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Comment je ne suis pas resté une quiche en orthographe

vendredi 13 septembre 2013 à 20:52

Je suis chaque jour horrifié, en flânant sur le web, par une faute d'orthographe qui traîne, une phrase mal tournée ou un invariant non respecté (on écrit "héros" !! Il y a toujours un "s" à la fin, même au singulier). Et chaque jour, c'est la même rengaine dans ma tête : "Au fait mon grand, ne faisais-tu pas les mêmes erreurs il y a peu ?" (oui, je m'appelle "mon grand" dans ma tête, le premier qui dit que c'est pour compenser je lui balance mon Bescherelle par la tête).

Un peu de contexte

Bien que la maîtrise du français ait été constamment une chose me tenant à cœur, je n'ai pas toujours été la personne que l'on surnomme Grammar Nazi sur certaines mailing lists dont je tairai les adresses.

À l'école primaire j'avais de (très ?) bonnes notes en dictée et j'adorais lire et écrire. Mais durant mes quatre années de collège, j'ai perdu une bonne partie de mes bases. Je faisais d'horribles fautes, la conjugaison m'était devenue théorique et je ne maîtrisais même plus la règle de terminaison en "-é" ou "-er". Je voyais le regard horrifié de ma mère à chacune de mes énormes bourdes. C'est après coup que je me suis rendu compte que j'avais appris les règles de français par cœur à l'école primaire et le fait de ne pas les pratiquer ensuite suffisamment m'avait fait perdre les bases.

Image de Clippy, le trombone de Word
Le premier Grammar Nazi connu à ce jour

Mais vers la fin du lycée vint le déclic pour progresser, les regards et les remarques de ma mère aidant. Ses remarques et mon ego d'ailleurs. La nostalgie des bonnes notes du temps passé m'a fait me rendre compte qu'il fallait que je réagisse et que je me mette au boulot. Mais à dire vrai, je n'ai pas plus travaillé que ça. Non car je ne travaille pas si je n'en ai pas envie et là, franchement, je n'avais pas envie de bosser des cours de français. Je me trouvais alors dans de beaux draps : une quiche en orthographe et pas envie de bosser pour m'améliorer. Peut-être, lecteur, te reconnais-tu dans ce portrait ? Que faire, vas-tu me demander ? Quel est le secret pour progresser et pouvoir se la péter dans la cour de ton entreprise ?

Et le réflexe fut

Car c'est bien de ça qu'il s'agit. Si je n'ai jamais plus travaillé comme un forcené pour faire progresser mon niveau de français, j'ai pris le temps de me "façonner" un certain nombre de réflexes. Ces réflexes consistant à appliquer des "trucs et astuces" lors de la lecture et l'écriture. Vous savez, ces moyens mnémotechniques permettant de trouver la bonne règle grammaticale ("-é" ou "-er" ? Remplacez par un verbe du troisième groupe). Un réflexe a ça de bien qu'on ne se rend quasiment pas compte quand on l'applique et l'aspect rébarbatif du "truc à appliquer" disparaît.

Évidemment je ne me suis pas levé un matin avec la décision en tête d'appliquer une liste de moyens mnémotechniques à tout bout de champ. Il m'a fallut de longues années pour accumuler ces réflexes dans ma petite tête. Le dernier en date doit être pour faire la différence entre la première personne du singulier au futur simple et cette même personne au conditionnel présent : Je pourrai ou je pourrais ? Modifiez votre phrase en utilisant la deuxième personne du singulier et vous trouverez... peut-être (merci ©Noomy !)

Il faut travailler son français sans travailler soi-même

Pour prendre ces réflexes, j'ai été aidé. J'ai eu la chance en classe de première de tomber sur feu le tchat d'OverBlog et surtout sur de nombreuses (fantastiques) personnes, elles-même très à cheval sur le français (c'est une image, il n'y a jamais eu de cheval sur ce tchat... quoique). Béni soit le jour où j'ai cliqué sur le lien pour accéder à ce lieu car c'est ici que je me suis pris le plus de remarques sur ma pauvre maîtrise de la langue. Ces remarques m'ont fait prendre en compte mes plus grosses lacunes et, à force d'y être confronté, m'ont forcé à me corriger tout seul. Comme quoi, on peut aussi apprendre à écrire sur Internet, il suffit de tomber sur les bonnes personnes.

I find your lack of grammar disturbing

Aussi, le fait d'écrire un article de blog, un mail ou bien même simplement un SMS (pour peu que vous évitiez le langage abrégé) devient un terrain propice à la mise en application de ces réflexes. Le travail, dans tout ça, ne se fait pas sentir car vous ne travaillez pas votre français : vous effectuez juste une activité connexe et purement détachée du côté rébarbatif du travail.

No silver bullet

Je ne devrais pas vous donner de conseils car il n'existe pas de solution magique... mais c'est ce que je vais pourtant faire. N'oubliez pas que l'on fait tous des fautes, moi le premier (j'ai failli écrire "orrifié" tout à l'heure, je suis horrifié). Il s'agit juste d'apprendre à les débusquer, les corriger... et ne plus les refaire.

