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source: Ploum

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Printeurs 5

vendredi 20 septembre 2013 à 14:50
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Ceci est le billet 5 sur 8 dans la série Printeurs

Devant moi se dresse Georges Farreck, le grand, l’immense Georges Farreck, l’étoile d’Hollywood, l’archétype de la virilité tendre et romantique dans tous les blockbusters de cette dernière décennie. Georges Farreck, l’homme par qui j’ai découvert mon homosexualité. Georges Farreck sur l’image de qui je me suis masturbé durant toute mon adolescence. Georges Farreck, l’idéal masculin de toute une génération. Georges Farreck, l’homme dont les sites torche-culs se délectent à la moindre de ses incartades amoureuses. Georges Farreck, quoi !

— Bonjour Nellio.

Ma pomme d’Adam devient un sac de gravier qui me déchire la gorge en un incontrôlable mouvement de va-et-vient. Mes lèvres sont sèches, je secoue la tête. « Bonjour, je me suis beaucoup branlé sur vos films » me semble une bien piètre entrée en matière.

— Bon… jour…

De vieux réflexes prépubères sont sur le point de faire naître une érection. Alerte ! Les glandes explosent ! Mais, bon sang, c’est un homme comme un autre. Il me regarde, s’approche de moi. C’est Georges Farreck et il tient son visage à quelques centimètres du mien ! Eva éclate de rire.

— Regarde Nellio, regarde bien. Je sais ce que tu ressens.

Il me saisit la main. Mon cœur s’arrête, mon sexe se tord douloureusement dans mon pantalon. Doucement, il amène mes doigts dans ses cheveux, sur certains endroits de son visage.

— Regarde avec tes yeux, ton intelligence pas avec tes souvenirs ni tes sentiments.

Les cheveux sont grisonnants, irréguliers. Des pellicules s’effritent entre mes doigts. Près des paupières, de minuscules cicatrices disgracieuses témoignent des nombreuses retouches chirurgicales. Je découvre avec étonnement un léger strabisme. Par endroit, la peau est constellée d’irrégularités, de petites rougeurs. Je recule, effrayé.

— Vous n’êtes pas Georges Farreck ?
— Si, je suis Georges Farreck. L’humain appelé Georges Farreck. Acteur de profession et, accessoirement, très riche. Mais je ne suis pas le Georges Farreck que tu connais au visage lisse, parfait, celui qui n’apparaît que maquillé et retouché par ordinateur. Je ne suis pas le fantasme dont les publicités te martèlent le crâne. Ces publicités qui ont pris le contrôle de tes émotions, de tes glandes afin que tu dépenses ton argent dans n’importe quel film auquel je suis lié.
— Ou du café…
— Oui, il y a cette marque de café dont je suis l’égérie. Enfin, est-ce encore moi ? Ou est-ce un Georges Farreck auquel j’ai servi de modèle ?
— Mais pourquoi êtes-vous ici ? Comment connaissez-vous mon nom ?

Il me propose de prendre une chaise et se laisse lui-même tomber dans un fauteuil du salon avant de croiser ses jambes en une gestuelle élégante, calculée, presque chorégraphiée. Ses bras s’écartent sur les accoudoirs et un sourire ravageur se dessine sur son visage. Pas de doute, c’est Georges Farreck. Malgré ce qu’il vient de me dire, je me mords la lèvre inférieure et ferme les yeux. Georges Farreck !

— Cela fait longtemps que nous cherchons quelqu’un comme toi. Tu dois te douter que coordonner les résultats de dizaines d’équipes de chercheurs universitaires tout en gardant l’objectif ultime secret est un travail titanesque qui coûte très cher. Cela n’aurait pas été possible sans le soutien d’une personne ou d’une organisation extrêmement riche, quelqu’un qui profite du système mais qui, malgré tout, souhaite le changer. Ce généreux mécène, c’est moi !

Eva nous interrompt :
— Lorsque vous aurez fini de vous peloter et de vous lancez des œillades dans les fauteuils, on pourrait peut-être se mettre au travail ?

Elle est toujours aussi belle mais ses sourcils sur le point de se rejoindre semblent indiquer une contrariété. Je ne résiste pas et lui lance :
— Jalouse ? De moi ou de lui ?

