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Le datajournalisme appliqué à la police

vendredi 12 octobre 2012 à 14:04

Lire l’article : Courir après les policiers municipaux

1. D’abord partir des données de bases laborieusement saisies dans un spreadsheet Google doc.

2. Avoir sous le coude les données de référence généreusement fournies par Emmanuel Salomon sur son site dev.ggouv.fr donnant pour chaque ville sa position géographique et son nombre d’habitants.

3. Avec un script utilisant les API Google de spreadsheet

- vérifier qu’on trouve pour chaque ville du premier tableau un enregistrement dans le second tableau.
- si besoin corriger les noms des villes et relancer le script jusqu’à ce que toutes les villes soient correctement identifiées.
- insérer le résultat du produit des deux tableaux dans un troisième qui servira de base à la carte.

4. Enfin, créer une table de fusion à partir de ce dernier, ce qui permet de rendre public les données propres et d’afficher la carte en quelques clics :

Image CC Flickr PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification MizGingerSnaps

Courir après les policiers municipaux

vendredi 12 octobre 2012 à 13:40
Interdit à la police municipale ? – Photo CC by C’était mieux demain

Interdit à la police municipale ? – Photo CC by C’était mieux demain

Légende de la carte
Balise blanche = données par ville
Balise bleue = données ou précisions concernant le département

Depuis février 2011, la mission gouvernementale Etalab est censée “apporter son appui aux établissements publics administratifs, pour la réutilisation la plus large possible de leurs informations publiques”. Encore faut-il que la notion d’Open Data soit arrivée aux oreilles desdites administrations. Car notre travail, ou plutôt notre ébauche de travail sur les polices municipales montre, une fois de plus, que l’Open Data est un sport d’endurance. Point d’étape, en espérant débloquer la situation.

La France entr’ouverte

La France entr’ouverte

L'État a lancé son site data.gouv.fr. La France, enthousiaste, ouvre donc ses données publiques comme les États-Unis. ...

Kafka dans la place

Au début de l’été, nous avons lancé avec nos amis de La Gazette des communes un projet commun : une carte de France des polices municipales. En effet, ce corps de métier prend une part de plus en plus importante pour assurer la sécurité intérieure. Ses effectifs ont doublé depuis une vingtaine d’années et elle représente la troisième force de police de France.  La doctrine d’emploi varie aussi d’une collectivité locale à l’autre, entre rôle préventif et véritable supplétif de son homologue national. Des différences de point de vue dont témoigne le débat sur le choix d’équiper les hommes avec des armes à feu.

Et au-delà des simples chiffres bruts, il y avait là une belle matière à analyser en rajoutant des couches de données :

- ratio effectif police municipale/police ou gendarmerie nationale
- type d’armement
- couleur politique
- revenu par habitant
- taux de délinquance
- service public comme La Poste
- la présence de caméras de vidéosurveillance

Ce projet était, sur le papier, facilement réalisable. En effet, une étude a été publiée en juin par le Centre national de la fonction publique et territoriale (CNFPT) avec des données agrégées. Les données brutes existent donc bien quelque part. L’organisme nous a répondu par la négative et notre relance étonnée n’a pas eu de retour.

Restait donc le ministère de l’Intérieur, qui nous a renvoyé fissa… aux préfectures. Pour mémoire, la France compte 100 départements, soit 100 adresses mails de service communication à lister dans un premier temps. Bien sûr, il aurait été trop simple que les coordonnées, à jour, fussent accessibles de façon claire sur chaque site de préfecture. Nenni, il a fallu aller les gratter sur Mediasig, avec un taux de courriels erronés non négligeable.

Au final, du pire au mieux, voici ce que les préfectures nous ont envoyé. De maigres résultats rageants, sachant que les préfectures ont ces données, comme l’une d’elles nous l’a confirmée :

Dans la mesure où les policiers municipaux font l’objet d’un double agrément préfet-procureur, toute préfecture est en mesure de sortir le nombre de policiers municipaux qu’elle a agréé. De plus le ministère demande des stats tous les ans.

Du néant au Graal du .xls

☠☠☠☠☠ : aucun retour. C’est le cas des 3/4 des préfectures environ.

☠☠☠☠ : un retour négatif, doublé d’un échange kafkaiën, comme celui que nous avons eu avec le service de communication du Morbihan, fort empressé au demeurant. Au moins sait-on pourquoi notre demande est refusée et vite, avec un humain au bout du fil :

- On ne les donne pas, voyez avec les communes, cela relève de leur responsabilité.

- Mais vous avez ces chiffres, puisque d’autres préfectures me les ont passés.

