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source: Ploum

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Patrons, laissez vos employés accéder à Internet !

jeudi 6 juin 2013 à 17:04

De temps en temps, je reçois un email d’un lecteur qui me demande la version PDF d’un de mes articles, mon blog étant bloqué par le pare-feu de son employeur.

Aussi, je voudrais m’adresser à ceux qui emploient ces personnes: dans l’intérêt de votre business, laissez vos employés accéder librement à Internet. Oui, entièrement et librement.

« Mes employés sont payés pour travailler, pas pour aller sur Facebook »

« Je glanderais bien sur Facebook mais comme je n’y ai pas accès, je vais être productif », phrase que n’a jamais dit aucun employé dans l’histoire de l’humanité.

Vos employés sont payés pour effectuer un travail. Veiller à ce que ce travail soit accompli est de la compétence d’un supérieur hiérarchique. C’est la seule manière de savoir si une personne fait bien son travail. Le nombre d’heures prestées ou le nombre d’accès à Facebook ne sont en aucun cas représentatif de la productivité de la personne. Si vos employés passent la majeure partie de leur temps sur Facebook, ce n’est pas à l’employé qu’il faut en vouloir  mais bien au supérieur hiérarchique direct. Et encore, seulement si le travail n’est pas accompli. Car après tout, s’il l’est, de quoi vous plaignez-vous ?

Dans le monde actuel, vous ne savez jamais d’où peut venir la prochaine bonne idée, le prochain contrat juteux, la petite innovation qui multipliera vos marges par deux. En restreignant la liberté en ligne de vos employés, vous supprimez volontairement des opportunités. Vous vous coupez du monde et vous forcez vos employés à faire de même. À moins qu’ils ne surfent via leur téléphone, auquel cas vos efforts sont de toutes façons vains.

Les sites pornos ? si un de vos employé s’ennuie au point de passer son temps sur des sites pornos, une fois encore le problème n’est pas l’employé. Tant qu’il n’importune pas ses collègues et que le boulot est fait, où est le soucis ?

Que vous le vouliez ou non, Internet fait à présent partie intégrante de la vie. Le professionnel et le personnel se mêlent de plus en plus, des solutions complètement inattendues apparaissent à l’autre bout du monde.

Contrôler l’accès internet de vos employés revient à construire une prison. Une prison dans laquelle vos employés sont forcés de venir s’enfermer huit ou neuf heures par jour, les heures étant souvent contrôlées avec des badges à l’entrée. Une prison depuis laquelle les communications avec le monde extérieur sont limitées et surveillées.

Par un simple volonté de contrôle, vous brisez non seulement toute velléité de créativité ou de motivation, vous montrez également à vos employés que vous ne leur faites pas confiance. Ce en quoi, ils vous donneront forcément raison, procrastinant, s’ennuyant et comptant les minutes avant la permission quotidienne, le tout en regardant par la fenêtre. Car dehors, il fait beau. Dehors, les gens sont heureux, ils vont et viennent librement. Dehors, ils ont internet et ne comptent pas les heures.

Bien sûr, vous lirez ceci en souriant, en vous disant que votre business est différent, que vous n’avez rien à apprendre d’un blogueur. Rassurez-vous, je ne m’en fais pas pour vos employés. Car quelle est la seule chose dont rêve un prisonnier ? S’échapper pour de bon ! Et soyez certain qu’il le fera à la première occasion.

 

Photo par Joshua Davis

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Pour en finir avec Klout

mardi 4 juin 2013 à 18:58

Et toutes cette sorte de statistiques

Rick Falkvinge est le fondateur du premier Parti Pirate de l’histoire. Il est devenu l’un des idéologues de la mouvance Pirate. Il a un blog qui est très lu, une page Wikipédia dans la plupart des langues. Il a donné des conférences TED (avant que ça ne devienne des foires aux boudins locales pour hipsters sous le nom TEDx), il a été élu en 2011 parmi les “100 penseurs globaux” du magazine Foreign Policy et, en 2012, parmi les personnes les plus influentes du monde par le TIME Magazine.

