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La version américaine d’Hadopi se dévoile

lundi 22 octobre 2012 à 10:54

Cela faisait un moment que les USA observaient ce qui se passait en France pour savoir s’ils allaient aussi mettre un système de riposte graduée similaire à celui mis en place par la Hadopi en France.

C’est maintenant confirmé, le Copyright Alert System va être mis en place aux Etats-Unis dans les prochaines semaines, les principaux opérateurs du pays ont accepté de participer à ce système de surveillance des téléchargements illégaux.

Au programme, un menu fort peu appétant : riposte graduée, paiement pour vérification de votre accès Internet, limitation des vitesses de connexion, voire suspension du service…

AT&T, Cablevision, Comcast, Time Warner Cable et Verizon ont annoncé participer à ce nouveau système censé être pédagogique.

Selon votre opérateur et les choix qu’il aura fait pour lutter activement contre le piratage, le Copyright Alert System va être une riposte graduée en 7 phases : 6 avertissements, pouvant être de différents types : envois d’emails d’avertissement, limitation de votre vitesse de connexion, suspension temporaire de l’accès à Internet… + et une 7e étape possible en cas d’activité persistante de piratage malgré les nombreux avertissements précédents (mais cette dernière étape n’a pas encore été définie clairement).

Il sera possible pour les personnes accusées de piratage de demander une expertise de leur activité sur le réseau pour déterminer s’il y a réellement eu piratage avec leur accès à Internet. Cette expertise sera facturée 35 $ par les opérateurs, une facture qui pourra être remboursée si vous n’êtes finalement pas reconnu comme étant un pirate.

L’entreprise choisie pour surveiller tout ce petit monde est MarkMonitor, un équivalent US de notre TMG national, se vantant de pouvoir surveiller les activités de piratage sur les réseaux P2P, les plateformes de streaming, de téléchargements directs, les services Usenet…

Quand je vois jusqu’où les américains sont prêts à aller, je flippe un tout petit peu pour le respect de la vie privée en ligne…

Non seulement chaque opérateur peut choisir de lutter contre ses propres clients comme il le souhaite, en pouvant aller jusqu’à la coupure de la connexion avec Internet (et la liberté d’information elle passe à la trappe, jugée moins importante que la lutte contre le piratage ?), les clients accusés de piratage doivent payer pour prouver qu’ils ne sont pas pirates ou pour comprendre ce qu’il se passe sur leur accès à Internet (on parie combien que le résultat de l’expertise ne sera pas plus compréhensible pour la Mamie du Texas ?), et la surveillance des téléchargements se fait par une entreprise qui affirme savoir ce qu’il se passe sur des sites Internet et des plateformes de Streaming.

Or le seul moyen de savoir si quelqu’un a téléchargé directement un album de musique, ou regardé en streaming un film, c’est de surveiller toutes les connexions des internautes en utilisant le DPI, cette magnifique technologie utilisée notamment en Iran, en Chine, ou en Ethiopie, avec la collaboration de France Télécom pour ce dernier, qui permet de surveiller ce qui se passe sur les réseaux et censurer ce qui pourrait déplaire à certains gouvernements.

Devinez ce qu’il va se passer ? Comme avec la mise en place d’Hadopi en France, l’utilisation des réseaux P2P a drastiquement baissé pour finalement passer via des services de téléchargement direct comme Megaupload à son époque.

Ce dernier a ensuite été fermé dans des conditions un peu troubles, ce qui a encore une fois fait baisser le téléchargement direct, mais qui a fait passer de nombreux internautes vers des solutions de téléchargement anonymisé, quasiment impossibles à couper.

J’ajoute de plus qu’avec l’arrivée prochaine de la plateforme de téléchargement chiffré Mega, il sera bien impossible de savoir qui télécharge quoi, les échanges entre internautes devenant impossibles à déchiffrer.

À force de vouloir lutter à tout prix contre le téléchargement illégal plutôt que d’envisager d’autres méthodes permettant de relever le chiffre d’affaires des grands groupes culturels, cette lutte va entraîner la mise en place d’un nouveau système anonymisé et chiffré, impossible à stopper. Il ne sera tout simplement pas possible de détecter qui télécharge un contenu protégé, les coûteux systèmes mis en place seront rendus d’autant plus obsolètes.

Cela aura aussi un autre effet pervers : la généralisation de l’utilisation de communications chiffrées et anonymes vont noyer certains usages inacceptables sur Internet (pédophilie et terrorisme par exemple) dans un énorme flot de téléchargements. Il sera bien plus difficile pour les services luttant contre ces usages véritablement dangereux de savoir ce qu’il se passe sur Internet et de pouvoir les stopper efficacement.

Ironie du sort, la lutte à outrance contre le piratage ainsi que la surveillance mise en place va permettre à des utilisations véritablement dangereuses et criminelles de perdurer. Mais ne vous en faites pas, les vilains pirates téléchargeant des films cartonnant malgré tout dans les salles seront avertis… de passer vers un autre système où ils ne pourront pas se faire gauler.

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