PROJET AUTOBLOG


Zythom

source: Zythom

⇐ retour index

SPIP et la récidive

mercredi 17 mai 2023 à 15:41

Le billet précédent intitulé “Du côté du pédophile” m’a valu une avalanche de messages plus ou moins bienveillants, certains internautes n’ayant lu que le titre du billet et d’autres ne supportant pas qu’une personne soupçonnée de pédopornographie puisse être défendue, et encore moins relaxée au bénéfice du doute.

N’écoutez pas l’opinion publique qui frappe à la porte de cette salle. Elle est une prostituée qui tire le juge par la manche, il faut la chasser de nos prétoires, car, lorsqu’elle entre par une porte, la justice sort par l’autre.

Extrait de la plaidoirie de Me Paul Lombard, avocat de Christian Ranucci, devant la Cour d’assises des Bouches-du-Rhône

Et parmi ce déluge de haine, un message de lumière, du type de ceux qui redonnent espoir en la nature humaine : un message d’un agent du SPIP.

Dans mon parcours personnel, Spip a d’abord désigné le petit écureuil sauvé par Spirou dans L’Héritage de Bill Money, puis après ma rencontre avec l’avocate qui illumine ma vie, le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation, et enfin le fameux Système de Publication pour l’Internet dont la mascotte est également un écureuil.

Voici donc un extrait du message que m’a envoyé un membre du SPIP qui m’a autorisé à le reproduire ici :

Réaction à votre dernier billet

Pour situer ma question, je travaille désormais pour le service pénitentiaire d’insertion et de probation. A ce titre, il m’est arrivé d’accompagner des personnes condamnées pour détention d’images pédopornographiques. L’un de nos objectifs est de prévenir la récidive.

Le suivi, en milieu pénitentiaire ou à l’extérieur, articule plusieurs démarches, en fonction du profil de l’individu. Le principe est le suivant : j’étudie la situation de l’usager, et nous identifions un ou plusieurs éléments dont la résolution permettrait de diminuer la probabilité d’une récidive. Pour les délinquants sexuels, le travail sur les faits est une des modalités du suivi, et il peut être crucial.

Dans le cas précis de la détention d’images pédopornographiques, plusieurs personnes condamnées adoptent un discours fréquemment similaire sur le contexte de commission de l’infraction.

Elles indiquent qu’elles fréquentaient des sites pornographiques "classiques", téléchargeaient des fichiers vidéo et, d’un site à l’autre, se sont retrouvées sur des sites internet qui auraient téléchargé automatiquement des fichiers interdits sur leur disque dur de manière involontaire ; elles ne reconnaissent pas les avoir recherchés, ni avoir souhaité les charger sur leur disque dur.

Leur propos sonne fort improbable aux oreilles des professionnels ; il ressemble à une tentative plus ou moins assumée de se dédouaner ; je crois aussi que certains se convainquent d’une histoire qui leur permet de s’arranger avec leur culpabilité reconnue.
De ce fait, il est important pour le professionnel de reconnaître la part de vraisemblance de ce discours.

Concrètement, mes questions sont les suivantes :

- Est-il possible que des fichiers illégaux soient téléchargés par l’utilisateur d’un site pornographique « classique », à son insu ou, en tout cas, de manière indésirable ?
- Cet aspect volontaire du téléchargement est-il discernable à l’expertise ?
- Cet aspect volontaire fait-il systématiquement partie des questions posées à l’expert dans les ordonnances de commission ?
- Dans le cas contraire, quand vous répondiez à votre mission d’expert, apportiez-vous une information sur cet aspect, en considérant par exemple qu’il s’agissait d’une notion couverte par les « éléments permettant la manifestation de la vérité » ?

1) Est-il possible que des fichiers illégaux soient téléchargés par l’utilisateur d’un site pornographique « classique », à son insu ou, en tout cas, de manière indésirable ?

Avant de répondre à cette question, je précise que la personne autrice du message a précisé pourquoi elle utilisait l’expression site pornographique “classique” : Il me semble que les exploitants de ces sites pornographiques « classiques » ne sont pas forcément respectueux des règles de la propriété intellectuelle, ni même des personnes qui y apparaissent, ce qui me pousse à employer cet adjectif plutôt que « légal », qui me paraît inapproprié.