Georges Farreck éclate de rire. Un rire franc et puissant qui me glisse le long de la nuque comme une coulée de cire chaude. Eva inspire profondément, faisant poindre ses petits seins sous son t-shirt. Curieusement, l’overdose de stimulation sexuelle semble s’annuler, s’équilibrer. Alors que mes gonades se battent en duel pour savoir qui de Georges ou d’Eva est le plus attirant, ma curiosité reprend le dessus.
— Au fond, je ne sais même pas pourquoi je suis là. Peut-être auriez-vous la bonté de m’expliquer à quoi rime toute cette histoire de rébellion ? Et puis, qu’est-ce qui vous prouve que je ne vais pas vous trahir ?
— Pas de soucis à ce niveau, me réplique Georges. Tu es quelqu’un de très actif sur les réseaux sociaux. Une de mes sociétés de production a envoyé aux services secrets une requête disant que tu étais soupçonné d’être en mesure de pirater mes films et demandant ton profil psychologique détaillé afin de préparer une mise en demeure préventive.
— Préventive ?
— Oui, une lettre menaçante disant que nous savions que tu n’avais pas encore piraté mais que tu étais capable de le faire et que tu étais dans notre collimateur.
— Mais c’est illégal pour une société privée d’obtenir un profil psychologique sans arrêt judiciaire !
— Oui, et alors ? Le département des renseignements coûte effroyablement chers. Le gouvernement le rentabilise en offrant ses services aux entreprises privées. Mais attention, pour respecter la loi à la lettre, les entreprises privées en question ont toujours un politicien élu dans leur conseil d’administration. De cette manière, il n’y a pas vente des données mais « synergie entre le public et le privé sous la responsabilité d’un représentant élu ». Enfin, bref, le plus important c’est que parmi tous les candidats que nous avons explorés, tu étais le plus loyal, sensible à notre cause et compétent techniquement.
— Mais de quelle cause parlez-vous exactement ?

Eva, qui était restée debout, me fait un signe de la main m’invitant à la suivre. Elle ouvre une porte qui donne sur un enchevêtrement de câbles. Quelques moniteurs éclairent la pièce d’une lueur blafarde. Un rack de serveurs clignote en une psychédélique sarabande. La surface des tables a disparu sous les claviers poisseux, les gobelets de café stratifiés et les improbables feuilles de notes. Je saisis, entre le pouce et l’index, une tasse en papier dont le premier usage doit probablement remonter au crétacé inférieur. Je la lève avec un clin d’œil vers Georges :
— Quoi d’autre ?

En réponse, il jette un regard désespéré à Eva. De concert, ils décident de faire comme s’ils n’avaient rien entendu. Se prendre un bide avec Georges Farreck : achievement unlocked. Eva retire la housse de ce que je reconnais comme étant un microscope électronique. Je siffle entre mes dents :
— Joli labo. Pour la déco, on dirait ma chambre. Vous n’avez pas un accélérateur de particules caché sous une table ?

Sans prendre la peine de me répondre, Eva dispose différentes poudres sur une surface plane parfaitement protégée et isolée du capharnaüm ambiant. Georges se tient sans rien dire derrière moi, les poings sur les hanches.
— Là, je dispose tout simplement une infime quantité de matériaux de base : du fer, de l’or, du cuivre, du silicium. Pas besoin que ce soit pur mais, dans un premier temps, c’est plus facile.

Elle déplace l’objectif du microscope, pianote sur un clavier. Une image apparaît sur un moniteur : la surface plane, agrandie des millions de fois. Eva ouvre un tiroir, une épaisse fumée en sort.
— Un accélérateur de particules, peut-être pas. Mais bien un frigo à azote liquide.

Sans un instant d’hésitation, elle enfile un épais gant, se saisit d’une petite pipette et dépose une goutte de liquide avant de le ranger et de refermer le container frigorifique. Sur l’écran, j’aperçois un point noir un peu trouble.
— Des centaines de scientifiques ont contribué, sans le savoir, à ce résultat. Ce que tu vois mesure un millier d’atomes ou à peine plus. C’est plus petit qu’une bactérie.

En quelques clics, elle règle la mise au point. Effectivement, une forme oblongue se précise. Une forme qui se déplace et qui entre en contact avec les matériaux saupoudrés par Eva. La frontière entre la forme et le matériau se fait floue.
— Il arrache des atomes, murmure Eva. Vas-y mon petit, vas-y !

L’étrangeté de ma situation me frappe. Je me tiens à côté d’une des plus grandes stars du cinéma en train de regarder la femme dont je suis éperdument amoureux, toujours affublée d’un maquillage anti-reco, encourager un assemblage d’atomes comme un chien à qui on aurait appris à faire le beau. J’avoue ne pas voir l’intérêt de tout cela jusqu’au moment où…
— Mais il grossit ! m’écrié-je.
— Non Nellio, regarde bien.

Je retiens mon souffle. Sur l’écran, le point noir me semble avoir presque doublé de surface mais je réalise qu’il s’agit de deux formes distinctes, deux formes parfaitement identiques qui commencent toutes les deux à s’attaquer au matériau restant. Je pousse un petit cri de surprise :
— Il s’est dupliqué !
— Disons plutôt qu’il a imprimé une copie de lui-même. C’est un peu différent. La duplication fait penser à une forme de mitose, ce n’est pas le cas ici.
— Mais c’est quoi ce projet ? Quel est votre objectif ? Quel rapport avec moi ?

La voix de Georges s’élève dans mon dos :
— C’est ce que nous appelons le projet von Neumann. Et c’est à ce stade que nous avons besoin de toi !

