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Pensées en vrac.

lundi 26 mai 2014 à 21:38

Si vous avez l’intention de tout lire, prenez un verre, ça risque d’être long.

Ce matin piquait un peu plus que les autres. Cette nuit était un peu moins douce que les autres.

Petit disclaimer, avant toute chose : je suis un jeune de bientôt 28 balais, je suis un civil, un citoyen « normal », comprenez par-là que mon avis ne vaut que pour ceux qui ont bien envie de le lire, que vous n’êtes pas forcés de le lire d’ailleurs, qu’il n’est pas forcément représentatif, pas forcément éclairé non plus, je n’ai pas la prétention d’en avoir un, d’avis éclairé.

Sinon, bonne lecture et bienvenue pour un billet sans doute sombre.

On commence par le constat d’hier : le Front National sort grand vainqueur des élections européennes. Ou plutôt, les autres sortent perdants, j’ai moins envie de vomir lorsque j’écris ça.

Je ne vais pas me lancer dans un rapprochement avec la seconde guerre mondiale, le régime de Vichy et le reste, du moins pas encore, peut-être même pas du tout.

Le constat, c’est que dans l’ensemble de l’Union Européenne, l’extrême droite progresse, au détriment des autres formations politiques.

La France arrive donc première au concours de « qui a le plus haut taux de votants d’extrême droite », c’est bien. Comme le veut la tradition, nous sommes premiers sur des choses parfaitement abjectes.

Alors, cette progression n’est pas récente, hein, elle ne date pas des dernières municipales, lorsque le P.S a pris sa première balle en plein cœur. Ni du second tour Le Pen contre Chirac il y a des années. C’est plus ancien, plus malsain, je trouve.

Depuis déjà pas mal de temps, les extrêmes progressent. Je vais sans doute me faire quelques ennemis, mais les extrêmes, qu’ils soient de gauche ou de droite, sont, pour moi, le signe d’un début de panne politique, d’un gros passage à vide : non contents des partis « conventionnels », les gens vont plus loin, ailleurs, là où ils ont l’impression d’être plus écoutés.

Si vous avez des amis qui ne vous écoutent plus lorsque vous parlez, qui ne prennent plus soin de vous, que faites-vous ? Vous partez, vous changez peut-être d’avis sur eux. La politique, c’est pareil, mais puissance 1000.

Puissance 1000 parce que pour avoir des amis, il n’y a pas besoin d’adhérer. Pour un parti, si. C’est un geste volontaire, un acte conscient, peut-être plus con que scient, mais qu’importe.

C’est d’ailleurs ce premier point qui me fait mal : ce vote. Ces millions de gens qui ont voté pour le Front National, pour Marine le Pen, son bras droit ou pour un autre parti d’extrême droite en Europe, ils ne se sont pas trompés de bulletin ou de bouton sur la télécommande, non.

C’est un choix, conscient. Pas un choix de 100 personnes çà et là sur la planète, non. Un choix de millions de personnes, en France et ailleurs… mais on va parler de notre bon vieux pays vous et moi, hein.

Alors, on va chercher des solutions, mais pas maintenant. Maintenant, on cherche des coupables. Parce que oui, on cherche toujours des coupables, ça évite de se poser trop de questions.

Hier, l’extrême droite a gagné une bataille démocratique. Oui, rien que ça. Ils ont gagné, par les urnes, sans violence. J’allais dire sans magouilles mais quelques procès sont en cours avec le F.N pour des problèmes d’argent et de campagne… Bref.

Le F.N a donc gagné par les urnes, juste après qu’un parti politique explose en plein vol, qu’un autre s’enfonce et creuse encore et qu’un attentat où des personnes juives sont mortes ait eu lieu.

Je suis désolé, mais j’ai du mal à ne pas penser à mes cours d’histoire, à ce que j’ai appris sur le fascisme et sur tout ce qu’il entraine. Rajoutez à cela les mêmes ennemis qu’à l’époque dans le parti de Marine Le Pen et vous obtenez quelque chose qui ressemble au nazisme : peur des autres, des étrangers, des « arabes », des « nègres » comme ils disent, des homos, des juifs et des franc maçons.

Alors, c’est de la faute de qui, au final ?

Certains disent que c’est la situation actuelle : la France, l’Europe, traversent une crise de confiance. Les français cherchent des réponses, n’en trouvent pas à l’UMP, n’en trouvent pas au PS. Alors ils vont voir ailleurs.

La gauche se chamaille, c’est dans son ADN, entre tel, tel et tel parti qui feraient mieux de s’unir plutôt que de se tirer la couverture.

La droite est forte et unie mais elle se fragmente sous des scandales qui éclatent et qui font de plus en plus de bruit, jusqu’à tout faire exploser.

C’est sans doute vrai, c’est de leur faute.

D’autres disent que c’est l’économie : le fait de ne plus être en capacité de subvenir à certains besoins fait qu’on cherche un sauveur. Ce sauveur n’est forcément pas le parti qui dirige le pays, puisque l’actuel parti n’est pas en capacité de subvenir aux besoins du peuple. Alors on va le chercher ailleurs, plus loin.

On cherche du travail, alors on va écouter celui qui vous promet de vous en trouver.

On cherche de quoi manger, alors on va chercher celui qui vous donnera un plus grand pouvoir d’achat.

Quoi de plus humain ?

Je suis très sérieux, oubliez vos réflexions et revenez à quelque chose de basique : vous n’avez pas de quoi manger et vous vous sentez menacés et quelqu’un vient vous dire « je peux t’offrir mieux », vous réagissez comment ?