C’est également un utilisateur acharné des réseaux sociaux dont il maîtrise les ficelles. Sur Klout, où il est actif, son score était de 71 en janvier 2013.

Le même que mon score à cette époque. Et non, il n’y a pas de page Wikipédia à mon nom.

Si l’algorithme de Klout est secret, il est facile d’en déterminer les facteurs importants. En gros, Klout va se baser sur les chiffres suivants :

L’hypothèse de base faite par Klout est que ces indicateurs sont corrélés à votre influence. J’ai déjà expliqué à quel point la corrélation des observables avec ce qu’on veut observer est primordiale.

Les followers Twitter

La première des solutions pour avoir des followers sur Twitter, c’est tout simplement de les acheter. Plus laborieusement, vous pouvez vous contentez de suivre beaucoup de gens. Une grande partie des utilisateurs “follow back”, suivent ceux qui les suivent. Vous pouvez ajouter n’importe qui, de toutes façons, quand vous suivez 10.000 personnes, une de plus ou une de moins. Enfin, postez souvent, sur des sujets précis en utilisant des hashtags. Beaucoup de robots suivent automatiquement toute personne qui parle d’un domaine, espérant un follow back. Tentez un tweet à propos de #seo. 10 followers garantis dans la journée.

Ou alors, il suffit d’être très connu et influent en dehors de Twitter.

Les mentions/retweets

Pour avoir des mentions/réponses/retweets, postez tout le temps. Soyez actifs, répondez à des tweets, engagez la conversation. Vous finirez bien par poster quelque chose qui sera repris par d’autres. Essayez de lancer des blagues, des petites phrases accrocheuses. Souvent, je vois passer un tweet d’un illustre inconnu retweeté des centaines voire des milliers de fois.

Ou alors, il suffit d’être très connu et influent en dehors de Twitter. Si Justin Bieber dit qu’il va faire pipi, il aura des centaines de retweets. Pas vous.

Les amis Facebook

Pour avoir des amis sur Facebook, c’est très simple. Il suffit de le demander. Demandez à tout le monde, sans hésiter. Vous aurez vite quelques centaines puis milliers d’amis.

Ou alors, vous êtes très connu en dehors de Facebook. Vous avez une page que vos fans suivent.

Les likes/partages/commentaires

Une fois que vous avez beaucoup d’amis, rien de plus simple. Postez des photos de chats, des blagues, des trucs que tout le monde aime. Si vous en fait en grosse quantité, il y en a bien un ou deux par jour qui deviendront populaires.

Ou alors, vous êtes très connu en dehors de Facebook. Le monde est suspendu à votre mur.

Des fondamentaux erronnés

Cette simple analyse permet de montrer que les observables choisies par Klout mesurent en fait deux choses : votre célébrité (on dit influence) ou votre utilisation des réseaux sociaux.

Les deux sont bien entendus complètement distincts. On peut être un utilisateur acharné des réseaux sociaux tout en étant autiste dans sa cabane en Corrèze.

En toute logique, être célèbre implique une certaine activité autour de vous sur les réseaux sociaux. Klout, par un superbe techno-sophisme, nous a fait croire que l’activité sur les réseaux sociaux implique la célébrité. Génial, non ?

Un algorithme bancal et malhonnête

Non content de construire sur des fondations inexistantes, Klout se paie le luxe d’être complètement bancal.

Le score Klout ne se compare… qu’entre utilisateurs de Klout. En effet, si vous n’avez pas créé de compte Klout, Klout ne fera pas le lien entre votre Facebook et votre Twitter, divisant votre score par deux. Le corollaire est simple: si vous n’avez pas de compte Klout, c’est que vous n’êtes pas influent ou célèbre.

Car, en dehors de Facebook et de Twitter, point de célébrité ni d’influence. Étant particulièrement actif sur Google+, j’ai été étonné d’apprendre que la contribution totale de ce réseau à mon score Klout était inférieure à celle d’Instagram où j’avais posté… deux photos en nonante jours. De plus, Klout ignore également complètement les blogs, les articles de journaux, bref tout ce qui peut potentiellement exprimer l’influence.