  1. Lorsque vous écrivez un texte, relisez-vous au moins trois fois.
    • La première lecture sert à corriger les plus grosses erreurs comme les répétitions, les fautes d'inattention ou les phrases vraiment mal formulées.
    • La deuxième lecture permet de corriger les erreurs dont vous n'êtes pas sûr (peut-être bien que oui, peut-être bien que non) et de réajuster encore une fois les phrases. C'est généralement sur cette phase que je passe le plus de temps.
    • Enfin, la troisième lecture doit se faire sans accroche ni aucune correction. Je relis autant de fois mes articles qu'il est nécessaire pour arriver à cette lecture fluide. J'ai d'ailleurs relu entièrement cet article 6 fois (sans compter que je vais le relire une dernière fois lorsqu'il sera publié)
  2. N'hésitez pas à reprendre entièrement vos phrases. J'ai réécrit des paragraphes entiers de cet article, simplement parce qu'ils sonnaient faux en les lisant. Et même si vous êtes particulièrement fier d'une tournure de phrase, si elle sonne faux, il faut savoir s'en passer.
  3. Si vous avez encore des doutes, alors ne jouez pas à pile ou face : vérifiez ! Il y a des tas de sites pour conjuguer, trouver la bonne orthographe ou des synonymes, utilisez-les.
  4. Si vous avez toujours des doutes, reformulez votre phrase. Il ne sert à rien de tourner autour d'un problème grammaticale durant une éternité. Le mieux serait de vous conseiller d'écrire votre question sur un morceau de papier et d'y revenir plus tard... mais je ne le fais pas moi-même.
  5. N'utilisez pas les outils de correction automatique avant la deuxième lecture. Ça vous permettra de vous creuser un peu les méninges et d'évaluer réellement votre niveau.
  6. Lorsque vous commencez à vous sentir à l'aise, jouez avec la ponctuation. Notamment avec les virgules qui peuvent changer le sens d'une phrase.
Le correcteur tu n'utiliseras pas

TL;DR

Vous avez peut-être noté les bouts de phrases en gras dans cet article ? J'aimerais revenir sur chacun d'eux car ils sont particulièrement important pour moi.

la maîtrise du français [a] été constamment une chose me tenant à cœur [...] et j'adorais lire et écrire

Vraiment. Si ça n'avait pas été le cas, je vous assure que je n'aurais pas pu autant progresser. C'est un fait, il faut un minimum de motivation et la maîtrise de la langue française était la mienne. Peut-être que pour vous il ne s'agit que d'un aspect dérisoire et c'est sûrement très bien, mais si vous souhaitez progresser, essayez de vous trouver une motivation.

j'avais appris les règles de français par cœur

Et ça ne m'a pas rendu meilleur quelques années plus tard. Je n'ai jamais aimé apprendre par cœur ; comprendre est pour moi plus important. En comprenant un concept on peut le reconstruire à partir des briques de base. En apprenant par cœur on se construit un mécanisme de pensé qui s'efface au fil du temps. Mais si apprendre par cœur vous convient ou vous rassure, alors c'est sûrement mieux pour vous.

je n'avais pas envie de bosser des cours de français.

Ne vous forcez pas à travailler si vous n'en avez pas l'envie. C'est sûrement le conseil le plus pertinent qu'un prof m'ait fait, et je l'ai toujours appliqué à merveille. Non vraiment, je n'ai jamais été efficace dans un travail qui ne me procure aucun intérêt. Les cours de grammaire, que ce soit ceux de français ou ceux d'anglais, me sont toujours sortis par les yeux. Et je vois où j'en suis aujourd'hui en anglais... bon d'accord, il faut savoir appliquer ce conseil avec parcimonie.

c'est [dans ce lieu] que je me suis pris le plus de remarques

Vous ne pourrez pas progresser si personne n'est là pour pointer vos lacunes. Ça a commencé par ma mère qui m'a fait prendre conscience de mes problèmes, puis du "suivi malgré eux" de ces personnes rencontrées sur le tchat. Et même si elles m'ont parfois blessé dans mon orgueil ("Non mais qui êtes-vous pour vouloir m'apprendre le français ? Vous voulez qu'on compare nos copies de dictée de l'école primaire ?!"), elles m'ont surtout fait progresser. Prenez ces remarques comme des conseils et non pas comme des attaques... même si elles peuvent vous paraître gratuitement méchantes ☺

Ces remarques [...] m'ont forcé à me corriger tout seul.

Le dernier point qui fut important pour moi. Toute cette démarche je l'ai entretenue par moi-même et le plus souvent sans y penser sur le moment. Si j'ai eu des aides extérieures, c'était malgré eux et je ne leur ai jamais demandé s'ils avaient des conseils à me prodiguer. J'ai d'ailleurs horreur des articles comme celui que je viens d'écrire qui veulent nous donner une (ou LA) démarche pour progresser. Je ne suis jamais les conseils des personnes dans mon genre. Je suis indépendant ! Je n'ai besoin de personne namého ! Laissait-moi tranquille !