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Le bouquin livré à son destin

vendredi 21 septembre 2012 à 18:05

Homme assis sur une chaise avec un livre, (Domaine Public) George Eastman House Collection

Hier soir au Labo de l’édition à Paris se tenait une petite réunion autour de la question “Le livre numérique est-il prêt au décollage ?”. Vaste sujet alors qu’en France les éditeurs sont obligés de se placer un à un sur le plateau de jeu, histoire d’être là quand et si le marché émerge.

Pour débattre, invités autour de la table, Philippe Colombet, directeur de Google Livres en France, Alexis Esménard, directeur du développement numérique chez Albin Michel, David Meulemans, fondateur des éditions Aux Forges de Vulcain – développant un logiciel d’écriture – et enfin Jean-Louis Missika, adjoint à la Mairie de Paris, chargé de l’innovation et spécialisé dans la gestion des industries numériques.

La Justice met Apple à la page

La Justice met Apple à la page

Un accord qui vient d'être signé aux États-Unis sur le marché du livre numérique confirme les soupçons d'entente qui ...

Tous s’accordent à le dire : le numérique ne représente presque rien à l’échelle d’une maison d’édition : 1 à 2% des ventes se font en numérique (pour 2,5 milliards de chiffre d’affaire des éditeurs selon une infographie du MoTif) et la projection en 2015 est de 6 à 7%.

Pourtant, GFK avance dans une étude que les achats de tablettes et autres outils de lecture numérique sont de plus en plus importantes avec 92 000 liseuses vendues en 2011 – 27 000 en 2010 et 1,5 millions de tablettes en 2011 – 3 millions attendues en 2012.

De différents freins subsistent toutefois : faiblesses des tablettes (”interface, autonomie, coût et enfermement dans un écosystème” citera Virginie Rouxel, modératrice du débat et déléguée générale du Labo de l’édition), multiplication des canaux de distribution du livre comme Apple, Amazon et récemment Google et son petit dernier Google Play et l’offre encore limitée malgré l’augmentation de la production homothétique (la version numérique est identique à la version papier) des éditeurs, entre autres.

On a tiré zéro leçon de l’industrie musicale

Il y a dans le lot des intervenants, un détracteur, fin analyste de la consommation des produits culturels et de leurs industries. C’est Jean-Louis Missika qui charge la barque dès le départ en assénant à l’industrie du livre qu’elle n’a pas su profiter des gamelles de la musique pour ne pas tomber dans les mêmes travers :

La musique a été le premier secteur à avoir été concerné par la révolution numérique avec la dématérialisation, Internet et les MP3. C’est le canari dans la mine de charbon. Le premier réflexe d’une industrie de contenus bien installée, très rentable, c’est la résistance au changement et la juridicisation. Ils se sont rendus compte qu’il n’est pas possible de résister à la révolution technologique qui est aussi une révolution des comportements et de la consommation des produits culturels. Hollywood a voulu faire la guerre à une génération entière de jeunes. Et la tentation de ne pas changer de modèle économique est très présente. Les majors en général sont dans une situation ambiguë par rapport à internet et la révolution numérique.

Effectivement, après avoir essuyé nombre de plâtres, l’industrie musicale aurait pu servir de guide pour les industries suivantes. Le livre en tête. Interopérabilité, piratage, DRM, monopole d’Apple, Google et/ou Amazon sont tout autant de questions déjà soulevée dans l’industrie du disque. Les éditeurs signent, au même titre que les majors de la musique, tout ce qu’il est bon de signer avec les plus gros, dans un marché dont les pions sont positionnés.

Aux États-Unis et en Grande-Bretagne, le livre numérique a réellement décollé il y a peu de temps et si la France est toujours en retard, elle semble de vouloir le combler et ainsi de profiter de la piste ouverte par les États-Unis. Pour le très confiant Philippe Colombet, de Google Livres France, les catalogues prennent de l’ampleur avec ”70 000 titres payants environ, PDF et ePub” et les ventes de liseuses et autres sont un excellent indicateur.

Même constat pour Jean-Louis Missika, le marché existe même s’il peine en France. Il a tout à fait sa place dans le paysage culturel :

Aux États-Unis, c’est plus rapide mais la France suit régulièrement. On avait 7 ans de retard sur la télévision. Mais la France n‘est pas un pays d’exception où le livre numérique ne se déploierait pas. Si on considère que Amazon a vendu plus d’ouvrages numériques que d’ouvrages papier aux États-Unis en 2011 et qu’Amazon a vendu plus de numérique à partir de 2012 en Grande-Bretagne, Amazon France vendra plus de numérique que de papier en 2015-2016.