Ajoutez à cela cet influenceur qui, fier de sa position, vit soudainement son score perdre 10 points. Cela faisait 91 jours qu’il avait posté cette vidéo de chats qui avait fait le tour de Facebook.

L’utilisation d’une échelle logarithmique vous fait croire que vous n’êtes qu’à deux ou trois points de tel personnage. Klout n’est donc pas conçu comme un outil de mesure référentiel mais bien comme une drogue addictive, un jeu vidéo un peu complexe.

Les pages vues et ebuzzing

Les blogueurs traditionnels, délaissés par le Klout, optent pour d’autres outils. Il y a les traditionnelles statistiques, avec le nombre de pages vues et de visiteurs uniques.

Mais, ici encore, la meilleure manière de faire du chiffre, c’est le racolage. En termes de SEO, placer quelques phrases à caractère sexuel dans un billet est le meilleur investissement pour attirer des visiteurs. Car on ne parle pas de lecteurs.

Des classement de blogs existent, le plus connu étant Ebuzzing (anciennement Wikio). Il se contente de compter le nombre de like/tweet reçu par billet d’un blog et de les additionner. Du coup, il existe une solution simple pour monter dans le classement : poster beaucoup. J’ai ainsi découvert des blogs inconnus, qui ne dépassaient pas les 10 likes par billet mais qui tenaient le haut du pavé grâce à une fréquence de publication dépassant la vingtaine de billets par jour.

Un de mes meilleurs taux de likes, visites, partages Facebook et points ebuzzing a été atteint avec ce billet. La plupart des commentaires que j’ai observé sur les réseaux sociaux parlaient de la photo. Les commentateurs n’avaient même pas lu le titre du billet.

Moralité

Le Klout, c’est l’horoscope des réseaux sociaux. Ebuzzing, le marabout africain. En soit, cela pourrait être amusant si de nombreux professionnels ne basaient pas leurs décisions sur ces outils. L’expert en réseaux sociaux qui parle sérieusement du Klout, c’est un peu comme un chirurgien qui invoque les esprits avant de vous opérer : il est temps d’aller voir ailleurs.

Comme le SEO, ces outils flattent notre égo. Ils tentent de nous faire croire que la célébrité ou le succès commercial sont faciles, qu’il suffit d’appliquer quelques règles. Que lorsque vous aurez le Klout de Lady Gaga, vous aurez également ses millions. Vous ne voulez pas le poste de président des USA avec le Klout d’Obama en prime ?

C’est prendre le problème à l’envers : vous voulez de la reconnaissance ? Vous voulez des visiteurs ou des clients ? Vous voulez du succès ? De la gloire ? Alors sortez-vous les doigts du Facebook et produisez du p*** de contenu original. Soyez créatifs, innovez, apportez votre pierre à la société virtuelle !

 

Oui, je suis le premier concerné par cette dernière phrase.

 

Photo par Kevin Harber

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Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer le Web

samedi 1 juin 2013 à 18:39

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Quand j’ai commencé à produire du contenu pour le Web, en tant que vidéaste amateur, les licences Creative Commons attirèrent mon attention. Excellente idée, me dis-je. Mais pas pour mes vidéos. Ce n’est pas que j’avais peur qu’elles soient exploitées commercialement, c’est juste que quelqu’un pourrait peut-être les utiliser d’une « mauvaise manière ». Un concept assez flou que je ne comprenais pas vraiment moi-même mais qui avait trait à des pédophiles ou des nazis. Très effrayant.

Puis, j’ai créé ce blog. Le contenu était publié principalement sous la licence CC By , ce qui est un grand pas vers l’ouverture. Mais certains billets, que je trouvais « importants », avait la clause de non-modification. Parce que je ne voulais pas qu’ils puissent être modifiés. Ces textes représentaient mon « expression artistique », je souhaitais garder le contrôle sur mes créations.

Je mesurais mon succès au nombre de commentaires. Quand les commentaires ont commencé à diminuer, remplacés par les réseaux sociaux, je portai mon attention sur le nombre de visiteurs uniques par jour. Je pouvais passer des heures à regarder mes statistiques, à explorer les sites qui pointaient vers mon blog.

