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Les « Casques blancs » syriens sauveurs de multiples vies nominés pour le Nobel de la paix

vendredi 23 septembre 2016 à 13:50
White Helmets volunteers. Source: White Helmets Website.

Bénévoles des Casques blancs. Source : White Helmets.

[Article d'origine publié en anglais le 18 août 2016. Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.]

La Défense civile syrienne, connue sous le nom de Casques blancs, a été proposée pour le prix Nobel de la paix.

Le groupe de sauveteurs, qui compte près de 3000 bénévoles et auquel est attribué le sauvetage de plus de 56 000 vies, pourrait donc voir son travail récompensé par la plus haute distinction de la paix.

Dans une récente interview avec Public Radio International, donnée depuis Alep, Ishmael Alabdullah, membre des Casques blancs de 29 ans, présente ce qui pourrait être la philosophie du groupe :

When you see human beings suffering, you need to do something to help them. I consider everyone who is staying in Aleppo, all of them, are heroes.

Devant des êtres humains qui souffrent, nous nous devons d’agir pour les aider. Je considère toutes les personnes qui restent à Alep comme des héros.

Sur leur site web, les Casques blancs expliquent « ce qu'il faut pour sauver une vie » :

In the deadliest conflict of our era an unlikely group of heroes has emerged. Former tailors, bakers, teachers and other ordinary Syrians have banded together to save lives from the rubble of bombardment and the violence of war in Syria. Forming the Syria Civil Defence, their distinctive uniform of a white helmet now symbolises hope for millions.

When the bombs rain down, the White Helmets rush in. In a place where public services no longer function these unarmed volunteers risk their lives to help anyone in need, regardless of their religion or politics. These volunteer rescue workers have saved over 60,000 lives.

The White Helmets motto is taken from the Quran: ‘to save a life is to save all of humanity‘. In a conflict where too many have chosen violence, the White Helmets wake up everyday to save the lives others are trying so hard to take.

Their bravery has inspired people across the planet — from the children in Syria who play at being rescue workers, to the students in Norway who awarded them their town’s peace prize, and to their nomination now for the Nobel Peace Prize.

Dans le conflit le plus meurtrier de notre époque, un groupe de héros improbable a émergé. D’anciens tailleurs, boulangers, enseignants et d’autres citoyens ordinaires se sont regroupés pour sauver des vies parmi les décombres des bombardements et la violence de la guerre en Syrie. Ils forment la Défense civile syrienne et leur uniforme distinctif, un casque blanc, symbolise désormais l’espoir pour des millions de personnes.

Lorsque pleuvent les bombes, les Casques blancs accourent. Dans les zones où les services publics ne fonctionnent plus, ces volontaires non armés risquent leur vie pour aider ceux dans le besoin, sans distinction de religion ou d’opinion politique. Les  bénévoles ont déjà sauvé plus de 60 000 vies.

La devise des Casques blancs est tirée du Coran : « sauver une vie, c’est sauver l’humanité tout entière ». Dans un conflit où trop ont opté pour la violence, les Casques blancs se réveillent chaque jour pour sauver les vies des citoyens que d’autres s’efforcent ardemment de voler.

Leur bravoure a inspiré des citoyens du monde entier, des enfants en Syrie qui jouent aux sauveteurs, aux étudiants norvégiens qui leur ont décerné le prix de la paix de leur ville, jusqu’à être nominé pour le Nobel de la paix.

La campagne pour que le prix Nobel de la Paix soit décerné aux Casques blancs est soutenue par plus de 120 organisations. En Syrie, les organisations suivantes appuient cette nomination :

Les organisations internationales la soutenant incluent :

Les Casques blancs ont été proposés, entre autres, par Jo Cox, la parlementaire britannique brutalement assassinée par un homme de 52 ans le 16 juin 2016. Après sa mort, son mari a créé un fonds commémoratif afin de collecter de l’argent pour les causes que défendait la députée. Les trois organismes qu’il a choisis de soutenir sont le Royal Voluntary Service, une organisation non gouvernementale venant en aide aux personnes âgées, HOPE Not Hate, un mouvement luttant pour une Grande-Bretagne moderne et ouverte, ainsi que les Casques blancs.

En 5 jours, la campagne a levé près de 1,35 million de livres grâce à 41 000 contributions, et a depuis dépassé l’objectif fixé à 1,5 million de livres (1,56 million d'euros). La famille de la défunte a reçu un casque blanc honorifique du responsable de l’organisation, Raed Saleh : une distinction hautement symbolique, puisqu’elle est habituellement réservée aux volontaires ayant perdu la vie en secourant des civils en Syrie. Raed Saleh a également diffusé la vidéo ci-dessous au nom des Casques blancs.

En mars 2016, Amnesty International a accusé les gouvernements syrien et russe de mener une stratégie de guerre en ciblant les hôpitaux, déclarant qu’ils « semblent s'en prendre délibérément et systématiquement aux hôpitaux et autres infrastructures médicales au cours des trois derniers mois dans le but de permettre aux forces terrestres d’avancer vers le nord d’Alep ». En juin 2016, Ben Taub, du New Yorker, a publié un atroce reportage consacré à ce qu’il appelle les « docteurs de l’ombre » :

In the past five years, the Syrian government has assassinated, bombed, and tortured to death almost seven hundred medical personnel, according to Physicians for Human Rights, an organization that documents attacks on medical care in war zones. (Non-state actors, including ISIS, have killed twenty-seven.) Recent headlines announced the death of the last pediatrician in Aleppo, the last cardiologist in Hama. A United Nations commission concluded that “government forces deliberately target medical personnel to gain military advantage,” denying treatment to wounded fighters and civilians “as a matter of policy.”

Durant les cinq dernières années, le gouvernement syrien a assassiné, bombardé et torturé à mort près de 700 professionnels du domaine de la santé, selon Physicians for Human Rights, une organisation documentant les attaques menées contre les infrastructures et le personnel médical dans les régions en guerre (les acteurs non étatiques, y compris Daech, en ont tué 77). Il y a peu, des gros titres des médias annonçaient la mort du dernier pédiatre à Alep et du dernier cardiologue à Hama. Une commission des Nations Unies a conclu que « les forces gouvernementales ciblent délibérément le personnel médical dans le but d’obtenir un avantage militaire », empêchant de traiter les combattants et les civils blessés.

Depuis ce constat, de nombreux autres hôpitaux ont été bombardés. Au moins 375 frappes visant des infrastructures médicales ont été documentées depuis le début de la Révolution syrienne, selon Physicians for Human Rights. Dans de telles conditions, un grand nombre d’hommes et de femmes soignant les blessés dans des hôpitaux souterrains de fortune sont des étudiants en première année de médecine ou des personnes n’ayant aucune formation médicale.

En outre, les premiers secouristes formant la plus grande partie des Casques blancs sont des civils ordinaires, des boulangers, des infirmières, des peintres ou des tailleurs, un fait qui pousse les défenseurs de la campagne à appeler le grand public à signer une déclaration en soutien de la nomination des Casques blancs au prix Nobel de la paix 2016.

Note de l’éditeur : article mis à jour le 18 août 2016 pour corriger le nombre de bénévoles des Casques blancs, de 130 à 3000. 

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