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Éphémère again

lundi 7 avril 2014 à 07:11

L'heure a sonné. Le moment est venu. Depuis longtemps déjà. Maintenant que les bourgeons s'ouvrent, mon fruit est mûr. Se détache de la branche une grappe de flux RSS. Un mur de verdure cache les feuilles de mon quotidien. Un barbu aux cheveux fous répand aux quatres vents les morceaux de mes rituels. Un bouc en flammes réduit en cendres mes tigres de papiers. Mes projets, en rangs serrés, disparaissent dans les boîtes de l'oubli, du plus tard et des peut-êtres.

Se resituer dans le temps de l'éveil, reconduire l'éphémère, sans excès d'illusion. Tenter, surtout, de déchirer le voile de coton de l'habitude, l'anesthésie des routines. Les rituels rêvent de domestiquer l'imprévisible. Ils ne font que chanter une forme devenue stérile. Pourquoi faut-il que la mort m'empêche de vivre ? Rester fidèle aux réflexes qui ont perdu leur fonction est une dépendance. Dont le degré de toxicité évolue, à chacune d'en juger. À l'heure qui est la sienne.

reflet d'un reflet de coucher de soleil, par le jeu des vitres ouvertes et fermées
image originale

Éphémère again

lundi 7 avril 2014 à 07:11

L'heure a sonné. Le moment est venu. Depuis longtemps déjà. Maintenant que les bourgeons s'ouvrent, mon fruit est mûr. Se détache de la branche une grappe de flux RSS. Un mur de verdure cache les feuilles de mon quotidien. Un barbu aux cheveux fous répand aux quatres vents les morceaux de mes rituels. Un bouc en flammes réduit en cendres mes tigres de papiers. Mes projets, en rangs serrés, disparaissent dans les boîtes de l'oubli, du plus tard et des peut-êtres.

Se resituer dans le temps de l'éveil, reconduire l'éphémère, sans excès d'illusion. Tenter, surtout, de déchirer le voile de coton de l'habitude, l'anesthésie des routines. Les rituels rêvent de domestiquer l'imprévisible. Ils ne font que chanter une forme devenue stérile. Pourquoi faut-il que la mort m'empêche de vivre ? Rester fidèle aux réflexes qui ont perdu leur fonction est une dépendance. Dont le degré de toxicité évolue, à chacune d'en juger. À l'heure qui est la sienne.

reflet d'un reflet de coucher de soleil, par le jeu des vitres ouvertes et fermées
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Derelict Poetry / Poésie en ruine

jeudi 26 décembre 2013 à 09:51


Derelict Poetry

Maurice, Brooklyn, NY

Maurice Emerson Decaul is not here
That foolish man stayed in Irak
He likes it there.

Still, he can be seen, hanging on
By his fingernails, doing chin-ups
On the edge, never quite able to build
Momentum enough to get over it.

Maurice Emerson Decaul is not dead
I saw him yesterday sitting out
In the desert drinking oolong tea
With the Bedouins.

II
Maurice Emerson Decaul is dead!
I lied, he died six years ago
Today.

He died at night in a firefight behind
A mud brick house across from
A river of shit.

He died at night nineteen hours
From home alone in a ditch
From bullet fragments and hypovolaemic shock.

III
Still, he had passed once before
At the hands of a drunkard in the kitchen
With the lights on and the telephone
On the floor, absent of a dial tone.

Today he died for the last time.
He is survived by memories of dreams
A transient sense of self and one derelict
Manuscript of half-written poetry.

By Maurice Decaul


Poésie en ruine

Maurice, Brooklyn, Poésie

Maurice Emerson Decaul n'est pas ici
Ce fou est resté en Irak
Il aime là-bas.

On peut toujours le voir, suspendu
Par les ongles, à vouloir encourager,
Sur le fil, jamais tout à fait capable de construire
Suffisamment d'élan pour récupérer.

Maurice Emerson Decaul n'est pas mort
Je l'ai vu hier attendre
Dans le désert, buvant du thé Oolong
Avec les Bédouins.