Le fonctionnement usuel d’un navigateur internet met en jeu un système de plusieurs caches, dont l’un se trouve sur l’ordinateur de l’internaute. Surfer sur internet revient donc à télécharger sur son ordinateur des images, des vidéos et différents fichiers textes, le tout stocké en mémoire vive de l’ordinateur et également dans le cache du navigateur, ce qui fait le régal des experts qui analysent son contenu lorsque la machine est entre leurs mains.

Il est donc parfaitement possible qu’un internaute télécharge des fichiers à son insu, l’exemple le plus fréquent étant le pixel espion utilisé dans les technologies de pistage.

Beaucoup de sites pornographiques sont financés par de la publicité, et lorsque celle-ci s’ouvre dans de multiples fenêtres ou différents bandeaux plus ou moins attendus par l’internaute, il n’est pas rare que certaines images, images animées ou vidéos se retrouvent dans le cache du navigateur. Et parmi ces éléments non sollicités se glissent parfois des scènes non conformes à la législation, ou qui y ressemblent fortement.

Je voudrais aussi souligner que la notion de “fichiers illégaux” relève de l’appréciation d’un magistrat, et qu’il n’est pas toujours facile de savoir faire cette distinction. Je détaille ma manière de faire dans le billet intitulé “Images pédophiles“. Je voudrais ainsi citer deux extraits de l’article 227-23 du code de procédure pénale :

Le fait, en vue de sa diffusion, de fixer, d’enregistrer ou de transmettre l’image ou la représentation d’un mineur lorsque cette image ou cette représentation présente un caractère pornographique est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.
Ainsi certains mangas qui sont légaux au Japon sont illégaux en France s’ils représentent un dessin de mineur en situation pornographique.

Les dispositions du présent article sont également applicables aux images pornographiques d’une personne dont l’aspect physique est celui d’un mineur, sauf s’il est établi que cette personne était âgée de dix-huit ans au jour de la fixation ou de l’enregistrement de son image.
Plusieurs sites pornographiques “classiques” disposent d’une rubrique dédiée aux scènes intégrant des personnes ayant les attributs d’une certaine jeunesse (couettes, absence de pilosité, sucette…). Cette rubrique peut donc contenir des vidéos tombant sous le coup de la loi.

2) Cet aspect volontaire du téléchargement est-il discernable à l’expertise ?

Non, sauf si l’internaute doit valider un test “prouvant” son humanité, souvent un test de type “CAPTCHA”, acronyme de l’anglais “Completely Automated Public Turing test to tell Computers and Humans Apart”, soit en français “Test public de Turing entièrement automatisé pour distinguer les ordinateurs des humains”.

Il n’est pas possible de discerner un téléchargement volontaire d’un téléchargement réalisé par un malware. Il n’est pas non plus possible en général de discerner un téléchargement réalisé par le propriétaire de la machine, de celui d’une personne tierce utilisant le compte du propriétaire de la machine. C’est d’ailleurs pourquoi sur ce dernier point, l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM = Hadopi+CSA) poursuit le propriétaire de l’abonnement internet “pour défaut de sécurisation” lors du téléchargement illégal d’un film ou d’une musique (et non pas celui qui a effectué le téléchargement).

3) Cet aspect volontaire fait-il systématiquement partie des questions posées à l’expert dans les ordonnances de commission ?

Non, c’est même très rare.

4) Dans le cas contraire, quand vous répondiez à votre mission d’expert, apportiez-vous une information sur cet aspect, en considérant par exemple qu’il s’agissait d’une notion couverte par les « éléments permettant la manifestation de la vérité » ?

Oui, et je rappelle ces points dans le billet intitulé “Pédophilie et malware” que je vous invite à lire in extenso. Extrait :

Oui, le cadre de l’expertise judiciaire est très précisément fixé par le magistrat qui me désigne.
Oui, j’effectue toujours une recherche des virus et malware sur les scellés qui me sont confiés, alors que cela ne m’est pas demandé.
Oui, dans mon rapport, je n’écris pas “le suspect a téléchargé tel ou tel film pédopornographique”, mais j’écris “j’ai trouvé sur le scellé tel ou tel film pédopornographique”, en expliquant que je ne peux pas savoir qui manipule l’ordinateur.
Oui, et pas seulement parce que c’est ma nature, je vis dans l’angoisse de passer à côté d’un piratage particulièrement bien camouflé, et de subir ce que cet expert du passé a subi.

