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FredericBezies

source: FredericBezies

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Le logiciel libre pour reconquérir la maitrise de l’outil informatique au niveau du grand public, peine perdue ? Espérons que non !

vendredi 24 mars 2017 à 06:50

Note : sur cet article, je m’exprime uniquement en mon nom propre. Est-ce clair, ou dois-je sortir un traducteur en ligne pour l’écrire dans la plupart des langues de la planète ? 🙂

Il y a quelques jours, j’écrivais un article sur l’inadéquation d’une partie du monde du logiciel libre francophone – que l’on pourrait étendre au niveau international ? – avec le grand public. Suite à des événements sur lesquels je reviendrai en temps et en heure, je finis par penser que Microsoft, Apple et Google peuvent commencer à sortir les bouteilles de champagne du réfrigérateur.

Je n’ai jamais vu autant de haine, de jalousie et de volonté de casser les jambes des autres que dans le monde du logiciel libre. Sur le plan mondial, cela a été l’affaire du tueur à gages qui aurait pu être engagé pour mettre plusieurs balles dans la peau de Lennart Poettering.

Même si l’affaire s’est dégonflée par la suite, cela en dit long sur l’ambiance délétère qui règne parfois dans le monde du libre. Il y a aussi les attaques sur la personne ou son entourage, en passant par des réseaux qui anonymisent. Courageux mais pas téméraire…

S’il n’y avait que cela… Il y a aussi des choix franchement incompréhensibles d’une partie des distributions que l’on pourrait qualifier de sérieuses, ou du point de vue des personnes « lambda » qui commencent à s’intéresser à autre chose qu’au duo-duel Apple-Microsoft.

Inutile de revenir sur les moments de tensions qui ont suivi certains choix de Canonical, notamment l’arrivée d’Unity, puis l’annonce du projet Mir. Mais il ne faut pas oublier qu’avant l’arrivée de Canonical en 2004, c’était la mouise monstrueuse pour trouver un projet abordable pour le grand public. Le nier, ce serait réécrire partiellement l’histoire.

Bien entendu, il y avait la distribution du magicien, ou auparavant des projets comme la feu-Linux Kheops pour poser les premières pierres à l’édifice. Mais Linux restait un outil de geeks pour les geeks.

Sur certains plans, en 2017, nous en sommes encore à ce niveau. C’est très triste.

Une des distributions ayant le vent en poupe actuellement, c’est la Manjaro Linux. Étant la « ubuntu » – au sens historique du terme – de la Archlinux, elle est devenue une distribution que l’on peut conseiller au grand public qui n’a pas envie de se taper des réinstallations tous les deux ans, ou qui n’a pas envie de rajouter 15 dépôts tiers pour avoir une logithèque un tant soit peu complète dans des domaines précis.

Olivyeah nous a proposé un exemple ab absurdo de ce que l’on trouve dans le domaine de la Musique Assistée par Ordinateur.

Cependant, autant j’aime Manjaro Linux et j’apprécie le travail fait, autant je n’arrive pas à comprendre certaines décisions. Comme celle d’intégrer comme saveur officielle une image ISO à l’origine communautaire pour Gnome qui est une horreur technique… Et qui ne diffère en rien de ce que j’avais eu le malheur de constater quelques mois auparavant.

Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augures, je suis prêt à parier un carambar que la distribution explosera en vol au passage à Gnome 3.24.

Toute personne ayant un tant soit peu pratiqué Gnome 3.x sait qu’il ne faut pas multiplier les extensions tierces. Pour mémoire, j’ai utilisé en dur Gnome 3.x d’avril 2011 jusqu’à mars 2015. En gros des versions 3.0 à la 3.14 comprises. Autant dire que je pense savoir de quoi je parle un brin 🙂

En effet, si on en croit la note de publication de la Manjaro Linux Gnome, il n’y en a pas moins de… 5 !

classic menu Gnomenu
Openweather
TaskBar, preview and icon of active applications
native GNOME dock DashtoDock
User Themes for easy customization and
Removable drive menu

Bref… Comment dire cela de manière imagée ? Savez-vous jongler avec la nitroglycérine ? Ou comment ruiner en partie la réputation d’un projet qui n’arrive pas à gérer sa communauté et en arrive à proposer au téléchargement des images ISO qui sont d’une qualité qui va de l’excellent à l’exécrable ?

