PROJET AUTOBLOG


FredericBezies

source: FredericBezies

⇐ retour index

Les distributions GNU/Linux ne s’imposent pas sur le bureau… Un moindre mal ?

jeudi 27 octobre 2016 à 10:32

Je sais que je peux déjà préparer le popcorn, la biafine et les pansements. Car si d’un côté je vais être traité de troll et je pourrai sentir la chaleur de la flamme des torches d’un bûcher sur ma peau de l’autre, je vais être soutenu.

Même si Carl Chenet l’a précisé, la « communauté » – au sens strict du terme – du libre n’existe pas, il existe bien au niveau planétaire un monde du libre, qui regroupe les diverses communautés du logiciel libre.

Par communauté, je prends la définition du Larousse :

État, caractère de ce qui est commun à plusieurs personnes : Une communauté de biens, d’intérêts.

Identité dans la manière de penser de plusieurs personnes : Une communauté de vues.

Il est vrai qu’une licence logicielle comme la GPL ou la MIT ou la BSD n’est pas un point commun. Dans son article d’Avril 2016, la conclusion n’est pas allée jusqu’au bout du raisonnement, selon moi.

La diversité des communautés qui le compose fait la force du Logiciel Libre, nous partageons quelques grandes idées et nous inventons au quotidien nos propres solutions. Et c’est de cette façon que nous avons avancé jusqu’à aujourd’hui.

Soit. Mais la fragmentation du logiciel libre qui fait sa force est aussi sa plus grande faiblesse. Je ne reviendrai pas sur les projets développés pour embellir les curriculum vitae (cf cet article de septembre 2014 ou encore celui-ci écrit un an plus tard). S’il n’y avait que cela, ce serait le cadet des soucis pour proposer un environnement bureautique libre utilisable par, je vais dire la grossièreté suprême, l’utilisateur ou utilisatrice de base.

Dans un billet vieux d’une dizaine de jours – dont j’ai dû clore les commentaires car ça partait en arachide avec des dérives d’ordre politique – je posais une question qui fâche : « Qui peut encore croire au mirage du linux sur le poste bureautique ? »

Même si cela fait dix ans que j’utilise avec plus ou moins de bonheur du linux en mono-démarrage sur mes ordinateurs successifs, cela fait au moins depuis l’arrivée de MS-Windows 8 qui aurait pu être une occasion en or pour le monde du logiciel libre de pousser une ou plusieurs solutions viables de remplacement, que je sais que le combat est perdu.

Entre Canonical qui s’enferre et s’enferme dans un projet cul-de-sac du nom d’Ubuntu Touch – qui arrive avec au bas mot cinq années de retard – qui se cassera les dents et les machoires dans un monde où deux OS se taillent la part du lion, et sur lequel des monstres médiatiques ont eu besoin d’aller voir le dentiste (Microsoft avec son WindowsPhone et la Fondation Mozilla avec FirefoxOS), les distributions bureautiques qui se multiplient comme des bactéries dans un bouillon de culture, les utilisateurs et utilisatrices qui voudraient avoir leur ordinateur bureautique avec du libre (plus ou moins complet) peuvent s’attendre à devoir retourner à moyen terme sur MS-Windows 10.

Même si le dernier OS de Microsoft accumule les erreurs en terme de vie privée et de mises à jour foireuses, c’est encore un havre de tranquillité sur le plan de l’utilisation des périphériques, tant qu’ils ne sont pas trop vieux.

Dans un article – qui je l’espère tiendra à la prochaine restructuration de son espace – le plus méchant prof de maths de la blogosphère francophone nous raconte le pourquoi du comment de son retour temporaire sous MS-Windows 10.

Morceaux choisis :

[…]
J’aurai bien exposé mon problème sur le forum mais après deux demandes de réinitialisation de mot de passe et écriture directe à l’administrateur du forum au cas où ça ne marche pas, aucune réponse, adieu Fedora comme c’était prévisible et détour chez Xubuntu.