Les éditeurs frileux ? Que nenni !

Hier soir, le seul représentant des “grands éditeurs”, Albin Michel, s’est défendu : la frilosité est imaginaire et ”les choses bien plus complexes que ça”. Surtout si sont intégrées les craintes pour les autres secteurs de la chaine du livre comme ” les imprimeurs et les libraires”. Il précise : “moins pour les éditeurs dont le rôle reste le même et n’est pas attaché à un support.”

Alexis Esménard, directeur du développement numérique chez Albin Michel, estime que le domaine de l’édition est en grande difficulté et que les éditeurs ne bénéficient pas d’une bonne image :

Albin Michel donne plus d’argent à tous ses auteurs en général qu’il n’en gagne. L’édition aujourd’hui est en difficulté. Cette année dans une de nos filiales, il y a 3 éditeurs qui ont déposé le bilan. [...] Le marché des livres baisse d’une manière générale.

Le marché des livres est en baisse, mais pas nécessairement à cause du livre numérique, argument souvent avancé par les défenseurs du papier. Si le livre numérique est si cher c’est qu’éditer un ouvrage “nécessite des développement importants.” :

On fait des livres alors qu’on a pas de rentabilité là-dessus. Le livre numérique n’est pas suffisant pour rentabiliser la publication d’un ouvrage, malgré l’existence du marché. Tous les frais ne peuvent pas être amortis sur l’édition numérique. Ça coûte plus cher de faire un livre numérique qu’un livre papier.

Même si, le reconnait le chargé de développement numérique “partir aujourd’hui d’une composition faite en papier pour la rendre en numérique ne coûte pas une fortune énorme. Pour lui comme pour les autres. Transposer un livre en noir et blanc qui soit sûr d’être vendu ? Oui, “les blockbusters, les best seller comme Marc Levy, Mary Higgings Clark ne sont pas ceux qui coûtent le plus cher en numérique a ajouté Alexis Esménard.

En somme, il serait tout à fait envisageable de rentabiliser un Marc Lévy en livre numérique. Comme certains petits éditeurs le font déjà en livre papier, en ayant un auteur phare permettant de diffuser et accompagner les plus petits auteurs. L’exemple choisi pour l’occasion pour le directeur du développement numérique d’Albin Michel peut à première vue faire peur, économiquement. En un simple petit calcul mathématique, Alexis Esménard est catégorique :

Nous allons passer toute une collection – Géronimo Stilton – de 60 titres au format Kindle. Ça va nous coûter à peu près 25 000 euros. Les ventes chez Apple c’est 400 exemplaires. 25 000 euros divisés par 400, chacun vendu 5 euros, combien faut-il que j’en vende pour le rentabiliser ?

Le point DRM comme on aurait un point Godwin

Dans toute conversation sur le numérique et la vente de biens immatériels, il existe le point DRM. Immanquablement arrive la question de la protection et du piratage, ici des livres numériques. Sporadique ou d’une masse considérable, le piratage reste la grande crainte des éditeurs.

Chez Albin Michel – seul représentant d’une “grosse” maison – on a pas de problème avec les DRM. En revanche ”le problème impliqué par les DRM [me] pose un problème mais je ne conçois pas un livre sans DRM”, explique Alexis Esménard, qui précise ne pas être “pro-DRM”.

Vend fichier MP3 très peu servi

Vend fichier MP3 très peu servi

ReDiGi, site spécialisé dans la vente de fichiers MP3 d'occasion (si si), sera fixé sur son sort dans quelques semaines. ...

Le piratage social, qui a “mis à sec” l’industrie de la musique, serait donc un des grands risques du livre numérique. Et la revente de livres d’occasion comme le fait Redigi avec la musique achetée sur les plates-formes légales ? Philippe Colombet de Google affirme que “c’est pour l’usage personnel. L’ouvrage est acquis définitivement. La seule chose, c’est que vous pouvez le transmettre mais ne pas le revendre.”

