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[PERSO] Syrie : Hypocrisie générale.

vendredi 30 août 2013 à 13:34

Que ça soit clair, ce billet est un point de vue entièrement personnel, si vous n’aimez pas ça, vous avez le droit d’aller lire autre chose ailleurs.

Je profite donc de ce billet pour faire le point sur quelques sujets qui m’agacent. Qu’on se le dise au passage, vous avez le droit de ne pas être d’accord, de penser ce que vous voulez penser, de danser nus enroulés dans du jambon autour des douze statuettes de Gladeulfeurha et de faire partie d’un complot de chats qui veulent dominer le monde.

Le premier point que je souhaite aborder est d’actualité puisqu’il s’agit de la Syrie. Ou plutôt des potentielles actions que nos gouvernements souhaitent mener à grand coup de bombes. Jeudi 29 aout, le premier ministre anglais, David Cameron, s’est mangé un refus d’entrer en guerre du parlement anglais, refus qui démontre que tout n’est pas si clair que ça dans, tant pour eux que pour l’opinion publique. Le président des États-Unis d’Amérique, quant à lui, va réfléchir à une potentielle intervention unilatérale des États-Unis, « dans l’intérêt des États-Unis ». La France, elle, bahh…. surprise. Je n’ai pas encore vu une opinion tranchée de notre président.

Personnellement, je suis absolument contre une intervention de ce type en Syrie.

Pour expliquer pourquoi, je vais planter un peu le décor : la Syrie est un pays en guerre civile, ce qui veut dire que ce n’est pas seulement une dictature, mais des gens, des syriens, qui s’entretuent les uns les autres, l’opinion du peuple sur Bachar Al-Assad est partagée, une part non négligeable de la population l’aime, l’autre part veut le voir tomber, certains veulent sa mort, d’autres qu’il soit jugé …

Ce n’est pas aussi clair que les « épisodes » Tunisie, Egypte et Libye où, pour résumer rapidement, la quasi totalité du peuple était unie contre le dictateur <ajoutez le nom d’un dictateur ici>.

Je ne suis pas pour une intervention à grand coup de bombes parce que, aussi évident que cela puisse-t-être, les bombes, c’est fait pour tuer.

Plus de 100 000 morts. 100 000. Est-ce que le sang n’a pas déjà assez coulé ?

Il faut rajouter, à ce manque de clarté, le flou de la rébellion. D’un côté il y a le peuple, celui qui se bat dans la rue pour manger, pour survivre, ces syriens que j’admire et qui méritent le plus grand respect de tous. Ces syriens qui arrivent à garder le sourire lorsqu’on parle avec eux et qui arrivent à positiver alors que j’en suis parfaitement incapable…

Puis il y a les autres. Les autres rebelles, pas forcément syriens, pas forcément rebelles d’ailleurs. Des mercenaires ou des partisans de groupes dont les actions sont à déplorer.

L’ASL, l’Armée Syrienne Libre, en est remplie.

Ces gens-là sont tout aussi dangereux que le gouvernement d’Al-Assad, parfois ils tuent pour tuer, parfois ils tuent des civils qui rejettent leurs actions, souvent ils se moquent des « dommage collatéraux » que peuvent représenter quelques vies.

Intervenir en Syrie, avec des bombes hein, c’est prendre parti pour un côté qui est soit mal, soit mal. Ce n’est ni bon, ni à faire et dans tous les cas, le peuple qui n’a rien demandé va se prendre des bombes en pleine face.

J’aurais aimé voir une intervention oui, mais pour un désarmement total de la région, de l’ASL, comme des pro Al-Assad, comme de l’armée. J’aurais aimé voir la communauté internationale réagir en proposant de l’aide, des moyens humanitaires… J’aurais aimé une communauté internationale qui agissait pour vraiment stopper Al-Assad, plutôt que de lui tapoter sur les doigts.

Au lieu de ça, des groupes militaires ont fait le déplacement en Syrie, des gouvernements ont fourni des armes, tantôt à un côté pour certains pays, tantôt à l’autre côté pour d’autres pays…

Une arme, et peu importe qui la tient, « bon » comme « méchant », c’est fait pour tuer.

La communauté internationale n’est pas bougé, ou très peu, alors qu’elle a très largement les moyens de le faire. Des associations se chargent d’envoyer des médicaments à l’arrache dans le pays, Médecins sans Frontière galère pour réussir à mettre un pied dans les zones militarisées, armée comme ASL… et ailleurs, des gens en costume trois pièces proposent d’envoyer des bombes sur la gueule d’un dictateur et de son peuple.

La vraie raison ce n’est pas la chute d’Al-Assad, c’est le contrôle de certains intérêts économiques ou stratégiques. C’est encore plus gerbant de savoir que tout ceci repose sur la « stratégie, l’économie, l’argent ».

Ensuite, parlons peu mais parlons bien : vous et votre putain d’indignation à géométrie variable.

Le conflit syrien ne date pas d’hier, ça fait plus de deux ans. Deux ans, c’est long.

  1. Le conflit a démarré : personne ne s’est indigné.
  2. Le gouvernement a commencé à balancer des bombes sur sa propre population : personne ne s’est indigné.
  3. Des catholiques se sont fait décapiter, des églises bruler, mais personne ne s’est indigné. Sauf des syriens, pas forcément catholiques, qui ont préféré protéger ce qu’ils pouvaient encore protéger.
  4. 100 000 morts. Le chiffre tombe. Tout le monde trouve ça horrible… puis ferme la page avant de retourner sur Facebook.
  5. Des armes chimiques.

DES ARMES CHIMIQUES !

DES ARMES CHIMIQUES !

Et là, magie. Nos gouvernement se réveillent, les gens s’indignent, des armes chimiques, « oh mon dieu, c’est horrible ! »

Oui, ça l’est. Ça l’est tout autant qu’une réaction pour réagir, le temps de cliquer sur un tweet, le temps de lire un article.

Hop, on s’indigne beaucoup d’un coup, comme ça on montre qu’on est humain, puis que c’est mal hein. Puis on ferme la page.

Nos gouvernements s’indignent parce que des protocoles sont signés et interdisent l’utilisation d’armes chimiques. Al-Assad le sait très bien d’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’il s’efforce à démentir cette utilisation de gaz…

Nos gouvernements trouvent une brèche pour justifier l’attaque de la Syrie et s’enfoncent dedans tête baissée, Cameron en est l’exemple. Il ne s’attendait sans doute pas au rejet de sa proposition d’intervention militaire…

Bref, indignation à géométrie variable, intérêts économiques, toussa… C’est assez gerbant. Comme la réaction de celles et ceux qui veulent cette intervention de nos gouvernements, comme la réaction de ceux qui, au fond de leur canapé, crient un coup avant de zapper.

Et qu’on ne vienne pas me dire que je n’ai aucune légitimité à m’exprimer sur le sujet syrien.

PS : si vous vous sentez blessé(e)s, vous êtes peut-être dans ce « tout le monde », désolé.

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