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Pourquoi les experts judiciaires sont-ils si chers ?

jeudi 10 janvier 2013 à 18:28
Pour tenter de répondre à cette question, je vais commencer par copier/coller le début d'un billet de Maître Eolas, intitulé "Pourquoi les avocats sont-ils si chers":
"Tant ma propre expérience que des enquêtes réalisées par l’ordre montre qu’un des principaux obstacles qui font renoncer des clients potentiels à solliciter les services d’un avocat est la question du coût. Je crois me souvenir d’une enquête d’où il ressortait que 76% des personnes interrogées estimaient que les avocats étaient trop chers, surtout sur les petits litiges du quotidien.
Soyons clairs : dans ce dernier cas, c’est vrai.
Pour un litige de consommation sur une somme de 400 ou 500 euros, qui constitue en soi un préjudice appréciable et qui fait que l’acheteur mécontent n’a pas envie de baisser les bras, les honoraires risquent d’être supérieurs au montant en jeu.
Alors, sommes nous assoiffés d’argent, âpres au gain et méprisant pour les revenus modestes ?
Bien sûr que non.
"
Pourquoi la suite de ce texte ne peut-il pas s'appliquer aux experts judiciaires ? Parce qu'un expert judiciaire n'est pas une profession libérale et que les honoraires versés par ses clients ne sont pas sa seule source de revenu. "Expert judiciaire" n'est d'ailleurs pas une profession, mais une activité complémentaire à une profession.

Pour autant, le Tribunal de Grande Instance de Chateauroux a écrit : "L'expert judiciaire est un collaborateur occasionnel du service public de la justice qui exerce une activité professionnelle principale située en dehors de la sphère judiciaire et qui est considéré par les services judiciaires comme prestataire de service assurant directement et personnellement ses obligations sociales et fiscales sans l'entremise du ministère de la Justice y compris dans son activité d'expert judiciaire" (Revue Experts n°69 de décembre 2005).

En 2007, j'avais écrit un billet consacré à la note de frais et honoraire d'un expert judiciaire. Le billet commençait par cette phrase: "S'il y a bien un sujet tabou, c'est la façon dont les experts rédigent leurs notes de frais et honoraires". J'y explique ensuite comment je rédige ma note de frais, comment et combien je facture les différents frais et débours. Le billet est toujours d'actualité, même si les tarifs que j'applique ont été depuis mis à jour.

Ce que je n'avais pas développé, et qui pourtant m'avait étonné dès le début de mon activité d'expert judiciaire, c'est que les tarifs des experts judiciaires peuvent être considérés comme libres: chaque expert fixe lui-même ses tarifs.

Mais quel est le montant d'une juste rémunération, et qui devrait la fixer ?

J'ai assisté sur Twitter à la grosse colère d'un avocat dont j'aime le franc parler, Maître @eBlacksheep, et qui m'a autorisé à la reproduire ici (attention, expert judiciaire sensible s'abstenir) :
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T01: Une réunion de 2 heures, une provision de 3000 €. Il redemande 1800 € de provision dès sont premier CR. Expert, un métier riche de fdp.

T02: Sinon, c'est quand qu'on encadre les tarifs des experts judiciaires ? Parce que là on leur crée juste des soucis d’optimisation fiscale.

T03: De toutes façons, la partie qui conteste les provisions honteuses est cuite et se fera démonter par l’Expert, intéressé.

T04: Les Experts judiciaire ont donc un pouvoir absolu sur la facturation de leurs prestations et en profitent largement. Système pourri.

T05: Alors bien sûr il y a des Experts honnêtes mais ils sont SI rares.

T06: Un Expert, c'est un braqueur qui a réussi.

T07: Quand au contrôle des magistrats chargés du "suivi" des expertises, il est théorique, les contrôleurs ayant d'autres chats à caresser.

T08: L’Expert qui facture 4 heures de travail pour un CR très aéré et factuel. Pas de soucis.