 

Photo par Daniel Go

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Pourquoi vous êtes, sans le savoir, favorable au revenu de base

jeudi 19 septembre 2013 à 18:54
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Pensez-vous qu’il soit acceptable de laisser un humain mourir de faim ? À l’heure où l’humanité produit plus de richesses que jamais, je suis convaincu que la société se doit d’être solidaire avec ceux qui sont dans la difficulté. Le degré d’aide que la communauté doit apporter à ses déshérités varie certainement selon votre opinion politique ou philosophique mais nous pouvons certainement nous entendre sur un socle commun. Un minimum auquel chaque être humain doit avoir droit, quelles que soient les difficultés auxquelles il est confronté : de la nourriture, un logement, des vêtements. J’entends les geeks du fond crier « Et un accès Internet ».

Dans le pays où je vis, cette solidarité existe principalement sous la forme du chômage. Il est en effet considéré comme acquis que le seul moyen de subvenir à son existence est de travailler. Ceux qui ne travaillent pas n’ont pas de salaire et l’état leur fournit un remplacement, du moins s’ils prouvent qu’ils aimeraient travailler.

Le problème du chômage

Le chômage pose un problème fondamental qui est emblématique de notre société. Imaginons une personne qui, dans sa situation, peut obtenir un chômage de 1000 €. Cette même personne trouve un travail qui lui permet de gagner 1500 € par mois. Pour le travailleur, la différence entre le travail et le chômage est donc de 500 €. En vérité, elle n’est donc pas payée 1500 € mais bien 500 €. C’est en tout cas sa perception.

De l’autre, nous avons l’entreprise qui emploie cette personne. Afin de payer 1500 € par mois à l’employé, elle doit verser un salaire brut de 2500 €. Sans compter les lois sociales, les charges patronales, les assurances. Au total, l’entreprise paie donc 4000 €. Comme l’employé coûte également au quotidien (remboursements de frais, café, chauffage, électricité, eau), l’entreprise ne l’emploie que si son travail rapporte au moins 5000 € par mois.

Je simplifie mais l’échelle de grandeur est plus ou moins exacte : l’employé va produire 5000 € de travail mais n’en verra que… 500€ ! Si l’employé désire travailler à temps partiel, par exemple pour se consacrer à sa famille, il risque de toucher moins que le chômage à temps plein (situation réelle que je tiens de première main). Pour le patron, c’est encore pire vu que pour obtenir de l’employé la moitié du travail, il va devoir payer près de deux tiers d’un salaire normal. Ce n’est pas étonnant que le temps partiel soit si peu répandu !

Au total, l’employé et l’entreprise sont tous deux perdants. Mais qui est le gagnant ? Le gagnant est tout simplement l’État qui grossit et qui consomme une énorme quantité d’argent pour… mettre en place des administrations afin de vérifier qu’une personne a bien remplit les quinze formulaires qui prouvent qu’elle bénéficie du chômage. Une administration où l’on emploie des milliers de personnes pour tenter de faire trouver du travail à quelques autres. En désespoir de cause, on proposera aux chômeurs qui ne trouvent rien depuis des années de… devenir formateurs dans la recherche d’emploi auprès des autres chômeurs (situation réelle que je tiens de première main).

Le chômage remplit-il ses objectifs ?

Bref, une solution loin d’être idéale mais peut-être est-elle au moins efficace ? Pas vraiment… L’administration est tellement complexe que certaines personnes dans des situations précaires se voient exclure du chômage. D’autres s’en sortent tellement bien dans les rouages qu’ils touchent l’argent et vont vivre confortablement une partie du temps dans un pays où la vie est moins chère tout en respectant scrupuleusement la loi et les règles (situation réelle que je tiens de première main).

Les chômeurs sont donc stigmatisés en « profiteurs ». Comment pourrait-il en être autrement, ils gagnent à peine moins qu’un employé de supermarché qui travaille neuf à dix heures par jour et rentre chez lui exténué ?

Or le travail se fait rare. Pourquoi devrait-on en créer ? N’est-ce pas un succès de l’humanité que d’arriver à diminuer le travail ? Le chômage pousse à la création d’un travail artificiel, il encourage le creusage/rebouchage de trous, il permet à certains de jouer avec le système et exclut définitivement certains nécessiteux. Pire, pour certains travailleurs le chômage décourage d’entreprendre le moindre travail vu que travailler ne fait pas toujours gagner plus. Pire, il peut vous faire perdre vos allocations. Le postulat de départ d’être un outil pour fournir à chaque citoyen le minimum vital semble donc loin d’être atteint.

Simplifions le tout

Vous vous doutez bien que si je dénonce cette situation, c’est que j’ai une solution. Reprenons le problème initial : fournir à chaque citoyen le minimum vital. Eh bien voilà ! Elle est là la solution ! Il suffit de fournir à chaque citoyen un revenu minimal auquel il a droit quelle que soit sa situation. N’est-ce pas merveilleusement simple et élégant ?

Ce principe s’appelle le revenu de base ou revenu inconditionnel. Il est étudié et même recommandé par de nombreux économistes depuis des décennies. Il a l’immense mérite de simplifier notre vision de la société et de l’économie. Si, par exemple, le revenu de base est de 1000 € par mois, votre patron vous proposera un salaire de 500 € pour que vous ayez un total de 1500 €. Plus d’inégalités, plus de stigmatisation entre travailleurs et chômeurs. C’est également un grand promoteur du travail à temps partiel. Un mi-temps ? 250 € au lieu de 500 €, c’est parfaitement honnête, logique et compréhensible par tous.