Réalisant que ma peur de voir mes textes modifiés était bien trop abstraite, qu’elle limitait le potentiel de mes textes au lieu de les protéger, j’ai décidé de tout passer sous la licence CC By. Mais je demandais à chaque fois que c’était possible qu’un lien soit fait vers mon blog afin d’attirer des visiteurs, de les voir apparaître dans mes statistiques. J’écrivais très peu en dehors de mon blog afin que mes créations soient centralisées.

Comme un papillon de nuit sur une ampoule électrique, les blogueurs sont irrésistiblement attirés par les statistiques ou les mesures complètement fumeuses de leur succès: Google Analytics, Page Rank, Klout, nombre de followers sur Twitter, Ebuzzing. C’est addictif, cela prend du temps et c’est complètement inutile. J’ai décidé d’arrêter.

J’ai commencé par poster du contenu à des endroits où je n’avais pas le contrôle complet, comme Medium, ou à contribuer à d’autres sites, comme Framasoft. Il y a peu, j’ai retiré tous les plugins, tous les boutons de partage à l’exception de Flattr. Oui, tous, y compris les statistiques Piwik et Google Analytics. Je ne sais pas combien de personnes me lisent, combien de like j’ai sur Facebook. J’ai supprimé mon compte Klout. Pour être libre soi-même, il faut commencer par libérer ce que l’on crée.

Il m’a fallu plus de dix ans pour surmonter ma peur irrationnelle du web. Aujourd’hui, j’ai l’impression de découvrir un nouveau monde, comme un nouveau-né. Je ne suis plus un petit créateur amateur tentant d’être admiré par la masse des non-créateurs. Je suis un simple contributeur envoyant ma goutte de création dans un immense océan de chaos créatif où, au fond, chacun est un petit peu créateur. Un univers merveilleux mais où le premier pas, comme un saut en parachute, est terriblement effrayant.

Si vous aimez quelque chose, copiez-le, modifiez-le, partagez-le. Un texte ne vit que lorsqu’il est lu. Toute création a besoin d’un public. Créer, c’est perdre le contrôle.

Merci de lire. Merci de prendre soin des créations, merci de les partager !

 

Photo par Epoxides. This post is also available in English

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Mises en demeure, un racket légal

vendredi 31 mai 2013 à 14:23

L’agence de création web Linkeo a posté, le 20 mars, une annonce de recrutement dans les forums du site Linuxfr.

Cette annonce a généré une réaction dans laquelle Mackwic, le commentateur, s’inquiète de travailler pour une boîte web dont le site web lui semble atroce. Il liste les reproches techniques faits au site, imagine le type de boîte que cela doit être (cela respire le vécu) et conclu « Rassurez-moi ! ». Il n’a pas reçu de réponse.

Je n’ai pas moi-même analysé le site web ni vérifié si les conditions de travail chez Linkeo sont telles que Mackwic les imagine. Mais force est de constater qu’il semble avoir visé dans le mille car Linuxfr a reçu une mise en demeure lui demandant de supprimer le commentaire et exigeant un paiement.

Si vous postez sur Internet, vous risquez un jour d’être confronté à ce procédé, fondamentalement malhonnête (d’un point de vue moral, je ne suis pas juriste). Tout est fait pour vous faire peur, pour vous convaincre que vous êtes dans votre tort et que la seule solution est de payer immédiatement une somme tout en vous pliant aux injonctions. En Belgique, la SABAM procède de la même manière vis-à-vis des indépendants en envoyant d’effrayants rappels (et faisant l’amalgame entre « musique » et « musique du répertoire de la SABAM » mais c’est une autre histoire, d’ailleurs j’ai jeté cette lettre).

Ne payez jamais une facture inattendue ou sous le coup de l’émotion.

Toute lettre inattendue vous enjoignant de payer quelque chose doit vous mettre la puce à l’oreille. N’importe qui peut vous envoyer une lettre exigeant un paiement pour une raison quelconque. C’est un véritable business. Seul l’état peut exiger un paiement en condamnation d’une faute de votre part. Seul un fournisseur avec qui vous avez un contrat peut vous envoyer une facture.

Dans tous les cas, dans le doute, demandez des avis extérieurs. Laissez passer un jour ou deux pour y réfléchir.

