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Pourquoi je n’aime pas Apple ? (maj)

vendredi 4 octobre 2013 à 04:01

Non, nous ne sommes pas vendredi. Enfin si, mais ce billet n’est pas fait pour attirer les trolls velus, qu’ils soient libristes ou adeptes de la marque à la pomme.

C’est un échange récent entre deux personnes, l’une semblant « pro-Apple », l’autre semblant être son parfait inverse, qui fait que ce billet existe. Ou plutôt, c’est la réaction d’un côté qui m’a donné envie de l’écrire. Si vous vous reconnaissez dans l’une des deux catégories précédentes, il est possible que ce billet ne vous apprenne rien. Vous êtes libres de ne pas le lire hein.

La réaction qui m’a donné envie de l’écrire, c’est qu’au final, ledit libriste à fini par être classé dans la catégorie « Troll », et j’ai trouvé ça dommage. Est-ce vraiment le cas ? Etait-ce lié au limitations du réseau (Twitter) qui fait que les échanges étant limités, on comprend parfois mal ou de travers ? Je ne sais pas.

Ce que je sais en revanche, c’est que dans l’échange, l’un a tenté d’expliquer que des choses qui dérangent avec Apple et il y en a une pléthore. Je vais donc tenter d’en présenter, ici, en restant le plus factuel possible.

DISCLAIMER : oui, je n’aime pas Apple, pour tout un tas de raisons, je vais mettre cette haine de côté pour tenter d’aborder ça sous un angle plus concret, moins passionné. Si vous avez l’intention de participer à un débat via des commentaires, je vous invite à faire de même. Ou à me dégommer si vous avez des faits à présenter.

Premier point : le prix

En France, un iPhone 5S coute 699€ en prix de départ ou 599€ pour l’iPhone 5C, considéré comme l’iPhone « low-cost » par Apple. En observant les caractéristiques de l’iPhone 5C, on se rend bien vite compte que d’autres marques fabriquent déjà le même type de téléphone, ou mieux, pour un prix moins élevé. Je ne donne pas de comparaison, je n’ai pas envie que ce billet termine en « pro/anti « une marque » versus  »pro/anti « une autre marque ».

Côté ordinateurs, le constat n’est pas véritablement différent. J’ai testé l’assemblage d’un pc via un constructeur (Dell, pour ne pas le citer, à défaut d’avoir trouvé un autre assembleur donnant autant de latitude dans le choix des composants), pour des équipements similaires, le prix n’est absolument pas le même et la différence n’est pas de quelques euros mais plutôt de quelques centaines.

(ndlr): généralement, les composants Apple sont de meilleure manufacture que les autres. Je ne vais pas parler des conditions dans lesquelles ces composants sont obtenus (Apple n’est ni le premier, ni le dernier à réduire ses employés à l’esclavagisme). Est-ce que cela justifie pour autant des différences de prix parfois hallucinantes ? A mon avis, non. Mais c’est mon avis, il ne vaut que pour ceux qui ont le même, par définition.

Qu’est-ce à dire ? On me répondra que le S.A.V Apple est dans le prix : c’est vrai, comme la plupart des fournisseurs et d’autres S.A.V n’ont strictement rien à envier à Apple. On me dira également que c’est du Apple donc que ça fonctionne mieux et plus longtemps : c’est vrai. Apple est réputé, même dans mon milieu de libristes. Non pas pour le système d’exploitation, mais pour le matériel.

Rapide conclusion : Apple c’est généralement plus cher, pour un produit qui fonctionne de la même manière mais généralement plus longtemps. C’est volontaire selon moi, mais ça j’en parlerai à la fin de ce billet.

Ce matériel reste un quand même problème à lui tout seul, nous allons y venir.

Second point : le matériel

Le matériel donc. Comment ne pas penser à cette célèbre phrase « t’as pas un cable d’iPhone, steuplait ? »

Certains vont peut-être rire, d’autres vont peut-être se vexer et d’autres s’en moquer mais je trouve qu’il n’y a pas plus représentatif du système fermé qu’est Apple.