Le droit à l’écoute vendu par les majors via Apple par exemple se transpose en un droit à la lecture sur les mêmes plates-formes. L’industrie du disque ? On prend les mêmes et on recommence. Et le sujet du piratage est sensible, aussi parce que l’industrie musicale a essuyé les plâtres.

Jean-Louis Missika reste confiant et estime que ”le problème est moins grave que celui de la musique” même si ”des situations de pénurie et la complexité de la consommation légale encouragent le piratage.”

A l’instar de l’industrie du disque, les majors du livre sont prises dans les filets des trois plus grands disquaires et libraires mondiaux que sont Google, Amazon et Apple. Alors que n’a pas été vraiment abordée la question des libraires physiques, Jean-Louis Missika dessine les traits d’un schéma – déséquilibré – d’acteurs :

Les acteurs du coté d’Internet ont une présence mondiale. Donc très forte. Du côté des producteurs de contenus, ce sont des acteurs nationaux, donc une présence très faible. La négociation est déséquilibrée. Pour qu’elle le soit moins, il faut une intervention du régulateur. Sauf que c’est difficile à construire. Pour le livre numérique, il y a une bataille de géants sur les système d’exploitation et il y en a un qui finira par gagner. Google est convaincu qu’il a la bonne stratégie pour Android, Apple a la même depuis le début. Amazon part d’une activité de vente et remonte la chaîne de valeur et est plutôt sur un modèle à la Apple qu’à la Google. Les stratégies sont très typées et il y en a nécessairement certains qui se trompent et d’autres qui ont raison. On aura les résultats de la compétition dans quelques années.

Quelques années, voire moins.


Homme assis sur une chaise avec un livre, (Domaine Public) George Eastman House Collection via The Commons sur Flickr

La Justice ne se signalera plus

vendredi 21 septembre 2012 à 15:44

C’est peut-être une révolution de palais. La Circulaire ministérielle du 19 septembre adressée à tous les procureurs généraux de France proclame la fin des instructions individuelles. Une manière élégante pour la ministre de la Justice d’indiquer qu’elle ne favorisera plus la pratique des “affaires signalées”.

Dans le jargon de la justice, cette expression – “affaires signalées” – désigne les dossiers trop sensibles aux yeux du pouvoir exécutif pour qu’il ne transmette pas de discrètes requêtes et d’amicales suggestions aux magistrats chargés de les suivre. Les fameuses instructions individuelles.

Intrinsèquement, la gestion de ces “affaires signalées” viole – au moins dans les principes – la sacro-sainte séparation des pouvoirs, supposée garantir l’impartialité de la Justice. Tandis qu’elle conditionne de facto la carrière des procureurs, nommés par le pouvoir politique. Ce dernier appréciant, c’est humain, les agents serviles. La ministre de la Justice Christiane Taubira, désireuse, semble-t-il, d’en finir avec ces pratiques un peu déshonorantes pour la République, a décidé de limiter les prérogatives de son propre cabinet. Désormais, selon sa circulaire :

Le garde des Sceaux (…) définit la politique publique du ministère, au premier rang de laquelle se trouve la politique pénale. Il fixe des orientations générales et impersonnelles. Les instructions ne porteront donc plus sur un dossier individuel, de manière à rompre avec les pratiques antérieures sur ce point.(…) Absence d’instructions individuelles : la clarté de cette politique implique qu’elle soit sans exception.

En termes pratiques, il s’agit d’enquêtes judiciaires en cours que le pouvoir politique s’autorise à connaître par l’entremise de la Direction des affaires criminelles et des grâces du ministère de la Justice, au motif que les personnes citées dans ces enquêtes, de part leurs responsabilités, leurs amis ou leur trajectoire, justifierait un traitement dérogatoire.

Dans de tels cas, les procureurs généraux – à la tête de l’administration de la Justice dans chaque circonscription – s’informent des développements de l’enquête et l’orientent selon les vœux du cabinet du ministre, à travers les fameuses instructions individuelles que transmet la Direction des affaires criminelles et des grâces (DACG).

Longtemps tabou, l’institutionnalisation des interventions politiques par le biais des “affaires signalées” a commencé à préoccuper les milieux judiciaires en novembre 2010. Lorsque la revue J’essaime, éditée par le Syndicat de la magistrature, a publié un témoignage éloquent d’un membre de la DACG, décrivant comment sur tel ou tel dossier les procureurs s’arrangeaient pour plaire au pouvoir en place.