Plus c’est effrayant, plus c’est suspect

Si la partie d’en face souhaite réellement résoudre un problème, elle va commencer par vous contacter informellement. Son avocat lui coûte cher et une solution à l’amiable est préférable. Ainsi, lorsque j’ai posté ce billet humoristique, j’avais sans le savoir utilisé le nom d’une société existante. J’ai reçu un coup de fil très sympathique du propriétaire de la société. Il m’a dit que mon billet était très drôle mais que ses clients arrivaient maintenant sur ma page en tapant son nom dans Google. C’était sympa, c’était honnête. J’ai accepté de changer et j’ai proposé de moi-même de faire un lien vers son site. Il a conclu : Continuez à poster des trucs amusants !

Si vous recevez une mise en demeure sans le moindre avertissement préalable, il y a de grandes chances que la partie adverse sache qu’elle n’a pas de pouvoir de négociation et qu’elle essaie donc la peur et la réaction émotive. Elle cherche à créer un problème plutôt qu’à le résoudre. Appelez-les. Ils font généralement moins les fiers au téléphone.

Portez l’affaire sur la place publique

Si vous avez l’impression que vous n’avez rien fait de mal, n’hésitez pas à rendre l’affaire publique. Par sécurité et par respect, supprimez les noms des personnes impliquées. Publiez et demandez l’avis de la communauté. Soyez entièrement factuel. Mais ne restez pas seul.

Demandez autour de vous si quelqu’un connaît un avocat ou un juriste professionnel qui pourrait vous aiguiller. Vous avez aussi des droits.

Mais ne perdez pas de vue qu’il est possible que vous soyez dans votre tort. Si c’est le cas, réparez l’erreur mais ne payez pas.

Ils ne veulent pas non plus aller en justice

Souvenez-vous que même une grosse société à autre chose à faire que d’aller en justice. Cela dure longtemps, cela coûte cher et cela peut même se retourner contre eux.

Le but de l’avocat, dans le cas de la lettre de Linkeo, est tout simplement de se faire un peu d’argent en jouant sur la peur. C’est du racket pur et simple. Il n’y a rien à perdre et si jamais le pigeon est assez con pour payer, c’est 1500€ qui rentre directement (peut-être même pas déclarés et considérés comme « arrangement à l’amiable »).

C’est une menace grave pour la liberté d’expression

Si Linuxfr a bien joué la partie en se conformant aux injonctions tout rendant le tout public, force est de constater que le fait de se conformer est très dérangeant pour la liberté d’expression.

Le principe des mises en demeure par une partie privée m’inquiète. Il s’agit de rouler des mécaniques, d’avoir l’air fort et effrayant. Dans bien des cas, cela fonctionne. Ici, un commentaire comportant une critique technique factuelle est censuré simplement parce qu’un avocat menace.

L’atteinte à la liberté d’expression me semble manifeste et crée un très dangereux précédent.

La seule différence entre une mise en demeure et une douille ou un rat mort dans votre courrier ? On ne peut pas porter plainte pour une mise en demeure. On devrait.

 

Avertissement: Je ne suis pas juriste. Je n’ai aucune connaissance légale. J’ai simplement eu plusieurs fois affaire, directement ou indirectement, à ce genre de menaces.

Photo par Zak Zavada

 

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Pourquoi vous devez utiliser AdBlock

mardi 28 mai 2013 à 13:57

et ne jamais accepter de payer pour une version sans pub

J’observe de plus en plus de sites à vocation commerciale qui se plaignent des bloqueurs de pub. Le discours est culpabilisant. En gras clignote la liste des emplois menacés par votre malveillance. Méchant, vous utilisez un logiciel sur votre ordinateur personnel qui n’affecte que vous ce qui vous rend responsable de la pauvreté et de la faim dans le monde.

Quoi que vous puissiez lire, vous avez le droit moral d’utiliser un bloqueur de pub. Pire, infâme que je suis, j’estime avoir une obligation morale vis-à-vis de mon cerveau et de ma bande passante d’utiliser AdBlock.

