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elementary OS: mock-ups for human beings

lundi 26 août 2013 à 19:26

Cela n’aura pas échappé aux techies un tant soit peu au courant de l’actualité des distributions GNU/Linux : la deuxième version majeure — Luna — d’elementary OS est sortie. À la louche, il s’agit de la première mise à jour stable en deux ans, puisque la première version majeure — Jupiter — était parue le 11 avril 2011.

Elementary OS Luna

J’ai longtemps entretenu à l’endroit d’elementary OS un mélange d’élitisme déplacé (« Seulement Debian, Arch Linux, (…) sont de bonnes distributions GNU/Linux », flagornerie à l’égard desdites distributions), de griefs concernant l’utilisation d’Ubuntu comme brique de base (« Ubuntu: the compulsory downstream patch », ou comment j’éprouve un mal certain à concevoir l’empilement de couches et de patchs induits par l’utilisation d’Ubuntu), et de condescendance à l’égard du fait que cette distribution est née d’un thème d’icônes.

Cependant, je ne dénigre pas la création d’un environnement de bureau — Pantheon — qui lui est neuf même si teinté de surcouches à des projets existants ou de versions dérivées d’autres projets (Docky à la base de Plank, surcouche à Mutter avec Gala (un shell qui à l’instar de Gnome Shell se base sur libmutter), dérivation de BeatBox pour Noise, …). Bref, je recelais d’une paresse intellectuelle comme je ne m’en connaissais pas de pareille.

Fort du constat de mon indolence, j’ai décidé d’au moins faire un essai de ladite distribution et ne pas m’endormir ignare. Pour télécharger elementary OS, il suffisait de cliquer sur le lien « Download Luna for Free » de la page d’accueil, et de prendre les images 32 et 64 bits pour les essayer sur plusieurs machines (un netbook et un laptop en l’occurence). La fatigue ne me terrassa pas. Pour ceux qui voudraient procéder au téléchargement direct, ils seront redirigés vers le SourceForge du projet elementary OS.

Disques, restauration d'une image ISO

Une fois le téléchargement fait, il me suffisait de transférer l’image ISO sur une clef USB, préalablement retrouvée dans le fatras de mes affaire et insérée dans un port idoine. J’ouvre gnome-disks, j’y sélectionne ladite clef USB, je clique sur la roue dentée en haut à droite de la fenêtre et sélectionne l’option « Restaurer l’image disque ». À ce moment, il ne me reste plus qu’à sélectionner l’un des fichiers ISO précédemment téléchargés et attendre pendant le déroulement de l’opération. Donc de prendre un café. Encore une fois, pas de quoi harasser un nerd en vacances.

Le test fut rapide : il s’agissait pour moi de prendre connaissance de l’ambiance générale de la distribution, de son utilisabilité et de sa distribution logicielle. Et sur ce point j’ai été agréablement surpris : l’ensemble est bien pensé, cohérent dans le style et la légèreté. Surtout, j’ai été impressionné par la célérité générale de l’environnement. En Live USB, soit sur un Samsung N210 Plus ou un HP Pavilion dm4, aucune application ne met en moyenne plus d’une ou deux secondes à être lancée, ce qui est pour le moins appréciable. Aucune application ? Non, une application résiste encore et toujours à la légèreté, la Logithèque Ubuntu, qui est toujours aussi abominablement lente que dans mon souvenir. Le système lui-même ne met pas plus de deux minutes en moyenne pour se lancer, ce qui est agréablement surprenant pour un système en Live.

La distribution logicielle est rudimentaire, certes, mais elle recouvre la plupart des besoins en fonctionnalités du système. Tout ce qui n’est pas préinstallé est à trouver dans la bibliothèque de programmes d’Ubuntu qui reste très fournie, avec le risque cependant de tomber sur des applications moins bien intégrées à l’ensemble. L’utilisateur pourra installer à sa guise Skype, Steam, LibreOffice, … de quoi étendre encore un peu la plupart des besoins bureautiques qui peuvent être remplis par la distribution.

Même si elementary OS ressemble toujours autant à une galerie de mock-ups empilés sur Ubuntu, l’environnement de bureau Pantheon est bien foutu, rapide et réactif, même si je ne suis aucunement convaincu par les choix esthétiques. Malgré mes réticences au thème (qu’il est possible de changer, heureusement, mais je n’attends pas d’un utilisateur lambda de parvenir à le faire), je crois qu’il est un atout d’elementary OS : faire un objet esthétiquement cohérent qui puisse donner envie de l’utiliser. Et sur ce point, je crois qu’elementary OS est une réussite.