Au fil de cet entretien, où l’identité du magistrat a été protégée, se révèlent quantité de petits arrangements qui ponctuent d’ordinaire leurs réunions. On y apprend comment les membres du cabinet ministériel, les procureurs et les fonctionnaires de la DACG s’échangent – certes dans de rares occasions – des messages et des bons conseils pour épargner un justiciable ou en accabler un autre :

Parfois on nous demande de faire une fiche sur une personne dans une affaire. Là on comprend bien que c’est un usage privé, soit que la personne est reçue par le garde des Sceaux, soit qu’il y a une demande d’intervention le concernant (…) Souvent la DACG est informée de faits très sensibles. Un jour, un parquet général nous apprend qu’une perquisition allait avoir lieu chez un homme politique du même bord que le garde des Sceaux. Le chef de bureau courageux avait pris soin de n’en informer le cabinet qu’une fois que la perquisition avait commencé. Le procureur général ne s’était pas posé de questions, il avait informé la Chancellerie dès qu’il l’avait su.

Un coup de tonnerre. D’autant que la parution de ce témoignage choc précédait de trois semaines un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme condamnant la France pour le manque d’indépendance de ses parquets.

Le 23 novembre 2010 en effet, la Cour de Strasbourg examinait une affaire criminelle instruite à Toulouse et confirmait qu’un procureur français ne pouvait se prévaloir d’être indépendant dans l’exercice de ses fonctions. À l’époque, ces deux épisodes avait achevé de convaincre les professionnels de la justice des effets pervers de la suppression du juge d’instruction, alors proposée par la ministre Michèle Alliot-Marie.

Un peu plus tôt, le juge Renaud Van-Ruymbeke, au détour d’une discussion avec les lecteurs du site lemonde.fr portant notamment sur l’existence de pressions à l’encontre des fonctionnaires de la Justice, avait illustré ces réalités :

À titre personnel, je n’en ai jamais subi [de pressions]. Par contre, au niveau du parquet, elles sont possibles. Dans les affaires sensibles, dites “signalées”, le parquet doit rendre compte. Je rappelle que les juges d’instruction ne peuvent instruire des dossiers que lorsqu’ils en sont saisis, et les affaires politico-financières qui se sont développées dans les années 1990 ont montré que les parquets étaient réticents à confier des dossiers au juge d’instruction et à étendre en cours de route leur saisine. Ces mécanismes ont montré des risques d’étouffement en amont des affaires signalées.

La circulaire de Christiane Taubira, annonçant la fin des instructions individuelles, marque une rupture évidente avec les pratiques passées. Cependant, pour être crédible, ses services devront tirer toutes les conséquences de cette orientation. En particulier en fixant le sort de la base de données des “affaires signalées” récemment mis à jour dans les serveurs du ministère de la Justice.

C’est une délibération de la Cnil du 16 février 2012 qui a révélé son existence. Susceptible d’enregistrer des données individuelles depuis février 1994, “ce traitement a pour objet l’enregistrement et la conservation des informations relatives aux affaires signalées à la direction [la DACG] par les procureurs généraux, et contribue à la définition de l’action publique du ministère de la justice” affirme la Cnil. Un système contre-nature dans un ministère soucieux d’en finir avec les instructions individuelles.

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Photo originale par Pulpolux [CC-bync]

Le design, au Fourneau et au moulin

vendredi 21 septembre 2012 à 11:11

Hello :)

Le 18 septembre dernier, j’ai eu la chance d’animer la 1ère soirée *di*/zaïn aux côtés de Marina Weiner, Gayané Adourian, Benoît Drouillat et Nicolas Loubet. Pour cette première soirée thématique sur le design, ce sont 550 personnes qui se sont réunies au Divan du monde pour écouter des designers de tous bords avec un dispositif narratif numérique (live-tweet et storify en direct). Au programme des intervenants, la designer culinaire Marie Chemorin, l’agence interactive Octave & Octave, les designers graphiques de Retchka, Christophe Tallec, le photographe Léo Caillard ou encore le designer d’interaction Antonin Fourneau.

C’est justement ce dernier designer, Antonin, que je vais vous présenter aujourd’hui.

*di*/zaïn

Cliquer ici pour voir la vidéo.

