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Radio relai

mardi 20 mai 2014 à 21:32

Toute cette histoire commence en cours de route, forcément. Ce cours de route est relativement récent et peu se situer à l'URL suivante : http://www.rappcats.com/shop/dust-and-grooves-adventures-in-record-collecting/. Rappcats est principalement, pour moi, le site qui donne des nouvelles sur les productions de Madlib. Je n'ajoute pas de lien sur ce nom, parce que c'est impossible. On pourrait dire que ce nom est une des ouvertures possibles vers d'autres univers. Des hiers divers, mais c'est une autre histoire.

Tout commence par une suite. L'histoire d'un livre en papier sur des collectionneurs de vinyls. En 2014. À l'ère des continents noyés sous les circuits imprimés, à l'heure du pic pétrolier. Une sorte d'anachronisme. L'éternel retour de la poussière. L'éphémère omniprésent, presque éternel. Une illusion de plus. Mais un beau livre. Vraiment. Je l'ai reçu récemment, accompagné d'un vinyl improbable. Un soir, en rentrant du boulot, ce livre m'attendait dans son carton, enroulé dans quelques kilos de bulles d'air plastifiées. Je n'ai pas eu le temps d'enlever mes chaussures, ma veste, pas même de mettre de la musique. Les pages m'ont aspiré, tourné et retourné.

Une chose est sûre : le monde est rempli de (doux) dingues. Et ce livre n'en présente qu'une pointe d'iceberg, comme toujours. Une chose est sûre, quand il s'agit de son en boîte, on se situe le plus souvent à l'échelle de la poussière qui tombe des pointes iceberguiennes, fatalement. On pense à DJ Shadow, entre le cadavre d'une chauve-souris et des piles, des piles, des piles de cartons remplis de disques.

Ce livre a ranimé d'une vie différente une activité sympathique, avec laquelle je crois avoir contaminé Jeanne : passer des disques, d'une platine à l'autre. La plus récente est une Technics, MKII, d'occase. C'est mon bijou. L'autre est un truc sans nom, au bras renforcé par un élastique foireux, acquis grâce à la générosité d'une dame qui n'est plus. Son sourire chante encore, pourtant. Cette activité sympathique, il arrive qu'on l'enregistre. Ça a donné quelques fichiers audios réunis dans un dossier nommé "radio_relai". Parce qu'au mieux, on passe des disques, comme à la radio, bon une radio vraiment cool où personne ne vient interrompre le son avec des considérations foireuses, voire une publicité, ou pire : des informations, désinformation.

Au final, on s'est dit que ça nous ferait plaisir de partager le dernier enregistrement. Qui vaut ce qui vaut. Mais qui représente assez bien nos balades sonores.

Jeanne en parle autrement sur son blog : Radio relai

  1. "Ajhoon Na Aye" film: Sanjh Aur Savera, 1970 by Sunil Ganguly in Bollywood Steel Guitar, Sublime Frequiencies (SF 043LP)
  2. "War" (Sir Lancelot, Executor, Caresser, Atilla, Lion) in Black Music of Two Worlds [Ethnic Folkways Records, FE 4602]
  3. "I Believe I'll Dust my Broom" (Robert Johnson) in in Black Music of Two Worlds [Ethnic Folkways Records, FE 4602]
  4. "Nobody's Fault But Mine" feat. Lizz Wright (Nina Simone) in Mesehll Ndegeocello, Pour une âme souveraine : a dedication to Nina Simone [Naïve NV827061]
  5. "Jesus" produced by Madlib in Blu, Jesus, 2011 (New World Color NSD-150)
  6. "Lord's Prayer" produced by Madlib in Dudley Perkins, A Lil Light, 2003 (STH2067)
  7. "Mother, Father, God" in Georgia Anne Muldrow, Owed to Mama Rickie, 2011 (act003)
  8. "Praise the Lord" produced by Sabor in Jeru the Damaja, Divine Design, 2003 (Ashenafi Records)
  9. "Offering" Gil Scott Heron
  10. "Stand by Me" Otis Redding
  11. "Sun Steps" feat. John Gilmore in Sun Ra, New Steps, 1978 (Horo Records, HDP 25-26) + "Nefertisis" in Andrew Hill, Live at Montreux, 1975 (Freedom FLP 41023)
  12. "Conquistador" by Yesterdays New Quintet in Madlib, Madlib Medicine Show#7 : High Jazz, 2010 (Madlib Invazion, MMS007)
  13. "Eyes Closed" in Blank Blue, Western Watermusic Volume II, 2008 (Ubiquity)
  14. "A5 : Untitled" in Madlib, Rock Konducta Part I, 2014 (Madlib Invazion, MMS-020)
  15. "We don't die" in Tricky, False Idols, 2013 (False Idols, !K7 Records, K7308LP)
  16. "Man Kind" (Haackula, 1978) in Bruce Haack, Farad (The Electronic Voice), 2010 (StonesThrow, STH 2221)
  17. "D 02 : beskh3epnm" in Aphex Twin, Drukqs, 2001 (Wrap Records, WARPLP92)
  18. "Arapaho's Circle Dance" in Kalacakra, Crawling to Lhasa (LHA 128)
  19. "Sans titre" in Fille qui Mousse
  20. "Running Free" in Iron Maiden, Iron Maiden, 1980 (E.M.I Records, Pathé Marconi, PM 251)
  21. "Kick Out the Jams" in Rage Against The Machine, Renegades, 2000 (Epic, EPC 49992 1)
  22. End of side 3.33 in Madlib, Madlib Remixes #2 : 1980s Saturday Morning Edition (All Samples 1977 - 1982) (No Label, No-©, MAD002)

