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Encore un article sensationnaliste annonçant l’abandon de Google+ sur Numerama : n’y a-t-il pas ici conflit d’intérêt ?

mardi 23 septembre 2014 à 11:54

Depuis que le réseau social de Google est sorti, la presse à sensation n’a pas manqué de tirer à boulets rouges sur Google+ : censé être « une ville fantôme« , il est surprenant qu’une bonne partie des sites High Tech aient encore une vision tronquée de ce qu’est aujourd’hui la réalité du réseau social de la firme de Mountain View.

Un dernier article de Numerama ose même carrément titrer : « Google abandonne progressivement Google+ ».

Raccourci grossier, titre sensationnaliste par rapport au contenu, informations diffusées parfois fausses et sans sources… Au point que l’on peut se demander ce qui peut déranger tant dans l’avènement de Google+ sur Internet pour certains sites non ?

Creusons un peu sur le conflit d’intérêt qu’il pourrait y avoir entre un site comme Numerama et Google+ :

Commençons par analyser l’article de Numerama : le titre est racoleur, sensationnaliste, clairement en décalage par rapport au reste de l’article. Accompagner le titre d’un point d’interrogation ou le mettre au conditionnel serait le minimum. Guillaume Champeau le dit lui-même dans l’article : « Le réseau social de Google ne disparaît pas, mais il est intégré de façon beaucoup moins intrusive qu’auparavant. »

Pierre Tran, journaliste et consultant reconnu dans le domaine des NTIC, affirme aussi que le titre est quelque peu trompeur :

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Vient ensuite une charge contre Google+ et son rôle dans le SEO : « De même, il semble que malgré le chantage implicite au SEO qu’a tenté d’exercer Google, et grâce au manque d’utilisateurs actifs inscrits sur le réseau social, le bouton « +1″ de Google n’a que peu d’impact sur le référencement, et qu’il n’a plus aucune influence sur l’affichage des résultats. Les webmasters sont donc beaucoup moins incités qu’hier de le mettre en place. » Une information sans source et complètement fausse, puisque Google+ avec ses +1 figure comme 2e facteur d’influence du SEO Google en 2014 selon SearchMetrics !

facteur d'influences SEO 2014

C’est dire à quel point cet article ose affirmer des choses sans même les vérifier !

Étonnant non qu’un monsieur qui se dit lui-même journaliste / éditorialiste se permette de publier des affirmations aussi énormes sans qu’elles ne soient étayées par une solide argumentation.

Si l’on fait un tour du côté de la Charte de Munich, on retrouve notamment deux devoirs du journaliste:
- « Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et les documents. »
– « Rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte. »

Intrigué par cet article quelque peu léger, je fouille plus en profondeur la ligne éditoriale de Numerama et les activités professionnelles de Guillaume Champeau pour comprendre…

J’y ai notamment appris les positions de Guillaume en ce qui concerne la pénalisation par Google du référencement abusif ou de la presse sensationnaliste. Sachant que Numerama est régulièrement accusé de faire du sensationnalisme (un exemple parmi tant d’autres, justement sur le sujet du référencement chez Google), on peut comprendre que la position de Google puisse effectivement déranger le fondateur de Numerama. Mais il semble que ce ne soit pas le seul conflit d’intérêt qui soit ici possible.

Fouillons encore pour tomber sur un autre article qui fustige la position de Guillaume à propos d’un titre d’actualité relatif au référencement faisant « un amalgame grossier », sans que Mister Champeau ne se soit remis en question depuis.

En creusant encore un peu plus, je découvre que Guillaume possède l’entreprise PressTIC. Une société qui propose aussi des prestations de conseil en référencement naturel. La position de Guillaume Champeau en tant que journaliste est clairement compromise sur ce genre de sujet, sachant qu’il y a un conflit d’intérêt visible, à publier des actualités du genre « Donc Google a vraiment décidé d’être irresponsable » alors que d’un autre côté, le sieur Champeau met en place des optimisations artificielles (nulles affirmations péjoratives ici, le fait d’effectuer des actions humaines pour modifier le référencement est bien artificiel) pour que ses sites, ainsi que ceux de ses potentiels clients, soient plus visibles sur Google.