Inutile de revenir sur les coups bas qui ont alimenté le début de l’année 2017 et qui me font dire que le monde du logiciel libre aurait besoin pour avancer sereinement de se mettre un peu de plomb dans la cervelle. Au sens figuré, bien entendu ! 🙂

On finit par se demander quand on voit l’état du monde des distributions – qui se multiplient comme des lapins sous amphétamines – par quel miracle le monde linuxien est arrivé à conquérir 2% des parts de marché du monde de l’ordinateur de bureau.

Vous savez, cette chose vieillotte que l’on a déjà annoncée comme morte en 1997 avec les Network Computer, puis 10 ans plus tard avec les engins à la eeePC… Sans oublier les tablettes plus récemment 🙂

Il est évident que la diversité est nécessaire, mais au bout d’un moment, cela mène irrémédiablement au chaos le plus complet… Une araignée n’y retrouverait pas ses petits, et on se trimballe des distributions redondantes par paquets de douze dont les communautés ne pensent qu’à casser – à la barre à mine ? – les autres communautés.

Je dois sûrement réver, mais je pensais me souvenir qu’il existe un proverbe déclarant : « l’union fait la force ». Sûrement un manque complet de culture générale de ma part… 😉

J’aime le logiciel libre, mais il est en train de se planter complètement sur un point précis, simple avis d’un utilisateur de longue date de distributions GNU/Linux qui ne joue plus au distro-hopping depuis des années : si le logiciel se libère, l’utilisateur est très loin de l’être.

Je n’ai rien contre les petites distributions, bien au contraire. Mais il faut savoir être réaliste : le monde bureautique souffre d’une pléthore de distributions redondantes. Linux a conquis le serveur, mais l’utilisateur final, il compte pour la merde ?

Même si le terme est trop fort, c’est la réalité : il y a une forme de ségrégation au niveau des utilisateurs des distributions GNU/Linux. Il faut croire qu’une partie du monde du logiciel libre – quelque soit sa langue – veut conserver son joujou pour geek en faisant des bétises monstrueuses sur le plan de l’ergonomie ou dans les choix techniques.

On est typiquement dans le « technicien qui parle au technicien ». C’est dommage.

Je suis curieux et j’ai toujours appris à me débrouiller sur du GNU/Linux, même si mes compétences se limitent au poste bureautique. J’ai connu l’époque où faire fonctionner XFree86 était une prouesse. Configurer sa connexion internet, pas mieux.

Quand je vois le monde du libre actuellement, je pense à ce qu’Henri de Montherlant écrivait en 1938 après les accords de Munich, même s’il tourna casaque en 1941.

« La France est rendue à la belote et à Tino Rossi […] Sur le demi-cadavre d’une nation trahie, sur les demi-cadavres de leur honneur, de leur dignité, de leur sécurité, les hommes par millions dansent la danse de Saint-Guy de la paix […] Délirez à votre aise, pauvres manoeuvrés et dupés, affaiblis, souffletés, et qui accueillez votre défaite et votre humiliation avec les transports de joie de l’esclave. » Henri de Montherlant, L’Équinoxe de septembre, Éd. Gallimard, 1938.

Désolé de finir sur cette note, mais j’avoue que s’il reste de l’espoir pour aider le grand public à redevenir maitre de son outil informatique, il semble s’éloigner à vue d’oeil en ce moment.

S’impliquer dans un projet communautaire du côté de la « tuyauterie », cela permet de voir des choses pas franchement… appétissantes. Comprenne qui aura envie de comprendre !