Oui mais…

Je sais que l’idée fait peur. Après tout, elle chamboule des fondamentaux de notre société et notre éducation. Elle fait descendre le dieu travail de son piédestal.

Le coût, tout d’abord, semble très important pour l’État. Mais plusieurs simulations montrent que la simplification qui s’ensuivrait serait, au contraire, bénéfique (liens bienvenus). Imaginez en effet le nombre de primes, d’aides diverses, de revenus artificiels qui peuvent être supprimés si l’on postule un revenu de base ! Tout cela va de pair avec la réduction administrative. Beaucoup semblent également craindre l’arrêt total de l’économie car plus personne ne voudrait travailler.

Là, je vous arrête : le revenu de base est, comme son nom l’indique, une base. Demandez autour de vous qui serait prêt à arrêter de travailler et ne gagner qu’un revenu de base, c’est loin d’être la majorité. La diminution conséquente des salaires entrainera également les entreprises à embaucher plus facilement. Bref, cela relance notre économie.

Au final

Vous n’êtes toujours pas convaincu ? Réfléchissez sur le principe fondamental, imaginons que vous arriviez à mettre en place un chômage idéal qui n’exclut personne sauf les profiteurs qui n’en ont pas besoin. Cela parait utopique mais admettons.

Vous savez quoi ? Vous venez en fait de mettre en place l’équivalent d’un revenu de base. Un système ou tout le monde touche le minimum vital quoi qu’il arrive. Tout ce qu’on peut reprocher au revenu de base est, en fait, intrinsèque à tout système solidaire avec les plus nécessiteux.

Sauf que votre système est infiniment plus compliqué et plus coûteux. Il demande de mettre au travail une armée de personne (les fonctionnaires) qui sont payées par les impôts prélevés sur les salaires. Cela engendre donc un fort sentiment d’injustice auprès des travailleurs et cela plombe l’économie  à cause des charges salariales.

Le chômage, ou tout système de solidarité est, quand on y pense, une variation plus ou moins complexe autour du revenu de base. Si, comme moi, vous pensez qu’un être humain devrait avoir un toit et de quoi manger, vous êtes sans le savoir en faveur du revenu de base.

Il ne nous reste plus qu’à convaincre nos représentants.

 

Si vous êtes citoyen européen, prenez quelques secondes pour signer, c’est important et cela obligera le Parlement européen à débattre du revenu de base. Un million de signatures sont nécessaires et on est encore loin du compte. Faites suivre à vos amis, vos connaissances, sur les réseau sociaux. Par votre signature, vous ne vous engagez pas à soutenir le revenu de base : vous demandez juste à ce qu’il soit à l’ordre du jour du parlement européen. Même si cela vous parait utopique ou irréaliste, l’important est d’ouvrir le débat et d’élargir le champ des possibles.

Photo par B.C. Ministry of Transportation and Infrastructure

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Qu’est-ce que la conscience ?

samedi 14 septembre 2013 à 14:17
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Mais au fond, qui suis-je ? Quel est cet univers magique où je suis ? Comment en ai-je conscience ? Qu’est-ce que la conscience ? Si l’on me retirait neurone après neurone, à partir de quand ne serais-je plus moi ?

Toutes ces questions, nous sommes nombreux à nous les poser, dès le plus jeune âge. C’est également un domaine de recherche scientifique très actif. Le neurologue Michael Graziano a récemment publié un article passionnant sur une nouvelle théorie de la conscience. Et j’ai été subjugué car cette théorie est belle, simple, intuitive et, surtout, explique beaucoup d’observations que nous faisons tous les jours.

Je vous recommande vivement cette lecture mais comme c’est en anglais, j’ai décidé de vous le résumer en y rajoutant mes propres commentaires et des informations issues de mes autres lectures.

Dans un autre article, dont je ne retrouve malheureusement plus la trace, j’avais lu que le système nerveux était essentiellement lié au mouvement. Tout être vivant qui se meut possède un système nerveux, même rudimentaire. À l’opposé, il n’existe pas d’être vivant statique possédant un système nerveux. Un exemple était donné avec une espèce marine qui, après s’être fixé sur un rocher de son choix, digérait son propre système nerveux, n’en ayant plus besoin.

La raison est relativement simple à comprendre : se mouvoir nécessite d’obtenir des informations sur le monde extérieur et sur sa propre situation dans ce monde extérieur. Le système nerveux est chargé de centraliser ces différentes informations. Comme elles sont extrêmement nombreuses, l’évolution a permis l’apparition d’un organe centralisateur assez développé : le cerveau. Le cerveau a lui-même développé un mécanisme permettant de filtrer les informations les plus importantes : l’attention.

