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Facebookés à leur insu par le Big Brother US

vendredi 24 août 2012 à 14:15

Après les attentats du 11 septembre 2001, John Pointdexter, ancien conseiller en sécurité de Ronald Reagan, proposa de créer un système de surveillance généralisé des télécommunications, appels téléphoniques, mails, mais également des transactions financières, données sur les passagers aériens, etc. Suite au tollé, son projet de "Total Information Awareness" (TIA) fut finalement abandonné.

Le New York Times révèle aujourd'hui que la National Security Agency (NSA), le service de renseignement américain chargé de la surveillance des télécommunications, en a depuis repris l'idée. Après avoir dupliqué les bases de données d'AT&T, le plus important des "telcos" américain, la NSA a en effet créé une sorte de graphe social afin de voir qui se connecte avec qui, sorte de Facebook alimenté, "à l'insu de leur plein gré", par tout ce que la NSA peut intercepter et que les geeks de la centrale de renseignement aurait surnommé le "BAG" (sac, en français), pour... "big ass graph" (qu'on pourrait traduire par "putain de gros graph'", l'expression big ass qualifiant, par extension, tout ce qui est (presque trop) gros).

Et c'est pour traiter toutes ces données que la NSA a entamé la construction d'un gigantesque complexe d'espionnage en Utah, sorte de Babel du renseignement dont l'objectif est de capter, décoder et analyser des données issues de communications classiques (courriels, conversations téléphoniques, recherches sur Google), de tous types de données personnelles (factures de parking, itinéraires de voyages, achats en librairies…) et de données issues du "Web profond", non directement accessible (informations financières, transactions boursières, accords commerciaux, communications militaires et diplomatiques étrangères, documents légaux, informations personnelles confidentielles…).

Contrairement au TIA, dont il s'inspire largement, le BAG n'a pas été conçu, déplore le NYT, de sorte que les données soient anonymisées par défaut (anonymat ne pouvant être levé que sur demande judiciaire), et qu'il n'a rien prévu pour éviter que des citoyens américains innocents se retrouvent piégés dans les mailles de ce réseau social constitué à l'insu de ceux qui y sont fichés.

Le NYT vient également de mettre en ligne un extrait d'un documentaire consacré à ce Programme (le nom de code de cette opération) basé sur le témoignage de William Binney qui, après 32 ans passés à la NSA, a décidé de témoigner pour dénoncer les atteintes aux libertés constitués par ce système de surveillance et d'espionnage généralisé.

La réalisatrice de ce documentaire, Laura Poitras, a elle-même été placée sur la "liste noire" des personnes à surveiller par la NSA, parce qu'elle avait réalisé un documentaire sur la guerre en Irak. Elle a été arrêtée et interrogée plus de 40 fois à la frontière américaine, où ses ordinateurs, caméras, téléphones portables ont été de nombreuses fois saisis, et leurs contenus copiés par les autorités. Une fois, l'officier à qui elle expliquait qu'elle refusait de répondre à ses questions, au nom du 1er amendement de la Constitution américaine, lui rétorqua :

"Si vous refusez de répondre à nos questions, nous trouverons les réponses dans vos échanges électroniques."

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