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FredericBezies

source: FredericBezies

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Le soft hopping, un argument fallacieux pour « justifier » l’utilisation de logiciels abandonnés en amont ?

dimanche 5 mai 2019 à 19:14

J’adore les commentaires de mon blog, surtout quand ils sont critiques, qu’ils m’accusent de jouer sur le mots et autres argumentations qui sentent bon le souffre 🙂

Dans un commentaire, j’ai appris l’existence d’un néologisme qui est à mes yeux une justification pour l’utilisation de logiciels abandonnés en amont que l’on trouve souvent sur les distributions fixed releases plutôt conservatrices. Je tiens à remercier Palatino pour le terme exprimé dans le commentaire suivant que je cite intégralement.

Après le « distro-hopping, expression d’une insatisfaction chronique ? », le « soft-hopping », ou la nécessité d’avoir toujours la dernière version du logiciel, que ce soit utile ou pas.

Je rejoins le commentaire de dec: « Tu fais tjrs la course aux dernières versions même si elle ne t’apporte rien dans l’absolue ».

Je dois dire que ce commentaire a été source d’une réflexion que je vous livre ici. Je tiens à préciser que je ne pense pas avoir toujours raison. Si c’était le cas, cela ferait longtemps que je me serai lancé en politique pour décrocher le cocotier, à savoir le fauteuil de président de la République.

Sur le plan pratique, avoir un logiciel supporté par l’équipe de développement, cela permet plusieurs choses, entre autres :

  1. avoir une forte certitude que les bugs que l’on peut rencontré à l’utilisation seront corrigés
  2. avoir la possibilité de rapporter un bug sans se faire envoyer paître par les développeurs avec l’argument du « on ne supporte plus cette version, démerdez-vous ! » exprimée de manière plus diplomatique
  3. être à peu près certain que les failles potentielles de sécurité dévoilées seront prises en compte
  4. en cas de nécessaire compatibilité avec des formats fermés d’avoir un meilleur support avec le monde extérieur

Il est évident que certains logiciels sont parfois un peu frais et que ça peut merder. Mais entre un logiciel un peu trop frais et un qui ressemble à une momie en voie de fossilisation, il y a un juste milieu à trouver, non ? 🙂

Évidemment, les équipes de maintenance de logiciels au niveau des distributions peuvent toujours rétroporté les correctifs de sécurité, mais cela finit par se transformer en un empilage de rustines digne de la tour de Pise. Bon, j’y vais un peu fort, mais l’idée est là.

De plus, on ne peut pas rester éternellement sur de vieilles versions de logiciels, ne serait-ce qu’au niveau des bibliothèques utilisées. À un moment ou à un autre, il faudra migrer vers une version plus récente du logiciel, voire de la base utilisée.

On pourrait me répondre : un logiciel qui a atteint une certaine maturité n’a plus besoin d’évoluer. Citez-moi un logiciel dont l’évolution s’est arrêtée et qui est toujours utilisable de nos jours. J’avoue que je sèche un peu. Si vous en avez un à me citer, je suis preneur.

Même au niveau des systèmes d’initialisation, le vénérable sysVinit continue d’évoluer. Au moment où j’écris cet article en mai 2019, la dernière version est la 2.94 sortie en février 2019 !

Il y a aussi le cycle d’évolution des logiciels. Comme je le dis souvent, le cycle des gros projets applicatifs tournent dans les 6 mois (Gnome, KDE, LibreOffice) ou un an (Mate-Desktop) pour rester dans les grands noms.

Si on va dans le domaine des navigateurs web, c’est 6 à 8 semaines entre deux versions. Il y a bien la version ESR (Enterprise Service Release) pour Mozilla Firefox qui a une durée de vie de près d’un an.

Le noyau Linux ? Une nouvelle version majeure tous les deux mois, avec deux à trois noyaux LTS par an. On peut rester sur les noyaux LTS tant que l’on a pas un matériel qui nécessite un noyau à courte durée de vie comme ce fut le cas de mon Ryzen3 2200G en février 2018.

Le noyau linux 4.19.xx LTS gère la totalité de l’APU qu’est le Ryzen3 sans problème, mais j’ai l’habitude de rester sur le noyau le plus récent, maladie de l’archlinuxien chronique sans aucun doute.

Ensuite, on peut très bien resté sur des logiciels anciens. Libre à vous de le faire.

Personnellement, je préfèrerai toujours utiliser des logiciels encore supportés par les équipes de développement pour une simple et bonne raison : je suis un utilisateur actif et plutôt ancien du logiciel libre, qui depuis qu’il a accédé au mono-boot sur le long terme – grâce à la première version LTS d’Ubuntu  la 6.06 – n’a plus fait de distro-hopping depuis son passage vers Archlinux en dehors de deux courtes périodes sur la presque oubliée Frugalware Linux.

En gros, depuis 2011-2012, je suis resté sur mon Archlinux testing qui a suivi mes évolutions matérielle sans broncher.

Prenons rapidement un parallèle automobile. Je dois l’avouer, je suis un amoureux de la coccinelle des années 1960-1970, la « Choupette ». Mais je n’oublie pas que c’est une voiture qui est moins sécurisée que les modèles modernes et qui consomme pas mal… Si j’en crois cette page du site « Le blog Auto », une Choupette peut consommer entre 6,7 et 10 litres pour 100 km parcourus… Ça pique rapidement au niveau budget carburant.

Mais comment ne pas tomber amoureux des rondeurs de la voiture du peuple voulu par le petit moustachu autrichien naturalisé allemand durant les années 1930 ?

Fermons cette parenthèse automobile. Je vais conclure cet article qui s’est déjà pas mal étiré en disant ceci : libre à vous d’utiliser des logiciels abandonnés par les développeurs, rustinés à mort.

Je préfère utiliser des logiciels qui sont encore maintenus par leurs développeurs, même si les fonctionnalités introduites ne sont pas toujours intéressantes. Au moins, en cas d’emmerdements, je suis certain que je me ferai pas jeter si je rapporte un bug.

Sur ce, bonne fin de journée.