II
Maurice Emerson Decaul est mort !
J'ai menti, il est mort il y a six ans
Aujourd'hui.

Il est mort dans la nuit au cours d'une fusillade derrière
Une maison en brique de terre en face
D'une rivière de merde.

Il est mort dans la nuit, à dix-neuf heures
De chez lui, seul dans un fossé,
D'éclats de balles et d'un choc hypovolémique.

III
Pourtant, il avait déjà rendu l'âme une fois
Dans les mains d'un ivrogne, dans la cuisine,
Avec les lumières allumées et le téléphone
Par terre, sans tonalité.

Aujourd'hui, il est mort pour la dernière fois.
Lui survivent des souvenirs de rêves,
Une sensation éphémère de soi et un manuscrit
En ruine d'un poème à moitié écrit.

Par Maurice Decaul


Il s'agit du deuxième morceau du disque de Vijay Iyer, Mike Ladd, Maurice Decaul, Lynn Hill (et quelques autres), intitulé Holding It Down : The Veterans' Dream Project. Cet album porte les mots de vétérans des guerres criminelles (par définition, mais dans ces cas aussi selon les lois internationales) en Afghanistan et en Irak. J'essaie de traduire les textes.

Si tu as des améliorations à suggérer, n'hésite pas à les indiquer dans les commentaires. Merci.

Derelict Poetry / Poésie en ruine

jeudi 26 décembre 2013 à 09:51


Derelict Poetry

Maurice, Brooklyn, NY

Maurice Emerson Decaul is not here
That foolish man stayed in Irak
He likes it there.

Still, he can be seen, hanging on
By his fingernails, doing chin-ups
On the edge, never quite able to build
Momentum enough to get over it.

Maurice Emerson Decaul is not dead
I saw him yesterday sitting out
In the desert drinking oolong tea
With the Bedouins.

II
Maurice Emerson Decaul is dead!
I lied, he died six years ago
Today.

He died at night in a firefight behind
A mud brick house across from
A river of shit.

He died at night nineteen hours
From home alone in a ditch
From bullet fragments and hypovolaemic shock.

III
Still, he had passed once before
At the hands of a drunkard in the kitchen
With the lights on and the telephone
On the floor, absent of a dial tone.

Today he died for the last time.
He is survived by memories of dreams
A transient sense of self and one derelict
Manuscript of half-written poetry.

By Maurice Decaul


Poésie en ruine

Maurice, Brooklyn, Poésie

Maurice Emerson Decaul n'est pas ici
Ce fou est resté en Irak
Il aime là-bas.

On peut toujours le voir, suspendu
Par les ongles, à vouloir encourager,
Sur le fil, jamais tout à fait capable de construire
Suffisamment d'élan pour récupérer.

Maurice Emerson Decaul n'est pas mort
Je l'ai vu hier attendre
Dans le désert, buvant du thé Oolong
Avec les Bédouins.

II
Maurice Emerson Decaul est mort !
J'ai menti, il est mort il y a six ans
Aujourd'hui.

Il est mort dans la nuit au cours d'une fusillade derrière
Une maison en brique de terre en face
D'une rivière de merde.

Il est mort dans la nuit, à dix-neuf heures
De chez lui, seul dans un fossé,
D'éclats de balles et d'un choc hypovolémique.

III
Pourtant, il avait déjà rendu l'âme une fois
Dans les mains d'un ivrogne, dans la cuisine,
Avec les lumières allumées et le téléphone
Par terre, sans tonalité.

Aujourd'hui, il est mort pour la dernière fois.
Lui survivent des souvenirs de rêves,
Une sensation éphémère de soi et un manuscrit
En ruine d'un poème à moitié écrit.

Par Maurice Decaul


Il s'agit du deuxième morceau du disque de Vijay Iyer, Mike Ladd, Maurice Decaul, Lynn Hill (et quelques autres), intitulé Holding It Down : The Veterans' Dream Project. Cet album porte les mots de vétérans des guerres criminelles (par définition, mais dans ces cas aussi selon les lois internationales) en Afghanistan et en Irak. J'essaie de traduire les textes.

