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source: Zythom

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25 ans dans une startup - billet n.57

vendredi 8 mars 2019 à 05:00
Introduction - billet n.56

Je vais vous présenter rapidement 4 recherches d'emploi que j'ai menées parmi les dizaines qui ont émaillé mon année 2018. Mais avant, parlons un peu de méthode : j'ai appliqué les conseils que j'ai prodigués pendant des années auprès de mes étudiants, et que j'ai présentés dans ce billet de blog intitulé "Recrutement des jeunes" que je reproduis ci-dessous. Problème : je ne suis plus tout à fait "jeune"...

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Je suis parfois sidéré de la manière que peuvent avoir les étudiants de chercher du travail (stage ou emploi). Beaucoup d'entre eux préparent consciencieusement leur CV et leur lettre de motivation, plus ou moins sur le même modèle, puis adressent tout cela aux entreprises, par email ou par courrier papier, à l'adresse trouvée dans les annuaires spécialisés.

Certains viennent s'ouvrir à moi de leurs difficultés: "J'ai envoyé 200 lettres, et je n'ai encore aucune réponse positive".

J'écris donc ce billet pour tous les étudiants (ou pas) qui cherchent leur premier emploi. Je souhaite me concentrer sur un point rarement abordé (il me semble): l'obtention de l'entretien. Vous avez donc déjà digéré 2000 sites web et manuels vous expliquant comment rédiger votre CV et/ou lettre de motivation.

La méthode que je vais vous présenter est simple, universelle, et a été testé par un grand nombre de mes étudiants. Elle a pour base l'idée qu'il faut se prendre en main et OSER.

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Tout d'abord, chercher du travail, c'est DIFFICILE. On ne peut pas généralement se contenter de faire fonctionner une photocopieuse et la machine à poster. Il faut CIBLER.

Bon, alors là, j'ai droit en général à la remarque suivante: "Oui, mais moi, je ne connais personne..."

Cela tombe bien, moi non plus.

1) Vos critères:
Pour trouver l'entreprise qui a besoin de vous, il faut commencer par faire une recherche dans un annuaire spécialisé. Il y a les pages jaunes, mais aussi beaucoup d'outils tels que le Kompass. Vous y chercherez les entreprises selon vos propres critères: taille (TPE, PME, grands groupes...), situation géographique, secteurs d'activité, etc. La plupart des centres documentaires de vos écoles sont abonnés à ce type d'annuaires.

2) La liste:
Vous obtenez enfin une liste d'entreprises qui vous semblent pouvoir correspondre à vos aspirations. Classez cette liste par ordre de préférence. Ne commencez pas forcément par celle qui vous plait le plus, afin de roder votre méthode d'approche. Pour chaque entreprise de la liste, créez un dossier (papier ou électronique selon vos goûts) dans lequel vous allez stocker toutes les informations que vous allez obtenir sur cette entreprise, ET celles que vous allez lui envoyer.

3) Le phoning:
C'est l'étape la plus importante. Vous ne connaissez personne dans l'entreprise ciblée? Normal, tout le monde n'a pas un papa Président de la République. Par contre, vous avez le numéro du standard, ou celui des ressources humaines. Notez les dans vos fiches, mais inutile de vous y frotter: ces personnes sont aguerries aux techniques de rembarrage téléphonique.
Par contre, ajoutez votre chiffre fétiche aux derniers numéros du numéro de téléphone du standard, et tentez votre coup. Par exemple, un numéro de standard qui se termine par 00? Et bien remplacez le double zéro par 12 (ou 07, 13, etc).

4) Mais qui êtes-vous?
Bien sur, vous n'avez aucune idée de sur qui vous allez tomber: un ingénieur, une secrétaire, un stagiaire, une personne de l'entretien... Tant pis: présentez-vous poliment et demandez si vous êtes bien chez l'entreprise TRUC. Il n'y a aucune raison que la personne qui a décroché le téléphone vous rentre dedans. Par contre, elle va très vite vous demander qui vous êtes et ce que vous voulez. Là, il faut avoir préparé une petite explication. Personnellement, je suis plutôt pour l'explication "recherche de stage", même si vous êtes en recherche d'emploi. Cela fait moins peur.

5) L'accroche:
Il vous faut absolument garder le contact avec la personne que vous avez au bout du fil. Dites lui par exemple: "Me permettez-vous de vous poser quelques questions sur l'entreprise pour me faciliter ma recherche de stage?". Rares seront les sans-cœur qui se débarrasseront de vous immédiatement. Posez alors quelques questions judicieusement choisies, comme par exemple: "Y a-t-il souvent des stagiaires dans l'entreprise?" etc. Après quelques questions innocentes, demandez "Y a-t-il un gros projet en cours actuellement dans l'entreprise?". Si la personne vous parle plutôt "plan de licenciement", inutile de perdre votre temps (et le sien). Abrégez la conversation poliment.

