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FredericBezies

source: FredericBezies

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Le « XScreenSaver Gate » : Les torts sont partagés.

mercredi 6 avril 2016 à 11:24

Dans le monde délicieux et amical du logiciel libre, il y a de temps en temps des polémiques qui montrent la limite de certaines politiques techniques, mais aussi l’aveuglement zélote de certains utilisateurs envers leur distribution.

Premier acte, sur le blog du plus méchant prof de maths de la blogosphère française, Cyrille Borne. Dans un article au titre provocateur, Cyrille nous parle de la polémique lancée par le développeur de XScreenSaver, Jamie Zawinski qui en a un peu sa claque de recevoir des rapports de bug sur des problèmes corrigés et non rétroportés sur certaines distributions.

Qualifier d’abruti un des développeurs de Netscape qui était en charge du support de la version Linux du navigateur internet, c’est un peu excessif. Bref. Je cite l’article de Cyrille :

[…]A l’ouverture de Linux vous vous prenez le message dans la face, pas de la façon la plus discrète, cet abruti de développeur va checker votre version de Xscreensaver par rapport à l’actuelle sans se poser des questions évidentes du choix de l’utilisateur et éventuellement des cycles des distribution. Imaginez pour Debian la foire que ça représenterait si chaque paquet commençait à s’énerver parcequ’il a deux ans de retard.[…]

Deuxième acte, le 3 avril 2016. Toujours sur le blog de Cyrille, qui cite Distrowatch :

[…]Certains utilisateurs de debian ont interpellé le développeur pour lui rappeler à quel point il était complètement abruti et qu’on peut suspecter d’être un utilisateur de Arch Linux pour avoir son paquet tellement à jour qu’il a oublié le reste du monde. Et la réponse qui est digne d’un abruti, plutôt qu’effectivement reconnaître que la communauté Debian mérite qu’on fasse sauter son message, il propose à Debian qu’on fasse sauter son paquet et il a raison, je viens de le faire, Handylinux a commencé.[…]

Outre la pique envers les utilisateurs d’Archlinux et indirectement de Manjaro Linux, traiter un développeur d’abruti n’est pas la meilleure façon de faire avancer les choses. Tomber dans le culte de la stabilité ne veut pas dire qu’on doive traiter les développeurs qui en ont marre de recevoir des rapports de bugs invalides car une distribution oublie de rétroporter certaines versions. Ou simplement d’enlever l’ultra-bloquant panneau d’information. Car les torts sont partagés.

Jamie Zawinski s’est exprimé et a enfoncé le clou au passage. Si vous voulez la liste des changements depuis la version 5.30 datant de 2014, elle est aussi disponible.

La politique – au sens gestion de la cité – de Debian GNU/Linux envers sa branche stable est très bien, mais elle conduit IMMANQUABLEMENT à une obsolescence croissante d’une partie de la logithèque. On me rétorquera que stable veut dire solide comme du roc. Soit. Mais est-ce que cela signifie se trimballer des logiciels abandonnés en amont comme pour LibreOffice par exemple ?

Je veux bien que certains logiciels pas entièrement à jour ne soit pas un problème. Mais des logiciels plus sensibles comme une suite bureautique – surtout pour la compatibilité avec le monde extérieur – ça ne peut qu’entrainer des emmerdements à terme. Heureusement que Debian est plus « coulante » en ce qui concerne des outils comme le navigateur internet… Sinon, inutile d’imaginer le carnage.

Les torts sont partagés, et ce n’est pas en mettant la poussière sous le tapis comme le fait HandyLinux en comparant au passage Jamie Zawinski à Dark Vador dans un article qui oublie que la stabilité ne signifie pas l’odeur de renfermé.

Le problème n’est pas une histoire de confiance, comme semble le laisser penser l’article de blog d’handylinux. C’est un problème de choix entre la stabilité et l’obsolence lente qui entraine une production de retours inutiles car déjà corrigé. Ce qui est vrai pour XScreenSaver doit aussi l’être pour LibreOffice. Je me demande combien de rapports de bugs liés à la version proposée par la Debian GNU/Linux Jessie (la 4.4.2) sont clos comme invalides ou pourrissent sur pied. Il est vrai qu’au 6 avril 2016, la version stable est la 5.0.5 et la version de « test » est la 5.1.1.

Il n’y a pas d’un côté le méchant développeur et le bon mainteneur ou l’inverse. C’est un problème de communication et une politique de stabilité qui commence à montrer ses limites un an après la sortie d’une nouvelle Debian GNU/Linux stable. Je sais très bien que j’aurais Cep qui va venir me faire une leçon de morale et me dire que je n’y connais rien en informatique ou presque.

Même si Debian est la mère et la grand-mère d’une floppée de distributions GNU/Linux, ce n’est pas la seule. Le monde ne s’est pas arrêté en 1993 sur le plan technique.

Soit, c’est le risque que je prends. J’en reviens toujours à la même quadrature du cercle : Entre stabilité et fraicheur logicielle, il faut savoir trouver le point d’équilibre. Trop dur à faire comprendre ?