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Sans titre 08

dimanche 14 juillet 2013 à 21:00

Il arrive que le bordel ne soit pas si joyeux que cela. Le courrier en retard qui s'accumule dans les boîtes à poussière électronique(s). Tu avais l'illusion de tout bien ranger, maîtriser ne serait-ce que les archives courantes, les copies de secours de l'éphémère. Fondations friables. Tant que tout va bien. Tout ranger, dupliquer, redondance en équilibre instable, courir, minute après minute, fuir, point aveugle, faille, l'interstice par lequel le courant d'air s'infiltre, s'exfiltre, par où la pensée pourrait bien respirer, l'imaginaire s'étirer et foutre un peu de joie, jouir à nouveau du sain(t) bordel. Bordel !

Oui, le Sans titre saute-moutonne du coq à l'âne, et même je pourrais te dire à la première personne -- c'est assez singulier, mais il ne faut pas s'y fier --, que de règlement, ni il, ni tu, ni je n'en a jamais aperçu ne serait-ce que l'ombre. Et pour cause.

La seule règle était d'ouvrir un espace pour les mots, même à demi. Un ailleurs, à peine parallèle, où si tout ne serait pas permis, du moins tout n'était pas interdit. À l'heure de la Grande Machine À Tout Copier, contourner la censure est une chose relativement courante. Mais, pour déjouer l'auto-censure, la technique n'apporte que peu de secours. Au contraire...

Et pourtant, une pesante lassitude, le sentiment d'une roue libre rouillée, enrouée, sans garde-fou, au bord du précipice, une chute connue, récurrente, le retour du même, en boucle. La réalité, avec toutes ses complexités, incohérences, contradictions, malgré tout les enseignements, malgré tous les médias, malgré les déluges d'information, la réalité est connue. La mauvaise foi est cernée par les faits, mais les faits n'ont que peu de poids dans les tissus de mensonges du pouvoir stérile et mesquin. Il faut bien vivre. La vie continue. Ailleurs. En transparence de l'évidence. Si difficile à apercevoir. Si difficile, vraiment ?

Sans titre 07

dimanche 28 avril 2013 à 07:46

Le paysage défile le long de la voie ferrée, l’inconnu s’enfuit, sable entre les doigts, chassé par le connu qui s’évapore aussitôt, vapeur confuse, brouillard limpide : tout est étranger, même familier, lointain, même à portée de doigt. Le problème sera peut-être de savoir faire face, en tournant le dos pourquoi pas, aux potentialités grimaçantes de ces fameux lendemains qui se réveillent, un peu tard, la gueule dans le cul, hier, juste au moment où quelqu’un — lui, elle, cette autre-là, cet autre-ci ? — avait proféré qu’un jour on verrait bien et tout le monde avait été rassuré. Rien n’a changé, du moins pas plus que d’habitude, ni plus ni moins brusquement. La caisse enregistreuse crépite sa barbarie habituelle, sous son masque détendu, effrayant, civilisé.

En effet, un jour on a bien vu. Et alors ? Et alors rien, ou presque.

Il ne sait plus très bien voir la différence. Distinguer. Choisir, encore ça peut aller, étonnamment. Une sorte d’habitude prise, ni mauvaise ni bonne, un sens pratique s’est sédimenté au fond de lui-même, pour autant que ce fond ne soit pas juste au-dessous de la surface. Il ne sait plus très bien prendre la mesure des profondeurs, des étendues, des épaisseurs. Comme ses contemporains, il marche dans un environnement qui n’a plus rien de semblable avec la représentation — les représentations ? — censée avoir cours, ce tissu râpeux, cassant, décoloré. D’un commun accord, on parle d’autre chose. Même s’il arrive que l’on acquiesce, le visage grave. Ça ne peut plus durer. Un jour on verra bien. On a bien vu. Et sinon, tu as vu passer la révolution technologique du jour ? Plus rien ne sera comme avant. La reproduction du même. Retour à la case départ, l’Ancien Régime à nouveau, mais renouvelé par l’expérience accumulée au cours des 19 et 20e siècles.

Il lui vient à l’esprit des conclusions qui n’ont rien de logique. Tant d’idées tues. Tuées par le flux d’information, l’information pour l’information. Encéphalogramme plat.
Les apparences trompeuses, la ligne d’horizon n’est si droite que d’ici, à distance. Dès que l’on s’approche, les reliefs mouvants sont perceptibles, mais il ne saurait les lire. Peut-on interpréter ce qu’on ne lit pas ? À partir de quel degré de confusion il n’est plus raisonnable d’interpréter, de donner du sens à l’informe ?

