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FredericBezies

source: FredericBezies

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Distrowatch, révélateur de la déconnexion du réel du petit monde des distributions GNU/Linux ?

jeudi 14 février 2019 à 15:04

Je sens déjà arrivé les commentaires du genre : « Oh, non, il va encore nous casser les couilles avec Distrowatch ».

Depuis la mort de QuebecOS, il est difficile de se tenir au courant de la sortie des dernières distributions GNU/Linux, qu’elles soient ou pas à la mode du jour sans passer par le détesté et non officiel Distrowatch.

Je sais que les personnes qui prétendent – ce qui est affirmé sans preuves… – que le débutant n’en a rien à foutre de Distrowatch. Et que le débutant – non défini autrement qu’en entité floue – ignore jusqu’à l’existence de ce site.

Les mêmes personnes éclairées sortent toujours le même duo ou trio de distributions GNU/Linux pour ce débutant – qui n’est pas défini – et depuis 2010, c’est Ubuntu (ou une de ses variantes) et Mint. 10 ans plus tôt, cela était Mandriva et une autre, comme la Fedora.

Petite parenthèse : comparaison n’est pas raison. Si on appliquait ce raisonnement au metal, il faudrait réduire la scène musicale au big four du Thrash que sont Metallica, Megadeth, Anthra et Slayer. Ou encore réduire internet à Google, Apple, Amazon, Facebook et Microsoft. Fermons la parenthèse.

Il est vrai que pour la personne qui n’en a rien à foutre de savoir ce qu’est une distribution, se tourner vers un expert auto-proclamé est une source de soulagement. Peu importe si en réalité, s’il existe quelque chose comme 175 ou 180 distributions qui se tapent dessus pour la seule cible bureautique.

Peu importe à la personne qui débute s’il existe des projets qui sont simplement des photocopies les uns des autres. Le « magister dixit » de l’expert auto-proclamé compte plus que tout. C’est compréhensible. Mais si on commence à creuser, on s’aperçoit du sombre merdier qui se cache derrière.

Avant qu’on me réplique l’habituel argument de la liberté des développeurs de se concentrer sur ce qui leur plait, je répliquerai par l’absurde : libre à chaque personne, même souffrant d’une pathologie cardiaque, de faire du saut à l’élastique. Le point « reductio ad absurdum » est donc atteint, on peut passer à la suite 🙂

On pourra me répliquer que la mutualisation des efforts a toujours des limites, et que neuf femmes ensemble ne pourront pas mener une grossesse à terme en un mois. Je suis d’accord. Mais prenons un exemple – parmi d’autres – du gaspillage de ressources en terme de distributions qui se ressemblent étrangement, et qui pourrait gagner à se rassembler pour obtenir un résultat final potentiellement de qualité.

Si on prend une base de paquets RPM avec l’interface KDE/Plasma, on obtient 8 réponses sur Distrowatch.

Si on utilise l’expression KDE, on arrive à 18 réponses. Dans les résultats communs ?

Outre Fedora, on trouve OpenSuSE, Mageia (uniquement listée avec KDE ?!), Rosa et OpenMandriva.

Prenons les trois dernières, et on s’aperçoit qu’elles descendent toutes les trois d’un seul ancêtre : Mandriva Linux…

Outre le fait que les deux communautés qui constituent Mageia et OpenMandriva soient à couteaux tirés, et que la ROSA a servi de base de départ à OpenMandriva, imaginer un regroupement des trois projets pourrait peut-être permettre une certaine synergie. Mais ce n’est qu’une hypothèse. En tout cas, on a trois projets qui sont assez semblables dans les grands traits.

Si on prend la base Debian avec Xfce ? Juste 33 réponses.

Évidemment, certains projets sont proches, comme la Devuan et la Refracta sur laquelle elle se base. Pour ne prendre que parmi les plus grosses.

On pourrait continuer ainsi longtemps et trouver de nombreux exemples de distributions proches dont les différences sont proches de l’épaisseur du papier à cigarette, sans vraiment comprendre pourquoi X projets existent alors qu’un seul regroupant les énergies serait au final largement mieux pour tout le monde… Et libérer de l’énergie et des ressources pour ce que le « débutant » fait fonctionner au quotidien : les applications.

Je sens arriver les remarques habituelles sur l’impossibilité de forcer un développeur à faire quelque chose qu’il ne veut pas faire. C’est compréhensible, mais il ne faut pas croire que la concurrence chronique fera avancer les choses, qu’il y a une sélection naturelle des projets… Si c’était le cas, y aurait-il encore autant de distributions à destination bureautique ?

Il faut un minimum de diversité. Mais confondre diversité avec dispersion est une caractéristique des sachants et autres experts auto-proclamés du monde libre après tout !

Allez, bonne journée !