Beaucoup vont penser que c’est une critique pour critiquer… en fait non. La demande de normalisation des chargeurs de téléphone fait suite à une demande de l’Union Européenne qui date de 2009 (pour le texte intégral, c’est ici). L’idée était d’arrêter d’avoir 30 000 chargeurs différents, qui ne servent plus dès lors qu’on change de modèle de téléphone.

Apple « respecte » plus ou moins cette règle. Le branchement sur le téléphone est toujours au format Apple, donc propriétaire et en cela Apple ne respecte pas la demande. De l’autre côté du branchement, on trouve une entrée USB. Il est donc possible de mettre un câble classique et ainsi d’éviter les dépenses inutiles. Il n’en reste pas moins que tout repose sur ce petit connecteur et qu’Apple ne respecte pas la demande exacte puisqu’il était question d’un chargeur universel. Si ce petit connecteur est perdu, c’est foutu.

Ce n’est pas la seule chose fermée de cet univers : la batterie. Ça peut sembler idiot mais j’aime pourvoir faire ce que je veux de mon téléphone, y compris retirer la batterie de ce dernier. Il s’avère qu’avec un iPhone ça n’a jamais été possible.

Je vous vois venir à nouveau : oui, d’autres téléphones sont ainsi et personne n’en parle et c’est uniquement dans le but de basher Apple que j’écris ça et je veux tuer tout les chats des tubes et dominer le monde. Oui. Alors pour rétablir l’équilibre : oui, d’autres le font, de plus en plus d’ailleurs (coucou Google et le Nexus 4).

La raison ? Apple fait des ventes, les autres constructeurs s’en inspirent.

Nous pouvons également parler des anciens systèmes sur les stations Apple, avant que la firme décide de basculer sous des architectures de type PC. Tout était fermé et pour changer la moindre pièce, il fallait passer par Apple.

Je vous vois encore venir : « oui mais avec les voitures c’est pareil, si t’as une voiture de luxe tu ne vas pas dans n’importe quel garage ! »… C’est vrai, mais ce n’est pas parce que quelqu’un fait quelque chose que ce quelque chose est forcément bon et pratique. Nous allons revenir sur ce côté « voiture de luxe » d’ailleurs.

Puis passons le côté branchements, je ne cite qu’une anecdote pour représenter le bordel que c’est : à l’édition PSES 2013, un conférencier est venu avec un ordinateur portable Apple, son support, son talk démarré… et pas de câble Thunderbolt. Et là, c’est le drame. Il a fallu dix bonnes minutes dans un lieu rempli de câbles, geeks, libristes, hackers, chats, poulpes et zombies (ah, et des poneys puis des humains, aussi) pour trouver un foutu connecteur.

« Faut tout changer »

C’est une phrase tirée d’une caricature des guignols de l’info mais elle est assez vraie. Dans l’univers du matériel Apple, les accessoires ne sont pas forcément compatibles avec les nouvelles générations d’iPhones. Les fameux docks, les casques, les chargeurs, les branchements pour voiture, système de son embarqués… tant d’équipements qu’il faut parfois renouveler complètement. Ce détail semble anodin mais pour comprendre le problème, il suffit d’aller demander aux fabricants d’accessoires. Ils doivent acheter le droit de fabriquer un produit compatible Apple, les brevets ça sert aussi (et surtout) à ça, c’est une partie non négligeable du fonctionnement même d’Apple. Une fois le produit commercialisé, Apple peut décider de changer tout son système (et il l’a déjà fait) et ainsi forcer les constructeurs à payer à nouveau le droit de faire des produits compatibles. C’est une idée de génie, au moins autant qu’un concept discutable.

Je peux donc difficilement faire plus explicite. Qui dit format ouvert dit disponibilité et interopérabilité, mais qui dit format ouvert ne dit pas forcément Apple.

Troisième point : le système d’exploitation

Que ce soit celui des stations ou celui des iPhones, j’ai rarement vu quelque chose d’aussi fermé. Apple c’est plus qu’une marque, c’est une institution, c’est un écosystème qui, toujours selon moi, se doit d’être fermé pour ne pas imploser. Vous devez télécharger vos applications depuis cet écosystème Apple. Vous devez télécharger vos musiques ou ajouter ces musiques sur votre appareil depuis iTunes, iCloud, i-ajoutez-ce-que-vous-voulez. Vous n’êtes pas non plus libres de télécharger et d’installer ce que vous souhaitez, mais ce point sera abordé après.

