Chimère ou réalité, certains comptent encore sur AMD pour renverser le marché des processeurs. La firme Californienne n’a plus le droit à l’erreur, la courbe est déjà suffisamment rouge. Un sauveur dites vous ? Pas si certain mais Virgo comme elle se nomme, la nouvelle génération des APU d’AMD, tentera au moins d’améliorer la situation. Avant d’aller plus loin, examinons les termes cités à l’instant.
APU & Virgo
Un APU, pour rappel ou découverte, est une puce qui contient à la fois un CPU et un GPU (processeur chargé des calculs graphiques). Pour schématiser la chose, on peut dire qu’un APU combine le processeur et la carte graphique sur une même puce.
AMD en appelle les Saints …
Virgo ou le signe astrologique de la Vierge, désigne ni plus ni moins, que le nom de code des nouveaux APU. Bref historique : AMD introduisait l’année dernière sa technologie dénommée Fusion qui regroupe toutes les architectures APU. Vient ensuite différentes catégories.
La première génération de puces Fusion répondait sous le nom de Llano, puis vient d’apparaître son successeur, Virgo. On retrouve également cette seconde génération sous la dénomination Trinity, ce n’est autre qu’un synonyme.
Le paragraphe précédent est extrêmement condensé et plein de raccourcis pour rendre la chose un minimum clair. Si vous souhaitez définitivement vous perdre dans les références constructeurs, il suffit de consulter la page Wikipédia de AMD Fusion.
En résumé, nous disposons d’un morceau de silicone de 2,5cm de coté qu’on peut appeler Virgo ou Trinity selon son humeur.
Les nouveautés techniques
Inutile de rentrer dans les détails, pour ce qui est de l’ordonnancement interne du processeur, les nouvelles instructions, la taille des caches, etc, je vous renvoie sur le dossier de HFR. J’en profite pour signaler que nombreuses images sont justement tirées de ce dossier ultra complet.
Socket FM2
Nouveaux CPU = nouveaux socket ? A écouter Intel, c’est un impératif et il y a toujours des questions techniques. N’y voyez là aucun but commercial. Pensez-vous vraiment que le fondeur numéro 1 mondial, s’amuserait à introduire un nouveau socket, donc vendre ces derniers aux constructeurs, puis obliger tous les clients à changer de carte mère ? Il ne gagnerait que quelques millions après tout … Bref, chez AMD, la raison du passage au socket FM2 provient des détrompeurs (voir photo ci-dessous) dont le placement a dû être revu. Convaincant.
Le jeu des 7 erreurs
Techniquement, ce nouveau socket supporte désormais le multi-écran (via l’APU). On peut ainsi utiliser jusqu’à trois sorties vidéos (DVI, DisplayPort et HDMI) en simultané.
Chipset
Virgo signe également l’apparition d’un troisième chipset pour compléter ceux du socket FM1. Le tableau situé à droite reste plus parlant mais en résumé, vous pouvez distinguer :
- le A55, pas d’usb 3 et pas de SATA 3 (un poil obsolète);
- puis le A75 et le A85X qui disposent de « tout le nécessaire ».
C’est bête de dire « tout » mais en pratique le A75 vaut exactement le A85X. Je ne vois pas l’intérêt de citer le nombre de ports SATA pris en charge alors que c’est la carte mère qui limite avant tout.
Au cas où je serais allé trop vite, le chipset, pour rappel ou découverte (cette formule me parait neutre), est une puce chargée de faire communiquer le processeur avec le reste des périphériques (carte graphique, ports usb, etc).
Dual Graphics
Cette technologie qui existait déjà avec la 1ere génération, permet de coupler en plus de votre APU, une carte graphique. On peut apparenter cela à un Crossfire mais vu les résultats mitigés qu’apporte le Dual Graphics, cette solution semble peu intéressante. Elle n’est pas spécialement efficace et le rendement laisse à désirer. Un bon moyen de recycler une carte graphique mais nullement l’occasion d’investir.
Présentation des processeurs
Maintenant que vous en connaissez un peu plus sur l’histoire de Virgo, jetons un coup d’oeil sur les dernières recrues.
On y revient dans un instant.
Où quelle-est la mémoire vidéo ?