Je voudrais aussi citer un autre de mes billets intitulé “Ad nauseam” :

Je suis informaticien.
Je suis expert judiciaire inscrit dans cette spécialité.
Le magistrat qui me désigne le sait et me fixe une mission précise, technique.
On ne me demande pas mes opinions en matière de sexe.
On ne me demande pas de faire de la psychologie de comptoir en décidant ce qui est normal ou pas.
Quand j’ai un doute, ou que je me sens mal à l’aise, je ne dois pas me contenter de dire: je mets en annexe, les autres feront le tri. Il faut décider ce qui relève de la mission. Il faut décider ce qui relève de la dénonciation de crime.
Le reste, c’est la vie privée.
Et parfois, c’est dur de faire les choix, quand on sait qu’on peut briser une vie.
Mais briser la vie de qui? Celle de l’utilisateur du disque dur? Celle de sa prochaine victime s’il y en a une? La mienne?

Enfin voici également un extrait du billet intitulé “Cave ne ante ullas catapultas” (ie si j’étais vous, je ne marcherais pas devant une catapulte) :

Ma vision personnelle des missions est qu’il faut savoir y lire “l’esprit de la mission”. Personne ne m’a demandé dans cette expertise de savoir si oui ou non l’ordinateur qui m’a été confié appartient sans le savoir à un réseau de stockage distribué. Une sorte d’Amazone S3 version bad boys. Mais imaginez un peu la scène si c’était vrai, si un ordinateur contaminé, non content d’être dans un botnet pour spammer le monde entier, était utilisé pour stocker des données forcément compromettantes, comme par exemples des images pédopornographiques.

Dois-je, en ma conscience, dire au magistrat: “mais je n’ai pas regardé car vous ne me l’avez pas demandé”? Non. Mais dans ce cas, le travail est gigantesque: il faut analyser le code de chaque virus, de chaque ver, de chaque cheval de Troie pour savoir ce qu’il cherche à faire en s’étant implanté sur cet ordinateur… Et cela prend du temps, beaucoup de temps…

Alors, pour rester dans une fourchette de temps raisonnable (j’ai également une date limite pour réaliser une expertise judiciaire), je procède de la façon suivante: j’utilise plusieurs antivirus, je note toutes les détections faites lors des analyses (nom du programme malveillant, nom du fichier infecté), et je me renseigne sur les sites des éditeurs d’antivirus sur l’activité de chaque programme malveillant détecté. Et comme chaque éditeur utilise une terminologie différente, cela prend encore plus de temps.

Je compile tout cela pour le magistrat, afin de donner mon avis à cette question qu’il ne m’a pas posée: l’utilisateur est-il responsable de l’arrivée sur cette machine des fichiers illégaux que j’y ai trouvés.

Et parfois, ce n’est pas facile d’y répondre.
Un conseil: installez un bon antivirus.

Enfin, n’oubliez jamais que la science est le domaine du doute. Dans le billet intitulé “L’éternel voyage de la science“, je rappelle les malheurs du Professeur Tardieu, expert judiciaire, qui a fait condamner nombre d’innocents, et la conclusion du billet :

Il en sera toujours ainsi. Si savant soit-il, un savant ne peut savoir que tout ce qui se sait à son époque. Il s’en rend compte et, devant la justice, il emploie volontiers cette formule de haute modestie: “Dans l’état actuel de la science, je crois pouvoir affirmer telle ou telle chose”. Mais de cette réserve philosophique nul ne tient compte.
“Voilà ce qui me paraît être la vérité”, dit le savant.
“Voilà la certitude”, traduit la foule ignorante, oublieuse de “l’éternel voyage” de la science.

Je frémis à l’idée qu’un de mes scellés fasse sonner un antivirus d’aujourd’hui, alors qu’aucun des antivirus utilisés à l’époque de l’expertise ne détectait la présence d’un malware, inconnu alors.

J’espère avoir répondu à vos questions et que mes réponses vous aideront dans votre travail et serviront la cause de la Justice.

L’article SPIP et la récidive est apparu en premier sur Le blog de Zythom.

Du côté du pédophile

samedi 28 janvier 2023 à 18:25

Allo, bonjour Monsieur l’expert, Maître McKie à l’appareil. Je vous appelle pour une expertise privée.

Bonjour Maître.
Vous savez que je ne suis plus inscrit sur la liste des experts judiciaires ?

Oui, oui, mais vous m’avez été chaudement recommandé par un confrère avec qui vous avez travaillé et qui m’a dit beaucoup de bien de vous…

Mmmm, pouvez-vous m’en dire plus sur cette mission que vous souhaitez me confier ?