La publicité vendeuse

J’ai déjà parlé du coût réel de la publicité. Celle-ci cherche à envahir votre subconscient. Moralement, je trouve cela inacceptable. C’est pourquoi je bloque autant que possible ces tentatives.

Avec la publicité, les clients des producteurs de contenu sont les publicitaires et non plus les lecteurs. En tant que lecteurs, vous n’avez donc aucune obligation morale de voir votre cerveau vendu au plus offrant.

Vous avez donc le droit moral inaliénable de visiter un site avec un bloqueur de pub tout comme vous avez le droit de détourner le regard d’un panneau publicitaire dans la rue ou d’aller faire pipi pendant la pause pub à la télévision. Le contenu a été rendu public par le site web, à vous de choisir la manière dont vous voulez le consommer.

Si vous estimez que le site mérite votre argent, faites lui un don directement, que ce soit via Flattr, en bitcoins ou ce que vous voulez. En acceptant les pubs sous prétexte de soutenir le site, c’est moins de 1% de votre argent qui ira finalement au site en question. En réalité, vous soutenez principalement les régies publicitaires.

La publicité envahissante

À côté de la publicité vendeuse, une nouvelle forme de publicité a fait son apparition dont le but n’est pas de vendre un produit mais bien d’ennuyer le lecteur. Particulièrement visible dans les jeux gratuits sur téléphone mais également présent sur beaucoup de sites web.

Le produit ? Une version du site sans pub. Ce qu’offre justement AdBlock. Le propriétaire essaiera donc de vous convaincre qu’il est immoral de faire gratuitement ce qu’il vous propose de manière payante.

En acceptant de payer, vous encouragez les sites à vous ennuyer. Au plus ils vous ennuient, au plus vous paierez ! Il s’agit donc d’un anti-business, une forme de racket pur et simple.

À ce stade, vous n’avez pas de leçon de morale à recevoir de l’auteur.

Le sempiternel argument moral

De manière générale, méfiez-vous comme de la peste de tout business qui tente de vous convaincre qu’obtenir gratuitement ce qu’il vend est immoral.

L’argument de la moralité fait partie intégrante du processus de deuil d’une industrie sur le déclin, c’est un grand classique. Mais vous n’avez pas à vous laisser prendre pour autant.

Les producteurs de contenu choisissent, en connaissance de cause, de publier un contenu sur le Web, le rendant public et disponible. Ils veulent ensuite vous faire croire que, moralement, vous devez obligatoirement consommer le produit annexe (la publicité). Avez-vous signé un contrat pour cela ? Non, vous êtes donc libre de télécharger ce que vous voulez et de bloquer ce que vous voulez. Le fait que vous souhaitiez surfer sur le Web en mode texte, avec Javascript désactivé, avec Ghostery ou Adblock ne regarde que vous.

La fin d’un business

Oui, certaines entreprises vont faire faillite. Oui, des sites vont disparaître. Oui, des travailleurs vont devoir se reconvertir. Ou innover. Mais ce n’est pas votre problème. Vous êtes libre de consulter le contenu mis à votre disposition de la manière qui vous convient le mieux. Personne ne peut y trouver à redire.

En contrepartie, si vous aimez du contenu, n’hésitez pas à sortir quelques centimes de votre porte-monnaie, que ce soit via Flattr, Bitcoin, Patreon ou même le traditionnel Paypal. Mais vous n’êtes pas obligé. Et vous payez ce que vous voulez. Personne ne vous jugera.

Si votre propre business dépend de la pub, posez-vous la question : est-il facile de vous donner de l’argent ? Vous avez essayé et les chiffres sont faibles ? Mais apportez-vous une réelle plus-value à vos lecteurs ? Ou travaillez-vous pour les annonceurs ? Vos lecteurs sont-ils passionnés par votre travail ou simplement présent en nombre par habitude et par immobilisme ? Est-il vraiment impossible d’imaginer qu’un bloqueur de pub soit un jour installé par défaut sur la majorité des navigateurs ?

Tenter de culpabiliser vos lecteurs est-il vraiment la meilleure manière de les intéresser à votre projet ? Est-ce une vision souhaitable sur le long terme ?

 

Photo par Yuichirock

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