Site original : Framablog
Pour faire suite à l’article de Glyn Moody traduit dans le Framablog voici un autre billet du même auteur, publié ce vendredi 8 février, qui évoque des possibilités d’aménagement de l’article 13, mais surtout la nécessité de faire entrer dans la loi de larges exceptions pour ne pas oublier tous ceux et celles qui utilisent Internet…
Billet original paru dans Copybuzz : Fix the gaping hole art the Heart of Article 13 : Users’s Rights
Le feuilleton à suspense de l’article 13 se poursuit. Les désaccords entre la France et l’Allemagne sur les exemptions à l’obligation d’utiliser des filtres de téléchargement ont stoppé la progression vers la mise au point de la nouvelle législation et permis d’espérer que les graves dommages causés par l’article 13 à Internet pourraient être évités à la dernière minute.
Mais les deux pays semblent être parvenus à un compromis qui est sans doute pire que le texte original. Cela implique qu’en pratique, même les plus petits sites seront obligés de demander des licences et d’accepter les conditions qui leur sont offertes. Il s’agit là d’une recette qui risque d’entraîner encore plus d’abus de la part de l’industrie du droit d’auteur et d’éloigner les jeunes entreprises numériques de l’UE.
Mais à côté de cette proposition incroyablement stupide de la France et de l’Allemagne, il y a un commentaire intéressant de Luigi Di Maio, le vice-premier ministre et ministre italien du Développement économique (original en italien), qui a été largement négligé :
La priorité est de modifier les articles 11 et 13, qui traitent de la taxe sur les liens et du filtrage du contenu. La directive sur le droit d’auteur connaît actuellement une période mouvementée. Les signes qui nous parviennent de Bruxelles ne sont pas encourageants, mais je suis convaincu que l’on peut trouver une solution qui protège les droits des internautes tout en garantissant en même temps les droits des auteurs.
Ce qui est important ici, c’est la mention des droits des utilisateurs. Les discussions à leur sujet ont été marquées par leur absence la plupart du temps où la directive de l’UE sur le droit d’auteur a été en cours d’élaboration. C’est vraiment scandaleux et cela montre à quel point le projet de loi est partial. Il s’agit de donner encore plus de droits à l’industrie du droit d’auteur, sans tenir compte de l’impact négatif sur les autres. Cette considération primordiale est si extrême que les conséquences désastreuses que l’article 13 aura sur l’Internet dans l’UE ont d’abord été niées, puis ignorées.
L’une des manifestations les plus évidentes de cette indifférence à l’égard des faits et du mépris des citoyens de l’UE concerne les mèmes. Comme nous l’avons expliqué il y a quelques mois, il n’est pas vrai que les mèmes ne seront pas affectés par l’article 13, et de nombreux politiciens l’ont souligné. Il n’y a pas d’exception au droit d’auteur à l’échelle de l’UE pour les mèmes : dans certains pays, les mèmes seraient couverts par certaines des exceptions existantes, dans d’autres non.
Actuellement, l’article 5 de la directive de 2001 sur le droit d’auteur stipule que « les États membres peuvent prévoir des exceptions ou des limitations », y compris « à des fins de caricature, de parodie ou de pastiche », qui pourraient couvrir les mèmes, selon l’interprétation que le juge en fait lorsqu’il est saisi d’une affaire judiciaire. Si les politiciens de l’UE se souciaient le moins du monde des utilisateurs ordinaires d’Internet, ils pourraient au minimum rendre ces exceptions obligatoires afin de fournir un espace juridique bien défini pour les mèmes. C’est précisément ce que l’eurodéputée Julia Reda a proposé dans son rapport de 2015 au Parlement européen évaluant l’actuelle directive de 2001 sur le droit d’auteur. Elle a écrit :
L’exception relative à la parodie, à la caricature et au pastiche devrait s’appliquer quel que soit le but de l’œuvre dérivée. Il ne devrait pas être limité par le droit d’auteur d’un titulaire de droit, mais seulement par les droits moraux de l’auteur.
Elle a également proposé une reconnaissance beaucoup plus large des droits des utilisateurs, leur permettant d’exploiter la technologie numérique, en particulier les téléphones mobiles, pour créer de nouvelles œuvres basées sur des éléments de leur vie quotidienne – photos, vidéos et audio – ainsi que du matériel qu’ils rencontrent sur Internet :
La législation sur le droit d’auteur ne devrait pas faire obstacle à cette vague sans précédent d’expression créative émergente et devrait reconnaître les nouveaux créateurs comme des acteurs culturels et des parties prenantes valables.