6) Le chef de projet:
Si par contre, la personne vous dit fièrement que l'entreprise vient de décrocher le contrat du siècle, posez lui des questions autour de ce projet et en particulier: "Pensez-vous que le chef de projet va avoir besoin de stagiaires?". Quelle que soit la réponse, demandez lui dans quel service travaille le chef de projet concerné par le gros contrat et en particulier le nom de cette personne. Faites parler votre interlocuteur de ce qu'il connaît le mieux, son service, son travail. Vous verrez, c'est fou ce que l'on obtient comme information sur une entreprise par ce biais, comme par exemple sur la (bonne) ambiance de travail.

7) La recommandation:
Avant de raccrocher, demandez à votre interlocuteur s'il peut vous passer les coordonnées du chef de projet (téléphone direct), et - cerise sur le gâteau - demandez lui si vous pouvez l'appeler de sa part (et prenez le nom de votre interlocuteur). Là encore, vous verrez que votre culot sera en général payant, la personne vous donnera les informations demandées.

8) Le coup de grâce:
A ce stade, vous disposez d'un vrai point d'entrée dans l'entreprise: le nom d'un responsable d'un projet prometteur qui risque d'avoir besoin d'embaucher du personnel, avec en plus la recommandation d'une autre personne de l'entreprise. Appelez cette personne et proposez lui vos services (stage ou emploi). Il faut être prêt à se présenter oralement de manière simple et brève. Vous devez faire bonne impression. L'objectif étant d'envoyer un CV qui sera lu attentivement, demander lui (ou faite confirmer) ses coordonnées (service, bâtiment...). Dites lui que vous lui adressez un CV dès aujourd'hui, et remerciez la pour le temps consacré au téléphone.

9) Le suivi:
Vous pouvez donc ajuster votre CV pour qu'il colle parfaitement aux besoins de l'entreprise (sans mentir ni inventer). Vous pouvez rédiger une lettre de motivation commençant par "Suite à notre conversation téléphonique de ce jour, je me permets de vous adresser comme convenu". Il reste à envoyer le tout par la poste. Enfin, n'oubliez pas de conserver précieusement une copie des CV et courriers pour vous y retrouver lors d'un entretien que vous ne manquerez pas d'avoir avec cette personne (rien n'est plus catastrophique que d'avoir à la main un CV différent de celui que l'on a envoyé).

10) Le suivi bis:
Tout le monde est débordé, ou prêtant l'être. Votre CV est peut-être sous une pile de dossiers encore non traités. N'hésitez pas à rappeler votre correspondant une semaine après lui avoir envoyé votre CV. Demandez lui poliment s'il a bien reçu votre courrier, s'il a eu le temps de le traiter. Demandez lui s'il peut vous accorder un rendez-vous afin que vous puissiez vous présenter.

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Les étudiants à qui je fais ce discours réagissent de manière variée. Certains trouvent que cela dépasse leur capacité d'improvisation. D'autres ont du mal à comprendre qu'il soit si difficile de trouver du travail (ceux là n'ont en général pas encore commencé à chercher). Cette présentation leur aide à comprendre que la recherche d'emploi est avant tout une affaire de contacts humains et qu'il ne faut pas hésiter à sortir un peu des sentiers battus.

Et tous les étudiants qui l'ont appliquée travaillent actuellement.
Et de cela, je suis fier.

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En écrivant ce texte en 2010 (les pages jaunes...), je pensais évidemment surtout à mes étudiants. J'avais appliqué avec succès ces techniques dans les années 1990. Me voici en 2018, à souhaiter démarrer sérieusement une recherche d'emploi.

A 55 ans, les choses ne se sont pas passées comme je le voulais.

A suivre... (lundi prochain ;-)

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.



25 ans dans une startup - billet n.56

jeudi 7 mars 2019 à 05:00
Introduction - billet n.55

Avant tout, je voudrais remercier les personnes suivantes (qui m'ont autorisé à les citer) :
@BenoitAynes
@FournaiseThomas
@ngoralski
@jbruggem
@Jehane_fr
@MiamDesChips
@Bernard_Lamon
@BoeufNoix
@jpgaulier
@legrugru
@florillard
@lsamain
@GaranceAmarante
@aeris22
@mbatard
@Skhaen
@SPoint
@TwitAymeric
@cabusar
@olivierthebaud
@newsoft
@follc
@PeterClarris
@filoman28

Toutes ces personnes m'ont aidé à un moment ou à un autre. Certaines d'un lien vers une offre d'emploi non publique, d'autres en allant jusqu'à me faire rencontrer leur chef pour un emploi qui pouvait correspondre à mes compétences, d'autres encore en faisant tourner mon CV dans leur réseau. Toutes m'ont tendu la main quand j'en avais besoin. Je sais ce que je leur dois.

