PROJET AUTOBLOG


Owni

Archivé

source: Owni

⇐ retour index

Le cyberespion russe espionné

vendredi 2 novembre 2012 à 17:27

C’est une histoire tirée d’un roman d’espionnage, plutôt à la mode OSS 117. Un État fabrique un logiciel espion, le lance sur sa cible, un autre État. Celui-ci s’en rend compte, dissèque ledit logiciel dans le plus grand secret. Il décide ensuite de piéger l’attaquant, y parvient. À la fin, il publie un rapport avec les photos du pirate ennemi, obtenues en entrant dans son ordinateur.

Fin de la fiction. L’histoire est réelle. Le rapport a été publié en anglais la semaine dernière par l’agence d’échange de données géorgienne. Il pointe la main de la Russie dans une cyberattaque importante contre la Géorgie découverte en mars 2011. “Un acte de cyberespionnage” écrit l’agence dans son rapport qui détaille le modus operandi sophistiqué de l’attaque.

Informations confidentielles

Première étape : des sites d’informations géorgiens sont piratés. Le script malveillant placé sur ces pages infecte les ordinateurs des visiteurs. La pêche aux “informations confidentielles et sensibles” peut commencer. Étape deux : les ordinateurs piratés sont criblés pour dénicher les précieuses informations qui sont renvoyées (c’est l’étape trois) vers un serveur distant. Malins, les artisans de l’attaque changent régulièrement l’adresse du serveur.

Un jour sous surveillance

Un jour sous surveillance

Les documents révélés par WikiLeaks laissent entrevoir le paysage de la surveillance. Un téléphone portable devient un ...

Non content d’obtenir ces documents – principalement word, powerpoint et pdf à propos des questions des relations avec les États-Unis ou l’Otan – les pirates peuvent avoir accès aux micros et caméra de l’ordinateur infecté. Des fonctionnalités sophistiquées, mais pas hors du commun à en croire le catalogue de certains marchands d’armes de surveillance…

390 ordinateurs ont été infectés détaille le rapport de l’agence géorgienne. Une immense majorité en Géorgie, et quelques 5% en Europe et en Amérique du Nord. Les autorités géorgiennes affirment avoir reçu l’aide de services étrangers (américains et allemands) ainsi que l’assistance de grandes entreprises comme la division cybersécurité de Microsoft. Une fois disséqué, le logiciel malveillant a permis de remonter à la source. Les autorités géorgiennes sont parvenues à identifier le pirate, et le prendre en photo avec sa webcam.

La moustache de Moscou

Pas peu fière, l’organisation chargée de la cybersécurité géorgienne raconte :

Nous avons trouvé un PC infecté dans notre lab, avons envoyé une fausse archive ZIP, intitulée “Georgian-Nato agreement’, qui contenait le virus. L’attaquant a dérobé cette archive et a exécuté le fichier malveillant. Nous avons maintenu le contrôle sur son PC, puis capturé une vidéo de lui, personnellement.

La prise est évidemment jointe au dossier : deux photos d’un homme moustachu, sans uniforme, dans ce qui ressemble à un appartement.

Pour la Géorgie, l’origine de l’attaque ne fait aucun doute : Moscou est derrière. Ce ne serait pas une première. Lors de la guerre entre les deux pays à l’été 2008, le Russie avait mené des cyberattaques concomitamment aux attaques sur le terrain. Le rapport ne manque pas de le rappeler, citant “deux organisations indépendantes américaines”. Les cyberattaquants avaient alors pu compter sur “certaines ressources” appartenant à l’Institut de recherche du ministère de la défense russe.


Illustration par Alvaro Tapia Hidalgo [CC-byncnd]
Photos tirées du rapport [PDF] Cyber Espionnage against Georgian government (DR)

Philips aurait bien aimé réinventer la lumière

vendredi 2 novembre 2012 à 16:00

Une des actualités design de cette semaine est la sortie en fanfare de cette ampoule signée Philips et distribuée par Apple ! Rien que ça. Pendant que certaines startup souhaitent réinventer la roue, Philips “recrée” l’invention d’Edison qui date d’il y a maintenant 133 ans. L’idée est séduisante car depuis tout ce temps, l’ampoule n’a pas vraiment changé, cependant l’idée n’est pas si innovante que ça, on va le voir et les usages d’un tel objet me questionnent réellement.