(source)

Antonin Fourneau, un parcours

Antonin Fourneau, né en 1980, est diplômé de l’école supérieure d’art d’Aix-en-Provence en 2005 et de l’atelier de recherche interactive de l’ENSAD en 2006. Son travail s’oriente autour des dispositifs interactifs et de certaines formes de cultures populaires. Ces intérêts l’ont conduit en 2005 à créer un projet collaboratif de fête foraine expérimentale, Eniarof, dans lequel chaque participant cherche à développer de nouvelles formes d’attractions. Dans le prolongement de ses recherches, il a été sélectionné pour une résidence au Japon en 2007 au Tokyo Wonder Site.

Aujourd’hui présent dans de nombreuses conférences, il nous raconte son parcours, sa démarche qu’il décrit comme celle “d’un plombier qui trouve une solution, qui teste, puis qui continue sa solution, puis qui ouvre les vannes pour voir…” et surtout ses projets à venir.

(photo)

Dix minutes pour nous présenter son travail

Pendant sa présentation de dix minutes (100 minutes, 10 designers, c’est le format imposé par la soirée *di*/zain), Antonin a su envoûter l’auditoire avec des projets de design interactifs simples, bien imaginés qui flirtent souvent avec la bidouille, le détournement. Il a notamment présenté ce projet collaboratif intitulé Eniarof. Pour résumer, un Eniarof est une fête foraine revisitée dans laquelle émerge un nouveau concept de l’attraction à l’intérieur de la création artistique. Les créateurs de chaque Eniarof s’inspirent des cultures populaires anciennes et émergentes autour des règles du « Dogmeniarof ».

Eniarof

(photos)

Un Pacman pour huit

Antonin a ensuite présenté d’autres projets comme ce Pacman qui se joue à huit. Pour jouer ensemble à ce jeu vidéo créé par Toru Iwatani, il fallait donc que les huit joueurs tombent d’accord sur la direction à prendre.

Il raconte :

C’est un Pacman complètement immersif : vous êtes un joueur qui doit fuir des fantômes. Là, vous êtes huit joueurs, donc si il y en a un qui a décidé d’aller à l’inverse des autres (aller à droite alors que les autres veulent aller à gauche), il va perturber le jeu. Donc ça va demander aux huit personnes de s’organiser entres elles pour jouer correctement. Ça créé donc des mécaniques de jeu complètement différentes. Des gens assez organisés qui vont mettre “Pause” pour se dire “que va t-on faire dans les deux prochaines secondes ?”, ils se disent “gauche-droite”, ils enlèvent la Pause, ils font “gauche-droite”, ils remettent la Pause. Donc ça c’est plutôt des filles bien organisées on va dire. Ce qu’il y a de drôle avec l’Eggregor c’est qu’on peut regarder de l’extérieur ce qui se passe, se demander “Comment les gens se comportent face au jeu et… entre eux ?”

Cliquer ici pour voir la vidéo.

(source)

Oterp, un jeu réalisé en mode “garage”

Antonin travaille également sur ses applications “en mode garage, à fond toutes les 2 semaines” et certaines ont déjà été présentée à Lift comme Oterp, un dispositif ludique de redécouverte de la ville par le son. Il propose au promeneur une nouvelle appréhension de l’espace urbain. Muni d’un iPhone équipé d’un capteur GPS, le joueur compose une partition musicale en temps réel en fonction de sa position dans l’espace.

Au cours de ses déplacements, le joueur génère des petites icônes colorées sur l’écran de son iPhone. Il les collecte et sélectionne pour les redisposer dans l’espace virtuel, créant ainsi de nouvelles compositions musicales.

Pour la petite histoire, ce projet avait démarré à l’origine sur la console PSP de Sony, Antonin a préféré finalement l’iPhone comme support, beaucoup plus diffusé, beaucoup plus accessible.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

(source)

De l’eau jaillit la lumière

Enfin, le projet le plus récent présenté par Antonin Fourneau est un projet que vous avez peut-être découvert il y a quelques semaines. Intitulé “Water Light Graffiti” ce projet se présente comme un grand mur de LED réagissant au contact de l’eau et permettant comme son nom l’indique de taguer sa surface à l’aide de n’importe quel objet qui projette de l’eau. Vos “bombes de peintures” seront donc pinceaux, éponges, pistolets à eau voire des seaux d’eau ! On peut ainsi définir ce travail comme un matériau architectural nouveau permettant de laisser une trace lumineuse et éphémère. À noter également que le projet a été réalisé avec DigitalArti, une structure qui aura su trouver ingénieurs et designers pour accompagner Antonin Fourneau dans ce projet poétique.