Une loi sur le droit d’auteur vraiment moderne comprendrait cette nouvelle dimension passionnante. Par exemple, l’article 29.21 de la Loi sur le droit d’auteur du Canada prévoit une vaste exception pour le contenu généré par les utilisateurs. Son existence démontre que l’inclusion d’une disposition similaire dans le droit communautaire n’est pas une demande déraisonnable et qu’elle est compatible avec les traités internationaux régissant le droit d’auteur.
Pourtant, la proposition de directive sur le droit d’auteur ignore complètement cet aspect et avec lui, les besoins et les aspirations de centaines de millions de citoyens européens dont la vie s’est enrichie grâce à leur expression personnelle en ligne. Au lieu de cela, les préoccupations de ce groupe d’intervenants clés n’ont fait l’objet que d’un vœu pieux. Ici, par exemple, dans un récent « non-papier » – le nom même trahit sa nature marginale – la Commission européenne propose une petite concession pour les utilisateurs :
les co-législateurs pourraient prévoir que les utilisations mineures de contenu par des téléchargeurs amateurs ne devraient pas être automatiquement bloquées… ni engager la responsabilité de l’auteur du téléchargement.
Mais il n’y a pas d’explication sur la façon dont cela va se produire – par magie, peut-être ? Au lieu de ces mots vagues, nous avons besoin d’une exception concrète qui reconnaisse la réalité de la façon dont la plupart des gens utilisent l’Internet de nos jours – pour partager des éléments du matériel protégé par le droit d’auteur à des fins non commerciales, pour le divertissement et l’édification de la famille et des amis.
S’il est trop difficile d’espérer une exception complète et appropriée pour le contenu généré par les utilisateurs que des pays avant-gardistes comme le Canada ont introduit, il existe une alternative que même les législateurs timorés devraient pouvoir accepter. L’article 10.2 de la Convention de Berne , cadre général des lois sur le droit d’auteur dans le monde, se lit comme suit :
Est réservé l’effet de la législation des pays de l’Union et des arrangements particuliers existants ou à conclure entre eux, en ce qui concerne la faculté d’utiliser licitement, dans la mesure justifiée par le but à atteindre, des œuvres littéraires ou artistiques à titre d’illustration de l’enseignement par le moyen de publications, d’émissions de radiodiffusion ou d’enregistrements sonores ou visuels, sous réserve qu’une telle utilisation soit conforme aux bons usages.
Pourquoi ne pas créer une exception générale au droit d’auteur au sein de l’UE pour de telles « illustrations », qui s’appliqueraient au-delà des établissements d’enseignement, au grand public réutilisant du matériel dans le but limité « d’illustrer » une pensée ou un commentaire ? Après tout, on pourrait faire valoir qu’une telle utilisation est, en effet, un nouveau type d’enseignement, en ce sens qu’elle transmet des connaissances et des opinions sur le monde, en s’appuyant sur les possibilités offertes par les technologies modernes. Ce n’est pas la meilleure solution, mais c’est mieux que rien. Cela montrerait au moins que la Commission européenne, les États membres et les députés européens sont conscients de l’existence du public et sont prêts à jeter une petite miette dans sa direction.
En fait, il y a peu de temps, le texte proposé pour la directive sur le droit d’auteur a inclus une telle formulation dans une section sur le contenu généré par l’utilisateur. Celle-ci a été initialement proposée sous la présidence autrichienne en décembre 2018, demandée par les Allemands dans leur document officieux de janvier 2019, et reprise initialement par la présidence roumaine. Cependant, la présidence roumaine l’a ensuite supprimée à la suite de plaintes émanant de certains pays de l’UE (très probablement les Français). Peut-être que l’Italie devrait la faire remettre à sa place.
Glyn Moody est un journaliste, blogueur et écrivain spécialisé dans les questions de copyright et droits numériques. Ses combats militants le placent en première ligne dans la lutte contre l’article 13 de la directive européenne sur le droit d’auteur, dont le vote final est prévu ce mois-ci. Cet article a été combattu par des associations en France telles que La Quadrature du Net, dénoncé pour ses effet délétères par de nombreuses personnalités (cette lettre ouverte par exemple, signée de Vinton Cerf, Tim Berners-lee, Bruce Schneier, Jimmy Wales…) et a fait l’objet de pétitions multiples.