une étagère de livres et de vinyls, avec 2 platines et une table de mixage, un ampli

À l'envers.

dimanche 11 mai 2014 à 11:29

Écrire, même rarement, même quelques mots épars, et le faire dans un espace public, entraîne des réactions. En est-on responsable ? Certainement. Jusqu'ici, dans la version 03 de blogiGor, deux petits textes ont générés des réactions AFK : Absence de bip et Document sans titre.

Dans les deux cas, au moins une personne s'est fait suffisamment de souci pour avoir cherché à me contacter. Ce que je peux comprendre. J'en avais quelque part conscience au moment de la rédaction, une interprétation possible allait dans le sens de l'interruption volontaire de vie. Pourtant, mon intention était l'exact contraire.

Mon intention correspond assez bien au commentaire d'idoric, à de petits détails près. Seulement, j'ai besoin d'exprimer cet objectif d'une manière renversée, afin de faire la nique au tyran, ce tyran qui m'habite et que j'emporterai dans ma tombe, sur le bûcher ou à la potence, qui sait ? Je ne sais pas m'accrocher sans lâcher prise, je ne sais pas continuer sans quitter le champ de bataille. Que les courageux choisissent le suicide, ce n'est pas ma voie. Réussir et vaincre résonne dans les espaces de mes connotations comme l’assujettissement aux pulsions morbides.

Incohérent, contradictoire. Je n'en démordrai pas : la vie n'a pas de sens. C'est pourquoi elle est si précieuse. Aucun besoin de justification. Je suis vivant, pour rien, parce que rien. Je n'ai pas décidé de vivre. Je ne déciderai pas de mourir. C'est une revendication. Un point serré, levé, cette incompréhensible insignifiance, si discrète dans l'Univers. Un éclat de rire, une étincelle dans une larme.

La volonté m'a le plus souvent conduit vers l'abîme. Ce n'est qu'après l'abandon que mon chemin a repris la direction de la surface. Je ne dis pas que je n'ai pas dû en quelque sorte agir, mais c'était plus l'effort de ne pas se laisser aller à la volonté. Nager dans le sens du courant.

Alors, quand je me sens à bout, épuisé, insatisfait, je retrouve avec quelques mots le souvenir de la vie nue. Le noyau, ma particule élémentaire. Et j'ai besoin de la raconter avec ces expressions qui peuvent inquiéter, je veux bien l'admettre. C'est une inquiétude que je juge utile pour déjouer mon tyran, ce tyran qui reflète, intériorise si bien le discours et l'(in)conscient collectifs barricadés derrière la "réussite", le "développement personnel", la "réalisation de soi", les "projets" et toutes ces foutaises qui nous divertissent.

Je suis quelque peu attaché à mon animalité, à ma finitude. La fissure par où s'échappent quelques éclaircies.

lever de soleil au-dessus des montages et des nuages

Document sans titre.

vendredi 9 mai 2014 à 21:58

Constamment tutoyer les limites. Une lame affûtée, vue de profil. Une lame de papier-soie. Fibre déchirée par le vol du papillon. Nostalgie de la transition larvaire ? Où se dessinaient les possibles. Des possibles contraints. Détermination aveugle. Le dessein sans dessinateur.

L'absurde est un compagnon fidèle. Il n'a plus besoin de me chuchoter à l'oreille. Pas même un regard. Une simple présence. Une veine court sur l'avant-bras, donne un sentiment de force. Simple. Calme. Endurante. Je lis dans ses pensées, je lis mes pensées dans cette projection. L'abandon est une forme de ténacité. Les mots confirment à quel point l'essentiel ne s'exprime pas. Peut-être se pense-t-il ? Peut-être.

surface métallique grise, floue

Apocalypse

jeudi 1 mai 2014 à 21:25

En Suisse, l'un des pays qui démontre que la démocratie (semi-)directe est compatible avec l'immobilité, le conservatisme et l'esprit buté et réactionnaire, on vote, une fois de plus. Cette fois-ci, il s'agit d'inscrire dans la Constitution un salaire minimum, fixé à quatre mille francs suisses par mois, ou vingt-deux francs de l'heure. Et c'est, bien entendu, une menace qui met en péril le bien être économique du pays. Des propriétaires du pays. Ils ne sont pas nombreux, mais ils comptent, eux. Dans tous les sens du terme.