D’ordinaire, les cartes graphiques embarquent de la mémoire mais dans un APU, impossible de tout caler. C’est donc votre RAM qui est exploitée par le GPU dans ce dernier cas. Ce n’est pas un problème en soit mais selon la vitesse de la mémoire, les performances varient assez remarquablement. Ainsi, hardware.fr met en évidence un gain de 7% à 17% selon qu’on passe de 1600MHz à 2133MHz.
Les performances
Enfin un peu de concret. Que pouvons-nous attendre des nouveaux processeurs en terme de puissance graphique ?
D’ordre général, on peut jouer à tous les jeux récents en 720p en jouant sur les options. Dit comme ça, ça donne moyennement envie mais ça satisfait pas mal de monde. Pour ce qui est de jouer en haute définition, seul les titres âgés de quelques années ou peu gourmands en ressources passeront. Ici en exemple, le jeu Dirt 3 en 1680*1050px et les détails positionnés sur « moyen ».
Les résultats sont très raisonnables mais on aperçoit tout de suite qu’une petite carte graphique est beaucoup plus performante. On gagne un bon 20 fps rien qu’avec une Nvidia GT 640.
Talon d’Achille
Cela fait maintenant plusieurs années qu’AMD traîne sur cet aspect qui pourtant, est devenu une priorité : la consommation !
Au repos, les APU affichent un bon score, similaire aux puces Intel mais dès lors qu’on charge le processeur, le compteur s’envole.
Le graphique de HFR est assez démonstratif. La consommation est relevée lors de l’exécution du jeu F1 2011.
Récapitulons. Le A10-5800K, fleuron de la gamme Trinity, affiche 130W en charge pour 48 fps sur Dirt 3. Si nous prenons un Pentium G840 avec 65W de TDP maximum, couplé à une Radeon HD 7750 (45W), nous obtenons approximativement 40% d’images/secondes supplémentaires pour 110W.
Ensuite on peut se poser la question, « est-ce qu’on fait tourner des benchmarks toute la journée sur son PC ? » Pour ma part 90% du temps, l’ordinateur est au « repos ». Dans cette optique, le pic de consommation et éventuellement, les nuisances sonores sur le moment, restent acceptables. Subsiste l’écart de performance non négligeable.
Qui est le public visé ?
Venons-en à l’indispensable et fatidique question : quel segment du marché AMD compte t-il attaquer avec ses APU ? En fin de compte, difficile de trouver un réel intérêt. Voilà grossièrement, les cas possibles :
- Pour les gamers à la recherche d’une petite configuration ou aux besoins non trop poussés, un couple Intel Pentium 840 (60€) + Radeon HD 7750 (90€) est bien plus préférable à l’A10 5800K (± 130€). Il y a certes 20€ de différence mais c’est la différence de prix pour décrocher de la mémoire haute de gamme et obtenir des performances descentes sur l’APU. De plus, le ratio perf/prix/conso est largement meilleur. Définitivement, les deux modèles dont le TDP et de 100W, ne sont guère intéressants. Ils se situent trop entre deux eaux.
- Reste une alternative pour qui souhaite monter une machine très silencieuse (voire fanless) et disposer d’un minimum de puissance graphique et processeur, le A8-5500 (± 100€). Cette solution sera détaillée dans le prochain article.
- Pour l’utilisateur qui cherche de la puissance CPU, autant se diriger vers un i3 (± 130€) qui propose les mêmes performances, une consommation mieux maîtrisée et une plateforme plus souple en terme d’évolutivité.
- Pour mamie qui lit ses mails, regardent deux vidéos par mois et fait profiter les petites enfants des jeux flash, deux alternatives. Soit se diriger vers un Pentium entré de gamme, ou un APU A4-5300. Le prix (± 50€) et le résultat étant très très proche …
- Pour monsieur qui souhaite monter un HTPC, même le plus petit modèle des APU, le A4 cité à l’instant, est trop puissant. Le marché ne laissant pas le choix, c’est le plus bas de gamme qu’on puisse trouver mais nous pourrions avoir tout aussi bien pour deux fois moins gourmands.
Concluons sur le fait qu’à part le modèle A4-5300 et l’A8-5500 à 65W de TDP, le reste de la gamme ne présente aucun avantage. Les puces sont d’ores et déjà disponibles en magasin.