- Si d’autres préfectures ont pris la responsabilité de vous les passer, c’est leur choix. C’est du domaine des communes, adressez-vous à elles.

- Mais où est la prise de risque de me donner une information publique, les citoyens sont bien informés quand leur conseil municipal décide ?

- etc.

Le datajournalisme appliqué à la police

Le datajournalisme appliqué à la police

Sur un sujet par nature difficile à appréhender, car entouré d'une relative discrétion, le datajournalisme permet de ...

Fin du coup de fil, le point Godwin a été réfréné. Trop facile.

Variante en Haute-Savoie

- “Voyez avec les mairies, voici le mail de l’association des maires.”

Mail dans ce sens, réponse 15 jours plus tard :

- “Nous avons bien reçu votre demande mais nous ne pouvons malheureusement pas y répondre favorablement dans la mesure où n’avons absolument pas à notre disposition de telles listes. Je ne comprends pas pourquoi la Préfecture vous a renvoyé vers nous…”

Rebelote vers la préfecture. Nous attendons toujours leur réponse.

☠☠☠ : on nous passe des données mais ce sont des effectifs globaux pour le département, comme par exemple dans l’Hérault. À noter qu’en dépit d’un mail initial assez clair, la Moselle a d’abord envoyé ce type d’information. En insistant un peu, on a fini par récupérer le détail. Certes un pdf qu’il a fallu retaper, mais quand même (cf ☠☠).

☠☠ : un pdf imbitable est envoyé, ou pire un xls qui fait des caprices après vous avoir bercé de fausses illusions. Au final, ça va plus vite en recopiant.

: le document consent, au prix de quelques contorsions, à rentrer dans notre feuille de calcul. Comme dans la chanson, “mon indocile, mon difficile, et puis docile…”. On a aussi eu le cas de données envoyées dans le corps du mail.

coeur : un merveilleux tableau Excel ou un pdf qui se laisse copier-coller sans les petites bizarreries de mise en page habituelles avec ce format pourri dont les charmes nous échappent parfois. Ces cas-là se comptent malheureusement sur les doigts de la main d’un menuisier en fin de carrière.

Texte : Sabine Blanc
Carte : Julien Kirch


Interdit à la police municipale ? – Photo CC by C’était mieux demain / repimpée ici et sur la une par Owni /-)

Google irrigue la culture en ligne

vendredi 12 octobre 2012 à 11:11

Soucieux de soigner son image de plus grosse régie publicitaire au monde, depuis longtemps Google aide les arts et la culture, avec par exemple le passionnant Google Art Project sorti en 2011 et permettant de visiter virtuellement différents musées comme celui de Versailles, le Metropolitan Museum of Art of New York ou encore la Tate Modern Gallery de Londres. Plus simplement encore avec les Google Doodle, ces logos de Google redessinés et  l’occasion d’un événement et qui font sourire les millions de connectés. Le lancement de son Institut culturel, ce mercredi, s’inscrit dans cette dynamique.

42 histoires

Le site propose donc 42 histoires de 1900 à 2000 à travers une frise chronologique simple et élégante. On y retrouve des sujets historiques comme la déportation pendant la Seconde Guerre Mondiale, Mai 68 ou des personnages comme Nelson Mandela, la Reine Elisabeth II ou encore Anne Frank.

Mark Yoshitaka, responsable du projet explique que le site est structurée par les thématiques pour offrir un contenu qui invite plus facilement à la découverte. De même, la liste des quarante-deux sujets devrait s’agrandir pour compléter ce projet évolutif ! Et il conclu sur : “Le but est d’associer le savoir-faire informatique de Google et les archives des prestigieuses institutions culturelles”. Le meilleur des deux mondes donc.

Arrêtons-nous un instant sur la première page et qu’y voyons-nous ?

Pleine page

L’utilisation de la photo en fond et en plein écran est une énorme tendance de cette année 2012. Trois évolutions l’expliquent : les progrès des technologies web et des standards, les débits Internet élevés qui se banalisent et la démocratisation des appareils photos réflex de bonne qualité. De même, on remarquera que chaque image est sombre sur les bords. Cela s’appelle le “vignettage” et là encore c’est à la mode. Le vignettage est en théorie provoqué par une insuffisance de l’objectif photographique. Sur une image numérique, cet “effet” est là pour créer une impression d’intimité et pour rappeler la “vraie photo en papier”.