Hello Hue

Hue, (prononcez “hiou”) est donc le nom de cette ampoule  soutenue par un marketing assez imposant. Les designers s’intéressent en général à l’expérience lumineuse, à l’objet lumineux dans sa globalité, à la forme de la lampe, mais rarement à son contenu : la lumière – ou plus précisément dans notre cas – l’ampoule. Philips a donc souhaité faire évoluer ce symbole de création avec la sortie de Hue qui est présentée comme “la prochaine étape dans l’éclairage des foyers” ou encore comme “le premier système d’éclairage domestique connecté à Internet”. Une révolution domotique ?

Selon Philips, l’innovation se situe dans le fait que cette ampoule à LED est capable de produire presque toutes les couleurs de la lumière dans la mesure d’un spectre de 16 millions de couleurs. Si l’idée semble attrayante, je vous laisse réfléchir sur ses usages réels. Pour cela, voici la vidéo de présentation de Hue.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La vidéo de présentation est assez surprenante car elle ressemble à une publicité Apple. Se faire passer pour un produit Apple sans le dire, voilà une stratégie de communication assez intéressante.

Cette ampoule est donc connectée à Internet et plus précisément à une application iPhone et iPad. Et oui, le smartphone et la tablette (ici transformés en télécommande) proposent une application qui permet de modifier la couleur de votre environnement selon plusieurs critères et de différentes façons. Cette “révolution design” est donc réservée aux utilisateurs d’Apple. Malgré tout son but est d’offrir une expérience nouvelle.

L’application

Une expérience

Comme le témoignent la vidéo et les images, l’expérience semble donc attrayante. Par exemple, chez vous, vous allez pouvoir modifier les tons et les nuances en fonction de votre humeur. Une utilisation dans des lieux tels que les écoles et les hôpitaux aideront à la concentration, à la relaxation ou encore à la lecture. Pour cela, vous pouvez aller directement choisir certaines présélections déjà enregistrées ou encore choisir une photo de ce joli couché de soleil du sud de la Bretagne afin d’y récupérer votre éclairage pour recréer une ambiance ou mieux, un souvenir. Hue possède également une minuterie pour assombrir ou allumer lentement l’éclairage.

“Think Different” (ou pas)

Vous vous en doutiez peut-être, le projet n’est finalement pas si innovant. En effet, Philips n’en est pas à son premier coup d’essai dans la lumière changeante avec notamment son projet “Living Colors”. Cette lampe sortie il y a cinq ans possède la même expérience mais reposait plutôt sur l’objet lampe et sur une télécommande.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La genèse

Mais surtout, je voulais vous parler du projet LIFX, un projet présenté sur Kickstarter et qui est presque intégralement identique à Hue. Lancé en septembre, son but est de proposer une ampoule “intelligente” qui se connecte en Wi-Fi et qui propose des ambiances colorées que vous contrôlez avec votre téléphone iPhone ou Android. Avec une demande de 100 000 dollars au départ, le projet aura su récolter 1 315 266 dollars. Un accueil impressionnant pour ce projet, mais reste à voir si l’innovation perdurera avec la sortie de Hue.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

De la question du besoin

“Du sens et de la simplicité” est le slogan de Philips et “Think Different” celui d’Apple. Je me pose donc la question des usages réels d’une telle ampoule. Comme de nombreux produits qui sortent aujourd’hui, nous n’avons pas un besoin immédiat, cependant l’expérience peut sembler intéressante, notamment dans le fait de retrouver un souvenir, une émotion passée à l’aide d’une couleur. De plus, la question de l’usage quotidien revient souvent au travers de cette ampoule. Apple qui la propose dans ses magasins vend en général des objets du quotidien. Même si l’ampoule est un objet du quotidien, qui réglera la luminosité et la couleur au quotidien ? De même, le design ne devrait-il pas être accessible au plus grand nombre en étant notamment multiplateforme ? La contrainte de la télécommande-iPhone reste assez forte.

Enfin, comme on l’a vu, les initiatives d’expérience lumineuse interactives sont de plus en plus nombreuses et je suis curieux de voir comment tout ceci se démocratisera, s’ouvrira et pourquoi pas, un jour, s’intégrera réellement dans notre foyer.

De même, j’aurais pu vous parler de la lampe Jelly Fish ou encore de la Mathmos Aduki Ni :

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Cliquer ici pour voir la vidéo.

