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Si vous êtes le produit, ce n’est pas gratuit – La Quadrature du Net - Liens en vrac de sebsauvage

mardi 25 juillet 2023 à 10:55

Oui je crois qu'il faut en finir avec la phrase "Si c’est gratuit, c'est vous le produit".
C'est faux. C'est trop réducteur.

Certainement pas. Ce constat était vrai dans les années 1970 quand il est apparu pour la première fois, et il l'est toujours aujourd'hui.

ça n'a rien de réducteur, il faudrait au contraire se rappeler du contexte pour bien comprendre et ne pas faire d'interprétation foireuse comme le fait seb sauvage ici (encore que pour wikipédia avec son long historique de détournement de fonds et de magouilles et autre montages, sur fond de campagne marketing de levée de fonds aggressive et très supérieure aux besoins réels c'est pas si faux que ça).

Et le contexte c'est: le modèle économique de la télévision commerciale basé sur la pub

Commercial television delivers 20 million people a minute.
In commercial broadcasting the viewer pays for the privilege of having himself sold.
It is the consumer who is consumed.
You are the product of t.v.
You are delivered to the advertiser who is the customer.
He consumes you.
The viewer is not responsible for programming
You are the end product.

Source: "Television Delivers People" (1973)

C'est le principe même de la publicité que de faire payer son coût à l'acheteur sans qu'il s'en rende compte.
Et ce modèle a été appliqué pour le web quand il est devenu commercial, qui se rappelle de AllAdvantage a la fin des années 1990 a été le premier a proposer le concept du paid to surf: on vous paye pour surfer sur le web, qui consiste a refiler quelques miettes de centimes du budget publicitaire en échange d'avoir un un programme qui affiche des bandeaux de pubs.

If you want to sell crap, alladvantage punters are not a bad demographic to advertise to. This isn’t meant to imply anything about any individual AA punter, just about the demographics.
The punters are not the customer, they’re the product. Anyone who’s an AA punter is being sold for a few pennies an hour.

Au même moment se mettait en place le marché des données personnelles et de la surveillance pour pouvoir continuer la course à la croissance économique infinie du capitalisme, notamment dans “Little Brother Is Watching You: The Menace of Corporate America” qui disait:

Perhaps because you’re not the customer any more. You’re simply a “resource” to be managed for profit. The customer is someone else now — and usually someone without your best interests at heart. . . .
Who is the customer? Not you, whose life is reduced to someone else’s salable, searchable, investigatable data. The customer is everyone who wishes to own a piece of your life.

Le problème de la mauvaise traduction française c'est qu'elle ne capture pas vraiment le propos, avec l'avantage que cette version simplifiée est plus facile à retenir et à propager.
Le propos n'est pas nouveau et est bien celui que Chemla reprends dans son billet: l'apparente gratuité des modèles ayant recours à la publicité est trompeuse, la publicité a un coût et c'est l'acheteur ou l'utilisateur qui le paye. Dans les faits ce n'est donc pas gratuit. Et de l'autre c'est que les modèles économiques ayant recours à la publicité ont pour but d'augmenter l'audience autant que possible et d'en extraire le maximum de profit possible.

Note: Dans le cas de Linux, ce n'est pas du tout gratuit. C'est la Linux Software Foundation qui paye et l'essentiel de ses 150 millions de revenus annuels proviennent des boites qui payent des abonnements et du support payant. Et là aussi les utilisateurs sont un argument de vente, soyez certains que les grosses boites qui payent ne le font pas par philantropie mais bien parce que ça leur rapporte plus que ce qu'elle paye et qu'il y a une base d'utilisateurs conséquentes.
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