T09: Ah sans oublier une provision pour la rédaction d'un pré-rapport (qui sera le CR à peine modifié) de 6 vacations : 10 vacations pour ?

T10: Sans oublier que l'Expert facture son temps de... facturation : 1 vacation pour la rédaction de l'ordo de taxe (qui est un acte du juge).

T11: Après 10 vacations pour un CR et un pré-rapport, l'Expert provisionne 8 heures pour le rapport. Ces trois actes ne sont qu'un ou presque.

T12: Nous avons donc 18 heures de travail facturées pour un rapport sur DEUX désordres simples qui fera 15 pages aérées hors annexes.

T13: L'expert judiciaire est donc un Expert en facturation avant tout.

T14: Confrères, faisons comme nos amis Experts Judiciaires, facturons le temps passé à facturer !

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La charge est rude, mais ce n'est pas la première fois que j'entends cette chanson. Le comportement décrit ici est assez loin de l'idée que je me fais de l'expert judiciaire.

Si une personne est laissé libre d'évaluer la valeur qu'elle pense valoir, la surévaluation n'est jamais très loin. Le problème existe réellement, comme souligné par Maître @eBlacksheep : si le contrôle de l'expertise par le magistrat qui en a la charge n'est pas correctement effectué, la tentation est grande pour certains experts d'une inflation des honoraires. Vous connaissez sans doute l'histoire drôle qui coure sur nous, les français en général:
Comment devenir riche ???
Acheter un français au prix qu'il vaut et le revendre au prix qu'il croit valoir !
Cela vaut malheureusement pour certains experts.

Depuis que les magistrats peuvent choisir des techniciens en dehors des listes établies auprès des Cours d'Appel (moyennant justification), une certaine "concurrence" aurait du voir le jour. Hélas, le manque de moyens de l'institution judiciaire semble faire fuir les "prestataires de service" et ne permet pas de voir organisé un réel contrôle des coûts des expertises, comme proposés dans le rapport Bussière/Autin:
- Préconisation n°4: "Diffuser au niveau de chaque cour d’appel au profit exclusif des magistrats des éléments d’information sur les coûts et délais moyens des expertises réalisées par les différents experts inscrits sur la liste."
- Préconisation n°5: "Faire établir par l’expert dès la mise en œuvre de sa mission un calendrier des opérations d'expertise et un relevé du montant des frais et honoraires au fur et à mesure de leur engagement."
- Préconisation n°7: "Développer localement les chartes entre les compagnies, les juridictions et les avocats afin de promouvoir les bonnes pratiques permettant une réduction des frais en cours d’expertise (cf. chartes de la Cour d’Appel de Paris, de Versailles…)."

Beaucoup d'experts attendent des années (!) le paiement de leurs travaux et des frais qu'ils ont avancés dans la réalisation de leurs expertises. Le rapport Bussière/Autin préconisait pourtant:
- Préconisation n°8: "Modifier l’article 280 du code de procédure civile pour rendre obligatoire la demande par l’expert de consignation complémentaire si la provision initiale s’avère manifestement insuffisante."
- Préconisation n°11: " Clarifier et simplifier les circuits de paiement en vue d’abréger les délais de règlement notamment dans le cadre de l’application du logiciel CHORUS."
- Préconisation n°12: "Mettre financièrement les juridictions en capacité de régler sur toute l’année les mémoires des experts dans des délais raisonnables."
- Préconisation n°13: "Modifier l’article R.115 du code de procédure pénale afin de permettre le versement d’acomptes provisionnels allant jusqu’à 50% du montant des frais et honoraires prévus."

Toutes ces préconisations étant restées lettre morte, certains experts prennent peut-être les devants en "surévaluant" les premières étapes de leur expertise, afin d'arriver à obtenir la juste rémunération de leur travail. Mais alors la tentation est grande de surévaluer jusqu'au bout, de facture tout le temps passé, y compris l'autoformation, ou le temps de facturation.  Le magistrat en charge de l'expertise devra alors donner raison à la partie qui aura demandé des comptes à l'expert indélicat. Mais alors la tentation sera grande également pour la partie ayant perdu son procès d'accuser l'expert et de le mettre en cause. Même s'il a fait correctement son travail et demandé une juste rémunération...

