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FredericBezies

source: FredericBezies

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Le monde du libre actuel part en couilles ? Épisode 3 : la déconnexion du monde des développeurs et de celui des utilisateurs…

jeudi 7 septembre 2017 à 20:29

À l’origine, l’épisode 3 devait avoir un sujet tout autre, mais c’est suite à une engueulade avec des personnes qui ont pour métier de rédiger des applications que cet article impromptu m’est venu sur le clavier. Il faut dire aussi que j’étais réveillé depuis 4 h 30 du matin, et que le manque de sommeil m’avait rendu chatouilleux 🙁

Car j’ai constaté la déconnexion croissante entre le monde des développeurs et celui des utilisateurs. Comme deux clans qui fourbiraient leur armes pour se taper dessus à la moindre occasion au lieu de collaborer en toute intelligence.

À l’origine, cet épisode devait être le cinquième et qui va sûrement devenir le sixième, mais j’ai décidé de l’avancer. J’en reprends une partie pour cet article, même si l’épisode cinq approfondira un autre aspect. Le monde du libre a fait d’énormes progrès depuis la fin des années 1990 et le début des années 2000. Installer une imprimante ne nécessite plus de sacrifier un poulet en psalmodiant des vers dans une langue obscure.

C’est du « plug’n’play » au sens entendu dès le milieu des années 1990 : « branche et ça fonctionne »… Du moins en théorie 😀

Ce qui a été oublié par la partie développeur du monde du libre, c’est que l’augmentation du nombre d’utilisateurs entraîne automatiquement l’arrivée d’une nouvelle génération : celle qui n’a pas forcément le réflexe de se plonger dans une documentation plus ou moins touffue, plus ou moins illustrée, plus ou moins absconse.

Que des RTFM, des « tu as lu tel man » ou « tu as lu telle page de wiki », ça ne passe plus trop. Il restera toujours des personnes curieuses. Mais il ne faut pas oublier que l’humain est un animal paresseux.

Qu’optimiser ses efforts pour en avoir le plus possible avec le minimum d’actions est son moteur.

Cela ne me gène pas de me plonger durant de longues minutes dans des dizaines de pages de documentation pour aider des personnes qu’elles soient sur LinuxMint, Archlinux, Manjaro, Solus voire Mageia (et oui, il faut savoir faire preuve de sacrifice).

Mais autant j’apprécie de mettre sous ma souris des distributions pour barbus dont l’attribut pileux descend jusqu’aux chevilles, autant j’apprécie des produits largement plus abordables.

Abordables sur le plan ergonomique ou sur le plan purement pratique. Je n’oublie pas que j’ai été un débutant. Que j’avais la trouille de faire une connerie à la moindre commande entrée sur mon clavier. C’est ce que semble oublier une partie des développeurs… Une amnésie étrangement bienvenue ?

C’est bien beau de vouloir gagner 15 millisecondes dans un moteur de jeu afficher un modèle 3D. Mais si personne n’utilise le moteur de jeu, ça sert à quoi ? C’est la même chose pour les distributions GNU/Linux.

Je reviendrai dans un épisode ultérieur sur un point faible du monde libre, les applicatifs. Mais pour en revenir au sujet de cet article, une partie des développeurs semble se couper du monde des utilisateurs.

Les dépots tiers sont des sources d’emmerdes potentielles. Que ce soit les PPA, AUR ou les dépots tiers d’autres distributions, il y aura toujours un moyen de foutre la merde.

Oui, l’offre centralisée proposée avec des interfaces à la « Logiciels » de Gnome, « Discover » de Plasma, la « Boutique » d’Ubuntu Mate ou encore Pamac pour Manjaro (pour citer les premiers exemples qui me viennent à l’esprit) partent de bonnes intentions.

Une personne qui a un tant soit peu de bouteille aura appris à son corps défendant qu’il ne faut pas faire n’importe quoi avec. Mais une personne qui débute risque peut-être de mal faire sans le vouloir. Le retour de bâton sera violent.

Pour un technophile qui a fait des sauvegardes – allez donc expliquer cela à un utilisateur qui n’a pas envie d’apprendre à utiliser un ordinateur – s’en sortira. Mais un « lambda » ou un « michu », ce sera pour lui l’occasion de dire : « C’est quoi cette merde ? Réinstalle-moi Windows. Au moins, ça fonctionne ! »

Je ne blâmerai pas cette personne. Je l’envierai même par moment. Je dois dire qu’au moment où je rédige ce billet, l’envie de bazarder mon installation d’Archlinux pour installer MS-Windows 10 et ne plus avoir à entendre parler des guerres intestines du libre me tente un peu.

Cependant, devoir me taper l’installation de l’antivirus, de l’anti-espiogiciel, d’un outil à la CCleaner, de devoir récupérer la totalité de ma logithèque en version MS-Windows me fait reculer.

Donc, pour conclure cet article : messieurs et mesdames qui êtes toute la journée en train de développer du code, n’oubliez pas que l’utilisateur final qui sera peut-être votre cible un jour ou l’autre n’en a rien à faire de la beauté du code.

Tout ce que cette personne veut, c’est une informatique presse-bouton pour aller voir les dernières concetés de la starlette de la TV Réalité à la mode.

La suite ? Au prochain épisode 🙂