En vidéo

Cliquer ici pour voir la vidéo.

(source)

Pour retrouver tout le travail d’Antonin :

Bonne fin de semaine, et à la semaine prochaine ! :)

Geoffrey

Neutralité sans foi ni loi

jeudi 20 septembre 2012 à 20:30

Le régulateur se remet à la neutralité du net

Le régulateur se remet à la neutralité du net

Le gendarme des télécoms renoue avec la neutralité du net. Dans un rapport remis il y a quelques jours au nouveau ...

Décidément, c’est un peu sa fête ! Après la proposition de loi de la député UMP Laure de la Raudière il y a quelques jours, la neutralité du Net se retrouve une nouvelle fois devant le Parlement. Cette fois-ci, c’est le gendarme des télécoms (Arcep) qui s’y colle, en présentant aux élus et au gouvernement un rapport [PDF] prévu de longue date.

Sur le fond, le document de 134 pages diffère peu de la version présentée au public en mai dernier (lire notre analyse sur le sujet : “Le régulateur se remet à la neutralité du Net”). Plus offensif qu’il y a quelques mois, le régulateur des télécoms ne se montre pas toujours tendre avec les fournisseurs d’accès à Internet (FAI), dont les pratiques et les modèles d’avenir sont ” susceptibles d’entraver, dans certaines circonstances, le principe de neutralité de l’internet” (p.5).

L’Arcep se garde bien néanmoins de se prononcer explicitement en faveur d’une loi protégeant la neutralité du Net. Pas folle la guêpe ! Enlisée dès la rentrée dans un projet très politique de rapprochement avec le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, elle évite soigneusement de pénétrer dans un territoire qui ne serait pas le sien -et qui lui vaudrait quelques coups de tatanes. Tout en rappelant dans un même mouvement subtil son utilité et son périmètre d’action. Pour un résultat mi-figue, mi-raisin.

Pédagogie

S’il ne se démarque pas par son engagement, le rapport de l’Arcep a néanmoins le mérite d’être pédagogique. Un bien nécessaire pour des élus souvent dépassés par les enjeux complexes du réseau.

Ce débat porte essentiellement sur la question de savoir quel contrôle les acteurs de l’internet ont le droit d’exercer sur le trafic acheminé. Il s’agit d’examiner les pratiques des opérateurs sur leurs réseaux, mais également leurs relations avec certains fournisseurs de contenus et d’applications. Peuvent-ils bloquer des services, ralentir certaines applications, prioriser certaines catégories de contenus ? Doivent-ils au contraire s’en tenir strictement au respect du principe d’égalité de traitement propre au « best effort » originel des concepteurs de l’internet ?

Définition de la neutralité, forces en présence, avancées des travaux en Europe comme en France : l’Arcep dresse un panorama assez complet des implications économiques et techniques du concept de neutralité, qui affirme que “les réseaux de communications électroniques doivent transporter tous les flux d’information de manière neutre, c’est-à-dire indépendamment de leur nature, de leur contenu, de leur expéditeur ou de leur destinataire.”

Une notion qui, “bien qu’elle n’ait pas à ce stade fait l’objet de dispositions légales, réglementaires ou même de stipulations contractuelles” écrit l’Arcep, sous-tend le fonctionnement d’Internet depuis ses débuts. Mais avec des utilisateurs toujours plus nombreux, et des services toujours plus gourmands en bande passante (streaming audio, vidéo, jeux en ligne…), certains acteurs souhaitent bousculer ce fonctionnement tacite :

D’une part, les opérateurs soulignent la pression que fait peser la croissance soutenue des trafics sur le dimensionnement des réseaux ; d’autre part, les utilisateurs (internautes comme fournisseurs de contenus et d’applications) rappellent tous les bénéfices tirés d’un modèle neutre, notamment le foisonnement d’innovations et d’usages qu’il a entraîné, et attirent l’attention sur le fait qu’une atteinte aux principes de fonctionnement de l’internet pourrait remettre en cause son développement.

FAI égratignés

Guerre de cyber-tranchées dans laquelle l’autorité des télécoms s’abstient de trancher. Même si elle égratigne, dans un vocabulaire arcepien certes mesuré, quelques arguments et projets commerciaux des opérateurs.