Rassurez-vous , cela arrive tous les ans.

Pour conclure, et essayer de répondre finalement à la question soulevée en titre de ce billet, pourquoi les experts judiciaires sont-ils si chers, je reprendrai cette blague que l'on raconte sur les ingénieurs :
C’est l’histoire d’un ingénieur qui a un don exceptionnel pour réparer tout ce qui est mécanique. Après toute une carrière de bons et loyaux services, il part à la retraite, heureux.

Un jour, son ancienne entreprise le recontacte pour un problème apparemment insoluble sur l'une de leur machines à plusieurs millions d'euros. Ils ont tout essayé pour la refaire fonctionner et malgré tous leurs efforts, rien n’a marché. En désespoir de cause, ils l’appellent, lui qui tant de fois par le passé a réussi à résoudre ce genre de problème.

A contre cœur, l’ingénieur à la retraite accepte de se pencher sur le problème. Il passe une journée entière à étudier et analyser l’énorme machine. A la fin de la journée, avec une craie, il marque d’une petite croix un petit composant de la machine et dit "Votre problème est là..."

L'entreprise remplace alors le composant en question, et la machine se remet à marcher à merveille.

Quelques jours plus tard, l'entreprise reçoit une facture de 10 000 euros de l’ingénieur. La jugeant un peu élevée, elle demande une facture détaillée, et l’ingénieur répond alors brièvement :
- Une croix à la craie : 1 €
- Pour savoir où la mettre : 9 999 €.

La société paya la facture et l’ingénieur repartit dans sa retraite heureuse.
C'est une histoire drôle, à condition que l'ingénieur ait été réellement bon ET que l'entreprise ait effectivement payé la facture. Dans tous les autres cas: ingénieur voulant faire illusion ou entreprise refusant de payer la facture, c'est une histoire triste.

Cela vaut pour les experts judiciaires.

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Source image yodablog.net


Mariage pour moi

lundi 7 janvier 2013 à 13:46
Il me semble possible d'écrire ici un billet d'opinion, sans que cela ne provoque l'ire de mes lecteurs habituels qui savent que ce blog est un blog personnel.

Depuis plusieurs mois, je vois passer des messages enflammés sur le sujet d'un projet de changement législatif sur le mariage civil. Bien que n'ayant pas étudié le futur texte législatif, j'ai ma propre opinion sur le sujet, et j'espère naturellement voir mon pays évoluer dans ce sens.

Tout d'abord, rappelons quelques données pour tenter d'éclairer un peu le terrain qui m'intéresse :

- d'après la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, "à partir de l'âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution".

- en France, la loi du 20 septembre 1792 instaure le mariage civil, enregistré en mairie. Le mariage civil devient alors la forme légale du mariage. Le mariage religieux, qui n'a pas de valeur légale, reste un choix individuel. Dans la majorité des cas, les deux cérémonies civile et religieuse sont effectuées. (source Assemblée Nationale)

- selon Wikipédia, et la rédaction de l'article me satisfait : "L'homosexualité est le désir, l'amour, l'attirance ou les relations sexuelles entre personnes de même sexe, selon une perspective comportementaliste ou empirique. C'est également un goût, une orientation sexuelle, selon une perspective psychologique ou sociologique. L'homosexualité fait partie de la sexualité humaine mais aussi animale.
Parmi les personnes ayant une part d'homosexualité, on établit des distinctions. Une femme lesbienne ou un homme gay est exclusivement attiré par une personne de même sexe. Un homme bisexuel ou une femme bisexuelle est aussi attiré par une personne de sexe opposé. Aujourd'hui, ces personnes sont parfois désignées sous les termes de communauté homosexuelle, ou LGBT (qui comprennent également les hommes trans et les femmes trans).
"


Ce qui m'intéresse ici, ce sont des comportements sexuels différents du mien. Il existe des manière d'aimer très différentes de la mienne, qui me choquaient quand j'étais adolescent et sur lesquelles mon opinion a beaucoup évolué. Aujourd'hui, je trouve normal que deux femmes ou deux hommes puissent s'aimer et l'afficher au reste du monde.