Si tu as des améliorations à suggérer, n'hésite pas à les indiquer dans les commentaires. Merci.

You can haz my freedom. As long as I can haz my pr0n (par Okhin)

dimanche 15 décembre 2013 à 22:11
Ce texte d'Okhin a été partagé par Neros sur son shaarli. C'est un texte comme les écrit Okhin, c'est-à-dire qu'il ne s'embarrasse pas de choses inutiles. Et je pense que ça s'accorde un peu à ce que j'esquissais sur mon propre shaarli récemment : https://id-libre.org/shaarli/?KokNdw. Au cas où ça peut aider à diffuser le texte d'Okhin, je l'ai traduit. Très rapidement. Il me semble que c'est fidèle à l'original. Si ce n'est pas le cas, dis-le. C'est pas les moyens qui manquent.

Contexte

Hier, l'Assemblée nationale de France a voté la LPM (Loi de Programmation Militaire) et une grande part de la soi-disante société civile était énervée à cause de l'Article 13 qui aurait (ou n'aurait pas, on ne peut pas le savoir de part la manière dont le texte a été rédigé) légalisé ce qui était illégal pour l'État jusqu'ici : récolter en masse des données et des communications, sans intervention judiciaire, pour la défense de l'État.

Et je pense vraiment que la société civile est morte en France. Et je le dis alors que je travaille pour une ONG - la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l'Homme) - et après avoir aidé LQDN a combattre ACTA, HADOPI et tout ça.

Je pense juste que le 13e acticle de cette loi n'est qu'une diversion, un os à ronger jeté à la société civile pour qu'elle lutte contre lui, afin de permettre au gouvernement de faire pire au même moment.

Ne touche pas à mon porno

Tout le monde, moi y compris, est pleinement conscient que chaque tentative de contrôler et de censurer Internet (même si c'est stupide) est dangereux, parce que ça t'enlève la liberté de... de faire quoi ? De consommer encore plus de publicités mises en avant par des compagnies privées.

Nous n'utilisons pas cet outil fantastic pour construire une nouvelle société, pour changer l'ancienne, pour organiser des résistance comme c'est le cas presque partout ailleurs dans le monde (Tunisie, Égypte, Syrie, Ukraine, Grèce, Brésil, je veux dire, regardes les actualités : le monde est en flamme). Nous l'utilisons pour regarder du porno et pour traquer notre voisin.

Et donc, oui, tu vas te battre pour ton droit de regarder du porno. Ok, je veux dire, je ne peux pas te blâmer de vouloir regarder du porno. Mais tu ne vas défendre que cette liberté. Quand les gens descendent dans la rue pour "Internet", ils ne demandent pas la liberté d'organisation, de communiquer et d'avoir une vie privée. Ils veulent juste regarder les films qu'ils ne veulent pas payer (parce que les films de nos jours sont tellement nuls que personne en devrait payer pour ça, je suis d'accord) ou regarder leur voisin baiser dans une party.

Et maintenant, la société civile est simplement en train de gueuler contre une tentative de censure le grand 'ternet. Sauf que ce n'est se battre que contre cela. Nous avons déjà été trompés dans le passé, lorsque nous nous sommes opposés à DADVSI quand les lois contre le terrorisme sont passées. Deux fois.

Le problème c'est que les organisation (et les non-organisation) comme LQDN sont peut-être très bien pour faire en sorte que les gens appellent les députés de l'Assemblée nationale française ou au parlement européen (après tout, ACTA a perdu), mais elles ne sont pas bonnes du tout pour expliquer aux gens pourquoi ces lois font chier.

Le truc c'est que maintenant, on a dans chaque loi (sur la programmation des opérations militaires, sur la prostitution, les jeux, les violations du droit d'auteur, la criminalisation des discours haineux, etc.) un article sur Internet et la censure/contrôle.

Le truc c'est que maintenant, nous sommes en train de nous battre seulement sur ce point. Nous, les citoyens, au moins ceux qui occupent la sphère médiatique et l'espace social, nous ne nous occupons que d'Internet, et de rien d'autre.