On pourrait critiquer android et son store car le schéma est similaire, mais dans les faits ce n’est pas le cas. Installer une application tierce sur un smartphone android c’est assez simple, il suffit d’activer l’installation d’application tierces et c’est parti. Cela ne vous empêche pas de faire attention à ce que vous installez, hein. Quant au fait d’ajouter des musiques, il suffit de brancher son appareil, puis de glisser ce qu’on veut où on souhaite, ni plus, ni moins.

L’avantage ? La sécurité. Avec un système aussi fermé, il est quasiment impossible de casser quelque chose. Pas de soucis, d’inquiétude, Apple gère pour vous. Trêve d’ironie, c’est extrêmement pratique d’avoir un système sécurisé ou l’utilisateur ne peut rien abimer mais vous en conviendrez, c’est privateur de liberté. C’est comme enfermer un enfant dans un parc pour le protéger du monde extérieur et pour protéger le monde extérieur (la télécommande, le vase de la famille, le console dernière génération, le chat …) de ce petit être. Sauf que l’enfant, c’est vous.

Là, je vois la réponse venir également : « oui mais avec les iPhones on peut jailbreaker ». Prenons quelques minutes pour s’attarder sur ce mot. Jailbreaker, composé de jail, prison en anglais, et breaker, « briser » en anglais. Sortir de prison donc, ça commence bien. Sans jailbreak, est-ce qu’un iPhone c’est une prison ?

Renseignements obtenus (merci Internet), un jailbreak, ce n’est ni plus ni moins que la même chose qu’un « root » sur Android. Alors pourquoi tout ce bruit autour de ce jailbreak ?

Premièrement parce que le mot est plus sombre et négatif que « rooter », puis « rooter » fait référence au fait d’être root sur son équipement, ce terme est issu d’un langage inconnu de certains. Il sous entend que l’utilisateur est en prison, ce qui est en partie vraie puisqu’un écosystème forcé n’est ni plus ni moins qu’une prison.

Ensuite parce qu’à la différence de Google, il n’est pas légal de rooter son téléphone Apple (ndlr : renseignements pris et croisés sur Internet et via deux juristes, si vous avez la moindre source qui dément ce point, faites-le savoir), Google s’en moque et cela ne bloque en rien les mises à jour.

Enfin, il semblerait qu’un iPhone rooté ne donne pas spécialement un accès total au système, là où un root sur un téléphone Android si (dixit celui qui s’est amusé à changer de kernel, à rajouter des fonctions au téléphone et tout un tas de choses).

Quatrième point : la « philosophie Apple »

C’est là que le j’ai vraiment le plus de mal. J’en conviens, c’est sans doute le point le moins factuel, encore que.

En tenant compte de ce que nous venons de voir, difficile de ne pas comprendre la philosophie d’Apple : fermée.

Le matériel est fermé.

Le système est fermé.

Le système d’achat est fermé, il force l’utilisation de solutions Apple sans moyen de faire autrement. android ne fait pas non plus figure de bon élève mais les limitations imposées sont moins contraignantes.

Les utilisateurs sont enfermés.

Il n’est possible de sortir de cet écosystème qu’au prix du contournement des protections, ce qu’Apple réprouve. Il n’est pas non plus possible de faire ce que vous avez envie de faire si l’application n’existe pas et, dernier point, il n’est pas possible de faire ce qu’Apple a décidé d’interdire, exemple avec le porno.

Bon, une énième fois, je vous vois venir : « oui enfin c’est du porno, ce n’est pas plus mal, ça évite de tomber sur des choses étranges. » Là, la réponse est non, je ne peux pas être d’accord avec vous si vous pensez cela.

Lorsqu’une firme, un groupe privé, un gouvernement, décide de ce que vous avez le droit ou non d’avoir (ou de voir) à votre place, ce n’est ni plus ni moins que de la censure. Cela ne concerne donc pas le porno, ça va bien plus loin que ça puisqu’en soi, Apple à le contrôle total de « tout ».

