumière devrait toucher le TGV à 299.792,08km/s. De même, si la lampe de poche est sur une fusée qui s’éloigne de la terre à 100.000km/s, la lumière devrait arriver sur terre à 199.792km/s.

Or, les équations de Maxwell prédisent qu’il n’en est rien. La vitesse de la lumière ne dépend pas du repère inertiel. Quelle que soit votre vitesse par rapport à la source de lumière, vous voyez la lumière à la même vitesse. Comme si les passagers d’un train et ceux sur le quai de la gare vous voyaient tous à la même vitesse !

Ce résultat est énorme et va bouleverser la physique de l’époque. Soit Maxwell s’est trompé, malgré le nombre d’expériences confirmant ses prédictions, soit Galilée lui-même est dans l’erreur, chose qui semble incroyable.

L’éther

Une tentative d’explication est faite avec l’éther. L’éther serait un matériau très ténu qui composerait l’univers entier. L’éther représenterait un repère inertiel et les équations de Maxwell ne s’appliqueraient que dans ce repère précis. La vitesse de la lumière ne serait pas absolue et, un vaisseau se déplaçant à 100.000km/s à travers l’éther vers une source de lumière verrait bien cette lumière à 399.792km/s.

La théorie de l’éther pose plusieurs problème. Notamment que l’éther doit être très rigide pour avoir une vitesse de propagation importante tout en étant infiniment fluide, pour ne pas offrir de friction au mouvement des planètes. Ajoutons à cela que l’idée d’un référentiel inertiel “absolu” et plus important que les autres est dérangeante. Mais moins que de remettre en question la relativité de Galilée.

Michelson et Morley tentent alors une expérience visant à prouver l’existence de l’éther. Pour simplifier, disons qu’ils vont envoyer deux rayons lumineux parcourir la même distance mais perpendiculairement l’un à l’autre. En effet, si éther il y a, le mouvement de la terre dans cet éther doit provoquer l’équivalent d’un “vent”. Imaginez-vous sur le toit du TGV, comme dans Mission Impossible. Si vous lancez deux billes perpendiculairement sur le toit, le vent provoqué par la vitesse va modifier leur trajectoire et vous pourriez déterminer la vitesse du TGV ou au moins sa direction.

À la surprise générale, le résultat de cette expérience est sans appel: il n’y a et ne peut y avoir d’éther. La physique est dans une impasse.

Les transformations de Lorentz

À peu près à la même époque, un scientifique du nom de Lorentz s’amuse à comprendre les lois qui régissent de manière générale un repère inertiel. Ainsi, la position d’un objet par rapport à un repère inertiel dépend de sa vitesse, de sa position initiale et du temps écoulé dans ce repère. Exemple : si vous connaissez la position et la vitesse d’un train à minuit, vous pouvez très simplement calculer sa position à n’importe quel moment de la journée tant que sa vitesse est constante.

Tout cela semble très logique mais Lorentz remarque que ses équations ne donnent aucun lien entre les repères inertiels. Ainsi, si je suis sur le quai de la gare avec un chronomètre et que je mesure un coureur dans un TGV traverser le quai de gare, long de 100m, en 1,16 seconde, je peux affirmer qu’il fait du 310km/h à mes yeux. Mais je ne peux rien affirmer de ce qui se passe à l’intérieur du TGV lui-même.

Il est donc nécessaire d’introduire un lien entre les repères inertiels. Le lien le plus logique est de poser que le temps s’écoule de manière identique dans chaque repère inertiel, que 1,16 secondes à bord du train correspondent bien à 1,16 seconde sur le quai. En faisant cela, les équations de Lorentz (appelées les transformations de Lorentz) se simplifient et deviennent identiques à celle de Galilée.

Le TGV faisant du 300km/h, j’en déduis que le coureur fait du 10 km/h.

Remarquons qu’il s’agit d’un postulat: on affirme que le temps est identique dans chaque repère mais on ne le démontre pas.

Einstein

Il faut parfois un éclair de génie pour débloquer une situation. Et cet éclair, c’est Einstein qui l’a. À la manière du jeu enfantin « on disait que », il décide de postuler « on disait que la vitesse de la lumière est la même dans tous les référentiels inertiels ». Il pose donc ce postulat à la place du principe de simultanéité. En effet, la liaison entre tous les repères inertiels sera dorénavant une même et unique vitesse de la lumière. Cela rend inutile le postulat sur un écoulement du temps constant. Ce dernier n’avait, comme nous l’avons vu, de toutes façons jamais été démontré.

Notre cher Albert reprend donc les équations de Lorentz et postule une vitesse de la lumière identique dans tous les référentiels. Mathématiquement, le résultat devient étonnant. La vitesse observée depuis le quai est toujours la vitesse du train plus la vitesse du coureur mais le tout est divisé par un facteur (1 – v1 v2/c²) où v1 est la vitesse entre les référentiels (entre la gare et le tgv), v2 la vitesse entre le coureur et le TGV et c la vitesse da la lumière.