Dans une suite d’articles en cours (en anglais) ou dans diverses autres interventions (celle-ci traduite en français) que l’on parcourra avec intérêt, Glyn Moody démonte un à un les éléments de langage des lobbyistes des ayants droits. Le texte que Framalang a traduit pour vous met l’accent sur la mauvaise foi des défenseurs de l’article 13 qui préparent des réponses biaisées aux objections qui leur viennent de toutes parts, et notamment de 4 millions d’Européens qui ont manifesté leur opposition.
Pour Glyn Moody, manifestement l’article 13 est conçu pour donner des pouvoirs exorbitants (qui vont jusqu’à une forme de censure automatisée) aux ayants droit au détriment des utilisateurs et utilisatrices « ordinaires »
Billet original paru dans Copybuzz : Why Article 13 is not just dangerous law-making, but deeply dishonest too
Traduction Framalang : Penguin, Lumi, Moutmout, FranBAG, Suzy, Mika, pyg, Barbara, gangsoleil, Mannik, Barbara, Cyrilus, Khrys, Goofy
La directive sur Copyright de l’Union Européenne est maintenant en phase d’achèvement au sein du système législatif européen. Étant donné la nature avancée des discussions, il est déjà très surprenant que le comité des affaires juridiques (JURI), responsable de son pilotage à travers le Parlement Européen, ait récemment publié une session de « Questions et Réponses » sur la proposition de « Directive au sujet du Copyright numérique ». Mais il n’est pas difficile de deviner pourquoi ce document a été publié maintenant. De plus en plus de personnes prennent conscience que la directive sur le Copyright en général, et l’Article 13 en particulier, vont faire beaucoup de tort à l’Internet en Europe. Cette session de Q & R tente de contrer les objections relevées et d’étouffer le nombre grandissant d’appels à l’abandon de l’Article 13.
La première question de cette session de Q & R, « En quoi consiste la directive sur le Copyright ? », souligne le cœur du problème de la loi proposée.
La réponse est la suivante : « La proposition de directive sur le Copyright dans le marché unique numérique » cherche à s’assurer que les artistes (en particulier les petits artistes, par exemple les musiciens), les éditeurs de contenu ainsi que les journalistes, bénéficient autant du monde connecté et d’Internet que du monde déconnecté. »
Il n’est fait mention nulle part des citoyens européens qui utilisent l’Internet, ou de leurs priorités. Donc, il n’est pas surprenant qu’on ne règle jamais le problème du préjudice que va causer la directive sur le Copyright à des centaines de millions d’utilisateurs d’Internet, car les défenseurs de la directive sur le Copyright ne s’en préoccupent pas. La session de Q & R déclare : « Ce qu’il est actuellement légal et permis de partager, restera légal et permis de partager. » Bien que cela soit sans doute correct au sens littéral, l’exigence de l’Article 13 concernant la mise en place de filtres sur le chargement de contenus signifie en pratique que c’est loin d’être le cas. Une information parfaitement légale à partager sera bloquée par les filtres, qui seront forcément imparfaits, et parce que les entreprises devant faire face à des conséquences juridiques, feront toujours preuve d’excès de prudence et préféreront trop bloquer.
La question suivante est : « Quel impact aura la directive sur les utilisateurs ordinaires ? ».
Là encore, la réponse est correcte mais trompeuse : « Le projet de directive ne cible pas les utilisateurs ordinaires. »
Personne ne dit qu’elle cible les utilisateurs ordinaires, en fait, ils sont complètement ignorés par la législation. Mais le principal, c’est que les filtres sur les chargements de contenu vont affecter les utilisateurs ordinaires, et de plein fouet. Que ce soit ou non l’intention n’est pas la question.
« Est-ce que la directive affecte la liberté sur Internet ou mène à une censure d’Internet ? » demande la session de Q & R.
La réponse ici est « Un utilisateur pourra continuer d’envoyer du contenu sur les plateformes d’Internet et (…) ces plateformes / agrégateurs d’informations pourront continuer à héberger de tels chargements, tant que ces plateformes respectent les droits des créateurs à une rémunération décente. »
Oui, les utilisateurs pourront continuer à envoyer du contenu, mais une partie sera bloquée de manière injustifiable parce que les plateformes ne prendront pas le risque de diffuser du contenu qui ne sera peut-être couvert par l’une des licences qu’elles ont signées.
