PROJET AUTOBLOG


NiKopiK

Archivé

source: NiKopiK

⇐ retour index

Les taxis s’insurgent contre la concurrence des smartphones

mercredi 2 octobre 2013 à 09:23

Taxi Driver

Ah la rente confortable sur laquelle vivent les entreprises qui exploitent les conducteurs de taxis me fait un petit peu penser à ce que l’on peut constater chez les majors de l’industrie culturelle.

D’ailleurs, la réaction face à l’innovation et à la concurrence est sensiblement la même : tenter d’interdire toute nouveauté susceptible de perturber le système mis en place durant de nombreuses années, en appelant même à la violence contre la concurrence…

Pourquoi je vous parle de ce sujet ? Tout a commencé avec mon ami Thomas qui fait partie d’une aventure entrepreneuriale, celle d’Allocab

Allocab késako ? C’est, dans les grandes lignes une application sur smartphone qui permet à n’importe qui de réserver un chauffeur privé et de payer directement avec son téléphone. Simple, efficace, rapide… Une évolution normale des usages mobiles à l’époque de l’Internet nomade.

Sauf que… le puissant lobby des taxis refuse qu’une telle innovation et simplification des usages voient le jour, et n’hésite pas à employer des moyens très limites pour parvenir à ses fins (je reviendrais sur ce point en fin d’article).

Nouveau lumineux des taxis parisiens

Comment résumer la situation complexe des taxis en France ? Imaginons que les services de livraison de colis aient adopté le même modèle il y a de ça plus de 50 ans : puisqu’il y avait trop de livreurs en France dans les années 1930, l’état aurait alors décidé de limiter le nombre de ces derniers. Ne peuvent effectuer de livraisons de colis que les livreurs propriétaires d’une licence de livraison, ou ceux qui louent cette licence à une entreprise qui en a une. Puisque le nombre de licences accordées est limité et que les besoins en livraison de colis augmentent, le prix d’une licence de livraison augmente lui aussi et atteint des sommes délirantes. Il faut livrer énormément de colis pour espérer pouvoir rembourser cette précieuse licence, qui aura soit été achetée grâce à un emprunt bancaire, soit louée à une entreprise qui vit sur une confortable rente. Le prix de la livraison d’un colis devient donc lui aussi extrêmement cher pour les consommateurs finaux.

Une situation idyllique pour les entreprises qui possèdent des licences de livraison, qui sont assurées que rien ne viendra perturber leur poule aux oeufs d’or. Sauf qu’un grain de sable va venir perturber ce petit monde : Internet. En effet, la loi de limitation des licences ne prend en compte que les demandes de livraison passées par téléphone. Or avec Internet et la démocratisation des smartphones, on imagine combien il serait facile d’être livré sans passer par ce lobby se servant grassement au passage. Avec à la clé, des prix plus intéressants pour les consommateurs, une nouvelle manière de commander plus intuitive, etc.

Revenons donc au monde réel : c’est en résumé ce qui se passe dans le monde des taxis actuellement. Ces derniers grognent car une concurrence débarque d’Internet pour oser contourner le système verrouillé depuis des dizaines d’années. Du coup que fait le lobby des taxis pour affronter cette concurrence ? Va-t-il innover et proposer des services inédits, ou encore pratiquer une baisse de ses tarifs ? Que nenni, il va tout simplement tenter d’interdire à la concurrence de s’installer, plutôt que de bouger le petit doigt pour mieux servir ses clients. Ça ne vous rappelle pas quelque chose ? ^^

La situation est-elle véritablement si terrible en France en ce qui concerne ce moyen de transport ? Jugez plutôt : pour 1 000 habitants, il n’y a que 4 chauffeurs, taxis et voitures avec chauffeur confondus, à Paris, contre 8 à New York et 9 à Londres. Et devinez dans quel pays ce moyen de transport est le plus cher pour le consommateur final…

Les grosses entreprises disposant de milliers de licences tentent de peser de tout leur poids pour qu’absolument rien ne change dans le monde des taxis. Ils espèrent ainsi obtenir des véhicules avec chauffeur qu’ils doivent obligatoirement patienter 15 minutes entre le moment de la commande d’un client, et sa prise en charge. Une demande complètement ridicule, je vous invite à lire les arguments d’Allocab qui sont savoureux face à ceux du lobby des taxis, ou à regarder la vidéo suivante captée sur BFM :

Pour parier sur l’avenir, qui faut-il favoriser ? Des innovateurs créant de nouvelles opportunités et des économies pour les consommateurs et les chauffeurs de voiture, ou un système de rente détenue depuis de nombreuses années par des entreprises qui ont depuis longtemps oublié ce qu’était la notion de concurrence saine ?

Une dernière chose : je me devais de revenir sur les moyens de lutte mis en place contre cette concurrence par la profession des taxis, avec un superbe SMS diffusé auprès des chauffeurs appelant à la révolte, avec les fautes d’orthographe d’origine :

« Greve obligatoire general et illimitee des taxis de toute la france a paris av champs elysee pour interdir les VTC! apartir de mardi 1octobre 2013 aucun taxis en tarif et en station ne saura toleré les bases arrierees de roissy et d orly seront fermer. les vtc qui seront en visuel seront caillasser.(je cite: les transporteur caravelle viano, uber, le cab, voiture jaune, chauffeur privrer, allocab…) la loi lotti abroger. Nous sommes derterminer et sans pitier. Ps: Ce ci nest pas une manifestation mais une guerre. »

Moralité, si en France, vous innovez contre des entreprises ne souhaitant surtout rien changer, vous vous exposez à vous faire tout simplement caillasser. Une corporation privée en appelle carrément et publiquement à une sorte de guerre civile contre une simple évolution des usages liée à Internet, et personne n’en parle. Vive le pays des droits de l’Homme…