Censé, sens, insensé. Le fisc de la raison a fui. Comme l’inconnu. A fui l’inconnu. Le fisc de la raison s’est enfui dans un havre paradisiaque, il a abandonné son salaire qui ne pesait pas lourd dans la balance de sa fonction à double visage, aux œillères démultipliées, dans le respect scrupuleux du devoir de transparence. On perd son âme à taxer la raison. Et pour quel budget ? Sans nerf, pas de guerre. Lui, il était là quand le fisc s’est embarqué clandestinement dans un navire de guerre marchand au pavillon caméléon, en partance pour le seul havre connu, dans l’œil du cyclone, dans le cerveau du monstre. En observant l’embarquement du fisc, à la lecture de ce schéma presque immobile, au mobile impossible, il s’est dit : à quoi bon ? Il n’y a pas de havre pour la fuite, encore moins pour le fisc, fût-il de la raison.

Il a donc lu le schéma, ce schéma où le fisc de la raison fuyait, laissait son étiquette, son titre et sa fonction sur le quai. Presque instantanément, est arrivé quelqu’un suffisamment indéfini pour prendre en charge les oripeaux abandonnés.

Sans titre 07

dimanche 28 avril 2013 à 07:46

Le paysage défile le long de la voie ferrée, l'inconnu s’enfuit, sable entre les doigts, chassé par le connu qui s'évapore aussitôt, vapeur confuse, brouillard limpide : tout est étranger, même familier, lointain, même à portée de doigt. Le problème sera peut-être de savoir faire face, en tournant le dos pourquoi pas, aux potentialités grimaçantes de ces fameux lendemains qui se réveillent, un peu tard, la gueule dans le cul, hier, juste au moment où quelqu'un — lui, elle, cette autre-là, cet autre-ci ? — avait proféré qu'un jour on verrait bien et tout le monde avait été rassuré. Rien n'a changé, du moins pas plus que d'habitude, ni plus ni moins brusquement. La caisse enregistreuse crépite sa barbarie habituelle, sous son masque détendu, effrayant, civilisé.

En effet, un jour on a bien vu. Et alors ? Et alors rien, ou presque.

Il ne sait plus très bien voir la différence. Distinguer. Choisir, encore ça peut aller, étonnamment. Une sorte d'habitude prise, ni mauvaise ni bonne, un sens pratique s'est sédimenté au fond de lui-même, pour autant que ce fond ne soit pas juste au-dessous de la surface. Il ne sait plus très bien prendre la mesure des profondeurs, des étendues, des épaisseurs. Comme ses contemporains, il marche dans un environnement qui n'a plus rien de semblable avec la représentation — les représentations ? — censée avoir cours, ce tissu râpeux, cassant, décoloré. D'un commun accord, on parle d'autre chose. Même s'il arrive que l'on acquiesce, le visage grave. Ça ne peut plus durer. Un jour on verra bien. On a bien vu. Et sinon, tu as vu passer la révolution technologique du jour ? Plus rien ne sera comme avant. La reproduction du même. Retour à la case départ, l'Ancien Régime à nouveau, mais renouvelé par l'expérience accumulée au cours des 19 et 20e siècles.

Il lui vient à l'esprit des conclusions qui n'ont rien de logique. Tant d'idées tues. Tuées par le flux d'information, l'information pour l'information. Encéphalogramme plat.
Les apparences trompeuses, la ligne d’horizon n’est si droite que d’ici, à distance. Dès que l’on s’approche, les reliefs mouvants sont perceptibles, mais il ne saurait les lire. Peut-on interpréter ce qu’on ne lit pas ? À partir de quel degré de confusion il n’est plus raisonnable d’interpréter, de donner du sens à l’informe ?

Censé, sens, insensé. Le fisc de la raison a fui. Comme l’inconnu. A fui l’inconnu. Le fisc de la raison s’est enfui dans un havre paradisiaque, il a abandonné son salaire qui ne pesait pas lourd dans la balance de sa fonction à double visage, aux œillères démultipliées, dans le respect scrupuleux du devoir de transparence. On perd son âme à taxer la raison. Et pour quel budget ? Sans nerf, pas de guerre. Lui, il était là quand le fisc s’est embarqué clandestinement dans un navire de guerre marchand au pavillon caméléon, en partance pour le seul havre connu, dans l’œil du cyclone, dans le cerveau du monstre. En observant l'embarquement du fisc, à la lecture de ce schéma presque immobile, au mobile impossible, il s’est dit : à quoi bon ? Il n’y a pas de havre pour la fuite, encore moins pour le fisc, fût-il de la raison.