La question suivante concerne le mensonge qui est au cœur de la directive sur le Copyright, à savoir qu’il n’y a pas besoin de filtre sur les chargements. C’est une idée que les partisans ont mise en avant pendant un temps, et il est honteux de voir le Parlement Européen lui-même répéter cette contre-vérité. Voici l’élément de la réponse :
« La proposition de directive fixe un but à atteindre : une plateforme numérique ou un agrégateur de presse ne doit pas gagner d’argent grâce aux productions de tierces personnes sans les indemniser. Par conséquent, une plateforme ou un agrégateur a une responsabilité juridique si son site diffuse du contenu pour lequel il n’aurait pas correctement rémunéré le créateur. Cela signifie que ceux dont le travail est illégalement utilisé peuvent poursuivre en justice la plateforme ou l’agrégateur. Toutefois, le projet de directive ne spécifie pas ni ne répertorie quels outils, moyens humains ou infrastructures peuvent être nécessaires afin d’empêcher l’apparition d’une production non rémunérée sur leur site. Il n’y a donc pas d’obligation de filtrer les chargements.
Toutefois, si de grandes plateformes ou agrégateurs de presse ne proposent pas de solutions innovantes, ils pourraient finalement opter pour le filtrage. »
La session Q & R essaye d’affirmer qu’il n’est pas nécessaire de filtrer les chargements et que l’apport de « solutions innovantes » est à la charge des entreprises du web. Elle dit clairement que si une entreprise utilise des filtres sur les chargements, on doit lui reprocher de ne pas être suffisamment « innovante ». C’est une absurdité. D’innombrables experts ont signalé qu’il est impossible « d’empêcher la diffusion de contenu non-rémunéré sur un site » à moins de vérifier, un à un, chacun les fichiers et de les bloquer si nécessaire : il s’agit d’un filtrage des chargements. Aucune “innovation” ne permettra de contourner l’impossibilité logique de se conformer à la directive sur le Copyright, sans avoir recours au filtrage des chargements.
En plus de donner naissance à une législation irréfléchie, cette approche montre aussi la profonde inculture technique de nombreux politiciens européens. Ils pensent encore manifestement que la technologie est une sorte de poudre de perlimpinpin qui peut être saupoudrée sur les problèmes afin de les faire disparaître. Ils ont une compréhension médiocre du domaine numérique et sont cependant assez arrogants pour ignorer les meilleurs experts mondiaux en la matière lorsque ceux-ci disent que ce que demande la Directive sur le Copyright est impossible.
Pour couronner le tout, la réponse à la question : « Pourquoi y a-t-il eu de nombreuses contestations à l’encontre de cette directive ? » constitue un terrible affront pour le public européen. La réponse reconnaît que : « Certaines statistiques au sein du Parlement Européen montrent que les parlementaires ont rarement, voire jamais, été soumis à un tel niveau de lobbying (appels téléphoniques, courriels, etc.). » Mais elle écarte ce niveau inégalé de contestation de la façon suivante :
« De nombreuses campagnes antérieures de lobbying ont prédit des conséquences désastreuses qui ne se sont jamais réalisées.
Par exemple, des entreprises de télécommunication ont affirmé que les factures téléphoniques exploseraient en raison du plafonnement des frais d’itinérance ; les lobbies du tabac et de la restauration ont prétendu que les personnes allaient arrêter d’aller dans les restaurants et dans les bars suite à l’interdiction d’y fumer à l’intérieur ; des banques ont dit qu’elles allaient arrêter de prêter aux entreprises et aux particuliers si les lois devenaient plus strictes sur leur gestion, et le lobby de la détaxe a même argué que les aéroports allaient fermer, suite à la fin des produits détaxés dans le marché intérieur. Rien de tout ceci ne s’est produit. »
Il convient de remarquer que chaque « contre-exemple » concerne des entreprises qui se plaignent de lois bénéficiant au public. Mais ce n’est pas le cas de la vague de protestation contre la directive sur le Copyright, qui vient du public et qui est dirigée contre les exigences égoïstes de l’industrie du copyright. La session de Q & R tente de monter un parallèle biaisé entre les pleurnichements intéressés des industries paresseuses et les attentes d’experts techniques inquiets, ainsi que de millions de citoyens préoccupés par la préservation des extraordinaires pouvoirs et libertés de l’Internet ouvert.