L’objet est stable, fonctionnel, et je crois qu’il pourra très bien convenir à ceux dont l’informatique se retreint à la messagerie instantanée, lire ses mails, naviguer sur Internet, faire un peu de bureautique, regarder des vidéos ou écouter de la musique. Empathy (qui garde bizarrement son thème de conversation par défaut), Geary, Maya et Dexter, Midori, Firefox ou Chromium, Abiword et Gnumeric ou LibreOffice, Totem et Noise peuvent tout à fait remplir la majorité des besoins de tels utilisateurs qui pullulent.

Je ne peux pas m’empêcher d’un peu jouer les Cassandre, et d’avoir une appréciation en demi-teinte. Même si je crois qu’en l’état Luna peut très bien convenir à une bonne masse d’utilisateurs, c’est à mon avis seulement maintenant que les développeurs d’elementary OS doivent prouver qu’elle peut être une distribution fiable à l’avenir. Sommairement, il s’agit d’essayer d’imaginer comment s’annonce la transition vers la troisième version. Considérant le public visé, il est nécessaire qu’elle se fasse de façon transparente et sans effort, ce qui augmente d’autant plus la hauteur du challenge : il s’agira de gérer la dépendance à Ubuntu en en étant quelque peu tributaire.

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Les lois de l’imitation

samedi 24 août 2013 à 08:23

Il ne faut pas perdre de vue, d’une part, que le besoin d’inventer et de découvrir se développe, comme tout autre, en se satisfaisant; d’autre part, que toute invention se réduit au croisement heureux, dans un cerveau intelligent, d’un courant d’imitation, soit avec un autre courant d’imitation qui le renforce, soit avec une perception extérieure intense, qui fait paraître sous un jour imprévu une idée reçue, ou avec le sentiment vif d’un besoin de la nature qui trouve dans un procédé usuel des ressources inespérées.

Gabriel Tarde, Les lois de l’imitation, 1895, 2eéd.(1re éd. 1890), p. 47.

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Vinyles neufs ou d’occasion

samedi 24 août 2013 à 07:39

Je recherche en disque vinyle de « bonnes versions » — que ça soit par la qualité de l’enregistrement ou de l’interprétation — du Sacre du Printemps de Stravinsky et de la Symphonie nº 9 de Dvořák, dite « Du Nouveau Monde ». À chacun la sienne, je ne demande que le conseil d’une version préférée.

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Le suicide de pump.io

vendredi 23 août 2013 à 19:10

Vendredi, c’est trolldi.

En discutant avec Martin à propos des contraintes techniques de pump.io , ce dernier m’a dirigé vers le rapport d’erreur #786 qu’il avait rédigé. Le pitch : les certificats CACert entraînent des erreurs dans le déploiement de pump.io. En fait, n’importe quel certificat n’ayant pas été certifié par une autorité centrale rend son déploiement désastreux. Ce n’est pas un bug, mais une fonctionnalité. Retour sur le suicide de pump.io et la marginalisation des utilisateurs.

Bug VS Feature

CACert’s root certificate is included in distributions worthy of being one. I don’t see where StartSSL is more reliable than CACert. Do you even remember DigiNotar? Staying with such centralized conceptions of certificates issuers is irrelevant when you’re trying to build a decentralized or federated network. Moreover, such decisions will repel enthousiast adopters. If one user cannot afford an arbitrary trusted certificate, or has to use a load-balancer because he has multiple services on a single machine, he can go f*ck himself. It’s like you don’t want anybody, and certainly not « poor » individuals, to use your program.

Au delà de l’énervement premier, je tiens à expliciter ce que cible ma critique : non pas la mise à l’écart de CAcert (je ne me fais pas prosélyte pour le coup, et je peux comprendre qu’il ne remplisse pas les spécificité requises de l’un ou l’autre même si je peux ne pas non plus être d’accord), mais les réquisits techniques utilisés comme moyens de ségrégation et de marginalisation de la communauté d’un logiciel libre.

Résumons en français les contraintes inhérentes à pump.io.

