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Le pommier magique

mardi 14 janvier 2014 à 12:30
pommier

Au fond de mon jardin, après une petite clôture rouillée, s’étend un grand verger rempli de pommiers. Au printemps, les oiseaux gazouillent et, en été, de délicieuses pommes dorées reflètent les multiples rayons du soleil.

Marcel, mon voisin, vend sa récolte à un industriel venu de la ville. Après la récolte, de bruyants camions chromés viennent chercher les pommes pour en faire de la compote.

Tout au fond du verger, à la limite de mon jardin, se tient un très vieux pommier dont le tronc noueux dessine de noires arabesques. Comme le visage d’un vieil homme sage, il semble à la fois flétri et durci par le temps. Une longue branche s’étend au dessus de la maigre barrière et apporte une ombre bienfaisante sur mon petit carré d’herbe violette.

Je n’y aurais jamais prêté réellement attention si, ce matin là, je n’avais vu une superbe pomme dorée et brillante se balançant au-dessus de moi. Elle paraissait croquante et juteuse, gorgée de soleil, de parfums et de cris d’oiseaux. Je n’hésitai qu’un instant. Après tout, la pomme n’était-elle pas sur mon terrain ? Et puis, des pommes, Marcel en avait tant !

Je la cueillis et la croquai avec délectation. Quelle ne fut pas ma surprise de constater, quelques instant plus tard, que la même pomme se tenait toujours sur sa branche. Pourtant, le trognon dénudé que je tenais en main prouvait que je n’avais pas rêvé. Étonné, je cueillis cette seconde pomme pour la porter à ma compagne. À mon retour, je découvris une troisième pomme. Ne voulant laisser passer une telle aubaine, je remplis un seau entier de magnifiques pommes dorées. Mais, sur sa branche, la pomme me narguait encore et toujours.

Enfourchant ma bicyclette, je me rendis chez Marcel afin de le prévenir. Il constata, comme moi, le mystérieux phénomène.
« Tu pourrais augmenter ta production de pommes ! lui dis-je.
— Oui mais cueillir cette pomme demande du travail. Dans mon verger, ce sont des automates parfaitement calibrés qui s’occupent de tout. Et puis, je vis bien avec ce que m’achète l’industriel.
— Alors, ne pouvons-nous pas en faire profiter les plus démunis ? dis-je.
— C’est vrai, me répondit Marcel. Tu as ma bénédiction. »

Je passai donc l’après-midi à cueillir des seaux de pommes que je portai au centre de redistribution volontaire des ressources. Interpellé par ma démarche, je discutai avec le Maire qui me suggéra d’apporter des pommes dans toutes les écoles. Cela serait également une excellente opportunité de promouvoir les bons produits du terroir face au règne tout-puissant des barres sucrées sous plastique aseptisé. Enthousiaste, je me mis au travail. Tous les jours, je m’astreignais à cueillir une dizaine de seaux pour les écoles de la région. Chaque soir, mes muscles grinçaient sous les courbatures mais j’étais heureux, satisfait. Je m’endormais avec un large sourire aux lèvres.

Un matin, ma compagne vint me trouver dans le jardin avec un étrange appareillage.
« Cela fait plusieurs jours que je te regarde, dit-elle. Alors j’ai adapté un de nos bras robotisés et je l’ai reprogrammé. Il va désormais cueillir des seaux entiers sans effort et de manière beaucoup plus efficace. En ajoutant un câble transporteur, les seaux seront directement amenés devant la maison. Ceux qui le souhaitent n’auront qu’à se servir. Tu demanderas aux écoles de venir chercher les pommes elles-mêmes. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Après quelques jours, les camionnettes venaient de la région entière pour charger des caisses de pommes gratuites. Tout semblait allait pour le mieux lorsque je fus réveillé un matin par des coups tapés à ma porte. Enfilant rapidement un peignoir, j’ouvris la porte, ébouriffé. Devant moi se tenait Marcel, l’industriel et un agent de la garde galactique.

« Monsieur, commença l’industriel, nous sommes venu régler l’affaire de ce vol permanent que vous perpétrez aux dépends de monsieur Marcel.
— De vol ? fis-je d’une voix ensommeillée.
— Oui, intervint le garde. Vous êtes accusé de vol de pommes dans la propriété de monsieur Marcel.
— Mais c’est ridicule, balbutiais-je.
— Permettez ? C’est à moi d’en juger. Pouvez-vous me montrer l’endroit du délit ? »

Nous nous rendîmes tous les quatre, moi en pantoufles et peignoir, vers le fond du jardin où je montrai la branche sur laquelle luisait une belle, magnifique, succulente pomme dorée.