Merci à elles.

A suivre...

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.



25 ans dans une startup - billet n.55

mercredi 6 mars 2019 à 05:00
Introduction - billet n.54

Nous sommes en 2018, année de mes 55 ans. Cela fera aussi 25 ans que je travaille dans la startup. J'y ai successivement occupé ou cumulé les postes d'enseignant-chercheur en charge de l'enseignement de l'informatique et de l'équipe de vacataires associés, d'administrateur informatique, de responsable informatique, de DSI, de directeur informatique et technique, de SST, de RSSI, de DPO, tout en effectuant certains soirs ou week-ends des expertises judiciaires pour les magistrats du ressort.

Je décide de mettre à jour mon CV et de chercher à mettre mes compétences au service d'une autre entreprise.

Je me donne une année pour changer de métier, tout en continuant à me donner à fond dans la construction du SI de la startup, du recrutement du chef de projet, de son accueil, de son management...

Si j'échoue, je sais que je suis reparti pour dix années dans la startup, avec de beaux projets et de beaux défis dans lesquels je saurai m'investir, me remotiver parce qu'il le faut bien.

Ceux qui me suivent sur Twitter m'ont alors vu tweeter des éléments d'offres d'emploi, et certains d'entre eux ont deviné que j'étais en recherche d'emploi. Sans détailler une recherche d'emploi qui a duré un an et qui mériterait des dizaines de billets qui sortent du cadre de la série "25 ans dans une startup", je voudrais quand même citer ici quelques épisodes qui ont marqué cette recherche d'emploi durant mon année 2018.

A suivre...

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

Extrait de http://salemoment.tumblr.com/
avec l'aimable autorisation de l'auteur Olivier Ka


25 ans dans une startup - billet n.54

mardi 5 mars 2019 à 05:00
Introduction - billet n.53

Le directeur général entre dans mon bureau. Il me pose quelques questions, en particulier si j'ai trouvé un autre emploi. Je lui explique que non, que je n'ai pas de proposition d'emploi, pas de plan B. Il a l'air circonspect.

"Zythom, vous êtes un drôle de bonhomme...
(silence)
Il n'est pas question que vous partiez...
(silence)
Qu'est-ce que vous voulez pour rester ?"

Là, j'avoue que j'ai pensé demander une voiture de fonction avec chauffeur, une augmentation de 50%, etc. Mais j'ai répondu calmement, le cœur battant toujours à 220 ppm : "Je vous ai déjà expliqué longuement ce qu'il me faut, je vous l'ai justifié, démontré : un nouveau chef de projet. Et ce n'est pas pour moi, c'est pour que l'informatique de la startup reste à flot."

Il m'a posé quelques questions, essentiellement parce qu'il ne comprenait pas que je puisse envisager de partir sans proposition d'un autre employeur.

Le lendemain, il m'annonçait manger son chapeau, et qu'il acceptait ma demande.

"Zythom, vous m'avez forcé la main et je n'aime pas ça, mais il faudrait trop de temps pour vous remplacer."

Sept mois plus tard, un chef de projet rejoignait enfin l'équipe informatique. Sept mois de retard supplémentaires sur tous les projets majeurs.

Son arrivée, ses compétences et son enthousiasme allaient changer radicalement le fonctionnement du service informatique, comme prévu.

Mais j'avais perdu la foi.
Quelque chose en moi s'était brisée.
J'ai alors pris une décision importante, plus importante encore que la précédente.

A suivre...

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

Extrait de http://salemoment.tumblr.com/
avec l'aimable autorisation de l'auteur Olivier Ka


25 ans dans une startup - billet n.53

lundi 4 mars 2019 à 05:00
Introduction - billet n.52

La DRH, avec qui je travaille depuis 24 ans n'en revient pas. "Mais qu'est-ce qui se passe ?". Je lui explique en détail, je lui dis que je suis à bout, que le système d'information ne tiendra pas la montée d'échelle, que je refuse de voir tous mes efforts s'effondrer en étant impuissant, que mon successeur fera sans doute mieux que moi... Le barrage cède et j'explique qu'à 54 ans, je ne peux pas juste démissionner, qu'une rupture conventionnelle me permettra de voir venir quelques mois, de chercher un autre travail, d'autres passions, même si je sais que ce sera difficile. Je n'ai pas de plan B.

Je lui confie la tâche d'annoncer la nouvelle au directeur général, ce qu'elle fera aussitôt que je suis sorti de son bureau.

Le lendemain, le directeur général entre dans mon bureau.

A suivre...

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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.

Extrait de http://salemoment.tumblr.com/
avec l'aimable autorisation de l'auteur Olivier Ka