Nous connaissons tous l’attention. Lorsque nous sommes absorbé, par exemple par un livre, nous n’entendrons pas un son qui, dans un autre contexte, nous aurait paru particulièrement fort. Le cerveau a tout simplement focalisé l’attention sur certaines informations. Cette capacité d’attention existe même chez les insectes et les crustacés.

Mais l’attention est une forme de contrôle du cerveau. Hors, tous les spécialistes en robotique vous le diront, pour pouvoir contrôler, il faut que le contrôleur dispose d’une modélisation du monde extérieur. Ainsi, l’ordinateur qui va contrôler un bras mécanique a besoin d’avoir une représentation virtuelle du bras en question, du hangar dans lequel il évolue et de la manière dont les moteurs influent sur le mouvement du bras.

Un modèle, par essence, n’est pas la réalité. C’est une représentation simplifiée, optimisée pour une utilisation particulière. Michael Graziano prend l’exemple des généraux qui déplacent des soldats de plombs sur une carte. Nous comprenons bien que les soldats de plomb ne sont pas réels, qu’ils ne sont qu’une représentation. Mais ils permettent aux généraux de prendre des décisions.

Le cerveau bâtit donc un modèle du monde extérieur (la carte utilisée par les généraux) et de notre propre corps (les soldats de plomb). Cependant, nos généraux ont besoin de se représenter eux-mêmes sur la carte afin d’éviter de se mettre en danger et de bien comprendre comment leur parviennent les informations. Disons qu’ils font cela avec une grosse épingle rouge. Pour Michael Graziano, notre conscience est cette épingle rouge : une représentation que le cerveau a de lui-même afin de pouvoir concentrer son attention de manière optimale.

Toute théorie de la conscience doit, pour être satisfaisante, répondre à deux questions : A) comment les informations du monde physique sont elles transmises à la conscience et B) comment la conscience est-elle transmise au monde physique. En effet, il est possible de dire « Je suis conscient », action qui requiert l’activation de muscles afin de déplacer de l’air. La conscience agit donc sur le monde physique. On remarque immédiatement que toute théorie invoquant une âme ou un principe immatériel bute justement sur ces questions d’interface. À titre personnel, j’appelle cela le « Paradoxe Bill Murray ».

Dans « Un jour sans fin », Bill Murray est condamné à revivre sans arrêt le même jour, même s’il se suicide. Il ne garde aucune marque physique, aucune cicatrice, ses cheveux et sa barbe ne poussent pas, prouvant sans contestation possible que le corps est le même chaque matin. Par contre, il apprend petit à petit à jouer du piano et se souvient des jours passés, signifiant que l’esprit, lui, est différent chaque matin. Or, pour transformer un corps qui n’a jamais touché un piano en un joueur aguerri, l’esprit doit forcément accomplir un changement physique sur ce dernier. Mais, comme je l’ai dit, tout semble indiquer que le corps n’a pas évolué. Le film démontre donc, par l’absurde, que la séparation corps/esprit n’est pas réaliste et que la définition du « moi » est intrinsèquement liée au corps. Oui, je le reconnais, c’est assez pénible de regarder un film en ma compagnie…

Mais clôturons ici ma parenthèse personnelle sur Bill Murray et revenons à nos question A) et B). La théorie de Graziano y répond parfaitement car la conscience n’est qu’une information comme une autre traitée par le cerveau, comme l’épingle rouge n’est qu’un élément parmi d’autres de la modélisation de nos généraux. Pour prendre un parallèle informatique, la conscience est un logiciel chargé de faire le tri entre les informations, celles-ci pouvant provenir de nos sens (monde extérieur), de notre système nerveux (notre corps) ou de nos souvenirs.

Mais qu’est donc la conscience finalement ? Qu’est donc ce « moi » ? Et bien tout simplement il s’agit de l’attention portée à la modélisation de notre corps. Lorsque nous sommes au cinéma, plongé dans un film palpitant, nous n’avons plus conscience d’être un corps assis dans un fauteuil. Nous n’avons plus conscience d’être nous-même, l’attention n’est plus portée sur notre corps. Par contre, lorsque nous devons attraper un objet, nous ne réfléchissons pas en termes de « fixer les deux yeux sur l’objet, mesurer l’angle entre les deux yeux, en déduire une estimation de la distance de cet objet, activer le muscle de l’épaule puis le biceps ». Nous pensons simplement « moi, en conscience, je prends l’objet ». Le moi est donc bien dans ce cas une simple attention portée à mon corps dans un espace physique. Ajoutons que la capacité de percevoir l’immensité, tant spatiale que temporelle, du monde, et le moi va logiquement se poser des questions « qui suis-je ? » ou « qu’est-ce que l’univers ? » dans le simple et unique but d’affiner son modèle, sa représentation du monde extérieur.

Tout ça pour ça ? Toute la philosophie réduite à un simple modèle ? N’est-ce pas un peu frustrant ? Peut-être, mais une théorie n’a pas besoin de satisfaire notre ego pour être vraie. Et puis, entre nous, je trouve ça justement magnifique, merveilleux de simplicité.