« Voyez ! dis-je. Je n’ai pas volé de pommes. Elle est sur sa branche !
— Regardez monsieur le garde, intervint l’industriel, tout cet outillage est destiné à cueillir les pommes. Il y a donc bel et bien vol !
— En effet, fit le garde. Cela me semble clair !
— Mais je n’ai jamais été sur le terrain ! Marcel n’a jamais manqué de pomme. Il ne peut y avoir vol !
Le garde semblait embêté.
— La loi ne prévoit pas le cas des pommiers magiques. Si vous avez pris des pommes, c’est qu’il y a vol.
— Mais Marcel avait marqué son accord ! Dis leur, Marcel ! »
Marcel baissa les yeux.
« Je suis désolé, balbutia-t-il. Mais l’industriel menace de ne plus m’acheter ma production. Je n’ai pas le choix.
— Pourquoi ? demandai-je.
— C’est très simple, me répondit l’industriel. De plus en plus de gens viennent chercher des pommes illégales chez vous et font de la compote chez eux, à la maison. Ils inventent des recettes qu’ils se transmettent. Si je ne peux plus vendre de la compote, je ne peux plus acheter chez Marcel. Bien sûr, je pourrais me fournir chez vous mais je suis honnête. Je respecte le travail des autres, moi ! Je sais que tout travail mérite salaire et je n’exploite pas honteusement celui des autres !
— Ce serait ma ruine, sanglota Marcel. Tu comprends ? Je dois payer l’emprunt pour rembourser les machines agricoles. Sans compter leur entretien.
— Mais je voulais juste que tout le monde puisse manger à sa faim !
— Que se passerait-il si tout le monde faisait comme vous ? répliqua sèchement l’industriel. Incivique ! »

Je restai sans voix, pris au dépourvu. Le garde galactique me jeta un œil sévère.
« Votre compte est bon !
— Mais je n’ai rien fait de mal ! Au contraire, je me contente d’aider les pauvres et les écoles. J’ai aidé à promouvoir une alimentation saine auprès de nos jeunes.
— C’est vrai, acquiesça le garde. Cela joue en votre faveur. En échange de votre promesse de ne plus recommencer, messieurs Marcel et l’industriel ici présents accepteront certainement d’abandonner les charges retenues contre vous.
— D’accord, dit l’industriel. Mais alors, il nous faut des garanties. Coupez cette branche !

Sous mon regard hébété, le garde galactique entreprit de scier consciencieusement la branche magique. Il démonta également le bras robotisé et l’embarqua. Sans un mot, ils se retirèrent, emportant avec eux tous les seaux de pommes qui traînaient dans le jardin. Penaud, Marcel m’adressa un timide geste de la main avant de disparaître. Je contemplai un instant la branche morte qui gisait sur le sol. Un peu de sève s’écoulait.

Mélancolique, je rentrai dans la maison. Ma compagne se réveillait.
« Tu as bien dormi ? me demanda-t-elle.
— J’ai rêvé qu’une magie impromptue permettait soudainement au monde entier de ne plus mourir de faim, de manger sainement, équilibré et d’être en bonne santé.
— C’est un rêve merveilleux.
— Mais nous avons du abandonner cette magie. La loi ne prévoyait pas ce genre de cas.
Elle posa une main sur mon bras et, de l’autre, porta une tasse de thé fumante à ses lèvres.
— Ne t’inquiète pas ! De la magie, il y en a dans chaque regard, chaque sourire. La loi ne pourra pas toujours la contrecarrer. Il suffit d’être patient. »
Elle me décocha un sourire. Je répondis par un clin d’œil. Elle se mit à rire doucement. Emporté par son élan, je ne pus réprimer un large sourire qui se transforma rapidement en un rire franc, libéré. Après quelques secondes, nous riions tous deux aux éclats. Nous nous tenions les côtes sans plus pouvoir nous arrêter. Essuyant des larmes de joies, ma compagne hoqueta :
— Tu vois ? La magie fonctionne déjà !

 

Photo par Rovanto.

