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source: Zythom

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25 ans dans une startup - billet n.52

vendredi 1 mars 2019 à 05:00
Introduction - billet n.51

La DRH me reçoit avec le sourire : "Alors Zythom, qu'est-ce qui ne va pas pour que tu me demandes un rendez-vous officiel ?"

Je réponds d'une voix calme mais avec le cœur qui bat à 220 ppm :

"Bonjour, après 24 années passées dans l'entreprise, je souhaite négocier une rupture conventionnelle de mon contrat de travail".

A suivre (lundi prochain)...

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

Extrait de http://salemoment.tumblr.com/
avec l'aimable autorisation de l'auteur Olivier Ka



25 ans dans une startup - billet n.51

jeudi 28 février 2019 à 05:00
Introduction - billet n.50

Le directeur général annonce sa décision aux personnes présentes, puis se tourne vers moi avec un sourire et me dit : "Alors Zythom, vous en pensez quoi ?"

Deux ans que je lui explique pourquoi les projets importants avancent lentement, deux mois que je lui présente les éléments factuels, les signes dangereux, et il me regarde avec les yeux plissés et me demande ce que j'en pense...

J'ouvre la bouche pour répondre, mais une autre personne prend la parole et les débats changent de sujet. Je reste coi.

Quelque chose en moi s'est brisée. Une corde a lâché.

Une décision prend forme dans mon esprit. Je demande à rencontrer la DRH, et rendez-vous est pris pour le lendemain.

Le soir, je discute longuement avec mon épouse.

A suivre...

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

Extrait de http://salemoment.tumblr.com/
avec l'aimable autorisation de l'auteur Olivier Ka



25 ans dans une startup - billet n.50

mercredi 27 février 2019 à 05:00
Introduction - billet n.49

"Zythom, j'ai consulté certains membres du comité de direction, et j'ai pris ma décision : nous sommes encore trop petits pour augmenter l'équipe informatique. C'est non à votre demande de recrutement d'un chef de projet."

Il m'explique ensuite ses arguments habituels.

Je ne l'écoute plus. Je suis sidéré.

24 années passées dans cette entreprise, startup devenue grande: 1200 étudiants, 75 salariés sur deux continents, 200 vacataires... Nous sommes en 2017 et l'informatique reste considérée comme un centre de coûts.

24 années passées à construire un système d'information adapté aux besoins des utilisateurs, ni trop luxueux, ni trop chiche. Des défis technologiques remportés en silence, discrètement : virtualisation des serveurs, virtualisation des systèmes de stockage (VSAN), réseaux wifi, sécurisation des accès internet, remplacement des 400 ordinateurs par cinquième, évolution des systèmes d'exploitation, passage de certaines applications en mode SaaS, cloud...

24 années à servir les utilisateurs, les enseignants, les étudiants, les membres du comité de direction, la stratégie de développement, les projets des uns et des autres.

Et le jour où j'atteins les limites, où je les explique, où je les démontre, le directeur général et "son consultant occulte" m'expliquent que ce n'est pas le moment de recruter un chef de projet, même pas cher.

Le directeur général m'explique qu'il annoncera sa décision demain en comité de direction réduit, mais qu'il avait souhaité m'en parler avant.

Je suis rentré le soir chez moi le cœur lourd.

Le lendemain, la réunion commence.

A suivre...

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

Extrait de http://salemoment.tumblr.com/
avec l'aimable autorisation de l'auteur Olivier Ka



25 ans dans une startup - billet n.49

mardi 26 février 2019 à 05:00
Introduction - billet n.48

Tous les membres du comité de direction voulaient que les outils informatiques soient à jour, avant-gardistes, ergonomiques, intégrés, "plus jolis", avec authentification unique, et le faisaient savoir avec insistance. A moi, ou au directeur général. Au bout de quelques semaines, je prends conscience que ça ne peut pas fonctionner.

