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De la fuite dans les idées

lundi 30 septembre 2013 à 21:54

Ajouter un mot. Salir la surface grise, ni grise, ni surface, mais qui offre, impose, contraint à configurer, à choisir, une couleur, une police, voire une texture, ce qui répond si bien au désir de fuir. Fuir le mot. Garder la surface immaculée. Gris sur gris. Le mot est une menace. Le mot appelle le mot, et en troupeau ils se mettent à troubler la surface. Lisse. Sous le toucher de sable mouillé, les aspérités du pavé. La rugosité de la pierre. La rigueur du granit.

Un pavé par jour tient en respect la police de la pensée. Quelle vitrine de ta rue marchande mentale as-tu fait voler en éclat, aujourd’hui ? Explosion sonore. Sursaut du bourgeois qui se demande si cette fois est la bonne. Un jeune garçon, pas vraiment adolescent, aussi délinquant que son présent, cueille des bris de verre, taillade un peu de cuir italien avant de s’évanouir dans l’obscurité d’une ruelle, dans l’angle mort de la caméra. Un jeune garçon, sans même une puce GPS à pister. Il ira venger le silence, à sa manière.

Zorro a rendu son masque et boit une canette de plus. Le Sergent Garcia lui rappelle le nom du bon fichier, un dump sale qui contient tout le je n’ai rien à cacher du monde. Une nouvelle canette et il monte dans son destrier aux vitres teintées, une arme de guerre des classes à quatre roues motrices. Et si ce n’est pas le bon jeune garçon, ça fera tout de même une nouvelle encoche à son pare-choc. Gicler son salaire dans un leasing vaut bien la peine, son banquier le lui avait promis.

Le ministre regarde sans voir la voie rapide et ses grandes traînées lumineuses. Il ne rallume pas le mégot éteint collé à ses lèvres. Malgré l’air frais de la nuit, malgré la bise qui aère l’atmosphère hivernale, malgré la sensation d’ouverture et d’espace qu’il éprouve sur la terrasse du magnat de la presse, il pense à ce qu’il ne peut exprimer. Non par insuffisance des mots. Par évidence. Son hôte broie probablement le même constat, d’ailleurs : il n’est d’autre voie que l’impasse.

Derrière l’amoncellement de vieux papier, un chien repose près de son punk. Tous deux survivants dans une ville de morts-vivants. Parfumés et brillants. Il ne se demande pas s’il mangera demain. Ce ne sont pas les poubelles qui manquent. La seule difficulté est d’être plus rapide que la voirie. Non, il se demande simplement si son punk se réveillera encore dans le petit matin. Il ne voit pas bien ce qu’il ferait sans son punk.