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Printeurs 11

samedi 11 janvier 2014 à 11:40
broken_glass
Ceci est le billet 11 sur 14 dans la série Printeurs

Je n’ose faire le moindre geste, je retiens ma respiration. Eva me fait signe d’approcher et je la rejoins prudemment, à pas feutrés comme si j’avais peur de bousculer les atomes d’atmosphère. Cette atmosphère qui contient à peu près tous les éléments chimiques en quantité infime mais suffisante pour imprimer la plupart des matériaux courants. Je jette un œil dans l’aquarium du printeur et étouffe un cri de surprise. Le roi Arthur !

Il semble endormi. Doucement, j’avance une main vers son pelage. Je le caresse. Il est chaud, doux au toucher. Mais il ne bouge pas. Je tente de le chatouiller, de le faire réagir, je lève une patte. Elle retombe inerte.
— Il est mort, murmuré-je.
— Ce corps n’a jamais été vivant, me répond Eva. Il n’est pas mort. Il s’agit tout simplement d’un assemblage d’atomes. Le printeur…
Elle s’arrête, soudainement terrifiée, comme si un diable venait de se dresser devant ses yeux exorbités. Je l’entends murmurer d’une voix à peine audible.
— Ils arrivent.
— Eva ?
Elle se reprend brusquement.
— Je disais que ce corps n’a jamais été vivant. Il lui a manqué ce petit quelque chose…
— Que veux-tu dire ?
La voix de George résonne dans mon dos.
— L’âme ! C’est bien à cela que tu penses Eva ?
Elle acquiesce en silence. L’âme ? Cela n’a aucun sens ! Georges nous tourne le dos et s’éloigne vers la cuisine. Je ne peux retenir une exclamation.
— Mais enfin Eva, qu’est-ce qui te prend ? L’âme ?
— Chut, pas si fort !
Elle agite les mains pour me faire signe de me taire. Je suis complètement déconcerté. J’ai l’impression que certains aspects de cette affaire m’échappent.
— Eva, ce que tu appelles âme n’est qu’une série de courants électriques entre des neurones.
— Nellio, je t’en prie. Restons-en là !
Je réfléchis à voix haute.
— Le printeur n’est en effet pas programmé pour analyser et reproduire un courant électrique mais…
Eva m’interrompt en m’attrapant le poignet. Elle fait apparaître un petit objet que je reconnais comme étant une carte mémoire. Cependant, les bords me semblent brillants, métalliques, comme aiguisés.
— Nellio, je sais qu’ils arrivent. Nous n’avons pas beaucoup de temps. Je te supplie de me faire confiance et de ne pas poser de questions.
— Mais… Ouaïe !
D’un coup sec du pouce, elle vient de m’enfoncer la carte mémoire sous la peau. Le bord tranchant a pénétré dans le dos de ma main comme dans du beurre et s’est parfaitement glissé sous l’épiderme. Je contemple avec surprise la petite plaie suintante de sang. Rien ne permet de deviner la greffe dont je viens de faire l’objet. Une cachette parfaite.
— Écoute-moi bien Nellio, ta vie vaut désormais plus que la mienne.
De ses deux mains, elle enserre brusquement mon visage.
— Quoiqu’il puisse arriver, quoi que tu puisses voir, sauve ta peau. Ta peau, c’est notre avenir, tu comprends ?
Je tente de l’écarter doucement.
— Écoute Eva, nous sommes chez Georges, tout va bien, ne t’inquiète pas comme ça.
Je la vois jeter un regard angoissé vers l’ascenseur. Une lumière clignote annonçant l’ouverture prochaine des portes. Au même moment, un bruit de verre brisé nous parvient de la cuisine.
— Georges ! murmuré-je.
Je me tourne vers la baie vitrée juste à temps pour voir une forme noire. Des dizaines de formes noires. Suspendues à des câbles. Des jambes. Des bottes. Des semelles qui transpercent le vitrage, qui le déchirent et le blessent. Le fracas est assourdissant. Les formes noires sortent également de l’ascenseur, coulantes, silencieuses. J’entraperçois certaines venir de la cuisine, souples et fluides. Je distingue les épaules rembourrées, les torses blindés, les armes tenues à bout de bras. Surréelle, venue de nulle part, une voix gronde et rugit, emplissant la pièce.
— Ne bougez plus, placez calmement les mains sur la tête.
Avant que le cercle des ombres ne se referme sur nous, Eva me tire par le bras et me projette dans un coin de la pièce où se trouve une fenêtre rectangulaire de la largeur d’une porte étroite. Elle lance un bras sous une tenture décorative.
— Ne bougez plus ! ordonne la voix. Peloton, en position de tir !
Dans un feulement, une forme blanche bondit soudain de sous le divan et saute vers le visage d’une des formes noires. Toutes les armes se tournent vers le roi Arthur et sa malheureuse victime. Profitant de la confusion, Eva me tend une mince ceinture reliée à un filin. Un harnais d’évacuation ! Bien sûr ! Les riches en ont encore dans leurs tours ! Le filin doit faire exactement la taille de l’immeuble et être relié à un enrouleur à vitesse contrôlée. Je sais également que dès les premiers signes de traction sur le câble, la vitre se désagrégera grâce à de minuscules explosions dans l’épaisseur même du verre.
— Sauve ta peau Nellio ! Fais moi confiance !
— Mais… Et toi ?
— L’âme est immortelle !
— Halte ! Rugit la voix.
Je reste interdit. Sans remuer les lèvres, Eva me chuchotte :
— Au premier coup de feu, tu sautes sans hésiter. Ne t’inquiète pas, l’âme est immortelle.
Les mains tremblantes, je contemple le baudrier que je n’aurai pas le temps d’enfiler. Je ne comprends pas ce qu’elle veut dire. Bravement, Eva s’avance vers les hommes en armes. Policiers ? Soldats ? Milice privée ? La différence n’est de toute façon qu’une argutie juridique et les balles ont toutes le même effet sur un corps de chair et de sang.
— Attendez, supplie-t-elle, ne nous faites pas de mal ! Nous sommes innocents !
— Restez où vous êtes, gronde la voix que je devine provenir de drones équipés de haut-parleurs.
Ignorant l’injonction, Eva s’avance à travers l’appartement dévasté et les morceaux de verre. Elle est une fleur portée par la brise au milieu des silhouettes caparaçonnées de noirs, étranges insectes casqués aux visages cachés par des masques menaçants. Les fusils se tournent vers elle, j’entends le cliquètement des doigts qui se posent sur les détentes. Lentement, Eva tourne la tête vers moi. Elle me fait un sourire. Calme. Résigné. Je lis dans son regard la confiance. Elle fait un pas de plus.
— Noooon ! hurlé-je.
— Feu ! ordonne la voix.
L’enfer jaillit soudain des canons. Je suis aveugle, je suis sourd. Je hurle, je veux me précipiter vers le corps en train d’être déchiré, déchiqueté. Je m’élance mais je suis soudain retenu par le câble du baudrier. La voix d’Eva résonne en moi.
— Saute sans hésiter, l’âme est immortelle !
Il ne s’est pas passé une seconde depuis le début de la fusillade. Dans une brusque volte-face, les doigts agrippés au harnais, je me jette dans la fenêtre. Aidé par les micro-explosions, le verre cède sans effort sous mon poids, le fracas se mêle à mon long hurlement et je me retrouve en train de tomber dans le vide.