Lorsque vous zappez sur votre écran, votre constructeur TV ne décide pas de bloquer telle ou telle chaine au motif qu’on peut y voir des choses qui vont le déranger. Lorsque vous allumez la musique, votre appareil ne vous bloque pas telle ou telle playlist ou station au motif que ça le dérange. Si cela devait arriver, ça serait un parfait scandale et tout le monde parlerait de censure. Apple le fait mais étrangement, les utilisateurs n’hurlent pas.

Imaginons qu’Apple décide de censurer une application parce qu’elle lui fait de l’ombre, ou parce qu’elle critique la marque ou pire, entraine de l’auto censure, ah non pardon, j’ai en mémoire quelque chose de bien plus grave, basé sur des doutes. Heureusement, Apple c’est une gentille firme, elle ne … oh wait.

Cinquième point : SONCAS. Le vrai coup de génie d’Apple.

SONCAS ? Si certains connaissent sans doute, ce n’est pas le cas de tout le monde, petite présentation.

Dans le commerce, on résume souvent les motivations d’achat d’une personne à un type de besoin : si on cherche quelque chose de fiable, on est alors dans la recherche de sécurité, on parle d’orgueil pour quelque chose d’unique et ainsi de suite.

La vraie force d’Apple, c’est la vente. C’est savoir vous donner des étoiles dans les yeux, vous donner envie du produit. Parfois sans savoir pourquoi d’ailleurs.

Le S.O.N.C.A.S donc :

S pour sécurité : le produit est fiable, la présence d’une marque connue ou d’un label peuvent aider à rassurer (N.F, Afnor …)

O pour orgueil : le produit est unique ou se veut unique, d’un certain standing, généralement assez haut. On cible celles et ceux qui veulent se pavaner, montrer qu’ils ont le produit.

N pour nouveauté : le produit doit être nouveau ou comporter beaucoup de nouveautés lors de sa sortie. Il est possible de compenser sur des accessoires liés à ce produit en cas de besoin.

C pour confort : le produit doit être agréable, pas prise de tête, facile à utiliser, tant sur l’équipement en lui même que dans son interface.

A pour argent : le produit doit vanter le meilleur rapport qualité prix. Il faut faire comprendre au client que pour ce prix-là, il ne pourra pas avoir mieux.

S pour sympathie : le plus illogique des achats, celui parce que « on aime bien » la marque, le vendeur, la vendeuse, la pub, le slogan…

La liste est loin d’être terminée, nous pouvons également parler des guerres de brevets, des pressions faites ça et là, d’une politique plus que discutable et de bien d’autres choses encore, mais ce billet fait déjà 5 pages – +2500 mots – 12 000 signes – 5 heures de rédaction .. et je pense que beaucoup de personnes ont déjà basculé sur une autre page avant d’en arriver à là.

Mise à jour : Certains apprécieront, d’autres non, et d’autres trouveront que c’est de l’anti Apple primaire, vous êtes tous et toutes libre de comprendre ce billet comme bon vous semble, hein. Ce que je constate en revanche c’est qu’Apple a des retombées qui vont au delà de sa simple marque.

Oui, Apple c’est une entreprise qui marche et généralement leurs produits marchent bien et tiennent plus longtemps. C’est en partie lié aux composants qui, même s’ils sont fabriqués par d’autres (Intel et Samsung par exemple), sont mieux utilisés et tiennent donc plus longtemps.

Donc Apple, c’est une entreprise qui fonctionne. Si elle fonctionne, elle entraine forcément d’autres personnes ou d’autres entreprises dans son courant, ce n’est pas pour rien qu’on se retrouve avec des smartphones qui se ressemblent beaucoup côté interface. Ce n’est pas pour rien non plus qu’on retrouve tel ou tel bouton ici ou là.

Est-ce qu’Apple a fait avancer les choses ? Oui sans doute, il serait idiot de le nier. C’est le prix de cette avancée que je critique, avancer pour perdre la liberté, chez moi, c’est une avancée ratée. D’autant plus lorsqu’elle inspire les autres fabricants.

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