Finalement, c’est sans doute l’économie qui est responsable de tout ceci.

D’autres pensent que ce sont les médias, leur façon de traiter l’information, l’orientation qu’ils donnent aux sujets ou bien encore l’omniprésence de sujets qui ouvrent « un boulevard » au Front National.

C’est peut-être vrai, il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter le 20 heures de TF1, d’aller chercher les couvertures de l’Express.

Bon, finalement, c’est donc de la faute des médias, c’est certain cette fois.

Mince. Attendez. Quelque chose ne colle pas. Ce n’est pas de la faute d’une personne, ni de deux, mais de trois ?

Et si je rajoute à ça tout le reste, en fin de compte, il n’y a pas de coupable : tout le monde est coupable.

Coupable d’hurler au scandale le dimanche soir à 20 heures, d’aller baiser à 20h10 heures et de reprendre une vie normale à 20h20.

Coupable d’oser croire aveuglément des médias, des journaux, des blogs (le mien aussi si vous reprenez une information sans la comprendre et sans chercher)

Coupable de vouloir aller mieux que l’autre au lieu d’aller mieux tout court. Nous sommes lancés dans une course qui nous force à nous comparer, à envier ce que l’autre à, à vouloir plus. Et tout le monde tombe dans le panneau.

Coupables de se dire que c’est ainsi, que l’on ne peut rien faire, de baisser les bras et de courber le dos face au mal, quel que soit son nom, d’où qu’il vienne.

Coupables, enfin, pour d’autres qui nous informent de nous dirigent, de foncer droit dans le mur, de le klaxonner, l’insulter, se manger le mur… et finir par accuser ceux qui n’étaient pas là pour retirer le mur.

Nous avons de la voix pour hurler, nos p’tits doigts pour écrire et nos belles tronches pour passer à la télévision, mais dès qu’il s’agit de réagir, réellement j’entends, il n’y a plus personne.

Je me souviens d’ACTA, de nos organisations, de l’énergie investie H24, de réunions à des heures pas possibles, des centaines de milliers de millions de commentaires qui souhaitaient la mort d’ACTA.

Combien de personnes dans la rue, en France ?

Ok, on me dira qu’ACTA, c’est un truc pas connu, pas suivi, dont personne n’a entendu parler hormis les gus sur Internet…

Mais là, les européennes, le Front National, vous allez vraiment essayer de me faire croire que ce n’est pas connu ?

Bon courage.

Nous y voilà donc, enfin. Nous nous déchirons.

Dans l’éducation de vos enfants, c’est très mal vu de dire « oui j’ai fait ça mais regarde maman il a fait pire l’autre », d’ailleurs, il est possible que les deux finissent avec une punition et une explication de ladite sanction.

Alors, bordel de merde, pourquoi pas là ?

Nous nous déchirons, nous pensons à l’individu sans penser au collectif.

Nous pensons intérêt personnel avant intérêt général.

Nous avons peur de l’autre au lieu de lui ouvrir les bras.

Nous ? Nous, ce soir, j’ai l’impression que c’est un mot laisse à l’abandon.

Nous n’est plus que toi, plus moi, plus vous là-bas en train de penser à une chanson de merde >_<

Il n’y a plus d’unité, du moins plus celle qui fait d’un peuple, un peuple uni.

Et c’est ça, le produit miracle du Front National.

Pas les médias, ni l’économie, ni le reste d’ailleurs, ce ne sont que des accélérateurs.

Le FN est une mauvaise herbe qui pousse sur une terre très fertile : nos déceptions.

Nous voulons un pays meilleur, avoir de meilleures conditions de vie, mais dès que c’est l’autre qui a gain de cause, la seule chose que nous voulons, c’est l’enfoncer.

Nous voulons plus pour nous et moins pour les autres. Comment voulez-vous que ça marche ?

Ce qu’il faut, c’est un peuple. Un vrai. Uni malgré ses différences, et uni pour quelque chose et non pas contre quelqu’un. Si j’aide mon voisin, malgré ses idées politiques, il s’en souviendra.

Notre peuple ne peut que mieux se porter si on s’aide au lieu de se taper dessus, non ?

Je vous vois déjà rire. J’assume être un bisounours et un idéaliste, et j’assume le fait d’avoir des envies d’unité et d’y croire, j’assume le fait de vouloir changer les choses. Et vous ?

Non ? Pourquoi ?

Parce que vous avez baissé les bras ? Parce que vous n’y croyez plus ?

Ma réponse va sembler tellement évidente que je n’ose imaginer votre réaction : remontez vos manches c’est pas terminé et si vous ne bougez pas, personne le ne fera pour vous.

En revanche, ne vous dites pas, surtout pas, que l’histoire se répète car, même si j’y fais référence, le présent n’est pas le passé.

Héraclite a déclaré que l’on ne se baignait jamais deux fois dans le même fleuve. Le FN n’est pas le passé, il est différent, dire que l’histoire se répète c’est donner des arguments au FN pour prouver que non, il n’est pas le méchant qu’on souhaite qu’il soit, c’est lui donner une arme qu’il utilisera contre nous pour se dé diaboliser.

C’est à cause de ça que le FN semble bien gentil maintenant, à force de les lier au passé, ils nous prouvent qu’ils ne le sont pas, et sont socialement acceptés, beaucoup plus qu’avant en tout cas.

Je lance cette bouteille à la mer, personne ne viendra la récupérer mais j’y crois quand même, parce que c’est comme ça que j’avance.