Elle évoque ainsi le risque d’apparition d’un “Internet à deux vitesses”, où le ralentissement ou le blocage de certains contenus “susceptibles d’entraver, dans certaines circonstances, le principe de neutralité de l’internet.” De même, elle s’inquiète de la mise en place “d’offres premium”, pratique “d’autant plus efficace pour un FAI que la qualité de service associée à l’internet «best effort » est basse”, souligne l’autorité.

Le gendarme des télécoms s’abstient néanmoins d’aller au-delà des prérogatives qui sont les siennes. Et justifie sans arrêt ses prises de position, notamment en rappelant le pouvoir que lui confie l’Europe via le Paquet Telecom : le “règlement de différends” qui pourraient apparaître entre les FAI et des sites Internet, ou “la fixation d’exigences minimales de qualité de service.”

Rien de plus ! L’Arcep la joue bonne élève et déclare :

Il appartient désormais au Parlement et au Gouvernement de déterminer les suites qu’ils souhaitent donner à ce rapport.

A peine se permet-elle quelques incartades, afin de mettre en avant ses efforts dans les quatre chantiers qu’elle a mis en place sur la transparence des offres des FAI, la qualité de leurs prestations, la gestion de trafic et l’interconnexion entre les acteurs du Net.

Ou pour rappeler à Orange, Free, SFR, Bouygues et compagnie qu’ils “n’ont pas à prendre l’initiative du contrôle de la légalité des contenus qu’ils acheminent.” Précisant néanmoins en préambule que ces “questions sociétales et éthiques [..] relèvent du législateur, du juge et d’entités administratives autres que l’ARCEP.”

Ou encore pour inviter, toujours avec force pincettes et humilité, le Parlement à renforcer certaines de ses fonctions. Ainsi dans le cadre de l’observatoire de la qualité de l’accès à l’Internet fixe, elle suggère au Parlement, “s’il l’estime utile” bien sûr, “de donner à l’ARCEP les moyens juridiques et financiers pour mesurer de façon plus indépendante les indicateurs de qualité de service.” Une décision qui lui “appartient”, évidemment, dans un dossier où l’éventualité de tricheries de la part des opérateurs a été pointée bien des fois. Subtile art de feindre de ne pas y toucher.

J’ai pas touché !

Une position qui a de quoi agacer. Du côté du collectif de La Quadrature du Net, Benjamin Sonntag lance :

Il faut mettre fin à ce jeu de dupes qui depuis trois ans consiste à empiler les rapports et les déclarations en faveur de la neutralité, tout en se refusant à inscrire dans la loi ce principe fondamental.

Les consommateurs abandonnés aux FAI

Les consommateurs abandonnés aux FAI

C'est aux consommateurs de garantir la neutralité du net. Pas aux institutions. Si les opérateurs limitent l'accès à ...

Il faut dire que l’autorité marche sur des œufs.

Côté européen, elle doit composer avec la position de Neelie Kroes, qui ne se démarque pas par une démarche proactive en matière de neutralité du Net, et celle du régulateur européen, le Berec, qui se montre un poil plus déterminé.

Côté français, c’est encore pire : la sortie d’Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, cet été, contre les décisions jugées trop “politiques” de l’Arcep pendant l’affaire Free mobile, a laissé quelques plaies. Largement rouvertes par le projet de rapprochement avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel (traduite en simple “évolution de la régulation de l’audiovisuel” en langage arcepien), lancé à la rentrée par le gouvernement, et qui s’apparente à une sanction politique.

Sans compter que le cabinet de Fleur Pellerin a fait savoir qu’il ne désirait pas se lancer dans une loi sur la neutralité. S’en tenant au statu quo, et renvoyant au régulateur des télécoms en cas de problème. Il ne serait donc pas opportun pour ce dernier de s’opposer, même subtilement, à cet avis, qui va (pour une fois) dans son sens…


Photo [CC-bysa] par Spaghetti Junction

UFC médiateur de la guerre Free/YouTube

jeudi 20 septembre 2012 à 16:53
La guerre des tuyaux

La guerre des tuyaux

Derrière la lecture d'une vidéo YouTube sur votre écran, c'est la guerre. Fournisseurs d'accès à Internet et éditeurs ...