Pour moi, le mariage (civil) représente la manière la plus simple de montrer à la communauté, et en particulier à l’État qui en codifie les règles, que l'on souhaite construire quelque chose ensemble dans la durée.

Je suis intimement persuadé qu'un couple est plus fort que la simple addition de ses forces. Il y a quelque chose de plus dans le travail en équipe qui permet d'être plus performant. A deux, on construit plus vite, plus haut, plus fort (Citius, Altius, Fortius).

Et par construction, j'entends aussi bien la réalisation d'un projet immobilier que l'éducation d'un ou plusieurs enfants. L'amour n'est pas comme un gâteau dont les parts diminuent en taille quand elles augmentent en nombre. On peut aimer autant un être, deux êtres, trois êtres et plus encore (j'ai trois enfants et une femme que j'aime immensément). Un couple de gai(e)s peut éduquer avec autant de réussite un ou plusieurs enfants qu'un couple de non gai(e)s. Je ne vois pas en quoi l'apprentissage et le développement des facultés physiques, psychiques et intellectuelles seraient liés à l'orientation sexuelle des professeurs.

Il y a bien une chose qu'un couple de personnes de même sexe ne peut pas faire en système fermé : la reproduction. Et alors ? C'est plutôt triste un couple infertile qui souhaite avoir des enfants. Il me semble d'ailleurs que pour aider ces couples, la société a eu l'idée de l'adoption et de la procréation médicalement assistée. Attention, je ne dis pas que tous ces concepts sont simples et ne posent pas des problèmes éthiques, technique et légaux. Je dis simplement que ces problèmes me paraissent indépendants de la pratique sexuelle des parents.

Il est d'ailleurs intéressant de regarder ce qui se passe ailleurs, parfois simplement chez nous, mais loin. Par exemple en Polynésie avec l'adoption FA'A'AMU. En Polynésie l'enfant est roi, et ses parents ont pour tradition, s'ils ne peuvent pas lui assurer un avenir serein, de le confier à la famille, à des amis. Lire à ce sujet ce billet très intéressant.

Non, vraiment, je ne vois pas au fond de moi une résistance à ce que les couples de gai(e)s puissent s'aimer, se marier, avoir des enfants, des petits-enfants, construire une famille, divorcer, se remarier...

En tant que père, je ne souhaite que le bonheur de mes enfants. Et en tant que conseiller municipal, j'accepterai avec grand plaisir de les marier à la personne de leur choix, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion. Ou le sexe.

Prochaine étape: le mariage des polyamoureux.
Citius, Altius, Fortius...

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Source image Blog de Laurel (avec son aimable autorisation)

Résolutions 2013

vendredi 4 janvier 2013 à 16:44
Presque chaque année, je fais un bilan des résolutions prises l'année précédente pour voir ce que j'ai réussi à tenir et ce qui a été, ma foi, un vœu pieu.

Je m'appuie donc sur mon billet de l'année dernière et commence par les résolutions 2011 non tenues et reportées sur 2012 :