Voici finalement la raison pour laquelle la directive sur le Copyright est si pernicieuse : elle ignore totalement les droits des usagers d’Internet. Le fait que la nouvelle session de Q & R soit incapable de répondre à aucune des critiques sérieuses sur la loi autrement qu’en jouant sur les mots, dans une argumentation pitoyable, est la confirmation que tout ceci n’est pas seulement un travail législatif dangereux, mais aussi profondément malhonnête. Si l’Article 13 est adopté, il fragilisera l’Internet dans les pays de l’UE, entraînera la zone dans un marasme numérique et, par le refus réitéré de l’Union Européenne d’écouter les citoyens qu’elle est censée servir, salira le système démocratique tout entier.
Pour agir en envoyant des messages aux députés européens (n’oublions pas que les élections européennes approchent…) : https://saveyourinternet.eu/fr/#ActNowMEPs
Pour en savoir plus sur le débat et son actualité récente
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Un homme a été condamné à une amende après avoir refusé d’être scanné par des caméras de reconnaissance faciale controversées mises à l’essai par la Metropolitan Police.
La police avait publié une déclaration disant que « quiconque refuse d’être scanné ne sera pas nécessairement considéré comme suspect ». Cependant, des témoins ont déclaré que plusieurs personnes ont été arrêtées après s’être couvert le visage ou avoir remonté leur cagoule.
Le gouvernement japonais a approuvé vendredi un amendement qui permettra aux fonctionnaires de pirater des appareils IdO (Internet des Objets) dans le cadre d’un recensement sans précédent des appareils mal sécurisés.
Johnson a affirmé que le haut débit est un service d’information parce que les fournisseurs d’accès Internet offrent des services DNS (Domain Name System) et de mise en cache dans le cadre du forfait haut débit. Le DNS et la mise en cache « sont ici déterminants » parce qu’ils permettent aux utilisateurs du haut débit d’exécuter toutes les fonctions énumérées dans la définition d’un service d’information (par exemple, acquérir, stocker et traiter l’information), a-t-il soutenu.
[…] Mais l’argument DNS/caching n’a pas semblé satisfaire Millett. Elle a demandé à plusieurs reprises à Johnson pourquoi le FCC considère toujours le service téléphonique comme un service de télécommunications, alors qu’il conclut que le haut débit ne l’est pas.
Partout dans le monde, on continue à mener une guerre pas particulièrement subtile contre l’utilisation des réseaux privés virtuels (VPN) et le chiffrement. En Russie, le gouvernement a pratiquement interdit l’utilisation des VPN en imposant toutes sortes de restrictions et d’odieuses mises en garde aux opérateurs VPN. L’objectif, comme nous l’avons vu en Chine et dans d’innombrables autres pays, est d’interdire l’utilisation du VPN sans préciser explicitement que vous interdisez l’utilisation du VPN. L’objectif plus profond est toujours le même : moins de vie privée et de liberté en ligne pour les utilisateurs qui utilisent de tels outils pour esquiver la surveillance ou d’autres politiques gouvernementales, encore plus stupides.
Bien sûr, il y a aussi beaucoup d’entreprises désireuses de voir l’utilisation du VPN interdite, qu’il s’agisse de l’industrie du divertissement qui espère contrecarrer le piratage ou des diffuseurs qui tentent d’empêcher ceux qui cherchent à contourner les restrictions géographiques en matière de diffusion. Le fait que les VPNs constituent juste un autre outil de sécurité avec une myriade de finalités, dont la plupart ne sont pas du tout néfastes et ne devraient pas être traités comme telles, se retrouve généralement perdu dans l’hystérie.
N’importe qui peut accéder à l’ensemble de la base de données, y compris l’emplacement de l’enfant en temps réel, son nom, les détails des parents, etc.
Neuf députés LR (Patrick Balkany, Patrick Ollier, Luc Chatel, Eric Woerth, Christian Jacob…) avaient naturellement porté plainte. […] Ils ont tous été déboutés jeudi, pour un subtil vice de forme : s’ils figuraient bien sur ce trombinoscope de la connerie (potacherie interne du SM), nul ne saurait dire à quel titre.
Le nouveau site, AppleCensorship.com, permet aux utilisateurs de vérifier quelles applications ne sont pas accessibles aux personnes en Chine par le biais de l’app store d’Apple, en indiquant celles qui ont été interdites. Il a été créé par des chercheurs de GreatFire.org, une organisation qui surveille la censure sur Internet du gouvernement chinois.