Les abonnés à Free en sont bien conscients : regarder une vidéo le soir sur YouTube relève de l’exploit. Une histoire qui dure depuis des mois, sans pour autant trouver d’issue : Free et Google se renvoyant mutuellement la balle dans l’affaire. Et refusant de bouger d’un iota.

UFC Que Choisir a décidé d’en finir en saisissant Benoit Hamon, qui a en charge la direction de la concurrence (DGCCRF), et le gendarme des télécoms (l’Arcep) de ce problème.

Dans le but “de trancher ce litige qui prend en otage les consommateurs et de mieux encadrer le marché”, a écrit Alain Bazot, le président de l’association de défense des consommateurs, sur son blog.

Contactés par Owni, l’Arcep et la DGCCRF ont confirmé avoir été saisis, sans toutefois souhaiter s’exprimer davantage.

Sur Internet, c’est la fête, on s’interconnecte

Le marché visé par l’UFC est celui dit de l’interconnexion, dont les règles, souvent opaques pour les internautes, ont pourtant des incidences importantes sur notre quotidien en ligne : c’est la manière dont les acteurs d’Internet acceptent de se relier les uns aux autres. Des deals souvent conclus sur un coin de table, et qui peuvent tordre le principe de neutralité du Net, qui affirme que chaque internaute peut produire et consulter le contenu de son choix, sans discrimination entre les services, sur le réseau.

Alain Bazot souhaite d’ailleurs profiter du “dépôt de la proposition de loi de Laure de la Raudière visant à garantir la neutralité d’Internet”, afin d’engager une “nouvelle démarche pour pousser le gouvernement à s’engager…”

En l’espèce, Free estime que la faute revient à Google : le géant américain est accusé de ne pas déployer en France l’infrastructure nécessaire qui permettrait de désembouteiller le trafic important généré le soir, sur son site de partage de vidéos. Google quant à lui, garde le silence sur le sujet, même si en coulisses, les discussions ne seraient pas pour autant rompues.

La neutralité remise sur le tapis

La neutralité remise sur le tapis

En déposant une proposition de loi visant à protéger la neutralité du Net, Laure de la Raudière (UMP) entend bien faire ...

“Sans l’établissement de règles claires, les problèmes d’interconnexion (peering) entre les différents acteurs, dont sont victimes les consommateurs, risquent d’exploser, “ conclut Alain Bazot. “L’idéal serait d’aller plus loin que cette affaire Free-YouTube, et de poser la question générale de l’interconnexion”, ajoute Édouard Barreiro, en charge des questions numériques à l’UFC, contacté par Owni.

Un constat que partage l’Autorité des télécoms, qui a précisément décidé en avril dernier de se mêler aux questions d’interconnexion en France. Sans que l’initiative ravissent, c’est le moins qu’on puisse dire, les acteurs du Net concernés.

Particulièrement à l’étranger : Internet étant Internet, les informations demandées par l’Arcep visent aussi des sites et des opérateurs qui se relient au réseau français. AT&T et Verizon, les deux opérateurs américains, ont moyennement apprécié de voir le régulateur français fourrer son nez dans leur business. Résultat : ce dernier se retrouve attaqué devant le Conseil d’État. C’est dire si ce marché est particulièrement sensible.

Vers une solution ?

Hasard (ou pas) du calendrier, la sortie de l’UFC intervient alors que l’autorité de la concurrence vient de trancher un différend, également de longue date, opposant Orange à Cogent, un intermédiaire (ou opérateur de transit) du réseau qui revend de la bande passante à d’autres acteurs d’Internet.

L’opérateur français avait demandé à la boîte américaine de payer plus si elle voulait voir son trafic (et celui de ses clients, dont le très populaire Megaupload) transporté sur son réseau. Cogent y voyait un abus de position dominante ; c’est perdu selon l’autorité de la concurrence ! Orange est dans son bon droit, a-t-elle estimé, “dans la mesure où une telle rémunération n’est pas une pratique inhabituelle dans le monde de l’Internet en cas de déséquilibre important des flux entrant et sortant entre deux réseaux et correspond à la politique générale de “peering” adoptée par France Télécom.”

Cette décision, souligne l’autorité, est une première mondiale “sur une question très discutée dans le cadre du débat sur la neutralité de l’Internet : les opérateurs de réseau sont-ils en droit de facturer l’ouverture de capacités complémentaires ?” A en croire l’autorité de la concurrence, oui. Parions que Free saura s’en souvenir…


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