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La psychopathologie des adolescents se reflète dans leurs comportements dans les jeux vidéo

dimanche 1 octobre 2017 à 06:00

L’idée selon laquelle les joueurs de jeu vidéo investissent leurs loisirs en fonction de leurs problématiques personnes est ancienne. Dans ce domaine, les intitutions des premiers chercheurs et les observations des psychothérapeutes se rejoignent. Dans Life on the Screen, Sherry TURKLE note que les personnes utilisent les MUDs comme des espaces de projection de soi. Cet aspect projectif a conduit des psychothérapeutes à utiliser les jeux vidéo comme objet de médiation.

Jusqu’a présent, nous disposons de peu d’études dans ce domaine. Aussi, la recherche menée par David SMAHEL et ses collègues est bienvenue Les chercheurs ont fait l’hypothèse que les adolescent jouent différement en fonction de leur psychopathologie. Les parties de 47 adolescents agés de 14 à 17 ans  de trois groupes (pathologies externalisées, internalisées et contrôle) ont été examinées dans un jeu de course (Need for Speed)  et un jeu d’aventure (GTA IV).

Les troubles externalisés correspondent à des comportements souvent destructueurs exprimés sur envers des personnes ou sur l’environnement. Les vols, les incenties, les mensonges, la recherche d’attention et bien sûr les aggressions sont des troubles externalisés. Les troubles internalisés correspondent à des comportements dans lesquels les sentiments et les émotions sont conservés à l’intérieur de la pression. Les plaintes somatiques, l’anxiété, la dépression sont des troubles internalisés

Les résultats montrent aucune différence pour le groupe qui utilisent le jeu structuré et des différences importantes pour le groupe “Jeu d’aventure”

L’étude est intéressante parce qu’elle prend la question dans le bon sens. Les études cherchent habituellement à montrer les effets des jeux vidéo. Elles montrent par exemple que jouer aux jeux vidéo conduit à un sommeil de moins bonne qualité, de mauvaises notes à l’école, à des comportements agressifs etc. Ici, le chercheurs partent du problème et cherchent comment il se traduit dans les jeux vidéo. Les psychothérapeutes savent qu’un enfant déprimé ne joue pas de la même façon qu’un enfant hyperactif. Est-ce le cas avec les jeux vidéo ? La réponse est clairement oui !

L’analyse des résultats montre que les adolescents qui internalisent ou externalisent leurs problèmes réussissent moins dans les jeux que les adolescents du groupe de contrôle. Ils ont aussi tendance à mourir plus souvent et à moins échapper à la Police. Par contre, contrairement aux attentes des chercheurs, les adolescents qui ont tendance à externaliser leurs problèmes ne tirent pas plus et ne tuent pas plus de personnes dans le jeu. Cette différence, qui nécessite davantage de recherche, est peut être expliquée par une homogénéisation artificielle du groupe d’adolescents

Pour les cliniciens, ces résultats sont importants. Ils indiquent que les intuitions première qui les ont poussé à utiliser des jeux d’aventure sont bonnes. Les joueurs ont tendance à laisser plus de traces d’eux-même avec ces jeux qu’avec un jeu d’aventure. Cela ne veut pas dire que les autres jeux doivent nécessairement être laissés de côté, mais que, peut-être, leur utilisation sera plus problématique.

Segev, A., Gabay-Weschler, H., Naar, Y., Maoz, H., & Bloch, Y. (2017). Real and virtual worlds alike: Adolescents’ psychopathology is reflected in their videogame virtual behaviors. PloS one, 12(7), e0181209.