En attendant, je retourne à la lueur de mon écran et je vous à la semaine prochaine pour de nouvelles actualités design, graphiques et créatives !

Geoffrey

Vol noir de corbeaux sur l’Open Data français

vendredi 2 novembre 2012 à 15:29

La France entr’ouverte

La France entr’ouverte

L'État a lancé son site data.gouv.fr. La France, enthousiaste, ouvre donc ses données publiques comme les États-Unis. ...

Ce mercredi, Le Journal du Net a publié un article intitulé “Etalab dissout, vers la fin de l’open data à la française ?”, à propos du regroupement d’Etalab, la mission gouvernementale chargée depuis 2011 de l’Open Data, avec la direction interministérielle pour la modernisation de l’action publique (DIMAP) et la direction interministérielle des systèmes d’information et de communication (DISIC).

Pour nos confrères, cette évolution “pourrait entrainer un changement de philosophie de la part de l’Etat en matière d’ouverture des données publiques”, en mal. L’article en évoquait un autre à l’appui, des Echos, “Open data : l’Etat pourrait renoncer à la gratuité des données publiques”.

Deux articles assez pessimistes, qui apparaissent peu factuels à Regards citoyens, association pionnière de l’Open Data en France, d’autant plus qu’ils ont été très relayés, en particulier sur Twitter, et qu’il a déclenché une réaction de l’UMP, qui y a vu une occasion de taper sur la majorité. Pour dénoncer le retour en arrière du gouvernement.

Au contraire, Regards citoyens y voient un effet de communication sans fondements :

Nous n’hésitons jamais à Regards citoyens à réagir quand des choses nous semblent alarmantes, par exemple sur les redevances que font payer certaines administrations ou les formats propriétaires d’Etalab, mais là nous avons plus le sentiment d’assister à la déferlante d’un buzz basé sur aucun fait réellement inquiétant.

#OpenData <3 #FactChecking :)

Un point de vue partagé par LiberTIC, autre historique :

<script src="//platform.twitter.com/widgets.js">

Point par point, Regards citoyens (RC) revient sur ce qu’il estime être des imprécisions et des spéculations, en s’appuyant en particulier sur le texte du décret (les gras sont de RC). Ainsi, le verbe dissoudre leur semble incorrect : “Le gouvernement a décidé de dissoudre Etalab dans la Direction interministérielle pour la modernisation de l’action publique [...]

L’Open Data payant s’ouvre à la gratuité des débats

L’Open Data payant s’ouvre à la gratuité des débats

Monétiser les données publiques : le débat a ressurgi après l'annonce la semaine d'une réflexion menée dans ce sens. Un ...

“Le secrétariat général pour la modernisation de l’action publique regroupera l’ancienne direction générale de la modernisation de l’Etat  (devenue direction interministérielle pour la modernisation de l’action  publique) et la direction interministérielle des systèmes d’information  et de communication (DISIC). Il prendra également en charge la coordination  interministérielle de la réforme des services déconcentrés de l’Etat,  ainsi que la mission chargée de faciliter la mise à disposition des  données publiques (mission dite Etalab). L’ensemble, placé sous  l’autorité du Premier ministre, constitue un outil cohérent pour une  nouvelle approche de la réforme administrative.”

“Il s’agit donc plus d’une refonte et modernisation de la DGME (anciennement juste à Bercy) dans l’esprit, interministériel, d’Etalab et de la DISIC que l’inverse”, commente RC. D’autant que le nouveau directeur est Jérôme Filippini, ancien de la DGME mais seulement depuis trois semaines, probablement en prévision de cette réorganisation, et surtout ancien de la DISIC.

Autre point mis en avant par le Journal du Net, qui avançait : “Mais alors que  la mission d’Etalab était de “rassembler” et de “mettre librement” les  données publiques à disposition d’une communauté de réutilisateurs,  l’ex-DGME se contentera désormais de “faciliter la mise à disposition  des données publiques”, stipule le décret paru au Journal Officiel.”

Une lecture un peu rapide du décret, poursuit RC, puisque les missions restent inchangées :

“Article 2.III ― Il coordonne l’action des services de l’Etat et de ses  établissements publics pour faciliter la réutilisation la plus large possible de leurs informations publiques. Il administre le portail  unique interministériel destiné à rassembler et à mettre à disposition librement l’ensemble des informations publiques de l’Etat, de ses établissements publics et, si elles le souhaitent, des collectivités  territoriales et des personnes de droit public ou de droit privé chargées d’une mission de service public. Il coordonne les travaux interministériels relatifs à l’amélioration du fonctionnement des services déconcentrés de l’Etat.”