Pour une vitesse très faible (jusqu’à quelques milliers de km/h), ce facteur reste très proche de 1. En effet, v1 v2/c² est alors très proche de 0, le facteur vaut 1 et on divise notre résultat par 1, donc on ne change rien. Même pour un hypothétique coureur dans un avion volant à 10.000km/h, le facteur est 0,99999, ce qui est inobservable dans notre vie de tous les jours.

Mais que se passe-t-il si le TGV accélère soudain à la moitié de la vitesse de la lumière ? Le symbole v1 vaut la moitié de c. (1 – v1 /c²) vaut alors 0,5. Si, avec votre chronomètre, vous avez mesuré depuis le quai que le coureur faisait du 10km/h dans ce train ultra rapide, en fait, il sprintait à du 11,6km/h. De même, vous avez pu voir une horloge dans le train. Mais pendant que votre chronomètre indiquait 10 secondes, celle dans le train n’en indiquait que 8,6. Le temps ne s’écoule pas à la même vitesse ! (Update : les valeurs sont sans doute fausses mais l’idée est là)

Impossibilité d’atteindre la vitesse de la lumière

Il s’en suit logiquement qu’il est impossible d’atteindre la vitesse de la lumière. En effet, même si vous embarquez dans votre train semi-luminique un autre train semi-luminique, vous n’observerez, depuis le quai de la gare, qu’une vitesse totale de 80% de la vitesse de la lumière.

Arriver à la vitesse de la lumière revient donc à parcourir la moitié du chemin puis la moitié puis la moitié puis la moitié, chaque moitié requérant un effort semblable. Au final, la vitesse de la lumière est donc un objectif qui s’éloigne à chaque fois qu’on s’en approche.

Une autre conséquence, de taille, est que le temps ne s’écoule plus de la même manière entre référentiels inertiels. Ainsi, les chronomètres 1 et 2 ne seront plus liés. Cela parait fou mais, quand on y pense, cette constance du temps à toujours été prise pour acquise et n’avait jamais été démontrée. L’impasse de la physique venait du fait que, nous basant sur l’intuition, nous pensions que le temps s’écoulait de manière uniforme. Le génie d’Einstein a été de remettre cela en question et de découvrir que l’écoulement du temps dépendait en fait de la vitesse à laquelle nous nous déplaçons.

Intuitivement, il y a une certaine logique. Pourquoi le temps devrait-il s’écouler à la même vitesse dans différents repère inertiels ? Quelle serait cette constante naturelle fondamentale qui définit l’écoulement du temps ? La réponse est claire et nette: il n’y en a pas. La seule constante fondamentale est la vitesse de la lumière. Si l’homme a l’impression que le temps coule à la même vitesse, c’est parce qu’il n’a jamais été assez vite pour en ressentir les effets. L’humain reste toujours très proche d’un seul repère inertiel : la terre. Un peu comme un escargot ne comprendra jamais les notions d’aérodynamisme, l’air étant complètement fluide à sa vitesse de déplacement.

Conclusion

Avec cette œuvre scientifique majeure appelée « relativité restreinte », Einstein conciliera le grand paradoxe physique de son temps, à savoir l’incompatibilité de l’électromagnétisme avec les lois de la mécaniques classiques. Notons que si l’histoire retient son nom pour cet exploit, il n’est, comme tout scientifique, que le dernier maillon d’un chaîne, se basant sur les travaux de Maxwell, Lorentz et bien d’autres.

Cette découverte remet fondamentalement en question la manière dont nous percevons le monde. Le fait que le temps ne s’écoule pas partout à la même vitesse semble impossible mais sera vérifié. Einstein s’attaquera ensuite au fait de passer d’un repère inertiel à un autre, ce qui entraîne accélérations et décélérations. La théorie qui s’occupe de ce cas de figure est appelée « relativité générale » et remettra en question encore plus de choses, y compris la gravitation.

Toutes ces découvertes ont été validées par l’expérience et ont eu des applications pratiques importantes. Si les satellites ne prenaient pas en compte la différence d’écoulement du temps, les GPS ne fonctionneraient sans doute pas du tout, ou avec des erreurs importantes.

Il est tentant de se dire que Galilée s’était trompé, que sa théorie était fausse. Pourtant, nous l’utilisons encore tous les jours. Cela illustre bien la démarche scientifique. Ainsi, il conviendrait mieux de dire que Galilée a été imprécis. Et que, dans les domaines où la précision n’est pas critique, utiliser Galillée est une approximation largement suffisante. Galilée a, sans le savoir, posé une hypothèse (la constance de l’écoulement du temps) qui s’est révélée fausse. Mais sans Galilée, nous n’aurions jamais pu aller plus loin. Avant de nager comme un athlète, il faut savoir nager tout court.

De même, si atteindre la vitesse de la lumière semble impossible, il reste la possibilité qu’Einstein aie été imprécis, que ses équations se basent sur une hypothèse qui se révélera fausse dans le futur.

C’est peut-être ce qui rend la science si excitante: toujours à la recherche de l’inconnu, toujours à l’affût d’une erreur laissée par un prédécesseur, toujours en train de remettre notre vision du monde en question.

 

Sources : Physique IV, partie B : Physique Corpusculaire par le professeur Jan Govaerts, UCL février 2001. Science & Vie Junior Hors Série Einstein, avril 1996. Photo par Kevin Harber.

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