Mise à jour : Guillaume Champeau m’a informé que l’activité de prestations de conseil en référencement naturel de sa société a été abandonnée il y a plusieurs années. Cela ne change pas, à mon avis, l’impact qu’à Google sur les sites édités par PressTIC.

Sauf que Google+ est justement amené à changer cela en permettant aux utilisateurs de donner plus de poids à une news ou un site, avec de véritables actions humaines. Le genre de référencement que l’on ne peut influencer… qu’en faisant du contenu de qualité.

Quand on critique aussi souvent (à raison) les ayants droit du droit d’auteur sur leur vision bornée des choses, il serait peut-être de bon ton d’écouter aussi ses lecteurs quand ces derniers se prennent la peine de critiquer l’intéressé de manière constructive et argumentée, et ce depuis des années ! Il n’est donc pas étonnant que les activités des sites de Guillaume Champeau, si dépendantes des référencements artificiels mis en place pour être en bonne position sur Google, soient si fortement pénalisées lors d’une mise à jour de l’algorithme qui laisse plus de place à l’humain. Il n’est aussi pas étonnant que Google+ puisse ne pas plaire à Guillaume (et c’est le cas depuis sa sortie en 2011). Et nous ne sommes pas surpris par le fait que la page G+ de Numerama n’ait que peu d’interactions avec ses abonnés.

Loin d’un « abandon progressif », Google+ suscite au contraire un investissement important de la part de Google, comme le dit si bien Simon Forgues :

« Allez, soyons réalistes 2 petites secondes.
Google+ aurait-elle introduit deux fonctionnalités aussi évoluées que Stories et Movies le printemps dernier, si c’était pour mettre la clé dans la serrure de son réseau social à peine quelques mois plus tard ?
Je pense qu’elle ne nous aurait pas non plus offert une mise-à-jour aussi approfondie de son application mobile récemment si elle se préparait à fermer le réseau. On ne dessine pas un truc semblable sur une serviette de table de la beignerie locale.
« Rachelle, je vais te prendre encore un café pis deux roussettes françaises. Je suis en train de refaire l’application de Google+ ! »
D’autre part, il me semble que la firme n’aurait pas non plus acquis la compagnie Polar il y a à peine deux semaines (https://twitter.com/lukew/status/510111522492665856), si l’on caressait en secret la volonté de fermer.
Ok, de l’argent, ce n’est pas ce qui manque chez Google, mais quand même…
Surtout quand on sait que la réelle intention derrière cet achat par Google est de se servir de l’expertise de l’équipe de Polar pour relooker la plateforme, surtout mobile, et d’éventuellement la rendre plus interactive en y ajoutant notamment des sondages et autres fonctionnalités semblables.
Vous feriez tout ça, vous, avec un réseau à l’agonie ?
Certains diront que c’est une ultime tentative. Je répondrais que si c’était le cas, ce serait aussi ridicule que de remettre une couche de peinture à une maison qui s’effondre.
Enfin, et je pense que c’est l’un des arguments les plus significatifs, Google aurait-elle lancé récemment My Business et des fonctionnalités statistiques pour les gestionnaires de pages si elle comptait fermer son réseau social à peine la rentrée automnale entamée ?
Détrompez-vous, messieurs, dames. Non seulement le réseau n’est pas mort mais il se prépare d’ici peu à franchir une autre étape dans sa croissance. S’il vous plaît, réfléchissez un peu avant de prêter foi à de telles racontars. »

En bref : activité professionnelle directement influencée, conflit d’intérêt, articles visiblement orientés en son sens, diffusées au milieu d’autres informations vérifiées et sourcées, ce qui accentue la confusion entre contenus journalistiques et ceux qui ne reflètent que l’opinion intéressée de Guillaume Champeau…

Pour conclure, je vous laisse imaginer qui est l’entité la plus impactée négativement par ce genre de publication : Google ou Numerama ?

PS : Je n’ai rien personnellement contre Guillaume Champeau, et je ne tiens pas spécialement à défendre Google, qui a parfois des activités critiquables. Il me semble néanmoins que le fait de publier des articles avec un titre trompeur ne soit pas déontologiquement correct si l’on se dit journaliste, et il est normal que cela puisse attirer la critique.