Open Data, un premier bilan français

Open Data, un premier bilan français

Six mois après le lancement du portail gouvernemental de libération des données publiques Etalab, de nombreuses ...

Rajoutons que Jérôme Filippini a plutôt un profil data-compatible. Lors de son discours d’ouverture de l’Open World Forum, le mois dernier, le même Journal du Net rapportait “Evoquant le projet data.gouv sur l’ouverture des données publiques comme première étape de la démarche, il enfonce le clou : “Le premier ministre a pris l’initiative de lancer la semaine dernière un nouveau cycle de réformes de modernisation de l’action publique”, enchaîne-t-il. Or, l’une des colonnes vertébrales de ce nouveau projet est bien la participation des usagers et des agents à la construction du service public. “C’est évidemment là un premier lien qui va se dessiner entre l’Open Source et l’Open Gouvernance”

Feuille de route inchangée

Sur le passage au payant de certaines données, RC pointe un communiqué de presse du gouvernement relayé cette semaine par Etalab, annonçant l’inverse :

La feuille de route d’Etalab sera précisée dans les semaines qui viennent. Il s’agira de poursuivre la mise à disposition gratuite des données publiques.

Sur l’article des Echos, RC relève que “les informations sont au conditionnel et n’ont d’autres sources que la phrase d’Olivier Schrameck, peut-être même sortie de son contexte, Schrameck disait par ailleurs le contraire lors d’un colloque OpenData le lendemain” :

<script src="//platform.twitter.com/widgets.js">

“Au final ce décret ne fait que confirmer l’engagement opendata, conclut Regards citoyens, en le réorganisant, mais c’est la seule information nouvelle depuis la charte de déontologie [pdf] au premier conseil des ministres du gouvernement qui annonçait déjà un engagement fort pour l’opendata.”

On devrait en savoir davantage en décembre, avec la tenue du premier comité interministériel pour la modernisation de l’action publique. Il adoptera alors “une feuille de route sur l’administration numérique, l’e-citoyenneté et la mise à disposition de données publiques.”


Photo par John Curley [CC-byncsa]

À lire aussi cet article de LiberTIC : Couvrez ces données que l’on ne saurait voir

La cyberpropagande d’Obama et Romney

vendredi 2 novembre 2012 à 14:32

Mr et Mrs Sinker, mari et femme, assis sur un même canapé à Chicago, ont reçu en mars dernier le même mail de l’équipe de campagne de Barack Obama. Le même, à un détail près : M. Sinker se voyait proposer un don de 20$ et madame, de 25$. Une simple ligne corrigée automatiquement par une machine ayant eu accès à une information cruciale : Mme Sinker, 61 ans, avait auparavant été identifiée comme une grosse donatrice dans les fichiers du parti démocrate.

Analysés par ProPublica, les mails d'appel aux dons envoyés par l'équipe d'Obama en mars 2012 montraient des différences notables dans la formulation et les sommes demandés, selon que les sympathisants étaient enregistrés comme déjà donateurs ou non.


Les mystérieuses bases de données de Mitt Romney

Les mystérieuses bases de données de Mitt Romney

Aux États-Unis, le candidat républicain joue avec des bases de données (et avec la vie privée) de millions de potentiels ...

Décortiqué dans un graphique (voir l’illustration ci-dessus), ce cas d’école a été le départ d’une opération de reverse engineering (déconstruction d’un processus technologique) des “mail machines” des principales équipes de campagne. Si la première version du mail s’adressait en part égale à des hommes et à des femmes, donateurs réguliers ou non, pour une somme faible, la version 4 n’a été reçue que par des militants ayant déjà versé de l’argent, majoritairement des femmes, et proposait des montants allant de 0 à 300 dollars. La 5emouture, elle, s’adresse principalement à des hommes, seulement au-dessus de la trentaine et pour des petites sommes.

En faisant appel à ses lecteurs pour qu’ils partagent tous les mails reçus de la part des deux équipes de campagne, les journalistes du site ProPublica ont mis en place un système d’analyse comparative des différents mails envoyés avec pour objectif de prouver que ces équipes avaient recours à des systèmes automatisés de microciblage des militants.

