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La Fédération Française des Télécoms ne considère par que l’accès à Internet soit indispensable à une personne dans le besoin

vendredi 11 septembre 2015 à 17:04

Pas facile d’être pauvre dans un monde qui exige de vous que vous soyez joignable à tout moment pour espérer décrocher un job ou toucher certaines aides vous permettant de survivre (et je ne parle même pas de vivre dignement). De plus, certaines aides publiques nécessitent que vous passiez obligatoirement par un accès à Internet via un ordinateur pour espérer être accessibles au plus démunis, ce qui pourrait bien être considéré comme un comble tant cela peut parfois être difficile à assumer financièrement pour une personne dans le besoin…

Le projet de Loi numérique prévoit en l’état de proposer une connexion à Internet quasi gratuite pour les publics les plus fragiles au niveau financier. Une idée humaniste, qui déplaît fortement à la Fédération Française des Télécoms !

Ainsi, si un tel dispositif existe pour le téléphone, l’eau ou l’énergie, la FFT ne considère pas qu’un accès à Internet entre dans ce cadre. Il s’agit pourtant ici de proposer un accès restreint, permettant à des personnes dans le besoin de pouvoir au moins consulter et répondre à leurs emails et leur permettant de surfer avec une limite de débit ou de volume de données échangées.

« Le service d’accès à Internet restreint comporte, dans des conditions définies par décret en Conseil d’Etat, des restrictions dans le débit des communications ou dans le volume de données auquel la personne a droit dans le cadre de son contrat, ainsi que l’accès à un service de courrier électronique. »

La FFT estime ainsi que ce genre de projet serait « démagogique », « pas sérieux » alors qu’il vise les 195 000 familles qui se trouvent dans la plus grande précarité. Les arguments avancés ne sont pourtant pas non plus très sérieux si l’on se penche sur le coeur du problème :

« Nous ne sommes pas dans le même cas de figure que le gaz ou l’eau. Internet n’est pas indispensable au bien-être minimal et le service de téléphonie est déjà maintenu pour les foyers en difficulté afin de passer des appels d’urgence. »

Il faut savoir que la FFT regroupe 3 des 4 plus gros fournisseurs d’accès à Internet (Orange, Numericable-SFR et Bouygues) et qu’elle considère que les nombreux accès existants au WiFi devraient permettre à tout un chacun de pouvoir surfer sur Internet, ainsi qu’en passant par les forfaits mobiles comportant un accès à Internet, soit disant à 2 €/mois tout compris (ce qui est faux dans ce dernier cas). « Le coût financier n’est donc pas lié à l’accès mais à l’acquisition des appareils, smartphones et PC. »

Néanmoins, Numericable-SFR a tenu à se désolidariser des propos de la FFT en déclarant que son forfait à un tarif social de 4 € par mois comporte l’accès à Internet fixe, ainsi que la réception des appels téléphoniques et le bouquet des chaînes de TV TNT. Des contrats en général pris en charge par les bailleurs sociaux et qui concernent plusieurs centaines de milliers de foyers en France.

De mon point de vue, le cynisme de la FFT est ici total et tout bonnement inacceptable : le conseil des droits de l’homme de l’ONU a reconnu l’accès à Internet comme un droit fondamental depuis 2012, et il est évident qu’avoir un accès à Internet est aujourd’hui vital pour une personne souhaitant trouver un emploi ou pouvant bénéficier d’aides de l’état. La FFT ne fait que défendre les droits financiers des plus gros opérateurs français, sans même prendre en compte ses responsabilités et les missions qu’elle s’attribue elle-même, soit « de promouvoir une industrie responsable et innovante au regard de la société, de l’environnement, des personnes et des entreprises ». Espérons que cet organisme n’obtiendra pas gain de cause !

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