- acquérir une paire de lunette vidéo 3D.
Toujours pas. J'attends chaque année avec impatience la sortie de cette IHM, sorte de Graal pour moi, à un prix raisonnable. Il y a bien quelque chose qui m'intéresse, mais encore trop cher pour me faire craquer. 2013 devrait être l'année de sortie des lunettes "Project Glass" de Google, et aussi celles de Microsoft, ce qui devrait booster un peu ce secteur. On verra bien !
- arriver à faire fonctionner cette $#%µ& régulation de chauffage au boulot.
Ça y est, le chantier a démarré in extremis en novembre 2012 et devrait me permettre de garantir à tous les étudiants et au personnel des températures correctes pendant l'hiver, ainsi que l'été. Je pense que je ferai un billet complet sur la GTB, tant le sujet est passionnant.
- m'intéresser de plus près aux outils des Pentesters.
J'ai pu assister avec bonheur au SSTIC de Rennes et y apprendre une foultitude de choses. Mais c'est quand même un univers très complexe (mais passionnant). A renouveler si j'arrive à avoir une place.
- assister au moins une fois à une Berryer.
Je crois que je n'y arriverai pas: je ne me déplace pas assez souvent à Paris et à chaque annonce de conférences, je ne peux pas me libérer. Je crois que je vais retirer cette résolution et attendre que cela vienne tout seul, le hasard faisant bien les chose.
- postuler pour une inscription sur la liste de la Cour de Cassation.
J'ai commencé la constitution du dossier, mais j'ai bloqué en cours de rédaction. Je ne me sens pas prêt à intervenir au niveau national (si je suis accepté sur la liste) par manque de compétences, de moyens et de temps. Je ne suis pas sur d'avoir la carrure pour intervenir dans des dossiers de grande envergure.
- suivre plus de formations techniques, en particulier auprès des pentesters.
Il est difficile de mener à bien correctement plusieurs activités, et le développement de nouvelles compétences techniques est très chronophage. Sans compter que pour atteindre un niveau intéressant, il faut pratiquer, pratiquer et pratiquer sans cesse. Pour ne pas parler des compétences, je dirai donc que le temps me manque ;-)
- mettre en place des enquêtes de satisfaction clients auprès des étudiants.
Curieusement, j'ai réussi ce point sans passer par la méthode que j'envisageais. J'assiste simplement à presque toutes les réunions de la vie associative de l'école où je collecte en direct les besoins des étudiants (les plus impliqués). C'est un moyen simple de "sentir" la satisfaction des principaux "clients" du service informatique et du service technique. Pour l'instant, ça marche assez bien.
- finir l'implantation de l'aire d'accueil des gens du voyage et les accueillir.
Encore raté, et toujours pour la même raison que l'année dernière: la commune voisine a fait un recours contre notre décision, au motif qu'elle trouve que l'implantation que l'on a choisie est trop proche de son territoire... Affaire à suivre, car j'ai hâte d'accueillir les premiers occupants.

Voici ensuite le bilan des résolutions pour 2012 :

- mettre à jour et étoffer l'offre de conférences sur l'expertise judiciaire (et revoir mes tarifs ;-) que je propose aux lycées, aux universités et aux grandes écoles.
J'ai participé avec bonheur à Rennes au SSTIC 2012 où j'ai pu rencontrer des personnes très intéressantes et des lecteurs du blog. J'ai également été contacté par plusieurs personnes pour venir parler de l'activité d'expert judiciaire (et de blogueur). Je peux dire que cette résolution 2012 a été réalisé au delà de mes espérances.
- passer (et rester!) sous la barre mythique des 25 pour mon IMC...
 Malgré un suivi régulier et des efforts surhumains, cette résolution est un échec total. Pourtant, perdre 5 kg ne me semblait pas impossible. Je ferais mieux en 2013...
- apprendre à déléguer efficacement pour mettre en valeur mes collaborateurs et les faire progresser.
Le bon management est un art difficile. Je m'emploie chaque année à m'améliorer en la matière. J'ai de bons retours et quelques désillusions.
- maintenir avec plaisir le rythme de 4 à 5 billets par mois.
J'ai encore du plaisir à partager mes expériences, mes angoisses, mes peines et mes joies sur ce blog. J'ai écris 79 billets en 2012 (contre 50 en 2011 et 65 en 2010), soit presque 7 par mois.Je vais essayer de garder ce rythme pépère pour 2013.
- continuer à répondre présent aux magistrats qui me le demandent.
L'année 2012 a été une année avec très peu de dossiers confiés par les magistrats. Cela me laisse toujours un peu perplexe, car je ne sais jamais pourquoi je suis moins sollicité: est-ce parce que je donne moins satisfaction, parce que je tiens un blog, parce que j'ai écris au Président de la République, parce que l’État ne finance plus notre Justice ? Mystère. Mais à chaque fois qu'un magistrat me contacte, je réponds avec diligence et rend mon rapport rapidement. Enfin, j'essaye...
- manger un fruit par jour...
Là clairement, j'ai un problème. Je vais retenter cette année, mais je n'y crois pas beaucoup ;-)