Parler au féminin des femmes et au masculin des hommes est une ressource aussi ancienne que le latin. Ce n’est qu’au XVIIème siècle que l’on commence à vouloir imposer d’appeler les femmes avec des noms masculins. De la même façon, utilisons « humain » pour parler des populations mixtes et réservons le mot « homme » pour les hommes. L’expression « droits de l’homme » ne sera bientôt plus défendue qu’en France (et ce n’est pas une question de majuscule, qui ne s’entend pas à l’oral). Nous pourrions facilement parler de droits humains, et la Ligue des droits de l’homme se rebaptiser Ligue des droits humains, comme vient de le faire son homologue belge.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
Aujourd’hui Framasoft (parmi d’autres) montre son soutien à l’association RAP (Résistance à l’Agression Publicitaire) ainsi qu’à la Quadrature du Net qui lancent une campagne de sensibilisation et d’action pour lutter contre les nuisances publicitaires non-consenties sur Internet.
Les lectrices et lecteurs de ce blog sont probablement déjà équipé⋅e⋅s de bloqueurs de pub et autres dispositifs de filtrage. Il faut dire que le tracking publicitaire est un des outils essentiels aux géants du web, à tel point qu’ils nous créent une dystopie histoire que des gens cliquent sur des pubs, et ce malgré des initiatives se voulant respectueuses comme celle de NextINpact ou trollesques comme notre Framadsense.
Si vous, vous savez comment vous prémunir de cette pollution informationnelle… avez-vous déjà songé à aider vos proches, collègues et connaissances ? C’est compliqué de tout bien expliquer avec des mots simples, hein ? C’est justement à ça que sert le site bloquelapub.net : un tutoriel à suivre qui permet, en quelques clics, d’apprendre quelques gestes essentiels pour notre hygiène numérique. Voilà un site utile, à partager et communiquer autour de soi avec enthousiasme, sans modération et accompagné du mot clé #bloquelapubnet !
Nous reproduisons ci dessous le communiqué de presse des associations Résistance à l’Agression Publicitaire et La Quadrature du Net.
Internet est devenu un espace prioritaire pour les investissements des publicitaires. En France, pour la première fois en 2016, le marché de la publicité numérique devient le « premier média investi sur l’ensemble de l’année », avec une part de marché de 29,6 %, devant la télévision. En 2017, c’est aussi le cas au niveau mondial. Ce jeune « marché » est principalement capté par deux géants de la publicité numérique. Google et Facebook. Ces deux géants concentrent à eux seuls autour de 50 % du marché et bénéficient de la quasi-totalité des nouveaux investissements sur ce marché. « Pêché originel d’Internet », où, pour de nombreuses personnes et sociétés, il demeure difficile d’obtenir un paiement monétaire direct pour des contenus et services commerciaux et la publicité continue de s’imposer comme un paiement indirect.
Les services vivant de la publicité exploitent le « temps de cerveau disponible » des internautes qui les visitent, et qui n’en sont donc pas les clients, mais bien les produits. Cette influence est achetée par les annonceurs qui font payer le cout publicitaire dans les produits finalement achetés.
La publicité en ligne a plusieurs conséquences : en termes de dépendance vis-à-vis des annonceurs et des revenus publicitaires, et donc des limites sur la production de contenus et d’information, en termes de liberté de réception et de possibilité de limiter les manipulations publicitaires, sur la santé, l’écologie…
En ligne, ces problématiques qui concernent toutes les publicités ont de plus été complétées par un autre enjeu fondamental. Comme l’exprime parfaitement Zeynep Tufekci, une chercheuse turque, « on a créé une infrastructure de surveillance dystopique juste pour que des gens cliquent sur la pub ». De grandes entreprises telles que Google, Facebook et d’autres « courtiers en données » comme Criteo ont développés des outils visant à toujours mieux nous « traquer » dans nos navigations en ligne pour nous profiler publicitairement. Ces pratiques sont extrêmement intrusives et dangereuses pour les libertés fondamentales.
L’Europe dispose pourtant désormais d’un règlement qui devrait mettre majoritairement fin à cette exploitation de nos données personnelles. En vertu du règlement général pour la protection des données RGPD, la plupart de ces pratiques de collecte de données personnelles en ligne devraient reposer sur un consentement libre et éclairé. Sinon, ces pratiques sont illégales. C’est sur ce fondement que La Quadrature du Net a porté plainte collectivement contre les 5 géants du numérique. Si le RGPD est rentré en application récemment et que ces plaintes collectives prennent du temps, la CNIL française a déjà agi sur des questionnements similaires, et a même, lundi 22 janvier 2019, commencé à sanctionner Google à une amende de 50 millions d’euros s’agissant de ces pratiques relatives à Android.