Alors, je pense que c’est assez simple pour un homme de l’art, mais c’est un peu du chinois pour moi au niveau technique : mon client est poursuivi pour téléchargement illégal. Ses ordinateurs ont été saisis et les enquêteurs ont trouvé des traces dessus. Mais il conteste le fait que ce soit lui qui les ait téléchargés, ni quiconque de son entourage familial.

Mmmm, pourriez-vous préciser le type de téléchargement illégal ?

Mon client est poursuivi pour téléchargement de films et photographies pédopornographiques.

Vous voulez que je disculpe un pédophile ?

Un homme accusé de pédophilie, Monsieur l’expert, mais présumé innocent.

Pendant des années, je suis intervenu comme expert judiciaire dans des dossiers de recherche de films et d’images pédopornographiques. J’en ai trié des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers. Je pleurais la nuit devant mon ordinateur en classant les images et les films par âge des victimes, en les cataloguant par thème, par pose, par acte… Mais j’étais désigné par un magistrat pour une mission précise : cet ordinateur contient-il des films ou des images pédopornographiques ? Si oui, les extraire sur un support de stockage.

Le magistrat m’autorisait à accéder au scellé, et me fournissait les quelques pièces du dossier nécessaires à mes investigations. Je faisais un travail scientifique d’investigation le plus précis possible sachant que la vie d’autres personnes pouvait en dépendre. Mais une fois mon rapport déposé, le scellé reconstitué et rendu, je n’avais plus affaire à la justice, ni accès au dossier, ni même des informations sur les suites données à mon travail.

Dans le cas d’une expertise privée, la situation est très différente : je travaille au côté d’un avocat, j’ai accès à tout le dossier auquel il a accès, et je rencontre et je discute avec son client.

Disculper un pédophile, jamais.

Un homme accusé de pédophilie, mais présumé innocent.

Je me souviens alors de ce que m’a dit un jour mon épouse, Avocate : tout être humain a droit à une juste peine. Pour cela, il doit être défendu devant ses juges par un avocat qui va présenter la part d’humanité qui existe en chacun de nous, même chez le pire criminel.

J’accepte d’examiner le dossier. Les enquêteurs présentent des faits, ici la présence avérée d’images et de films pédopornographiques sur un ordinateur, mais comme souvent, ils omettent d’explorer toutes les pistes pouvant expliquer ces faits. C’est alors à l’avocat, et son expert technique, de se lancer dans cette recherche.

Les faits sont simples : un ordinateur contient des images et des films pédopornographiques, effacés mais dont les traces persistent sur le disque dur et sont reconstituables. Le dossier contient beaucoup d’images…

Je retrouve des images que je connais bien pour y avoir été confronté lors de mes trop nombreuses expertises sur ce sujet. J’y croise le regard triste et le sourire forcé de la petite fille que j’ai appelé Yéléna. J’en parle à Me McKie qui m’avoue ne pas avoir voulu regarder les images jointes au dossier. J’ai l’impression d’avoir perdu une part de mon humanité en m’étant endurci et insensibilisé.

Mais je constate aussi que beaucoup de personnes avaient accès à l’ordinateur, dont beaucoup trop de monde externe à la cellule familiale. Je constate que le mot de passe du compte utilisé au démarrage de l’ordinateur était connu de tous, facile à trouver ou à pirater. Je constate que les données incriminées ont été transférées vers une clé USB qui n’a pas été retrouvée. Enfin, je constate qu’UNE incohérence apparaît dans les listings de bornage du téléphone mobile du présumé innocent, qui prouve que les choses se passaient dans son dos : il est innocent.

Il a été relaxé.

Me McKie m’a raconté qu’une fois dans une affaire de drogue où son client contestait fermement sa participation au trafic, et où il avait plaidé la relaxe, convaincu de son innocence, le client était venu (libre) le remercier à la sortie du tribunal, et lui avait dit “vous savez Maître, je ne recommencerai plus“.

Je ne suis pas fait pour ce métier.

Yénéla à 20 ans (création Zythom avec l’IA Midjourney)

L’article Du côté du pédophile est apparu en premier sur Le blog de Zythom.