Je déclenche un entretien annuel avec mon chef, le directeur général.

L'entretien durera deux heures, avec une tension palpable dans l'air. Ne pouvant pas claquer la porte de son propre bureau, son visage se fermait au fur et à mesure de l'entretien. L'entretien se terminera sur ces mots : "Zythom, j'ai bien compris que vous voulez augmenter votre équipe en recrutant un chef de projet. Je vous donne ma réponse dans quelques jours. J'ai besoin de consulter."

Besoin de consulter ? Mais qui ?

Je ne dis rien et je sors de son bureau un peu surpris.

Nous sommes l'été 2017, et depuis quelques jours je ne dors plus. J'envisage tous les cas possible. Je fais le point sur mes motivations. J'ai 54 ans... Cela fait 24 ans que je travaille dans la startup, qui n'en n'est plus une depuis longtemps.

Le directeur général m'indique qu'il viendra me voir dans mon bureau en début d'après-midi. La matinée passe très doucement. Je sais qu'il a enfin compris l'importance de l'IT dans une école d'ingénieurs privée comme la notre. Je sais qu'il sait qu'on a atteint une limite. Je lui ai montré les indicateurs, les comparatifs avec des écoles concurrentes de même nature, les besoins, le retard...

Il entre dans mon bureau.

A suivre...

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.




25 ans dans une startup - billet n.48

lundi 25 février 2019 à 05:00
Introduction - billet n.47

Mai 2017, n'en pouvant plus, je décide de jouer cartes sur table avec mon patron. Je demande à faire un point avec lui. Je lui rédige un "schéma directeur des systèmes d'information" argumenté. Le jour J, je lui explique que la "transition numérique" ou "la révolution digitale" quelque soit le nom qu'on lui donne, demande un sérieux effort de mise à niveau du SI de la startup : projet de refonte de l'environnement numérique, intégration des briques applicatives autour de l'ERP, niveau de sécurité insuffisant, évolution des réseaux, des pare-feu, des serveurs de virtualisation, du PRA, etc. Il est d'accord avec moi sur tout le programme.

Je lui rappelle que depuis plusieurs années tout le service informatique est sur le pont et travaille dur pour que le système d'information donne satisfaction à l'ensemble des utilisateurs.

Il reconnaît ce point.

Je lui explique alors que l'équipe en place est insuffisante pour mener à bien tous ces projets, et qu'il faut recruter un chef de projets.

Voici sa réponse : "Zythom, si je comprends bien, vous voulez moins travailler !"

Mes bras sont tombés par terre.

"Moins travailler, mais non. Je veux toujours travailler autant, mais là, ce n'est plus possible. Tout le monde est en mode "best effort", mais la barque s'alourdit et, même si tout le monde rame en cadence et dans le même sens, nous coulons."

Sa réponse est impitoyable : "nous sommes trop petits pour augmenter nos effectifs. Impossible de recruter. Faites avec ce que vous avez, comme vous pouvez".

Il sort en claquant la porte de mon bureau... Petite humiliation mesquine.

Je comprends parfaitement qu'un dirigeant puisse avoir une vision stratégique différente de la mienne, et j'admets que ça soit de sa responsabilité de faire des choix stratégiques et de les assumer.

Dans mon cas, j'étais allé au bout des possibilités de mon équipe, et les autres responsables refusaient de partager des ressources humaines, quand bien même les personnes étaient intéressées pour participer au développement du système d'information. Le chef de projet qui souhaitait poursuivre le développement de l'environnement numérique post-site d'inscription a été contraint par sa hiérarchie de réintégrer à plein temps le service communication de la startup malgré mes demandes.

Si le directeur général me dit "faites comme vous pouvez", j'en déduis qu'il me soutiendra lorsque les reproches fuseront sur la lenteur d'avancement des projets.

Ça n'a pas été le cas. Et au premier coup de vent, j'ai été désigné comme seul responsable.

A suivre...

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.