Minimaliste

Sur le site, il y a de nombreuses façons d’accéder au contenu. En effet, plus il est riche et dense, plus les angles pour le découvrir sont nombreux. Il vous faudra donc naviguer entre les images très simplement en cliquant sur les flèches de chaque côté de l’écran, ou alors afficher le contenu sous forme de mosaïque. Vous avez aussi la possibilité de naviguer avec une barre de défilement horizontale qui fait office de frise chronologique.

Labeur

Pour la typographie, Google a ses propres outils comme Google Web Font, c’est donc de ce site que la typo de titre (le Oswald pour les intimes) et la typo de labeur (le Merriweather pour les mêmes) proviennent. Tout le travail typo en blanc sur fond de photo est plutôt bien réussi et offre une lecture confortable même sur les petits écrans.

Le Oswald

Le Merriweather

Simple complexité

En design,less is more” est un adage que j’apprécie dispenser et pratiquer. En effet, un site comme le Google Cultural Institute se retrouve a devoir aller à l’essentiel. Par exemple, avec cette page de recherche, on se retrouve un petit peu dans l’esprit du moteur de recherche de Google et nous gardons ainsi nos repères pour naviguer.

Et pour s’en servir vraiment ?

Comme souvent sur ce genre de projet, je pose la question suivante : “Et est-ce que vous vous en serviriez réellement ?”. Pas au quotidien comme une boîte e-mail ou comme Facebook, mais vraiment aller chercher, creuser l’information, naviguer dans un contenu comme on tourne les pages d’un livre chaque soir où comme on regarde les vidéos des conférences TED avant de s’endormir. Pour cela, Youtube propose sur sa chaîne dédiée au Google Cultural Institute, une vidéo explicative (en anglais sous-titré en français).

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Je me demande cependant si, en dehors de l’enseignement (ce qui est déjà une bonne chose!), des utilisateurs continueront d’aller sur le site une fois “l’effet waou” passé.

Rassembler est également une des forces de Google car sous l’égide de son institut se développe en fait des partenariats avec de nombreux acteurs de la culture comme le musée de Auschwitz-Birkenau, la Fondation France Israel, la Anne Frank House ou encore des sociétés comme Getty Images, la collection de photos du magazine LIFE et même la Mairie de Paris.

Pour aller plus loin sur le sujet, je vous invite à pratiquer vous même l’expérience du Google Cultural Institute et également consulter la chaîne Youtube du Google Cultural Institute.

L’Uruguay tente l’Open Data à la demande

vendredi 12 octobre 2012 à 09:00
Lock in Hand - Photo CC by-nd Matt Dringenberg

Lock in Hand - Photo CC by-nd Matt Dringenberg

Quand nous sommes tombés sur QueSabes.org, nous avons cru quelques jours que l’Uruguay se positionnait en pointe du mouvement Open Data en Amérique du Sud. Ce n’est qu’après avoir discuté avec l’un des fondateurs de cette plate-forme que nous avons compris qu’il s’agissait là d’une initiative citoyenne  : demander aux Uruguayens les données qu’ils souhaitaient voir publier pour relayer ces doléances aux pouvoirs publics. Avocat de formation, enseignant-chercheur à la London School of Economics, le natif de Montevideo Fabrizzio Scrollini nous a exposé le projet qui l’anime depuis qu’il a découvert l’Open Data à l’anglaise.

Owni : comment est née l’idée du projet”Que Sabes.org” ?

Fabrizzio Scrollini : En m’installant à Londres, j’ai découvert les projets d’Open Data comme My Society et la Open Knowledge Foundation, qui impliquaient les citoyens dans le mouvement Open Data. De retour en Uruguay, j’ai réalisé qu’il y avait un terreau favorable pour ce type d’initiative : des programmeurs de la communauté du logiciel libre, des avocats et des chercheurs en sciences humaines s’intéressaient à l’impact de l’Open Data et voulaient en faire profiter le pays. Nous avons ainsi lancé DATA, une sorte d’ONG sous forme associative, composée de 35 bénévoles, une moitié de développeurs et une autre de scientifiques et de juristes. Le plus vieux à 35 ans ! Certains sont restés au pays, d’autres travaillent en Europe ou aux Etats-Unis : tout s’est monté par Skype et Google Chat ! Que Sabes.org est notre premier gros projet.

Tout s’est monté par Skype et Google Chat !

Pourquoi avoir choisi l’Uruguay pour lancer cette première initiative ?

Pour commencer, une partie des membres fondateurs de DATA sont originaires de ce pays (même s’il y a aussi des Anglais et des Américains, notamment). Ensuite, le pays a des caractéristiques intéressantes pour un tel projet : l’accès au web est supérieur à la moyenne (56%), il y existe une tradition forte de défense des droits de l’homme et elle constitue un bon terrain d’expérimentation à petite échelle avant de s’attaquer à de plus grandes zones géographiques.