Le Paris

jeudi 1 décembre 2022 à 20:12

Il y a quatre ans, j’ai fait un pari relativement osé : changer d’orientation professionnelle et quitter mon foyer pour aller travailler à Paris la moitié de la semaine. Chaque dimanche soir, je quitte l’amour de ma vie pour prendre un train qui m’amène dans la capitale, et chaque mercredi ou jeudi soir, je fais le chemin inverse. J’ai pris une “coquette studette” près de mon travail pour pouvoir m’y rendre à pied tous les jours, et j’y mène une vie de moine nerd. Cela a été facilité par le départ des enfants du nid familial, et parce que la femme qui partage mon existence voyait que je dépérissais dans mon ancienne entreprise où j’avais pourtant passé 25 ans, que nous nous aimons et qu’elle a soutenu ma démarche.

Dans le billet sur le télétravail que j’ai écris avant le confinement, je n’ai pas abordé l’impact qu’il peut avoir sur un couple. En effet, aujourd’hui, “télétravail” signifie pour des millions de personnes travailler depuis son domicile familial sans faire le trajet quotidien habituel. Il n’y a pas de terme pour la personne qui alterne télétravail et “télémaison”, c’est-à-dire qui alterne travail à distance de son entreprise (en famille) pendant plusieurs jours, et vie à distance de sa famille (en entreprise) pendant plusieurs jours.

Attention, je ne me plains pas, car il s’agit d’un choix personnel, d’un choix de couple, mais avant tout d’un choix. Je ne me compare pas aux travailleurs qui vivent loin de leur famille pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, souvent dans un pays étranger. En général, ils n’ont pas le choix, c’est une question de survie. Je les plains, eux, car ils ne voient pas grandir leurs enfants, ils ne vieillissent pas auprès de leur conjoint, et sont souvent honteusement exploités. Ce n’est pas mon cas.

Mon épouse et moi, nous vivons des vies de célibataires pendant 3 jours, et nous sommes heureux de nous retrouver et de passer 4 jours ensemble, chaque semaine. Une nouvelle jeunesse, un nouveau pari.

Trois années et demi se sont passées sur ce rythme de vie. Professionnellement, j’étais heureux d’apprendre à nouveau beaucoup de choses, dans une école de commerce prestigieuse, mais, avec 4 chefs en 3 ans, il ne m’était pas facile de construire quelque chose dans la durée. La politique salariale de l’entreprise était nulle (0% d’augmentation pour le personnel en 3 ans) et la valse des DSI n’aidait pas à la négociation.

C’est alors que s’est produite une chose dont j’avais entendu parlé, le soir dans les recoins de l’openspace, lorsqu’on évoque les mystères de la vie et les mythes des évolutions de carrière : j’ai été appelé par un chasseur de têtes.

UN CHASSEUR DE TÊTES

Rien que le nom évoque une aventure épique dans la forêt tropicale…

Le processus de recrutement qui s’en est suivi mériterait un billet à lui tout seul…

Il m’a fait une offre que je ne pouvais pas refuser. J’ai donc présenté ma démission au dernier DSI que j’ai eu comme chef, j’ai quitté cette école de commerce prestigieuse pour un groupe d’écoles privées moins prestigieuses, j’ai changé de coquette studette en proche banlieu pour une coquette studette dans Paris intra muros. J’y mène maintenant une vie de moine nerd 4 jours par semaine.

Le nouveau travail est plus difficile, plus exigeant, avec plus de pression. Je suis toujours en période d’essai, avec un chef dont je ne sais pas s’il va vouloir me garder.

A 59 ans. Un nouveau pari. Un nouveau Paris. Le Paris de mes rêves.

Un monde nouveau, on en rêvait tous
Mais que savions-nous faire de nos mains ?
Zéro, attraper le Bluetooth
Mais que savions-nous faire de nos mains ?
Presque rien, presque rien

L’article Le Paris est apparu en premier sur Le blog de Zythom.

Effet Maître Eolas

jeudi 18 août 2022 à 20:23

Les récents billets de Maître Eolas sur son blog ont suscité un afflux important de visiteurs sur ce blog, et je les accueille avec plaisir, comme “au bon vieux temps des blogs” quand un blogueur influent malicieux mettait un lien vers un autre blog pour tester sa résistance aux attaques DDoS ^^

Pour tous ceux qui m’ont sollicité par email, je vais faire une réponse groupée à vos questions dans ce billet :

Oui, je fais toujours des expertises, mais comme je ne suis plus expert judiciaire, il s’agit uniquement d’expertises privées.

