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Très cher Claude Guéant.

lundi 6 mai 2013 à 17:27

Très cher Claude

 J’y ai pensé tout le week-end. Enfin pas tout le week-end, tout le week-end, parce que j’ai eu un ou deux trucs à faire, mais j’y ai pensé. Dans la queue de la Poste, notamment, au lieu de râler dans ma tête sur la dame de devant qui venait chercher un colis sans son avis de passage, j’y ai pensé. Pourtant, franchement, en temps normal j’aurais plutôt râlé sur la dame de devant dans ma tête. Vous ne me connaissez pas alors vous pouvez pas savoir, mais je râle  vachement souvent dans ma tête, Claude. Mais là, à la place, j’y ai pensé. 

 

Donc j’étais là, dans la queue dans la Poste, et quelque chose me turlupinait. Je pensais à votre histoire Claude. Votre histoire de tableaux revendus à des prix intergalactiques. D’abord je me suis dit que j’espérais qu’ils étaient beaux, vos tableaux, à ce prix-là, qu’on ne les avait même pas vus, et que s’ils n’étaient même pas plus beaux que ça, ça faisait quand même cher le pot de peinture. Ce que je me me suis dit très exactement c’est qu’à ce prix-là, si c’était même pas beau, votre artiste flamand, il avait du acheter ses tubes de gouache chez Monoprix.

 J’aime bien dire du mal de Monoprix parce que c’est trop cher, Claude, je vous le dis parce que c’est pas sûr que vous sachiez.

Vous voyez, je râle dans ma tête mais je suis sympa.

Alors donc ce truc n’arrêtait pas de me turlupiner, et à un moment j’ai compris pourquoi. Je savais bien que ça me paraissait romanesque, un peu, cette histoire de toiles mais… et puis j’ai trouvé. Je l’ai compris en regardant les enveloppes pré-timbrées dans la queue de la poste, avec des éditions spéciales Festival de la BD d’Angoulême. Ca doit pas bien partir, vous voyez, les timbres, parce que le festival d’Angoulême c’était en février, Claude.  

J’ai trouvé, vous vous êtes inspiré de Tintin. 

Je me suis rappelé de cet album, mais si, celui qu’ils ont massacré au cinéma, là ? Le Secret de la licorne. Vous vous rappelez, Claude, du Secret de la Licorne ? Voyons, ne faites pas semblant que non, je sais que si. Le Secret de la Licorne, c’est celui où Tintin achète une maquette de bateau aux puces. Et puis, un bonhomme s’en mêle, demande à lui racheter… il offre même de lui racheter cher, Claude, très cher ! A un prix défiant toute concurrence !  Vous voyez où je veux en venir ? 

S’en suit une série de rebondissements à travers lesquels ont découvre l’existence d’une deuxième maquette. Une deuxième oeuvre d’art, Claude ! Comme vous ! Je n’ai pas pu m’en empêcher, quand j’ai compris ça, j’ai grommelé « oh ! » dans la queue de la poste et la dame qui était venue sans son avis de passage a cru que c’était pour elle. Vous avez failli m’attirer des ennuis, Claude ! 

 C’est quoi la suite, je me suis demandé en faisant semblant de ne pas voir que la dame avait pensé que c’était pour elle. Je crois qu’on découvre finalement trois maquettes… et dans ces trois maquettes, se trouvent les parties d’un plan, un plan menant à un trésor ! 

Alors ça, je me suis dit, c’est dingo – attention parce qu’autant si vous dites c’est dingo dans la vraie vie vous mourrez instantanément de ringardise aigüe, autant dans votre tête c’est bon vous pouvez – c’est dingo, je crois que ce bon vieux Claude s’est pris pour Tintin.

D’un coup, ça m’a paru logique, Claude. 

Evidemment que si vos deux tableaux contenaient chacun un morceau de carte au trésor, un riche chercheur de trésors cachés vous les a rachetés à prix d’or ! Evidemment que, pris par vos propres obligations professionnelles, vous ne pouviez pas vous-même partir, la fleur au bout du tractopelle, à la recherche du pactole ! Et puis partir en voyage comme ça, ce n’est plus tellement de votre âge, d’autant que, l’étranger, d’une façon générale,  ça ne vous a jamais trop attiré, hein, Claude. 

Vous avez préféré vendre, mais cher, attention !

Votre acquéreur, lui, est certainement déjà en quête du troisième tableau qu’il rachètera à prix d’or à un modeste collectionneur trop heureux de s’en débarrasser pour s’acheter une BM avec les sièges qui chauffent et les jantes chromées.

Mais pourquoi ne pas avoir tout de suite avoué votre petit manège aux enquêteurs, et à la presse ? Honnêtement, je crois que tout le monde aurait compris !

Et puis Tintin, ça vous va bien ! Tenez, on parlait de cinéma tout à l’heure, je vous imagine bien le jouer au cinéma, moi, Tintin ! Ah si, Claude, vous seriez fameux ! Imaginez, « Tintin au Congo », avec dans le rôle titre, l’homme qui, il y a peine deux ans de ça, nous tenait un discours sur les civilisations inférieures ! Ça colle, Claude, ça colle ! Tintin au Pays de l’Or Noir… ça colle aussi ! 

On prendra un sosie pour Kadhafi, ne vous en faites pas, on trouvera. Vous savez, Claude, les Arabes, c’est pas ce qui manque… hein ! Tenez j’ai un copain pour le rôle, il s’appelle Karim, bon, il est français, hein, mais comme il a un prénom arabe, ça ira, non ? Mouammar, Karim, bonnet blanc, blanc bonnet… enfin, je dis blanc, mais on s’est compris, Claude hein ? Quand y’en a un un.. hein ! 

Attendez, Claude, je suis en train de me dire un truc, là. Un truc auquel j’avais pas pensé… Est-ce-que vous n’auriez pas manigancé tout ça JUSTE pour devenir une star de cinéma ? Parce que si moi je vous imagine dans le rôle, Luc Besson vous imagine peut-être aussi ! Mais bien sûr ! Oh que c’est malin ! 

Vous savez, Claude, tout ça pour devenir le nouveau Tom Cruise,  vous êtes allé loin, quand même. Vous allez avoir des problèmes mon petit lapin, des gros problèmes. 

Alors filez préparer votre défense parce que cette tentative de reconversion professionnelle dans la comédie juste au moment où le gouvernement va interdire de cumuler des hautes fonctions avec certains jobs, ça me parait tomber un peu trop comme-par-hasard pour être honnête. 

Parce que comme on dit dans le milieu : « Coïncidence ? Je ne pense pas. »