Et donc, voici la liste de mes résolutions pour 2013 :

1) Acquérir une paire de lunette vidéo 3D.
2) Passer (et rester!) sous la barre mythique des 25 pour mon IMC...
3) Maintenir avec plaisir le rythme de 4 à 5 billets par mois.
4) Continuer à répondre présent aux magistrats qui me le demandent.
5) Manger un fruit par jour...
6) Préparer (cette fois) et participer aux 24 heures du Mans (vélo) 2013.
7) Participer à des randonnées d'aviron pour aider les points n°2 et 5.
8) Participer plus activement à la promotion des logiciels libres.
9) Continuer le vélo quotidien, l'aviron hebdo et reprendre la course à pied.
10) Sortir les tomes 4 et 5 du blog.
11) Mettre tous les tomes en version numérique gratuitement en ligne sur l'Apple Store, Google Play, Amazon et Windows store.
12) Ranger mon bureau, le garage, mon bureau pro et mon côté de la chambre.
13) Maîtriser parfaitement l'AR.Drone 2.0 que le "père" Noël" m'a offert parce que j'ai été très sage...

Bon, c'est une liste de bonnes résolutions, hein ;-)
Rendez-vous dans un an pour voir.


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Source image Megaportail

 

Voeux 2013

mercredi 2 janvier 2013 à 13:35
Mes vœux seront très simples et parfaitement surannés, mais sincères: bonne et heureuse année 2013, et surtout bonne santé ;-)



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Source photo Megaportail

Le morpion du jour des trois jours

dimanche 30 décembre 2012 à 05:00
Dans le cadre des rediffusions hivernales, le billet d'aujourd'hui a été publié le 22 juin 2009 et était le premier de ma rubrique "Service militaire". J'ai été assez surpris du succès de cette rubrique, surtout auprès des plus jeunes de mes lecteurs, si j'en juge par les commentaires. Bonne (re)lecture ;-)

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J'ai conscience que beaucoup de lecteurs de ce blog viennent pour y lire des anecdotes sur le monde de l'expertise judiciaire. C'est mal connaitre l'"esprit" de ce blog: j'y confie tout ce qui me passe par la tête ou presque et entre autre chose des anecdotes pour ma famille et mes amis. J'ai décidé d'inaugurer une nouvelle rubrique dans la catégorie "privée": des anecdotes sur mon service militaire. A petite dose.

Je n'ai jamais vraiment aimé l'armée, mais j'ai toujours trouvé qu'elle représentait un mal nécessaire, un passage obligatoire qu'il fallait prendre du meilleur côté possible. Évidemment, maintenant que le service militaire n'est plus obligatoire, cela fait un peu "vieux papi". Mais il fut un temps pas si lointain où pour tous les garçons qui atteignaient 18 ans, la question militaire devenait incontournable.

Les trois jours
Dans mon lycée, les pires légendes couraient sur ces fameux trois jours de casernement: les lits étaient sales, les douches collectives malodorantes, il fallait se lever à cinq heures du matin pour passer son temps à attendre...

Déjà, la plupart du temps, les trois jours n'en duraient qu'un seul. En tout cas, ce fut le cas de tout ceux qui m'accompagnaient. Arrivés le matin, nous avons commencé par des tests de logique: une heure à cocher des cases en courant contre la montre. Mes amis redoublant m'avaient prévenu: tu ne finiras pas le questionnaire. Il faut essayer de répondre juste au maximum de questions.

