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Si les Palestiniens avaient été colonisés par des Esquimaux, ils seraient anti-Esquimaux. La réalité pour eux est la suivante : il y a des gens venus de l’extérieur, qui les colonisent et qui les refoulent. Ils ne sont pas spontanément antisémites, mais ils sont contre ceux qui les mettent dans cette situation, quelles que soient leurs origines.

jeudi 9 novembre 2023 à 12:00

Historien, auteur de cinq volumes de référence sur la Question de Palestine, Henry Laurens occupe au Collège de France la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe.

Selon vous, est-ce encore possible de critiquer la politique et le gouvernement de Netanyahou sans être taxé d’antisémitisme ?

Aujourd’hui, il y a une confusion entretenue autour de l’antisémitisme. La dernière mode, c’est de le définir comme la haine d’Israël.

Alors, soit derrière Israël c’est le peuple juif qui est désigné, et dans ce cas il n’y a pas de doute sur la nature antisémite du propos. Soit il s’agit de critiquer l’État d’Israël et donc le mouvement sioniste.

Du point de vue du droit, il est tout à fait légal d’être hostile à une force politique. Au même titre que certains ont le droit d’être anticommunistes ou anticapitalistes. Mais, au-delà de l’Occident, il faut avoir à l’esprit que, pour ceux qui subissent l’occupation et la colonisation, cette situation ne provoque pas un amour effréné.

Si les Palestiniens avaient été colonisés par des Esquimaux, ils seraient anti-Esquimaux. La réalité pour eux est la suivante : il y a des gens venus de l’extérieur, qui les colonisent et qui les refoulent. Ils ne sont pas spontanément antisémites, mais ils sont contre ceux qui les mettent dans cette situation, quelles que soient leurs origines.
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