Pour éviter toutes les demandes un peu farfelues, je n’accepte que les expertises privées demandées par l’intermédiaire d’un avocat (et contacté par lui).

Je fais très peu d’expertises, car j’ai un vrai métier qui me prend à plein temps, 24/7 y compris pendant les vacances. Autant dire que votre dossier a peu de chance d’être accepté…

Oui, une expertise coûte chère, n’est pas remboursée et rarement prise en charge par les assurances à 100%. Mais je travaille parfois pro bono, si votre client n’est pas riche (dossier à l’AJ) ET que le dossier est intéressant techniquement.

Enfin, je n’ai pas de spécialité informatique particulière (cela n’existait pas en 1999 lors de ma prestation de serment comme “expert informatique”), mais j’ai une appétence pour les analyses critiques de rapports d’expertise judiciaire informatique (exégèse scientifique). Je n’ai pas mon pareil pour déceler un mauvais expert judiciaire pontifiant (heureusement, il y en a très peu ^^).

Ah oui, je suis plutôt mauvais à l’oral à la barre, car j’ai une trouille bleue dès que je suis dans un tribunal. Très bon à l’écrit, très mauvais à l’oral (sauf dans un amphi). Vous êtes prévenu (enfin “averti”).

Toutes les informations pour me contacter sont dans ma page contact.

Sinon, vous pouvez simplement ajouter ce blog dans vos flux RSS ou vos marques-pages, et venir me lire de temps en temps, voire, soyons fou, poster un commentaire agréable…

L’article Effet Maître Eolas est apparu en premier sur Le blog de Zythom.

Les pirates ne prennent pas de vacances / Hackers don’t take vacations

jeudi 21 juillet 2022 à 17:14

Voici le message que je viens d’adresser à mes utilisateurs. Si cela peut être utile à l’un de mes lecteurs, ou à ses utilisateurs…

++++ English version below

Bonjour,

Les pirates ne prennent pas de vacances, mais vous oui (enfin j’espère). Voici quelques consignes qui devraient vous permettre de partir en toute sécurité informatique :

L’emploi de smartphones, d’ordinateurs portables et de tablettes facilite et accélère le transport et l’échange de données. Parmi les informations stockées sur ces supports, certaines peuvent présenter une sensibilité importante, tant pour vous-mêmes que pour [l’entreprise]. Leur perte, leur saisie ou leur vol peut avoir des conséquences majeures sur vos activités et sur leur pérennité. Il vous faut donc, dans ce contexte de nomadisme, les protéger face aux risques et aux menaces qui pèsent sur elles, tout particulièrement lors de vos déplacements à l’étranger.

Sachez que les cybercafés, les hôtels, les lieux publics et les bureaux de passage n’offrent aucune garantie de confidentialité. Dans de nombreux pays étrangers, quel que soit leur régime politique, les centres d’affaires et les réseaux téléphoniques sont surveillés. Dans certains pays, les chambres d’hôtel peuvent être fouillées sans que vous vous en rendiez compte. Ces menaces ne sont pas inspirées de romans policiers ou d’un film d’espionnage, mais attestées régulièrement par l’actualité.

Avant de partir

Pendant le voyage

A votre retour de voyage

Je vous souhaite de passer de bonnes vacances en toute sécurité informatique.

++++ English version

Hello,

Hackers don’t take vacations, but you do (I hope so). Here are a few instructions that should help you to travel in complete computer security:

The use of smartphones, laptops and tablets makes it easier and faster to transport and exchange data. Some of the information stored on these media may be highly sensitive, both for you and for [the enterprise]. Their loss, seizure or theft can have major consequences on your activities and on their sustainability. In this context of nomadism, you must therefore protect them from the risks and threats they face, especially when travelling abroad.

Please be aware that cybercafés, hotels, public places and temporary residence do not offer any guarantee of confidentiality. In many foreign countries, regardless of their political regime, business centres and telephone networks are monitored. In some countries, hotel rooms can be searched without your knowledge. These threats are not based on detective stories or a spy movie, but are regularly documented by current events.

Before you leave

During the trip

On your return from your trip

I wish you a pleasant holiday, in complete IT security.

Yours sincerely,
Bien à vous,
Zythom

Le blog va prendre quelques semaines de vacances. A bientôt

L’article Les pirates ne prennent pas de vacances / Hackers don’t take vacations est apparu en premier sur Le blog de Zythom.