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Zythom

source: Zythom

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Evolution professionnelle

mardi 15 juillet 2014 à 12:51
A l'approche des 50 ans, l'année dernière, j'ai décidé de vérifier mon employabilité. Selon l'Organisation internationale du travail (et Wikipédia), l'employabilité est "l'aptitude de chacun à trouver et conserver un emploi, à progresser au travail et à s'adapter au changement tout au long de la vie professionnelle". Pour moi, cela consistait à vérifier, bien qu'aimant mon entreprise, mon chef, mes collègues, mes étudiants et mon travail, si je pouvais trouver une entreprise qui voudrait m'aider à développer mes aptitudes dans l'univers de l'inforensique.

J'ai donc pris mon courage à deux mains, mis à jour mon CV et j'ai cherché sur le marché du travail l'entreprise idéale et le poste associé. J'ai cherché du côté clair de la Force (les petites annonces du marché ouvert de l'emploi, les candidatures spontanées) mais aussi de son côté obscur (le réseau, les amis, les relations, la NSA, tout pour accéder au marché caché de l'emploi).

Pour ne rien regretter, j'ai ciblé large: mobilité sur toute la France y compris Paris, aucune prétention salariale a priori, pas de préférence grosse entreprise ou PME ou TPE, privé, public, CDI ou CDD, prêt à démarrer comme un débutant, comme un senior, comme un expert. J'ai des compétences d'encadrement, je sais travailler en équipe, je respecte les règles établies. Bref, le salarié (presque) idéal.

J'ai donc appliqué les règles de recherche d'emploi que je préconise auprès de mes étudiants (lire ce billet où je les explique).

Le blog m'a bien aidé, Twitter également (un retweet de Maître Eolas, c'est 3000 personnes qui viennent sur le blog !) et j'ai pu ainsi décrocher plusieurs entretiens d'embauche. Certains se sont bien passés, d'autres moins bien.

Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs ,
Tout prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.

Et il m'est arrivé ce que je pensais dès le départ: aucune proposition n'a abouti.

Il y a plusieurs explications à cela:
- je suis nul
- j'ai plus de 45 ans
- je ne sais pas me vendre
- mes compétences n'intéressent personne
- la crise
- je n'ai pas de réseau
- je suis nul
- c'est la faute à internet
- les entreprises n'ont pas su voir mon énorme potentiel
- mes enfants ont tout fait pour ne pas déménager
- je suis nul.

Ok, donc, comme Rocky Balboa, je vais devoir m’entraîner dans un coin tout seul pour affûter mes muscles et JE REVIENDRAI (heu, non, ça c'est Arnold). C'est d'ailleurs ce que m'a conseillé sérieusement le responsable de mon entretien à l'ANSSI: "vous devriez vous entraîner sur l'analyse de systèmes live et revenir dans deux ans".
Putain DEUX ans!
Je n’intégrerai donc pas les équipes de cette agence gouvernementale, et je le regrette. J'aurais aimé travailler avec des jeunes et brillants ingénieurs sur des sujets très techniques toujours en pointe. J'aurais aimé pouvoir relever ce challenge. Mais, comme pour mes tentatives de voyages dans l'espace (lire cette série de billets, surtout celui-ci), il faut savoir se faire une raison: j'ai une capacité à changer d'emploi nulle.

Maintenant, positivons:
- j'ai un boulot
- j'aime mon boulot
- mon entreprise est performante sur un marché porteur
- mon entreprise apprécie mon travail
- j'ai un travail dynamique, prenant et passionnant
- j'ai des perspectives de progrès et d'amélioration
- j'habite un coin de paradis
- j'ai une bonne santé
- j'ai une famille formidable
- le chiffrement RSA n'a pas encore été cracké.

Un lecteur avisé pourrait objecter: "mais pourquoi diable avez-vous eu envie de chercher un autre emploi?" Ma réponse est imparable: "parce que".

Parce que je voulais voir ce que je valais encore sur le marché du travail.
Parce que je suis effrayé à l'idée d'avoir passé 20 ans dans la même entreprise.
Parce que je suis effrayé à l'idée de passer les 15 prochaines années dans la même entreprise.

Un lecteur avisé pourrait objecter: "qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse". Certes. C'est d'ailleurs ce que je me dis aussi. Bien obligé.

Alors j'ai pris une décision:
Puisque j'aime mon entreprise, plutôt que de changer d'environnement, je vais essayer d'améliorer mes compétences dans toutes les activités que je mène actuellement, et sortir de ma zone de confort. Professionnellement, il faut que j'améliore mes compétences de manager et que je favorise la progression de mes collaborateurs. Côté expertises, il faut que je développe mon activité d'expertises privées et que j'apprenne à me vendre. Côté vie publique, il faut que j'essaye de m'impliquer plus encore dans la vie de la commune.

Selon le Ministère français chargé de l’emploi (et toujours Wikipédia), l’employabilité est "la capacité d'évoluer de façon autonome à l'intérieur du marché du travail, de façon à réaliser, de manière durable, par l'emploi, le potentiel qu'on a en soi".

Conclusions:
De ses échecs, il faut savoir apprendre. Et se relever.
Et ne pas attendre qu'on vienne vous offrir le poste idéal.
Il faut le créer soi-même.
Et savourer sa chance d'avoir un métier qu'on aime.
C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe.
Putain 15 ans !

[MAJ du billet du 8 novembre 2013]