J’aime beaucoup Calibre. Ce couteau suisse de la gestion de livre électronique – qui a dit usine à gaz ? – souffre d’un défaut qui est aussi une qualité : des publications très régulières.

Casse-tête chinois pour les mainteneurs de distributions, on se retrouve avec une situation ubuesque. En effet, la plus populaire distribution GNU/Linux – c’est elle qui le dit – à savoir Ubuntu se traine une version assez défraichie de Calibre.  Si on reste avec les dépots officiels et la Ubuntu 13.10, on a droit à une version 1.0. Si on teste la future version, à savoir la Trusty Tahr, on est un peu mieux achalandé, avec la version 1.9 de Calibre.

En ce 5 décembre, la version stable de calibre est la 1.13. Si on regarde l’historique des versions depuis la 1.0 :

• 1.13 : 29 novembre
• 1.12 : 22 novembre
• 1.11 : 15 novembre
• 1.10 : 8 novembre
• 1.9 : 1er novembre
• 1.8 : 25 octobre
• 1.7 : 18 octobre
• 1.6 : 11 octobre
• 1.5 : 26 septembre
• 1.4 : 20 septembre
• 1.3 : 13 septembre
• 1.2 : 6 septembre
• 1.1 : 30 août
• 1.0 : 23 août

En gros, une version par semaine, à l’exception des versions 1.5 et 1.6. Autant dire qu’un tel rythme de publications, c’est horrible à suivre !

Le seul projet que je connaisse qui ait un tel cycle de publication, c’est le noyau linux, aussi bien pour sa période de développement que pour sa maitenance post-publication.

Calibre semble appliquer la politique du « Distribuez tôt, mettez à jour souvent » (publier tôt, publier régulièrement) théorisé par Eric S. Raymond dans son essai « La Cathédrale et le Bazar ». La lecture du chapitre en question sur ce sujet est passionnante.

Cependant, Calibre n’a pas l’impact d’un logiciel largement plus crucial comme un noyau. Déjà que certaines personnes se plaignent du rythme de publication de Mozilla Firefox (une version majeure toutes les 6 semaines, précédés par 18 semaines de maturation) ou de Google Chrome, que dire pour un outil qui permet de gérer les livres électroniques ?

Que c’est un peu excessif ? Certaines personnes pourraient le penser. Sur mon Archlinux, Calibre est constamment à jour (conséquence du modèle en publication roulante ?). Mais sur des distributions classiques, Calibre est un logiciel impossible à maintenir sans passer par un dépot tiers, voire sans passer par l’installateur proposé par le développeur.

Je crains cependant que cette version paroxystique du « Distribuez tôt, mettez à jour souvent » ne finisse pas jouer en la défaveur de Calibre. Et ce serait dommage.