Là où la théorie devient vraiment intéressante c’est lorsqu’elle va plus loin, elle explique des phénomènes étonnants. Tout modèle est réducteur et simplificateur. Si notre conscience est un modèle, quelles sont les simplifications, les erreurs de ce modèle ?

Ici, deux erreurs sont pointées particulièrement du doigt par Graziano : tout d’abord, comme je l’ai dit en introduction de cet article, le système nerveux a pour vocation de nous déplacer dans un monde physique, matériel. Il s’ensuit que notre conscience a beaucoup de mal à accepter des concepts plus abstraits. Intuitivement, l’humain va associer une sensation physique à des phénomènes non palpables. L’exemple donné est celui de la vue. Nous savons tous que l’œil n’est, au fond, qu’un trou qui capte les photons. Mais nous avons tendance à percevoir la vision comme un rayon produit par les yeux. Superman a des rayons X qui lui sortent des yeux. Terminator a les yeux rouges qui brillent. Cela n’a aucun sens scientifique mais la vision est en fait trop complexe pour notre modèle interne du monde, aussi la simplifions-nous avec ce que nous pouvons appréhender. Cette erreur est tellement forte que nous avons parfois l’impression de sentir un regard se poser sur nous. Certaines personnes pensent pouvoir sentir qu’elles sont regardées. C’est évidemment faux mais, au fond, logique. Cette volonté d’attribuer une existence physique à tous les concepts trouve son apogée avec… l’âme, où la conscience se force à s’attribuer à elle-même une existence physique. La plupart de nos superstitions sont en fait l’attribution arbitraire de propriétés physiques à un concept abstrait : les « fluides vitaux », les « forces primales », la médecine par « les énergies ».

Une autre erreur est que les cerveaux évolués ont appris à reconnaître la conscience dans le monde extérieur. L’humain, animal social s’il en est, excelle dans cette capacité d’attribuer de la conscience à tout ce qui l’entoure. Lorsque nous assistons à un spectacle de ventriloque, nous savons intellectuellement que le singe est une peluche sur la main de l’artiste. Pourtant, nous ne pouvons nous départir de l’idée que le singe a une personnalité, une conscience. De la même manière, nous plaignons Tom qui n’arrive jamais à attraper la souris Jerry même s’il ne s’agit que de dessins sur une pellicule. En se baladant de nuit dans une forêt, nous aurons l’impression d’être guetté. Les arbres nous paraîtront menaçant car le manque de perception dû à l’obscurité nous fera percevoir, par défaut, une conscience dans ce qui bouge. Nous attribuerons aux arbres une volonté consciente de nous nuire. En informatique, il s’agit d’un faux positif. Notre cerveau préfère se tromper en attribuant une conscience à ce qui n’en a pas que, au contraire, ne pas attribuer de conscience à ce qui pourrait en avoir.

Si vous combinez l’ajout de propriétés physiques et d’une conscience à des concepts abstraits, vous avez la naissance des religions. Le dieu de la mer, le dieu du vent, le dieu des moissons. L’esprit des arbres, des objets ou des ancêtres. Et puis l’esprit de la terre ou de l’univers tout entier. Nous attribuerons une conscience à un ensemble de consciences. Et qui dit conscience dit volonté, volonté à laquelle il faut nécessairement se plier. Au fond, croire en un dieu omniscient et omnipotent n’est que recréer le concept d’âme à l’échelle de l’univers.

La science ne pourra jamais démontrer que l’âme et les dieux n’existent pas pour la simple et unique raison qu’il est impossible de prouver une inexistence. Par contre, la science a déjà réussi à prouver que les concepts de dieu et d’âme n’étaient pas nécessaires et, qu’au contraire, ils ne rentrent dans aucun modèle scientifique actuel. À présent, la science est en train de nous expliquer pourquoi nous avons une tendance parfaitement naturelle à y croire même si ce n’est pas rationnel ou logique.

L’être humain est tellement bien programmé à reconnaître la conscience autour de lui, atout évolutif indéniable pour un animal social, qu’il s’est créé un univers de consciences chapeauté par une conscience ultime. Avec pour résultat inattendu de parfois se mortifier ou tuer au nom de cette conscience qu’il croit percevoir. En programmation informatique, on appelle ça un bug.

 

Photo par Antoine Hubert

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Printeurs 4

vendredi 13 septembre 2013 à 14:32
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Ceci est le billet 4 sur 6 dans la série Printeurs

Notre baiser est interrompu aussi soudainement qu’il a commencé. Eva me repousse d’un geste brusque.
— C’est bon, il est parti !