Il est plus temps que cette législation soit totalement respectée et que les publicitaires cessent de nous espionner en permanence en ligne.
Un sondage BVA-La Dépêche de 2018, révélait que 77 % des Français·es se disent inquiet·es de l’utilisation que pouvaient faire des grandes entreprises commerciales de leurs données numériques personnelles. 83 % des Français·es sont irrité·es par la publicité en ligne selon un sondage de l’institut CSA en mars 2016 et « seulement » 24 % des personnes interrogées avaient alors installé un bloqueur de publicité.
Le blocage de la publicité en ligne apparait comme un bon outil de résistance pour se prémunir de la surveillance publicitaire sur Internet. Pour l’aider à se développer, nos associations lancent le site Internet :
Plusieurs opérations collectives ou individuelles de sensibilisation et blocages de la publicité auront lieu sur plusieurs villes du territoire français et sur Internet peu de temps avant et le jour du 28 janvier 2019, journée européenne de la « protection des données personnelles ». Le jour rêvé pour s’opposer à la publicité en ligne qui exploite ces données !
RAP et La Quadrature du Net demandent :
Rendez-vous sur bloquelapub.net et sur Internet toute la journée du 28 janvier 2019
Les associations soutiens de cette mobilisation : Framasoft, Le CECIL, Globenet, Le Creis-Terminal
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Le nom de l’application se traduit par « carte des débiteurs défaillants » et est accessible via WeChat, la plateforme de messagerie instantanée la plus populaire de Chine. L’idée est de permettre aux gens de « dénoncer les débiteurs capables de payer leurs dettes ».
Les États-Unis emprisonnent plus de gens que tout autre pays au monde. À la fin de 2016, près de 2,2 millions d’adultes étaient détenus dans des prisons et 4,5 millions dans d’autres établissements correctionnels. Autrement dit, un adulte américain sur 38 était sous surveillance correctionnelle.
[…] Les algorithmes d’apprentissage utilisent des statistiques pour trouver des modèles dans les données. Donc, si vous leur fournissez des données historiques sur la criminalité, ils pourront repérer les tendances associées à la criminalité. Mais ces tendances sont des corrélations statistiques, pas des causalités. Si un algorithme découvrait, par exemple, qu’un faible revenu était corrélé à un taux de récidive élevé, cela ne vous apprendrait pas que le faible revenu a réellement causé le crime. Pourtant c’est précisément ce que font les outils d’évaluation des risques : ils transforment les connaissances corrélatives en mécanismes de notation causale.
Votre télé ne vous appartient plus vraiment, et elle dysfonctionne de façon imprévue.
[…] C’est pour ça qu’elle était si bon marché. Mais cela change aussi la relation que les fabricants de téléviseurs entretiennent avec leurs clients. Les consommateurs ne sont plus leur seule source de revenus, juste une parmi d’autres. CBS et Netflix sont plus importants que vous pour leur succès commercial.
On estime que chaque tir sismique de canon à air peut atteindre 260 décibels sous l’eau, ce qui équivaut à environ 200 décibels dans l’atmosphère. Les porte-conteneurs, une autre source de bruit en mer, émettent des sons allant jusqu’à 190 décibels, soit l’équivalent de 130 décibels dans l’atmosphère (en guise de comparaison, le décollage d’une navette spatiale atteint environ 160 décibels pour les personnes se trouvant à proximité).
Chaque 10 décibels est un ordre de grandeur. Une explosion de 200 décibels est donc 10 fois plus intense que le bruit d’un porte-conteneurs. Comme l’eau est beaucoup plus dense que l’air, le son se propage sous l’eau environ quatre fois plus vite et beaucoup plus loin que la surface de la mer.
« À chaque moment, 20, 30 ou 40 sondages sismiques sont en cours dans le monde, tant pour l’exploration pétrolière et gazière que pour la recherche géologique ».[…] Christopher Clark, chercheur principal du programme de bioacoustique du Cornell Lab of Ornithology, qui étudie la communication avec les baleines depuis 40 ans, a décrit le bruit comme un « enfer vivant » pour la vie sous-marine.