 

 Photo par Arsenie Coseac.

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La fin des commentaires ?

jeudi 9 janvier 2014 à 16:29
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Lorsque je me suis lancé dans mon NaNoWriMo, j’ai décidé de diminuer autant que possible les distractions non-productives parmi lesquelles l’administration des commentaires de mon blog. Cela a tellement bien fonctionné et cela m’a tellement soulagé que je n’ai pas vu l’intérêt de les réactiver. Les commentaires resteront donc fermés jusqu’à nouvel ordre. Mais pourquoi agir de cette manière ?

Parce que c’est scientifique !

Le site PopularScience.com a également supprimé la possibilité de laisser un commentaire. La décision se base, comme on peut s’y attendre, sur les résultats d’une étude scientifique qui démontre que les commentaires dégradent l’appréciation que les lecteurs ont d’un article. C’est aussi simple que ça : avoir des commentaires est contre-productif si vous cherchez à produire du contenu perçu comme de qualité.

Intuitivement, nous en avons d’ailleurs tous déjà fait l’expérience : regardez une vidéo sur Youtube avec vos amis et vous observerez que, très rapidement, la conversation déviera vers la déplorable qualité des commentaires liés à cette vidéo. Le message, la qualité du film n’y changera rien.

Même une minorité de commentaires de piètre qualité est suffisant pour tirer vers le bas le niveau entier de la discussion. À tel point que beaucoup d’internautes ont pris le parti de ne pas lire les commentaires, ritournelle reprise de manière humoristique par un compte Twitter dédié. Mais c’est souvent peine perdue : la curiosité et un défilement un peu trop rapide amèneront très vite la majorité d’entre nous à lire certains commentaires, à vouloir réagir, à rentrer dans une boucle négative de frustration, de non-écoute.