Le 7 juillet, le site a ainsi analysé trois envois de l’équipe d’Obama. Grâce aux données récoltées par ProPublica, les journalistes ont pu classer les mails par “donation signal”, c’est-à-dire selon les montants des dons proposés lors des précédents mails. Aux profils gros donateurs, habitués aux mails demandant 220 à 280 dollars est envoyée une version remplie de liens de dons en un clic, prélevant automatiquement la somme proposée sur le numéro de compte enregistré. Pour les petits donateurs, bombardés de demandes de dons à moins de $40, il faut passer par une URL. Une preuve de la génération de mail “sur mesure” selon un critère renseigné dans les bases de données des partis.

Dans cette frise réunissant tous les mails transmis à ProPublica, chaque barre correspond au volume de mail envoyé par chaque équipe un jour donné, sa couleur correspondant à le nombre de variation par mail (tirant vers le rouge pour les plus optimisés).

Si l’analyse est encore en cours et les outils s’affinent au fil des jours, un résumé général donne à voir le bilan des mails déjà scannés. De mars à aujourd’hui, la quantité de mails est représentée pour chaque jour par une barre colorée, sur la ligne de l’expéditeur, dont la couleur change en fonction du nombre de variations, tirant vers le rouge pour les mails proposant le plus de versions différentes. Et dans les sondages comme dans l’utilisation des bases de données, Barack Obama semble conserver une avance certaine.


Illustration via la galerie Flickr de Nick Jugular [CC-byncsa]

De la data au street art, l’expulsion s’expose

vendredi 2 novembre 2012 à 11:30

Toujours pour rendre visibles les expulsés invisibles, nous diffusons nos motifs DANS LE MONDE RÉEL.

Le projet Expulsés.net, dont nous avions déjà parlé en grand bien, évolue pour sensibiliser davantage à la politique de reconduite à la frontière menée par la France en 2012.  Outre une base collectée auprès des association, en particulier RESF, détaillant le profil, partageable sur Twitter et Facebook, de chaque homme, femme ou enfant, Julien, le Bordelais à l’origine du projet a rajouté une couche IRL :

J’ai créé un kit de fabrication de figurines en argile reprenant les motifs du site. Il est produit avec une imprimante 3D et peut être reproduit et expédié sur demande à quiconque veut participer au projet. J’ai commencé à l’utiliser, à la plus grande surprise des passants qui emportent chez eux un petit totem mystérieux marqué d’une URL. Comme quoi la RepRap, ça sert pas qu’à faire des space invaders…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Il est aussi possible de télécharger des stickers. Julien donne le mode d’emploi pour que ce hack urbain soit efficace : “il est toujours préférable, afin de vous éviter divers ennuis et également pour éviter que votre installation ne soit vue que par l’agent d’entretien chargé de la détruire, de diffuser sur des emplacements sinon autorisés, au moins non-affectés à des usages précis. Les centres-villes sont pleins de vitrines condamnées, de barrières provisoires en contreplaqué, etc. Choisissez des modes de diffusion alternatifs, voire n’accrochez pas votre installation et laissez les passants l’emporter chez eux en petits morceaux (c’est clairement la meilleure solution avec les figurines en argile) !”

Record de 2011 battu

La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a annoncé qu’il y aura “un peu plus” de reconduites à la frontière cette année qu’en 2011, battant le “record” de 33 000. Le gouvernement précédent avait affiché un objectif de 40 000 en 2012 en cas de réélection de Nicolas Sarkozy. La baisse des expulsions constatées depuis mars “n’est pas la résultante de consignes, mais découle de l’impossibilité de recourir à la garde à vue pour les sans-papiers depuis des décisions de la justice européenne et de la Cour de cassation”, selon une source du ministère citée par l’AFP.

“Il y a de la part de ce gouvernement, une volonté de mener une politique humaine, juste, mais très ferme sur les reconduites à la frontière”, a précise Manuel Valls, qui se dit opposé à une “politique du chiffre qui pèse énormément sur les forces de l’ordre. Elle amène à des comportements, à des tensions qui ne conduisent pas à l’efficacité.”

Le changement de gouvernement n’est donc pas rendu caduc Expulsés.net. Julien prévoit d’ailleurs de faire une installation de grande envergure avec plusieurs centaines de figurines à Bordeaux en novembre.


Images via expulsés.net