Dans le monde des blogueurs, il y a une question qui taraude les esprits : comment faire pour monétiser mon blog, en clair, tirer quelques piécettes pour financier le nom de domaine et l’hébergement.

Dans un excellent article, Hamza Chahid du blog « TousGeeks » donne 8 recettes pour monétiser son blog.

Or, à mon très humble avis, celui d’une personne qui n’a que 1000 à 1500 visites par jour (donc 500 humains en vrai), d’un blog qui existe depuis 7 ans, ce sont des recettes pour se suicider à petit feu, voire de se faire un seppukku en place publique.

Souvenez-vous du scandale dit du « Free Adgate » quand Free a décidé de bloquer une certaine régie publicitaire. Des cris d’orfraies comme quoi la neutralité du net était morte, que le méchant Free allait tuer les blogueurs indépendants (hum), que la publicité était un fondement incontournable de la blogosphère francophone, etc…

J’avais écrit deux articles, qui m’ont valu des remarques acides, le premier – et le deuxième – qui montrait le vrai noeud du problème : les blogueurs sont tenus par les testicules par les annonceurs.

Mais revenons à l’article de Tous Geeks, et analysons les propositions abordées.

La première, c’est google adsense. Et il faut plusieurs centaines de visiteurs humains, en espérant que ceux-ci ignorent l’existence de bloqueur de publicités. Certains témoignages mettent à mal ce type de financement. Et les limites même de ce genre de financement, par exemple l’overdose de l’utilisateur par rapport aux publicités.

La deuxième, c’est de vendre des liens. Vous savez, les liens qui sont doublement surlignés de traits verts qui font une espèce de propagande publicitaire, et surtout qui ruine l’expérience de lecture. Autant dire qu’en tant que lecteur, quand je tombe sur ce genre d’articles, je fuis à grande vitesse.

La troisième, vendre de l’espace sur le blog. Autant dire que c’est ainsi qu’on transforme son blog en sapin de noël. Et qu’on incite les utilisateurs à passer par une solution à la adblock.

La quatrième, c’est les articles sponsorisés. Ma seule remarque sera : comment perdre toute crédibilité auprès de ses lecteurs. Qui irait mordre la main qui le nourrit ?

La cinquième, c’est le programme d’affiliation. Cela fait penser au principe d’un système pyramidal, le côté légal en plus. Car il faut non seulement inciter les personnes à s’inscrire, et on devient magiquement parrain et on touche un petit quelque chose. J’avoue que c’est au niveau légal que je me pose quelques questions…

La sixième, la liste de publications par courrier. Je ne sais pas pourquoi mais recueillir des données personnelles pour les exploiter par la suite, il ne faudrait pas en parler à un organisme du nom de CNIL. Et quid de la loi du 6 janvier 1978 sur la protection de la vie privée ?

Je cite un morceau intéressant de l’article 2 :

Constitue une donnée à caractère personnel toute information relative à une personne physique identifiée ou qui peut être identifiée, directement ou indirectement, par référence à un numéro d’identification ou à un ou plusieurs éléments qui lui sont propres. Pour déterminer si une personne est identifiable, il convient de considérer l’ensemble des moyens en vue de permettre son identification dont dispose ou auxquels peut avoir accès le responsable du traitement ou toute autre personne.

Assez casse-gueule comme solution de financement, non ?

Sans oublier les obligations du blogueur sur le plan légal, dixit la CNIL.

La septième : La vente d’expérience… Dans ce cas, vaudrait-il pas mieux se protéger en utilisant un statut comme celui d’auto-entrepreneur ? Et cela ne doit concerner qu’une infime minorité des blogueurs.

La dernière : les régies de publicités. Réservée aux blogueurs influents, vous savez, ceux dont les sites sont cités partout, comme une référence, et qui ressemblent à des sapins de Noël quand on y va avec un bloqueur de publicités désactivé. Cf la troisième solution qui lui ressemblent étrangement.

Le problème est de réaliser que monétiser son blog, c’est une activité casse-gueule au possible. Si on en tire une dizaine d’euros par mois, c’est le bout du monde, au prix d’une pollution visuelle plus ou moins prononcée, sans oublier la perte de confiance des personnes qui viennent lire votre prose, en cas d’articles sponsorisés.

Et il faut rester réaliste. Vivre de son blog, c’est techniquement impossible. Car pouvoir obtenir l’équivalent d’un smic mensuel net grace à lui, il faut vraiment être aussi visité que des sites d’informations classiques.

Si je devais définir un blogueur professionnel, je dirais que c’est une personne qui a une carte de presse, donc un journaliste.