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Valls récupère les 1800 caméras de vidéosurveillance de Marseille

vendredi 31 août 2012 à 08:26

Manuel Valls vient de réclamer l'extension de la vidéosurveillance à Marseille... omettant de préciser que la décision avait d'ores et déjà été prise, du temps de Nicolas Sarkozy.

En réponse à Samia Ghali, la sénatrice-maire PS de Marseille qui réclame l'installation de barrages militaires, "comme en temps de guerre, même si cela doit durer un an ou deux", Manuel Valls ne s'est pas contenté de déclarer, lors d'un point presse organisé Place Beauvau, qu'"il est hors de question que l'armée puisse répondre à ces drames et à ces crimes. Il n'y a pas d'ennemi intérieur", propos confirmés par François Hollande, pour qui "l'armée n'a pas sa place pour contrôler les quartiers".

Le ministre de l'Intérieur a en effet, et aussi, préconisé "la mise en oeuvre de la vidéo-protection qui doit être étendue à l'ensemble de la ville", parce que "les quartiers nord se sentaient oubliés", et que "Marseille est une ville dont les habitants ont l'impression que l'Etat les a abandonnés" :

Question journaliste : Est-ce qu'on a pas tout essayé ? Y'a eu 3 préfets en quelques mois, on a remis du bleu dans les rues, dans le centre, est-ce qu'on a pas tout essayé ?

Réponse Valls : Il y a une action qui a été menée et que je veux poursuivre, et qui est importante, qui est dans l'hypercentre au coeur de Marseille, qui passe par de la présence policière, par la mise en oeuvre de la vidéo-protection qui doit être étendue à l'ensemble de la ville...

relance journaliste (pas fort) : est-ce que c'est vraiment ça...

Valls :... et qui doit être étendue à l'ensemble de la ville, parce qu'il y a aussi de la délinquance quotidienne. Et qui nécessite aussi une très grande coopération de la ville de Marseille, dans la vidéo-protection comme dans le rôle de la police municipale. Ce qui m'avait été dit au mois de juin, c'est que les quartiers nord se sentaient oubliés des choix qui avaient été faits par le passé... Et le fait que ces quartiers soient aujourd'hui dans une zone de sécurité prioritaire que nous allons installer avec des moyens supplémentaires est bien la démonstration que Marseille est depuis le début de mon installation une préoccupation. Mais la réponse doit être globale. Marseille est une ville dont les habitants ont l'impression que l'Etat les a abandonnés.

Manuel Valls a beau jeu de promouvoir la vidéosurveillance à Marseille : la cité phocéenne a d'ores et déjà décidé de déployer de 1500 à 1800 caméras d'ici 2014, avec "près de 40 policiers municipaux affectés 24h/24 à la visualisation des images", pour un budget d'investissement de "9,8 millions d'euros auxquels s'ajoutent 3 millions d'euros de frais de fonctionnement annuels". 200 caméras de surveillance devaient être opérationnelles en septembre, 300 en décembre.


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En juin dernier, une centaine d'opposants à la vidéosurveillance avaient manifestés pour dénoncer cette banalisation de la vidéosurveillance dans un "charivari masqué qui s'est soldé par la dégradation de plusieurs appareils... sous l'oeil des caméras, impuissantes", notait La Provence dans un article donnant -une fois n'est pas coutume- longuement la parole aux arguments des opposants :

"Ça en dit long sur leur efficacité", ironise un participant "non-casseur". Un sabotage qui n'est pas une première. En octobre 2011, déjà, au tout début de "l'invasion", dixit le jeune militant, cinq mâts prévus pour supporter ces caméras avaient été descellés...

Ce qui dérange ? "Il y en a dans tous les coins de rue, parfois même au milieu d'une artère !", plaide Bruno. Ce manque de discrétion crée une ambiance de suspicion et de paranoïa. C'est à se demander si le but c'est qu'elle nous voit ou qu'elles soient vues."

"Quel est l'intérêt en terme de sécurité de braquer une caméra sur la terrasse d'un bar ?" Mère de famille et professeur des écoles, Gisèle, dénonce "un gaspillage inouï d'argent public pour un système qui n'a jamais prouvé son efficacité. Ok, ça rassure les anciens. Mais à qui va-t-on faire croire qu'un type qui veut voler un sac va le faire sous une caméra à visage découvert ? ( ...)".

Ironie de l'histoire, cette déclaration intervient une semaine tout juste après que le système de vidéosurveillance de Plus belle la vie (la série TV à succès qui se déroule à Marseille) ait été "piraté" à la demande de plusieurs de ses personnages -parce qu'il portait atteinte à la vie privée des habitants du quartier-, et un mois et demi après que les internautes-téléspectateurs de Plus belle la vie se soient majoritairement prononcés contre la vidéosurveillance.

Interrogé par les journalistes Libération pour savoir s'il continuerait le plan d'équiquement en vidéosurveillance lancé par la droite, Manuel Valls La semaine passée, Manuel Valls avait déjà déclaré :

"Une caméra n’est ni de droite ni de gauche !"

A ce jour, et alors que la vidéosurveillance est encadrée par la loi depuis 1995, en France, aucun rapport scientifique indépendant n'a jamais démontré la pertinence, et l'efficacité de la vidéosurveillance. A contrario, et à l'étranger, les études démontrent que si les caméras permettent certes, de temps en temps, d'identifier certains délinquants -le contraire serait désespérant), leur impact reste marginal sur la voie publique (voir Un rapport prouve l’inefficacité de la vidéosurveillance et L’impact de la vidéosurveillance est de l’ordre de 1%).

Un rapport de la Cour des comptes avait ainsi sévèrement critiqué l'inefficacité de la vidéosurveillance, et déploré l'absence d'étude d'impact, au vu du coût de ces systèmes. Plutôt que de chercher à savoir combien ça coûte, et si cela sert vraiment à quelque chose, Manuel Valls, lui, préfère gonfler les muscles devant les journalistes, omettant de préciser que la généralisation de la vidéosurveillance a déjà été décidée, du temps de Nicolas Sarkozy, et suivre la voie tracée par son ami Alain Bauer : démultiplions les caméras, ça peut toujours servir, et ça rassure. C'est bien connu : La surveillance, ça sert aussi, et surtout, à gagner des voix dans l'électorat... au point que ce n’est pas parce que les caméras ne servent à rien qu’il ne faut pas en rajouter.

Voir aussi :
Sécurité privée partout, police nulle part ?
La Cour des comptes enterre la vidéosurveillance
Un rapport prouve l’inefficacité de la vidéosurveillance
A Boulogne Billancourt, la vidéosurveillance ne sert… à rien
Vidéosurveillance : ce n’est pas parce que les caméras ne servent à rien qu’il ne faut pas en rajouter