Ça veut dire que c'est facile pour le gouvernement de passer une nouvelle loi sécuritaire. Il n'a qu'à ajouter un article-pour-censurer-Internet-qu-il-ne-veut-pas-vraiment et attendre que la société civile réagisse à cet article particulier que le gouvernement veut abandonner de toute manière.

Ça va donner à la société civile l'impression qu'elle est utile, tout en validant cette façon de faire du gouvernement.

Bon, tu sais quoi ?

V

A

T

E

F

A

I

R

E

F

O

U

T

R

E

!

C'est un mensonge.

Ça ne marche pas. Une société qui accepte la surveillance de masse (que ce soit en utilisant des caméras de surveillance, pour des écrans publicitaires qui suivent le mouvement des yeux et sont équipés de systèmes de reconnaissance faciale, les réseaux sociaux envahissant et autres systèmes de reconnaissance faciale censés être cools), n'est pas démocratique.

Réveille-toi !

Il est temps de cesser de croire que de manifester en bon ordre et de manière bien contrôlée, que de signer des pétitions et de crier fonctionne. Ça ne marche pas, et la classe politique actuelle se fout de nous et de ce système.

Nous avons besoin d'enseigner, d'offrir toutes les explications nécessaires, de combattre la peur et d'aider tout le monde à mieux comprendre ce qu'Internet est vraiment, ce qu'il n'est pas, et pourquoi c'est la plus belle invention que l'humanité n'a (encore) jamais faite. Et nous ne pouvons faire cela en utilisant la manière traditionnelle de s'exprimer.

Nous devons arrêter d'essayer de convaincre les politiciens et construire des fondations plus puissantes et des mouvements décentralisés. Nous devons construire la société alternative dont tout le monde rêve. Nous devons arrêter de penser que les politiciens et les transnationales vont entendre les gens, parce que ça n'arrivera pas tant qu'ils se croiront à l'abri. Nous devons les défier et menacer leur sécurité.

Nous ne devons pas abandonner nos droits, et parmi ces droits celui d'avoir une vie privée et de la protéger des immixion arbitraires, en accord avec l'article 12 de la déclaration des droits de l'homme, mais c'est un peu tard.

Je veux dire, la première loi anti-terroriste était en 2001 (LSQ). Depuis, il y en a eu un paquet. Et à chaque fois, il n'y a que l'internaute - ou celui qui s'éclate avec son porno - pour les combattre.

C'était il y a 12 ans. Et nous les avons encore toutes. Personne ne demande publiquement d'abroger ces lois. Au lieu de cela, nous ne faisons que de réagir, nous nous installons dans une tactique de défense dans laquelle nous ne pouvons que perdre quelque chose (une petite part de liberté, ou une plus grande), nous avons besoin de reprendre l'initiative.

Comment de pertes de liberté allons-nous endurer avant que quelqu'un se mettre à bouger ? Je pense que nous avons abandonné la lutte. Je pense que nous pensons à ce que nous pouvons perdre si nous nous laissons à nous mettre en colère, et c'est pour ça que nous entendons beaucoup parler de ce qu'il se passe en Grèce. Nos soi-disants dirigeants utilisent la Grèce comme un épouvantail pour nous effrayer et nous faire rester tranquille, en disant, tu sais, "tu ne devrais pas trop en demander, ou tu pourrais tout perdre." Le problème ici n'est pas ce qu'il nous reste à perdre. Mais ce que nous pouvons gagner.

Donc, réveille-toi. Et pense à ce que nous pourrions avoir, que nous pourrions commencer à demander au lieu d'attendre ce que tu mérites, à savoir d'être attaqué par une nouvelle loi stupide. Reprendre la rue. Menacer et défier ceux qui sont au pouvoir. Utiliser la solidarité et les moyens de communications qui sont autour de toi.

Les politiciens ne sont pas la solution. La solution, c'est toi. Tu les laisses contrôler ta vie. Il est temps de changer.

Modifié la dernière fois le jeudi 12 décembre 2013 à 19:11:44