Il a donc lu le schéma, ce schéma où le fisc de la raison fuyait, laissait son étiquette, son titre et sa fonction sur le quai. Presque instantanément, est arrivé quelqu’un suffisamment indéfini pour prendre en charge les oripeaux abandonnés.

Sans titre 07

dimanche 28 avril 2013 à 07:46

Le paysage défile le long de la voie ferrée, l'inconnu s’enfuit, sable entre les doigts, chassé par le connu qui s'évapore aussitôt, vapeur confuse, brouillard limpide : tout est étranger, même familier, lointain, même à portée de doigt. Le problème sera peut-être de savoir faire face, en tournant le dos pourquoi pas, aux potentialités grimaçantes de ces fameux lendemains qui se réveillent, un peu tard, la gueule dans le cul, hier, juste au moment où quelqu'un — lui, elle, cette autre-là, cet autre-ci ? — avait proféré qu'un jour on verrait bien et tout le monde avait été rassuré. Rien n'a changé, du moins pas plus que d'habitude, ni plus ni moins brusquement. La caisse enregistreuse crépite sa barbarie habituelle, sous son masque détendu, effrayant, civilisé.

En effet, un jour on a bien vu. Et alors ? Et alors rien, ou presque.

Il ne sait plus très bien voir la différence. Distinguer. Choisir, encore ça peut aller, étonnamment. Une sorte d'habitude prise, ni mauvaise ni bonne, un sens pratique s'est sédimenté au fond de lui-même, pour autant que ce fond ne soit pas juste au-dessous de la surface. Il ne sait plus très bien prendre la mesure des profondeurs, des étendues, des épaisseurs. Comme ses contemporains, il marche dans un environnement qui n'a plus rien de semblable avec la représentation — les représentations ? — censée avoir cours, ce tissu râpeux, cassant, décoloré. D'un commun accord, on parle d'autre chose. Même s'il arrive que l'on acquiesce, le visage grave. Ça ne peut plus durer. Un jour on verra bien. On a bien vu. Et sinon, tu as vu passer la révolution technologique du jour ? Plus rien ne sera comme avant. La reproduction du même. Retour à la case départ, l'Ancien Régime à nouveau, mais renouvelé par l'expérience accumulée au cours des 19 et 20e siècles.

Il lui vient à l'esprit des conclusions qui n'ont rien de logique. Tant d'idées tues. Tuées par le flux d'information, l'information pour l'information. Encéphalogramme plat.
Les apparences trompeuses, la ligne d’horizon n’est si droite que d’ici, à distance. Dès que l’on s’approche, les reliefs mouvants sont perceptibles, mais il ne saurait les lire. Peut-on interpréter ce qu’on ne lit pas ? À partir de quel degré de confusion il n’est plus raisonnable d’interpréter, de donner du sens à l’informe ?

Censé, sens, insensé. Le fisc de la raison a fui. Comme l’inconnu. A fui l’inconnu. Le fisc de la raison s’est enfui dans un havre paradisiaque, il a abandonné son salaire qui ne pesait pas lourd dans la balance de sa fonction à double visage, aux œillères démultipliées, dans le respect scrupuleux du devoir de transparence. On perd son âme à taxer la raison. Et pour quel budget ? Sans nerf, pas de guerre. Lui, il était là quand le fisc s’est embarqué clandestinement dans un navire de guerre marchand au pavillon caméléon, en partance pour le seul havre connu, dans l’œil du cyclone, dans le cerveau du monstre. En observant l'embarquement du fisc, à la lecture de ce schéma presque immobile, au mobile impossible, il s’est dit : à quoi bon ? Il n’y a pas de havre pour la fuite, encore moins pour le fisc, fût-il de la raison.

Il a donc lu le schéma, ce schéma où le fisc de la raison fuyait, laissait son étiquette, son titre et sa fonction sur le quai. Presque instantanément, est arrivé quelqu’un suffisamment indéfini pour prendre en charge les oripeaux abandonnés.

Pas d’eux

samedi 6 avril 2013 à 17:36

le masque était tombé
le voile retiré
sur une confusion plus opaque encore

une pluie drue de fuites
un dedans tout dehors
retourné comme un gant
se métamorphose en rideau
d’où émerge un visage
un masque

… tombé

la boucle
s’ouvre sur une autre boucle
pas de répit
pas de repos
rien de nouveau
aucune sortie
seule
l’attente de l’irréparable

irresponsables
nous fuyons nos responsabilités
dans le déguisement respectable
des choses sérieuses
futiles en somme
ou carrément nuisibles

nous sommes le problème
il n’y a pas d’eux
à casser pour notre omelette

un morto / due presenze / due cravatte / due bocche / un occhio ( I AM A CLOUD, 2012)image originale