De sa poche, elle tire un petit spray de maquillage avec lequel elle commence à se dessiner de noires arabesques sur le visage. Elle me le tend :
— Tu connais des configurations anti reco ?
— Euh… oui mais je ne vois pas trop l’utilité. Cela fait depuis le début de la soirée qu’on passe devant toutes les caméras de sécurité.
— Ce quartier est plus ancien. Les caméras sont très rares. La municipalité envoie parfois des drones pour assurer « la sécurité » du voisinage. Mais, du coup, ils ne peuvent plus garantir une couverture totale. Pas assez de budget.
— Ah…

J’ai clairement entendu les guillemets d’ironie quand elle a parlé de sécurité. C’est un sujet récurrent, immortel, immuable. Une partie de la population exige plus de sécurité face à d’hypothétiques périls savamment mis en valeur tandis qu’une minorité est plus effrayée par les mesures sécuritaires que par les dangers à proprement parler. Mais si nous sommes nombreux, en ligne, à nous inquiéter sur les possibles dérives autoritaires du pouvoir en place, force est de constater que, jusqu’à présent, nous sommes encore dans une situation d’équilibre. Nous vivons bien, nous pouvons nous exprimer, l’injustice est réduite et les élections se déroulent sans grand soucis. Nul besoin de recourir à des mesures aussi paranoïaques que le maquillage. Après tout, si le gouvernement sait que je suis venu ici, grand bien lui fasse, je n’ai rien à cacher !

— Écoute Eva, es-tu vraiment sûre que tout ce cirque soit nécessaire ?
— Ton téléphone, fait-elle en pointant l’écran à mon poignet, éteins-le.
— Mais, écoute, c’est ridicule, …

Elle attrape mon poignet et détache l’écran du bracelet de support. D’un mouvement souple, elle le déplie en tablette et commence à pianoter d’une main.
— C’est quelle version ? Comment l’arrêtes-tu complètement, y compris les accessoires liés ?

Je lui reprends l’écran des mains, lui montre comment l’éteindre et le replie docilement. Un changement subtil vient de s’opérer autour de moi. Curieux, je me retourne. La rue est devenue plus sombre, plus menaçante, plus solitaire. Des ombres s’allongent et s’avancent, gagnant du terrain sur les quelques néons qui peinent à trouer la lourde noirceur de la nuit.
— Les pubs, me fait Eva.
— Quoi les pubs ?
— Les pubs que tu voyais dans les vitrines et sur les panneaux. Elles sont toutes projetées via tes lentilles. Ton forfait sans publicité ne couvre pas les publicités placées localement. Tu continuais donc à les voir. À ta tête, j’ai le sentiment tu n’as pas dû retirer tes lentilles depuis un bon moment.

Les murs semblent soudain affreusement nus. J’ai’impression d’avoir quitté une ville vivante, agitée, pour un chancre aux façades borgnes. Derrière les publicités désormais éteintes apparaissent des fenêtres poussiéreuses badigeonnées de peintures. Les attractifs éclats lumineux et colorés ont laissé la place à de sombres reflets, à de tristes ombres chinoises où se jouent d’effrayants pantomimes. Un frisson glacé me parcourt l’échine.

— Est-ce que tu as un autre modem sur toi ?
— Non, mes lentilles et mon neurex se sont éteints avec le téléphone. Pas de risque.
— Ok, alors maintenant on se dépêche. La disparition d’un téléphone entraîne parfois l’envoi d’un drone. Nous avons quelques minutes pour gagner mon appartement.

D’un pas rapide, nous nous éloignons tandis que je me barbouille le visage de maquillage. Sa démarche est souple, élancée. Je m’essouffle mais, malgré tout, je fais un effort pour ne rien laisser paraître. Je tente même de lancer une conversation sur un ton faussement serein.
— Cela donne l’impression d’être dans un film de science-fiction. Genre un bon vieux cyberpunk. Amusant, non ?

Elle me jette un regard noir. Bon, ce n’était pas drôle. Ou alors elle n’est pas versée dans le cyberpunk.
— Écoute Eva, tu ne penses pas sérieusement que toutes ces précautions soit réellement nécessaires ?
— Je ne t’ai pas convaincu ?
— Je ne sais pas. Le couplet des méchants riches qui exploitent les gentils pauvres, c’est un peu éculé, non ? Il n’y pas quelques humains méchants qui décident d’asservir l’humanité simplement pour assouvir leur soif de pouvoir. Chacun tente de tirer un bout de la couverture à lui mais il n’y a pas de volonté centralisée. Au fond, je pense que les humains sont tous convaincus d’agir pour le bien-être général. C’est toute l’humanité qui est responsable.

Nous arrivons devant la porte d’immeuble. Une ampoule blafarde tente de trouer l’obscurité moite de la rue. Elle acquiesce :
— Ton hypothèse n’est pas impossible. C’est même le pire scénario envisageable.
— Pourquoi le pire ?

Elle sort une vieille clé en métal et ouvre la porte. D’un geste, elle m’invite à entrer :
— Parce qu’alors ce n’est plus un petit groupe de corrompus qu’il nous faudrait combattre. Mais l’humanité toute entière !

Eva referme la porte derrière moi et m’attire dans une pièce du rez-de-chaussée. De surprise, je manque de tomber à la renverse tandis qu’elle me susurre à l’oreille :
— Bienvenue dans la rébellion !

 

Image par Kenneth Moyle

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Objectif 1%

mercredi 11 septembre 2013 à 19:24
objectif_lune

Pour les créateurs, internet est un moyen merveilleux de toucher directement une audience, sans passer par des intermédiaires qui prennent plus de 90% du prix. Plus besoin de passer par les limitations et le coût du support physique. Inutiles également les éditeurs, les producteurs, les comités de relecture : le public peut enfin être seul juge, libre de son choix.