Le programme monopolise la moitié du trafic web (en front sur le port 443, voir les déboires d’installation). Donc si tu n’as qu’un petit hébergement sur lequel tu as aussi d’autres services Web (au hasard un blog ou un agrégateur de flux RSS), sacrifie ton port 443. Mais tu pourrais avoir besoin d’une interface chiffrée pour quelque autre programme, ou tout simplement ne pas avoir envie d’utiliser uniquement pump.io sur HTTPS. Qu’à cela ne tienne, il faudra que tu aies des URLs moches ou que tu t’essaies à la virtualisation. Bref, va te faire voir, petit utilisateur qui voudrait déployer pump.io à titre de service Web standard sur ton petit serveur.

Si tu trouves que quelque chose est mal pensé, mal conçu, ou mérite d’être revu, tu n’as qu‘à faire les modifications toi-même. Admettons, le projet se veut libre, donc son code est ouvert et implique une liberté de modification. Malheur à toi cependant si tu ne sais pas coder. Il y a ici une confusion entre un développeur et un utilisateur, confusion entre liberté de modifier et devoir de le faire. En somme, un pur élitisme de développeur. Et cela ne concerne pas ces développeurs aussi compétents soient-ils qui maîtrisent pas node.js.

Revenons au bug cité plus haut : si tu es trop pauvre pour te payer un certificat tout joli et bien validé, ou si tu es trop libriste pour consentir à te soumettre à une autorité de certification centralisée (comme StartSSL qui est conseillé), te voilà logé à la même adresse que ce peuple d’utilisateurs indigents. Nous mêlons ici deux formes d’autoritarisme : celui du développement, et celui des autorités de certification qui est le moyen technique pour marginaliser les amateurs.

Le souci est certes technique, et à titre d’usager je n’ai qu’une critique à apporter. Je vois une contradiction entre un réseau décentralisé et le recours à une autorité de certification par définition centrale (DANE n’était pas intégré par NSS ou OpenSSL). D’ailleurs, elle n’apporte pas nécessairement plus de sécurité, cf. DigiNotar et l’aspect critique d’une autorité de certification pouvant émettre des certificats frauduleux malgré tout. Ta garantie ? Ton portefeuille.

Applause

En corollaire, les problèmes liés soit à la certification soit à l’adressage ne sont pas des défauts du développement, mais le symptôme d’utilisateurs qui ne se soumettent pas aux contraintes du programme, ces mêmes utilisateurs étant tenus par des contraintes matérielles ou pécuniaires qui, j’en fais partie, les détourneront de pump.io. J’applaudis, je n’ai jamais vu de communauté se faire assassiner plus prestement, ni de projet open-source aussi peu libre.

Je peux expliquer le logiciel libre en 3 mots :  liberté, égalité, fraternité. [...] Liberté parce que ce sont les logiciels qui respectent la liberté de leurs utilisateurs, égalité parce que [...] personne n’a de pouvoir sur personne et fraternité parce que nous encourageons la coopération entre les utilisateurs. — rms, Logiciels libres et Éducation.

Un projet libre sans communauté est un projet mort.

Un projet libre où la coopération est synonyme d’autoritarisme est un projet mort.

Un projet libre où il n’y a aucune égalité entre le développeur et l’usager est un projet mort.

Un projet libre sans communauté, sans coopération, sans égalité, n’est pas un projet libre.

Assistons au suicide de pump.io. Qui restera-t-il autour pour veiller sur son lit de mort ? Quelques éclairés qui ont trouvé le moyen de s’adapter ou se rangeront à ce qui a été décidé pour eux ? Des clients potentiels, ceux qui peuvent payer ?

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Si vous nous empêchez de rêver, nous vous empêcherons de dormir

vendredi 23 août 2013 à 15:42

« Mladic » est la piste d’ouverture de « ‘Allelujah! Don’t Bend! Ascend! », le premier album studio en 10 ans du collectif canadien Godspeed You! Black Emperor (GY!BE). Je me souviens encore de « Yanqui U.X.O. », sorti en 2002. Des spasmes d’excitation me remuent le ventre, réminiscence des nuits entières à écouter GY!BE au casque, des frissons qui remontaient la nuque jusqu’au sommet du crâne. Fermer les yeux et se laisser emporter.

«Mladic » est un mur de son, une mélopée enivrée et fiévreuse ondoyant entre Swans, Earth et GY!BE eux-mêmes, une pièce de 20 minutes, une progression paniquante et effrénée, d’une violence sourde et profonde, qui se clôt sur les percussions endiablées des étudiants québécois, enfin, le son des casseroles du Printemps Érable.

Tension de jouissance auditive. À écouter, sinon à réécouter, encore et encore. À se procurer certainement.

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