Comment fonctionne Que Sabes ?

Le portail propose à chacun de déposer des demandes de données et de consulter celles qui ont déjà été déposées et transmises aux autorités. Le fait de pouvoir consulter les demandes déjà déposées est en soi une révolution car, du côté des pouvoirs publics, il n’y a aucun moyen de connaître le nombre de demandes et leur nature. Nous ne censurons rien mais nous excluons de la recherche les messages insultants pour l’Etat, ce n’est pas notre propos. En une semaine, nous avons reçu une centaine de demandes mais, au vu des statistiques, nous pensons que la cadence doublera assez vite. Une vingtaine portait sur la criminalité, beaucoup également sur la santé et le logement. D’autres sont plus “piquantes”, comme les questions portant sur le salaire des fonctionnaires. Mais nous ne jugeons pas les demandes, nous les prenons telles quelles.

Nous ne jugeons pas les demandes, nous les prenons telles quelles.

Quelle lien entretenez-vous avec les autorités ?

Nous avons des contacts informels avec des agents qui sont plutôt favorables à l’Open Data. En revanche, quand nous faisons des demandes aux administrations, les attitudes sont très variables. La mairie de Montevideo est très réticente malgré sa politique d’Open Data : les avocats de la ville réclament que chaque demande passe par un formulaire à télécharger en PDF sur leur site à déposer aux heures d’ouvertures de leurs bureaux. Pour ceux qui habitent à plus de 200 kilomètres de la capitale, c’est un peu compliqué ! Le National Service Office qui est chargé de la rémunération des fonctionnaires est tout aussi procédurier. A l’inverse, la présidence de la République s’avère particulièrement coopérante. Nous devons donc jouer avec son champ de compétences pour trouver les données que nous cherchons : nous avons pu récupérer grâce à elle des données sur la sécurité routière, l’environnement ou la criminalité. Il faut se frayer un chemin dans les prérogatives de chaque administration et ça rend la recherche et l’obtention des données parfois délicate. Mais il est essentiel d’être en contact avec les autorités car ce sont elles qui fixent les standards techniques et les formats des données dont nous relayons les demandes.

Les avocats de la ville réclament que chaque demande passe par un formulaire à télécharger en PDF sur leur site à déposer aux heures d’ouvertures de leurs bureaux.

L’Uruguay dispose-t-il d’une législation pour favoriser l’Open Data ?

La loi 18-381 d’octobre 2008, ou ley de acceso a la informacion publica, garantit théoriquement l’accès libre des citoyens aux données publiques. Sauf qu’en pratique, la tournure juridique uruguayenne a tendance à dénigrer les citoyens et leurs exigences. L’agence de e-gouvernement qui est chargée de son application est favorable à notre initiative  : elle nous a même prêté ses locaux pour le lancement officiel ! Mais le reste de l’administration n’est pas forcément au même niveau.

Quelle relation avez-vous avec le tissu des ONG sud-américaines  ?

Il y a une rupture très nette entre organisations à l’ancienne et organisations nées de l’essor des communautés numériques. Nous espérions pouvoir combler l’écart car les dissonances que provoque cette rupture ne sont pas favorables à des projets à l’échelle du continent. L’ONG uruguayenne Centre d’archivage et d’accès à l’information public (ou CAinfo) nous soutient depuis le début et nous avons également reçu les encouragements de l’Unesco.

Il y a une rupture très nette entre organisations à l’ancienne et organisations nées de l’essor des communautés numériques.

Quelles sont vos sources de financement  ?

Nous sommes tous bénévoles et nous mettons de notre poche pour les frais que génère le projet. Notre seule dépense réelle pour le moment a consisté à faire venir à Montevideo des activistes du Brésil, du Chili et d’Espagne pour le lancement de QueSabes.org. Quant au logiciel, il s’agit de Alaveteli, un programme open source développé par Francis Irving en Angleterre et qui fait tourner d’autres plates-formes du même type, comme What do they know. Nous avons pour projet de nous constituer en coopérative afin de garantir notre indépendance financière, ce qui est crucial au regard de notre projet.

Quels développements prévoyez-vous pour QueSabes.org ?

Que Sabes vise un projet de sensibilisation civique. Nous voudrions pouvoir offrir des stages aux jeunes pour leur apprendre à demander et trouver les informations qu’ils cherchent, en s’appuyant sur le programme One laptop per child, qui leur offre l’outil de base de leur recherche : un accès à Internet. Si nous réussissons notre expérience en Uruguay, nous envisageons de le répliquer au Paraguay voire dans des états d’Argentine… Toujours dans une démarche ouverte et coopérative. Il y a énormément de place pour les projets collaboratifs en Amérique latine.