Remettons les choses dans le contexte. VoisinEs européenNEs, sachez que la vie est dure dans le coin de jardin de l'enfer économique mondial. Et quatre mille francs suisses, ça ne t'assure pas toujours de tourner correctement. Une fois que tu as payé ton assurance maladie, payé tes impôts publics, payé tes impôts privés, il te reste de quoi acheter un tube de cenovis et une carte à pré-paiement pour ton natel.

Chose intéressante, le salaire médiant par chez nous est un peu plus haut que six mille francs, suisses toujours. Et qu'il n'y a qu'un peu plus de trois cent mille salariéEs qui touchent moins que les quatre mille prévus. Mais dans ces trois cent milles salariéEs, soixante pour-cent sont des femmes. Voilà, on mesure avec plus d'effroi encore l'apocalypse qui risque, peut-être, de dévaster l'économie du pays.

Parmi ces trois cent mille personnes, il y en a un certain nombre (je ne le connais pas ce nombre) qui travaille à cent pour-cent (ça veut dire au moins quarante deux heures par semaine, non, ça ne rend pas le geek plus heureux) et qui doit recourir à l'assistance publique. Une forme comme une autre de subvention de l'esprit d'entreprendre, tu sais, ces pigeons.

En même temps, le bon peuple d'Helvétie, va voter pour savoir si on veut dépenser quelques milliards (je ne sais pas combien, c'est pas vraiment important, quand on aime...), pour des avions de guerre. Parce que pour nous défendre de l'invasion des miséreux de toute la terre, c'est indispensable. Ça ne renfloue pas les banques quand elles s'explosent toutes seules la gueule en entraînant tout le monde avec elles, mais ça protège le ciel aérien pendant le What the Fuck Economic à Davos. Ce qui réchauffe le cœur des working poors, c'est déjà ça.

Apocalypse

jeudi 1 mai 2014 à 21:25

En Suisse, l'un des pays qui démontre que la démocratie (semi-)directe est compatible avec l'immobilité, le conservatisme et l'esprit buté et réactionnaire, on vote, une fois de plus. Cette fois-ci, il s'agit d'inscrire dans la Constitution un salaire minimum, fixé à quatre mille francs suisses par mois, ou vingt-deux francs de l'heure. Et c'est, bien entendu, une menace qui met en péril le bien être économique du pays. Des propriétaires du pays. Ils ne sont pas nombreux, mais ils comptent, eux. Dans tous les sens du terme.

Remettons les choses dans le contexte. VoisinEs européenNEs, sachez que la vie est dure dans le coin de jardin de l'enfer économique mondial. Et quatre mille francs suisses, ça ne t'assure pas toujours de tourner correctement. Une fois que tu as payé ton assurance maladie, payé tes impôts publics, payé tes impôts privés, il te reste de quoi acheter un tube de cenovis et une carte à pré-paiement pour ton natel.

Chose intéressante, le salaire médiant par chez nous est un peu plus haut que six mille francs, suisses toujours. Et qu'il n'y a qu'un peu plus de trois cent mille salariéEs qui touchent moins que les quatre mille prévus. Mais dans ces trois cent milles salariéEs, soixante pour-cent sont des femmes. Voilà, on mesure avec plus d'effroi encore l'apocalypse qui risque, peut-être, de dévaster l'économie du pays.

Parmi ces trois cent mille personnes, il y en a un certain nombre (je ne le connais pas ce nombre) qui travaille à cent pour-cent (ça veut dire au moins quarante deux heures par semaine, non, ça ne rend pas le geek plus heureux) et qui doit recourir à l'assistance publique. Une forme comme une autre de subvention de l'esprit d'entreprendre, tu sais, ces pigeons.

En même temps, le bon peuple d'Helvétie, va voter pour savoir si on veut dépenser quelques milliards (je ne sais pas combien, c'est pas vraiment important, quand on aime...), pour des avions de guerre. Parce que pour nous défendre de l'invasion des miséreux de toute la terre, c'est indispensable. Ça ne renfloue pas les banques quand elles s'explosent toutes seules la gueule en entraînant tout le monde avec elles, mais ça protège le ciel aérien pendant le What the Fuck Economic à Davos. Ce qui réchauffe le cœur des working poors, c'est déjà ça.