Tout est-il donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ?

Et bien, pas vraiment. Je suis un consommateur avide de livres, d’articles, d’histoires, de musique, de nouvelles et de films. Je me procure le tout entièrement gratuitement sur internet. Je bloque toutes les publicités. Mais je paie malgré tout ma connexion internet qui, au fond, n’est qu’un intermédiaire.

Il s’en suit que, en théorie, 100% de ce que je dépense en médias va aux intermédiaires. La situation est donc, pour les créateurs, pire qu’avant.

Une licence globale ?

La solution de facilité, face à ce constat, serait de prélever un pourcentage sur ma connexion pour le distribuer aux créateurs. Mais qui déciderait quel créateur est éligible pour un paiement et dans quelle proportion ? Qui paierait ces décideurs ? Et quid de ceux qui voudraient payer plus ? Ou de ceux pour qui la connexion internet est déjà un luxe dispendieux ?

Non, la licence globale renforcerait les inégalités, tant au niveau du créateur que du consommateur.

1% de mon revenu

J’ai alors décidé de me fixer l’objectif suivant : donner, de manière récurrente et automatisée, 1% de mon revenu mensuel aux créateurs de contenus sur Internet. Je me suis fixé 1% mais j’espère pouvoir augmenter ce plafond en corrélation avec mon niveau de vie. Après tout, si vous gagnez 10.000€ par mois, vous pouvez sans doute vous permettre de donner plus que 100€ à la création. Peut-être 200 voire 500€.

Si vous vivez assez confortablement pour avoir de quoi payer vos factures et mettre un peu d’argent de côté je vous invite à soutenir la création à hauteur de 1% de vos revenus. Ou plus si vous le souhaitez. Après tout, 1% de votre temps ne représente qu’un quart d’heure par jour ! Si vous me lisez, il y a de fortes chances que vous passiez plus d’un quart d’heure par jour à consommer du contenu sur internet.

De quelle manière

Le moyen que vous choisirez importe peu. L’important est que ce soit régulier, que ça devienne un réflexe ou un automatisme et que ce soit à destination des producteurs de contenu. Personnellement, j’ai choisi de le faire principalement via Flattr, dont je vous ai déjà parlé. Je peux en effet fixer la somme mensuelle que je veux dépenser à 1% de mon revenu et soutenir des dizaines de créateurs différents chaque mois. Une autre alternative est Patreon, qui permet de soutenir régulièrement certains créateurs (comme moi, coucou!).

Cela n’empêche nullement de faire des dons ponctuels pour des projets crowdfundés, pour un événement spécial comme un concert ou pour une œuvre de charité. Personnellement, cela ne rentre pas dans mon 1% qui est destiné aux créateurs sur le web. C’est mon choix mais à vous de l’adapter à vos valeurs.

Cela ne touche qu’une poignée de créateurs

Quelle que soit la solution que vous choisirez, vous ne pourrez pas toucher tous les créateurs que vous appréciez. Personnellement, j’aime beaucoup de créateurs qui ne sont pas sur Flattr. Qu’à cela ne tienne, je pense qu’il est du devoir du créateur qui souhaite être rémunéré d’élargir ses horizons.

Choisissez la solution qui vous convient le mieux : Paypal, achat de supports physiques, bitcoins, Flattr, virements bancaires. Ou encore par un don mensuel à une organisation particulière, comme Framasoft. Ou un mélange de tout cela. Quoiqu’il en  soit, n’oubliez pas à prévenir les créateurs que vous souhaitez les soutenir en indiquant comment ils peuvent obtenir votre support. Je vous invite également à partager cet article (ou votre adaptation personnelle) autour de vous en indiquant le moyen que vous aurez choisi.

Mais au fond, pourquoi ?

Selon mon expérience personnelle, rendre mon blog payant est une expérience formidable. Chaque paiement reçu me motive à me dépasser, à trouver des nouveaux thèmes, des nouvelles manières d’écrire. Sans blog payant, je n’aurais probablement pas commencé à publier des histoires ou un feuilleton.

En contribuant à hauteur de 1%, vous encouragez moralement les créateurs. Peut-être leur permettrez-vous de réduire leur travail non-créatif pour se concentrer sur la création. Après tout, 1000 personnes qui donnent 1% de leur salaire pourraient permettre à 20 créateurs de se consacrer à leur art à mi-temps. N’est-ce pas une perspective incroyable ?

Après, vous vous dites certainement que, pour vous, ça ne fera pas de différence. Les autres donneront et vous aurez accès au contenu. Je vous arrête de suite, c’est dans votre propre intérêt. Des études scientifiques très sérieuses le prouvent : donner et être reconnaissant rend heureux.

Vous investissez déjà probablement un certain pourcentage de vos revenus dans une pension, une voiture, une maison. Et bien je vous invite à investir 1% dans votre bonheur. Et dans les contenus qui vous rendent heureux.

 

Photo par Epoxides

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