Lock in Hand – Photo CC [by-nd] Matt Dringenberg

[Màj] Fin de l’Internet illimité : c’est reparti

jeudi 11 octobre 2012 à 17:14

Stéphane Richard, le patron d'Orange, ne ment pas car Stéphane Richard, le patron d'Orange, a un bisounours sur son épaule.

La fin de l’Internet illimité

La fin de l’Internet illimité

Des opérateurs veulent mettre un terme aux forfaits Internet illimités dans les foyers français. Un document de la ...


Mise à jour (19h34) : Lettre A maintient
Une guerre de position s’engage. Contacté par Owni suite à l’appel d’Orange, Grégoire Pinson, rédacteur en chef de la lettre d’information à l’origine du papier en cause, maintient. “Je ne comprends pas où il y a pu avoir malentendu”, regrette-t-il.
Il explique avoir contacté les équipes d’Orange afin d’aborder avec elles un éventuel projet de mise en place “de forfaits différenciés selon les usages des internautes”. L’opérateur aurait d’abord confirmé travailler sur ces offres, avant “de parler de lui-même de DPI.” Le journaliste aurait alors demandé la provenance de cette technologie, le FAI évoquant Qosmos, avant de citer l’expérience du fameux panel “Orange Préférences”.

Mise à jour (18h50) : un “amalgame”
Suite à nos sollicitations, Orange nous a indiqué avoir été victime d’un “amalgame important”. Lettre A aurait confondu la mise en place l’été dernier d’une étude marketing intitulée “Orange préférence”, utilisant effectivement la technologie DPI et placée sous le contrôle de la Cnil, avec le projet d’instauration d’offres Internet différenciées. “Nous n’avons aucun projet de commercialiser des offres différenciées, encore moins en utilisant une technologie DPI”, indique le service presse.

Aujourd’hui terminé, le panel en question était sur la base d’un volontariat. Alain Bazot, le président de l’UFC-Que Choisir, s’était néanmoins étonné de cette pratique, qui revenait selon lui “à surveiller votre navigation Internet à la trace pour connaître vos centres d’intérêt et ne vous proposer que la publicité qui vous intéresse.” Il concluait alors : “entre cette nouvelle méthode optionnelle et la clause générale dénoncée, la frontière est mince et Orange semble nager en eaux troubles… A vouloir se plonger dans les flux, Orange risque bien de boire la tasse !”

Interrogé sur son utilisation de la technologie, Orange nous assure “ne faire plus aucune utilisation de la technologie DPI” sur sa clientèle.


Juré, promis, craché : ils ne toucheraient pas à l’Internet illimité ! En tout cas, c’est ce que les opérateurs français s’étaient évertués à faire croire il y a un an, suite à la publication d’un article sur Owni, révélant la volonté de quelques uns à limiter les abonnements Internet.

La Lettre A en date du 12 octobre, reprise par Rue89, indique que l’opérateur historique n’a pas tenu ses promesses. Orange préparait “activement des offres de débits différenciés”, avec l’aide de l’équipementier… Qosmos ! L’entreprise française suspectée d’avoir permis à Bachar al Assad de surveiller sa population. Et de la fameuse technologie de DPI, permettant de fouiner dans les flux Internet des internautes. Pratique pour surveiller massivement une population donc, ou pour mettre en place, comme ici, un système de forfaits différenciés en fonction des usages. Imaginez : un abonnement allégé pour aller sur Facebook et consulter ses mails, un autre plus coûteux pour faire du streaming et pourquoi pas encore un autre pour passer des coups de fil sur Skype ?

Si le scénario semble surréaliste dans un pays comme le nôtre, où l’abonnement Internet illimité a été démocratisé avec l’arrivée de Free en en 2002, il est bel et bien réel dans d’autres pays. Ainsi en Grande-Bretagne ou bien encore aux États-Unis. Ce pays dont le modèle de télécommunications faisant tant rêver, à l’époque, le porte-parole d’Orange qui s’exclamait :

Les tarifs américains, c’est le rêve de tous les opérateurs !

Le processus serait déjà bien entamé. Selon Rue89, la La Lettre A évoquerait même l’existence de tests, menés de concert par Orange, Alcatel-Lucent et la Cnil, afin d’identifier les usages des internautes et de “trouver des axes de différenciation des services”. A suivre…


Loltoshop maison sur une photo de Guillaume Paumier