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FredericBezies

source: FredericBezies

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Lettre ouverte d’un quadragénaire à la génération de ses parents.

lundi 7 décembre 2015 à 11:40

C’est une lettre que j’avais envie d’écrire à la génération de mes parents. Celle née entre 1945 et 1955. Celle qui a eu la chance de profiter d’une croissance économique potable à leur entrée dans la vie active (fin des années 1960 début des années 1970).

Celle qui a eu l’opportunité d’acquérir un minimum d’expérience, de ne pas avoir à supporter trop longtemps leurs parents et grands-parents arrivant à l’age symbolique de la retraite. Celle qui a connu une époque bénie sur le plan culturel : les débuts du rock et de sa version plus dure, la période de gloire des monstres comme Pink Floyd, les Beatles, les Rolling Stones, Genesis, Led Zeppelin, Deep Purple. Pour rester dans les grands noms… Côté artistes ? Joan Baez, Joe Cocker, Jimi Hendrix, John Coltrane… Désolé pour les oublis !

Génération qui n’avait pas trop de questions à se poser quand elle perdait un emploi, elle savait qu’elle en assez aurait rapidement un autre. Celle qui a pu devenir propriétaire d’une maison ou d’un appartement en profitant des dévaluations plus ou moins proches des monnaies nationales et d’une inflation qui permettait de rendre les emprunts plus supportables.

D’accord, tout n’a pas été rose pour vous : les tickets de rationnement, les guerres de décolonisation, les deux crises pétrolières, la peur de l’apocalypse nucléaire. Le milieu et la fin de votre carrière professionnelle a rimé avec précarité puis pré-retraite pour éviter de gonfler les chiffres du chômage. Même si vous ne touchez pas des milles et des cents quand vous êtes retraités, au moins, vous touchez quelque chose.

Ma génération, celle qu’on surnomme « génération X », a été sur de nombreux plans une génération sacrifiée : nous avons eu droit à la capote pour le début de notre vie intime, l’accumulation des petits boulots et des stages non-payés, une croissance atone et une inflation presque nulle. Idéale pour s’endetter durant des décennies pour acquérir un logement.

Pour les personnes de ma génération qui ont la chance d’avoir un emploi, c’est pas la joie : obligé de s’exiler des grands ensembles urbains, c’est juste devenu impossible pour toute personne touchant moins de l’équivalent d’un trimestre de salaires minimum chaque mois.

Vous avez été sur certains plans plus que prévilégiés. Vous avez laissé un héritage à la « génération X » qui se résume ainsi : on a mangé, vous payez l’addition… Si vous n’êtes pas content, c’est la même chose.

Comme cadeau, on fait largement mieux. J’ignore si ma génération, alias « génération X » fera mieux avec la génération de ses enfants, mais ce sera difficile de faire pire. Du moins, je l’espère.