On vit depuis au moins quinze ans sous le régime de politiques d’austérité. On nous dit « il n’y a plus d’argent dans les caisses, il faut se serrer la ceinture », et le grand débat national organisé cette semaine, stipule noir sur blanc que l’alternative c’est soit augmenter les impôts, soit baisser les services publics. Nous, on dit : il y a une alternative, rétablissons la justice fiscale.
Des entreprises privées exploitent sous forme de rentes l’essentiel du réseau autoroutier. Résilier ces concessions est d’intérêt général. Le coût pour l’État de ces « nationalisations » pourrait n’être que symbolique, par l’effet de la prohibition faite aux personnes publiques de consentir des libéralités.
« Nous appelons fermement Monsieur Maduro à s’interdire toute forme de répression de l’opposition, tout usage de la violence contre des manifestants pacifiques »
La scène pose d’autant plus question que rien ne semble justifier le jet d’une grenade de désencerclement à ce moment-là. Des heurts ont eu lieu quelques minutes avant la détonation entre d’autres gilets jaunes et les forces de l’ordre, mais le live Facebook opéré par Jérôme Rodrigues documente de manière indiscutable le calme du personnage.
Visiblement, B & T en a un peu assez de voir se multiplier les articles sur son produit à la suite de son usage pour la répression du mouvement des gilets jaunes. […] L’exercice est complexe car B & T doit à la fois défendre la précision de son outil et ne pas énerver Paris, qui est un gros consommateur de son arme.
[…] « le LBD40 GL06, en combinaison avec les cartouches SIR fabriquées par nous, présente une bonne précision et un faible risque de blessures (…) les munitions utilisées en France n’ont pas été conçues, fabriquées ni livrées par B&T AG. ».
C’est vrai. Les munitions françaises sont fabriquées par la société Alsetex, dont le site Web fait preuve d’une pudeur de jeune fille tant il est vide de toute information, en dépit d’un certain nombre de mauvaises pratiques.
La plate-forme internet préparée par la CNDP « était prête, sauf qu’en fait ils ont tout refait » […] « On avait prévu de faire une plate-forme numérique totalement ouverte, (…) où tout le monde [aurait pu] échanger sur n’importe quel sujet » […] « Aujourd’hui, le grand débat se limite pour vous à la possibilité de ne débattre que des quatre thèmes et de ne répondre qu’aux questions qui sont posées par le gouvernement. Ce n’est pas ça un grand débat. »
En 2018, le budget de lobbying aux Etats-Unis de Google, Amazon et Facebook a augmenté de 13 %. Depuis 2013, les montants ont évolué de 69 % pour l’ensemble des géants de la tech, Microsoft et Apple compris.
L’individualisation permet l’identification, le fichage. Aussi l’indistinction, le flou, la foule sont-ils autant d’obstacles pour le pouvoir qui cherche à les combattre par les différents dispositifs de surveillance qui nous isolent, nous individualisent : « La foule, masse compacte, lieu d’échanges multiples […] est abolie au profit d’une collection d’individus séparés. »
Retrouver une forme d’anonymat est donc la condition première d’une possible expression de notre liberté et de nos identités multiples.
[…] l’emmurement du monde disloque de l’intérieur les sociétés. Il privatise l’espace public et la ville elle-même. Il externalise les frontières des États les plus puissants au sein d’autres États dépendants, à l’instar de l’Union européenne au Sahel, et éventre leur souveraineté.
Il recourt à la biométrie qui le rend invisible, et son immatérialité segmente à l’infini la cité. Dans la Chine orwellienne d’aujourd’hui, par rapport à laquelle le totalitarisme maoïste prend des airs de passoire, chaque escalier mécanique, chaque carrefour, chaque place, surveillé électroniquement, est un mur qui reconnaît en vous le bon ou le mauvais citoyen, et peut vous empêcher de monter dans l’avion ou le train. Il est à craindre que les marchands de peur et de biométrie n’appliquent vite la recette aux démocraties libérales.
À l’occasion de la journée européenne de protection des données, ce lundi 28 janvier 2019, La Quadrature du net et Résistance à l’Agression Publicitaire (RAP) soutenues par d’autres associations lancent une opération Bloque la pub sur Internet et passe le bloqueur à tes voisin·es.
2019 est l’année où tous les FAI de la Fédé doivent essayer de devenir LIR. Pourquoi ? Parce que c’est la dernière occasion d’avoir des adresses IPv4.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).