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samedi 9 janvier 2016 à 02:28
Sauf que la structure même d'un texte littéraire est en opposition avec ta thèse.

En effet, prend n'importe quelle œuvre, même un truc très simple, genre club des 5, on n'est pas dans une mythologie qui couvre des siècles et des milliers de personnages. Eh bien il est absolument impossible de comprendre un des célèbres romans de cette série sans appliquer aux données explicitées des fonctions logiques afin d'extrapoler de nouveaux faits : sinon, il semble que les personnages se teleportent à chaque changement de scène, le ton des personnages (colère, exaspération  triomphe, moquerie) ne pourrais être connu que si l'auteur précisait à chaque réplique, le temps devient complètement élastique, les heures pouvant passer plus vite dans le texte que les minutes.

On ne peut pas, en aucun cas, comprendre une œuvre à moins d'y appliquer la logique, pour la simple raison qu' une œuvre (et a fortiori de qualité) fait passer plus d'informations sur l'état d'esprit des personnages, leur caractère, l'environnement par de l'implicite que par de l'explicite.

Si je place un perso dans "une forêt ancienne, aux chemins sinueux qui disparaissent dans des buisson épineux avant de réapparaître un peu plus bas, quand ils réapparaissaient. Ce n'est que lorsque la lumière de la fin d'après-midi se changeait enfin en pénombre de soirée d'été, Albert-Jean du Moulin de Plogëntas sentit sa confiance s'etioler : allait-il retrouver le chemin du château ? Les bruits autour de lui se faisaient de plus en plus proches et menaçants, dans ce bois qui, il le savait, avait pour plus terribles habitants un couple de blaireaux. "

Alors que si je te dis" Albert-Jean vient d'une famille prout prout et vit dans un château. Il s'est perdu plusieurs heures dans la forêt.La nuit est en train de tomber. Il fait doux et il ne s'en souciait pas trop avant que l'obscurité ne vienne. Maintenant, tous les sons lui semblent hostiles. Des blaireaux habitent dans la forêt, mais pas de sangliers encore moins d'ours"

Le second extrait donne des informations absentes du premier, mais personne ne voudrait s'infliger de lire ce genre de textes plats et, j'ose le dire, sans intérêt. Si la règle d'or de l'écrivain est show, don't tell, alors celle du lecteur est par corollaire look, don't just listen. Ainsi, il existe entre le producteur de l'œuvre et le spectateur un contrat implicite : le premier va cacher des choses dans son texte, le second va les chercher.

La théorie dite de la mort de l'auteur va même plus loin en arguant que le contrat est entre le spectateur et l'œuvre elle-même, et qu'une théorie peut être valide alors même que l'auteur s'est exprimé clairement contre elle hors du texte.

Si ce n'était pas le cas, alors voir star wars serait une expérience moins complète que de lire la biographie de luke, Leia, Han et Chewie sur wookiepedia. Et le monde serait bien triste.
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