15 minutes pour avoir une installation montre en main et un début de machine fonctionnelle avec exactement le même problème pour le GPU c’est à dire le crash de chromium qui plante très rapidement. Pas vraiment grave, VLC fonctionne, j’ai le bug de Libreoffice mais on y viendra plus loin c’est un problème avec dmaths que je reproduis quel que soit l’environnement y compris sous Windows. J’ai commencé à craquer quand j’ai voulu installer ma LBP 1120. Alors certes on me fera remarquer qu’à l’instar de la radeon c’est à moi de mieux choisir mon matériel, c’est une imprimante que je fais tourner depuis plus d’une dizaine d’années chez moi, économique, je la traînerai jusqu’à sa mort, ce sera bien le seul matériel avec qui j’aurai fait ça.
[…]
Je n’arrive plus à installer cette imprimante avec une bibliothèque de plus qui a sauté dans la dernière version d’Ubuntu. J’ai cherché deux heures de temps, je dirai deux heures de trop. Il y a un moment il faut se poser les bonnes questions, et y apporter les bonnes réponses. La bonne question c’était pour moi, combien de temps tu vas faire le couillon pour essayer de faire marcher une carte de plus de 2 ans et une imprimante de plus de 10 ans, batailler en permanence pour un gain qui n’est que purement philosophique et encore, ça peut se débattre.
[…]
ce qui me permettra certainement de repasser tôt ou tard sous debian, certainement en 2017. Là je dois reconnaître que j’ai besoin de souffler et de ne pas m’arrêter sur des bricoles.
[…]

J’ai pris uniquement les parties qui montrent qu’une partie non négligeable du monde libre est enfermé dans la technique. Pondre du joli code, c’est bien. Le rendre utile, c’est mieux, non ?

Je suis comme Cyrille, je fais tourner mon matos jusqu’à ce qu’il clamse. Cela a été le cas pour mon imprimante Stylus SX218 qui a rendu l’âme après plusieurs années de bons et loyaux services. Cependant, j’ai pu prendre du matériel relativement récent pour la remplacer, une HP. Oui, j’ai choisi la facilité, mais surtout, j’ai prévilégié la proximité en approvisionnement et la disponibilité. Je suis resté dans le monde réel.

Il y a environ 6 ans et demi, j’ai dû remplacer mon vieil ordinateur par celui qui m’accompagne depuis, modulo le fait que j’ai gonflé sa mémoire vive à 4 GiO, rajouté une carte GT 210 (pour grapiller un bon demi GiO de mémoire vive) et remplacé le disque dur interne de 750 GiO par un de 1 TiO.

J’avais suivi le même principe, difficilement compréhensible pour une partie du monde du libre : le plus proche, le moins cher possible car j’ai des besoins étranges comme manger, boire, me loger, m’habiller. Et surtout directement disponible, car je n’avais plus d’ordinateur.

Bref, ce que l’utilisateur ou l’utilisatrice moyenne cherchera si son ancien ordinateur lui claque dans les doigts. Étant désormais un linuxien jusqu’aux ongles des orteils, j’avais utilisé une Ubuntu pour me renseigner sur le matos avant de mettre ma distribution quotidienne, Archlinux. Oui, la distribution pour élitistes 🙂

Je dois dire que je comprends Cyrille et je ne serai pas comme certains parfaits qui auraient envie de lui faire goûter aux douceurs calorifiques d’un bûcher dressé en bonne et due forme.

Je ne condamnerai personne qui en ayant sa claque de problèmes aussi basique qu’un support d’imprimante – et qu’on arrête de me sortir le « tu n’as qu’à choisir du compatible et rien d’autre » – ou encore d’un autre périphérique tout ce qu’il y a de plus classique à retourner vers MS-Windows 10 et ses problèmes de sécurité congénitaux – d’accord, la faille Dirty Cow n’a pas été triste – voir de s’enfermer en achetant du Mac.

Je regretterai juste son choix. De quel droit devrais-je l’excommunier et la mettre plus bas que terre ?

Quand le monde du libre se sera responsabilisé, que la tendance à s’éparpiller sera enfin endiguée, quand les forks compulsifs donc inutiles, quand les DGLFI (Distributions GNU/Linux Franchement Inutiles) cesseront de se répandre comme la syphilis dans certains quartiers chauds, alors on pourra envisager un avenir serein pour la bureautique libre.

Celle qui libérera vraiment l’utilisateur ou l’utilisatrice de base, grossiereté suprême pour une partie des developpéurs des diverses communautés qui existent et qui sont les parties de ce puzzle immense qu’est le monde du logiciel libre.

Je continuerai à m’exprimer sur le logiciel libre, à proposer des tutoriels et mon aide aux personnes qui la demanderont. Le logiciel libre a autant besoin de développeurs que de traducteurs, de personnes rédigeant de la documentation. Mais faire comprendre cela…