On nous a fait ensuite patienter une heure le temps pour les appelés de procéder à la correction.

Munis de nos résultats, nous voici en train de poursuivre le parcours fléché vers étape suivante: la visite médicale.

Je ne suis pas quelqu'un qui fait les premiers pas quand je ne connais personne. J'étais donc un peu isolé parmi la dizaine de petits groupes qui s'étaient formés alentour. Un gars plutôt rondouillard s'approche de moi et me demande si je sais où il faut aller pour la suite. Je lui réponds qu'il suffit de suivre les énormes flèches et de lire les indications. Pas rassuré pour autant, il me demande la note que j'ai obtenu aux tests. Je lui réponds discrètement: j'ai eu 20. Il me regarde avec des yeux tous ronds: quoi! A ben ça alors. Moi j'ai eu 7 et j'aurais voulu travailler comme cuisinier. Ils m'ont dit qu'il fallait avoir au moins 10 pour s'engager.

Je compatis avec lui. Il me suivra toute la journée, se méfiant des flèches et des indications, préférant suivre mon 20 plutôt que son bon sens à lui. Je ne sais s'il a eu raison.

La visite médicale est un grand classique. Nous voici dix alignés face à un mur sur lequel sont accrochés dix urinoirs. Au commandement, nous avançons avec notre flacon de verre vide pour le remplir. Quelques minutes ensuite, nous nous reculons avec notre verre de liquide chaud à la main. Sauf mon camarade d'infortune qui, tout rouge, annonce d'une petite voix qu'il n'a plus envie, ayant cédé à un besoin naturel quelques instants avant la visite médicale. L'appelé de service lui explique qu'il doit pouvoir fournir quelques gouttes en se forçant un peu... Ce qu'il fera avec grandes difficultés et moultes soupirs.

Puis vient l'examen de l'acuité visuelle. Nous sommes en file indienne. Je suis juste derrière mon camarade cuisinier. Lorsque le médecin lui demande de se cacher l'œil droit, je le vois mettre sa main sur l'œil droit et appuyer fortement dessus tout en lisant les lignes de caractères. Quand le médecin lui demande de faire la même chose avec l'autre œil, son œil droit était devenu incapable de lire quoi que ce soit... Le médecin haussa les épaules et cria: suivant! Je prie bien garde à placer ma main devant mon œil. On apprend toujours des erreurs d'autrui.

Tous les futurs appelés ayant eu au dessus de 15 aux tests de logique devaient passer un autre test que j'attendais avec impatience: le test de morse. Nous allions passer une heure à nous entrainer à apprendre à reconnaitre trois lettres, I N et T[*]. L'entrainement consistait à suivre les indications fournies dans les hauts parleurs par une bande magnétique. Chaque époque a ses NTICE. Passé l'heure d'entrainement, l'épreuve proprement dite commençait. Mes amis m'avaient prévenu: la grille des réponses comportait des groupes de cinq lettres à remplir. Les hauts parleurs allaient passer les sons morses à un rythme initial très lent, puis accélérer sensiblement jusqu'à soutenir un rythme tellement rapide qu'il était impossible pour un débutant de le soutenir. Le truc consistait alors à sauter les groupes de cinq lettres non reconnues et d'essayer de grappiller des points en saisissant au vol quelques groupes de lettres. Résultat: 20 :)

C'est probablement pour cela que j'ai ensuite effectué mon mois de classes dans les transmissions. Cela ne peut pas être un hasard...

PS: Je n'ai jamais su ce qu'était devenu mon camarade morpion du jour des trois jours. S'il me lit ici, qu'il sache que si j'avais l'air sur de moi, j'étais également un peu perdu. J'espère qu'il a trouvé le bonheur qu'il méritait.

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[*] INT, c'était également le nom d'une grande école d'ingénieurs: l'Institut National des Télécommunications. Un hasard??