Plusieurs lecteurs m’ont explicitement suggéré de fermer les commentaires de mon blog, ce qui est un signal important.

Parce que c’est un gouffre d’énergie

Si l’administration des commentaires semble une opération parfaitement anodine, elle produit néanmoins énormément d’énergie négative. Tout d’abord, je suis obligé de régulièrement vérifier si des nouveaux commentaires ont été postés. Ce n’est pas grand chose mais malgré tout une vérification de plus dans la routine mail-réseaux sociaux-agenda-SMS. Ou plutôt trois vérifications : les commentaires publiés, pour éventuellement répondre ou supprimer les indésirables, les commentaires à modérer et la file de spam dans laquelle se glissent régulièrement des commentaires légitimes.

Pour chaque nouveau commentaire, je dois prendre la décision de le publier ou non. Et cette décision est chaque jour plus difficile. Ce commentaire semble logique et construit mais le site web du posteur est à caractère publicitaire. Acceptable ou non ? Ce commentaire est bourré d’injures mais n’est-ce pas la liberté d’expression de l’auteur ? Bref, des dizaines de micro-décisions à prendre tous les jours avec, à chaque fois, la crainte de prendre la mauvaise et de vexer des lecteurs.

Le tout dans une atmosphère d’agression permanente. Car il suffit d’un commentaire injurieux, insultant ou agressif pour pourrir une journée. Le cerveau humain a tendance a retenir et mettre en valeur les agressions. Je l’ai constaté empiriquement le jour où, sur un billet fortement débattu, j’ai exprimé le sentiment que la moitié des commentaires étaient violemment en opposition avec mon propos. Or, après vérification et comptage, j’ai découvert que les commentaires incriminés étaient largement minoritaires. Leur impact émotionnel avait cependant été très important sur moi.

Car le relatif anonymat des commentaires a tendance à lever les inhibitions et accroître l’agressivité. Je ne parle même pas des commentaires qui exigent des réponses de ma part ou qui, ayant été filtrés comme spams, s’insurgent sur le filtrage que j’exerce, exigent, vitupèrent.

Au final, je me suis rendu compte que m’occuper des commentaires publiés sur mon propre site me stressait. Dans certains cas extrêmes, la crainte des commentaires pouvait repousser la publication d’un billet!

Parce que l’utilité est devenue plus que limitée

Bien sûr, on pourrait arguer que le jeu en vaut la chandelle, que les commentaires sont utiles. Mais je ne pense plus que ce soit le cas. Si le commentaire souhaite apporter un éclairage différent, une critique, l’auteur est tout à fait libre de le faire sur son propre blog ou sur les réseaux sociaux. Si, au contraire, le lecteur souhaite avoir ma réaction ou poser des questions, le mail fonctionne très bien. J’ai découvert avec amusement que la plupart des commentateurs de qualité sur mon blog commentent également sur au moins un réseau social. Certains m’ont même demandé où je préférais qu’ils commentent. Je ne risque donc pas de perdre leurs avis ou leurs pertinentes corrections.

Les commentaires ont également une propension à se transformer en une discussion entre trois ou quatre intervenants, sans le moindre rapport avec le sujet initial et excluant tout nouvel apport.

Les commentaires restaient également une mesure, très subjective, du succès d’un billet. Je me souviens d’une époque où je tirais une grande fierté du grand nombre de commentaires. J’ai le sentiment d’avoir évolué, de m’être affranchi de cette dépendance.

Merci pour tous vos commentaires au cours de ces neuf années. J’espère que vous continuerez à me commenter et critiquer sur Google+, Facebook, Twitter, par mail ou sur le réseau de votre choix.

EDIT: Un argument qui revient souvent dans l’intérêt des commentaires est de compléter utilement l’information pour les futurs lecteurs. J’ai oublié de préciser que c’est toujours possible. Si je reçois des commentaires pertinents par mail, je peux rajouter les informations dans le billet directement (et je l’ai déjà fait).

 

Image par Marie Coleman.

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My 2014 Terra Incognita

mercredi 8 janvier 2014 à 14:21
outdoor

2014 just started and already proved to be a challenging year. First thing, I will have to find or create a new job. After 3 years having the luck of managing open source projects at Lanedo, I’m leaving the company. This is an opportunity for me to try something new, to get out of my comfort zone. How? I don’t know yet. Perhaps by launching my own business if I found the right partners. I’m also very attracted by the startups and/or mobile world.

In 2013, I’ve spent more time writing than ever, completing a NanoWrimo and liking it. I’ve also written a lot for my blog and successfully managed to earn money (not much but it is symbolic) by applying a “free price” to my writing. In 2014, I plan to expand that by writing more and, if offered any opportunities, taking part in artistic projects. If you need a writer, don’t hesitate to contact me.

While this sounds great, it also means I need to acknowledge some choices. Five years after starting the work on GTG, I will not be involved any more in its development. I’ve not been very active lately any way but I want to make it official. I trust Parin Porecha to become a great project maintainer.

During GUADEC this year, I’ve discussed with great people and they made me realize that, subconsciously, I may not be motivated by GNOME any more. And I have to admit that I was not able to fulfil my latest engagements. In those last months, I came to the very harsh conclusion that I’m not a GNOME community member any more. I’m more and more interested by shiny things like FirefoxOS, Ubuntu Touch or CyanogenMod. Because, yes, I’m back on Ubuntu.

Goodbye Lanedo. Goodbye GNOME. Goodbye GTG. Thank you everyone in those community for the wonderful ride. Thank you for giving me pride and accepting me and my rants. Thank you for all the work you did and continue doing.

Now welcome… welcome what? I still have no idea. If you are looking for a partner or an employee which is a computer engineer who became a project/team manager, have a look at my Linkedin, drop me a mail and let’s have a chat. I’m currently holding my doors open to everything, looking to dive in an exciting Terra Incognita.

 

Picture by Linh Nguyen.

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Mes défis pour 2014

lundi 6 janvier 2014 à 15:47

Chers lecteurs, réguliers, occasionnels ou aléatoires, je vous souhaite de tout cœur que 2014 vous apporte surprises, changements et prises de conscience. En ce qui me concerne, 2014 semble bien parti à ce sujet. Comme cela m’arrive de temps en temps, je vais parler de moi et de ma petite vie. Vous pouvez donc sans scrupule passer la lecture de ce billet.

Vers le premier quart de 2013, j’ai rêvé qu’il ne me restait qu’un mois à vivre. En parallèle, je continuais à explorer, en théorie comme en pratique, l’économie du « prix libre ». Mi-2013, ces deux explorations intellectuelles se sont concrétisées avec le Blog d’un condamné pour l’une et un blog devenu payant pour l’autre. Je réalise seulement aujourd’hui que les deux événements ont eu lieu de manière presque simultanée.

Le blog d’un condamné m’a fait comprendre à quel point j’aimais écrire, qu’il ne s’agissait pas d’un loisir mais d’une nécessité vitale. Le blog payant m’a donné la motivation de me réaliser. Le tout arriva à son apogée en novembre, mois durant lequel, grâce à votre soutien, je couchai enfin sur papier un projet de roman dont l’écriture faisait partie de mes résolutions annuelles depuis plusieurs années. Le gros œuvre est fini mais il reste bien entendu énormément de travail. Achever cette histoire est l’un de mes défis pour 2014, je vous tiendrai bien entendu au courant. Le second étant de reprendre Printeurs, dont l’écriture me démange et dont les personnages hurlent dans ma tête à la recherche d’une sortie.

En 2013, vous m’avez donc permis d’unifier mes passions pour l’écriture de fiction et l’écriture blog, passions qui étaient jusque là antagonistes. Mieux, vous m’avez permis de gagner de l’argent avec ces deux passions ! Je ne vous remercierai jamais assez.

Et voici 2014. 2014 qui commence déjà avec beaucoup de défis dont le premier : trouver un nouvel emploi, si possible compatible avec mon désir d’écriture.

Après trois années, je quitte mon travail de responsable de projet à Lanedo avec le désir de rejoindre une startup, une entreprise visionnaire ou de fonder mon propre business si je rencontre des partenaires partageant ma vision. En ce début d’année, je ressens un profond besoin de nouveauté et je souhaite m’ouvrir à toutes les propositions, à toutes les idées sans restriction. Si cela vous intéresse d’en discuter avec moi, n’hésitez pas à m’envoyer un mail ou à consulter mon profil Linkedin. Je suis donc en ce jour à la fois chercheur d’emploi et/ou aspirant entrepreneur.

Beaucoup de changements et de défis pour 2014. Pour moi mais, je l’espère, également pour vous et pour notre société toute entière. Car, après tout, ne sommes-nous pas la société ? Bonne année et bonnes lectures pour 2014 !

 

Photo par Tableatny.

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