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Re: Choses vues, sur le web et ailleurs Re: Jérôme Godefroy sur Twitter : "Cette petite librairie - OpenNews

jeudi 13 juillet 2023 à 13:06

Intéressant de lire ton avis ce qui permets de comparer parce que je n'ai pas la même interprétation à la lecture de la phrase. Possiblement parce que je n'ai pas d'implication personnelle dans ce conflit, et que gérant un commerce moi-même j'ai déjà été dans des situations similaires mais exemptes du militantisme.

Pour moi "l'arrivée funeste" n'est ni un compliment, ni une insulte c'est juste descriptif de la situation. c'est une reformulation ce qui était déjà décris dans le tweet initial: « Désolé, le militantisme clivant, c’est mauvais pour le commerce. D’ailleurs, la boutique est au bord de la faillite. »

Avant leur arrivée la librairie fonctionnait bien depuis longtemps, après l'avoir repris le commerce a perdu sa clientèle et se retrouve à devoir lancer une campagne de financement participatif pour ne pas mettre la clé sous la porte.
Je n'y vois pas du tout cette interprétation que leur seule présence aurait rendu la librairie infréquentable.

Sur la question de la volonté d'exclusion, je trouve qu'il ne faut pas charrier. La morale catho de tendre l'autre joue, tout ça... très peu pour moi.

Peu importe que ce soit justifié ou pas, quand on bloque quelqu'un c'est qu'on veut couper la possibilité de communiquer, donc une volonté d'exclusion.
Tu noteras qu'en reprenant la phrase "tendre l'autre joue" tu es déjà dans le conflit et le positionnement victimaire faisant du client déconvenu un agresseur violent.

C'est là je pense qu'il faut faire la part des choses pour éviter une confusion. il est d'abord question de gérer un commerce et une boutique.
penses tu vraiment que quand le support reçoit une plainte d'un ancien client mécontent c'est une bonne pratique commerciale de lui raccrocher au nez et de le bloquer ?
un tel retour est précieux pour un commerce, ça permets d'identifier et comprendre ce qui ne va pas. la relation clientèle c'est un mécanisme important dans un commerce et c'est préférable de conserver les clients existants que d'essayer d'en acquérir de nouveaux1.
Enfin je vais pas expliquer les concepts basiques et évidents de ce qu'il faut faire pour faire tourner un commerce.

si tu veux bien prendre 1 minute avec moi pour prendre un pas de recul et se pencher un peu sur ce que tu dis.

Où vois tu qu'il dit qu'il ne mettra plus les pieds dans cette librairie ? n'es tu pas en train déformer un propos qui dit "pendant 15 ans j'achetais régulièrement dans cette librairie et depuis 2020 je n'y vais plus" ?

Quand tu dis qu'il souhaiterait la voir disparaître, n'est ce pas là un procès d'intention ? n'est il pas possible que ce soit plutôt l'expression d'un regret de voir disparaitre une librairie à laquelle il était attaché ?
tu connais peut-être le dicton: « Avant de juger quelqu'un sur sa colère, interrogez-le sur sa douleur. »

Pourquoi est-ce qu'il aurait eu à calmer des ardeurs dont rien n'indique qu'il ait conscience d'en être la cause ou qu'il aurait pu y faire quoique ce soit ? crois que si le policier qui a tué nahel avait fait une déclaration à l'intention des émeutiers ça aurait mis fins aux émeutes ? je crains que ce ne soit pas comme ça que le cyberharcèlement fonctionne. en particulier sur twitter (qui est conçu autour de l'outrage comme mécanisme de captation de l'attention) et visant les femmes, militantes, féministes où il y a toujours un groupe prêt à partir à l'assaut. Et sur ce point je te renvois à ce que je disais dans mon précédent message sur la radicalisation contre un groupe comme conséquence du clivage et de l'exclusion.
Pour le dire autrement quand une étincelle mets le feu aux poudres, accuser l'étincelle c'est occulter que le fond du problème c'est le stock de poudres. ou pour la goutte qui fait déborder le vase, c'est l'accumulation qui a remplit le vase.
Pour clarifier cette image, pourquoi s'en prendre à l'auteur du tweet ? pourquoi ne pas prendre un pas de recul pour chercher à voir plus large et essayer de comprendre les mécanismes à l'oeuvre ?

Est-ce que ce petit pas de recul t'a permis de prendre conscience que tu es partie prenante du problème que tu cherches pourtant à dénoncer et que ce que tu fais relève du dénigrement et qu'il suffirait que vous soyez plusieurs à faire ça pour que ce soit du cyberharcèlement ? dont l'origine serait la librairie. On pourrait même aisément appliquer le même raisonnement que celui que tu faisais plus haut sur coupable/responsable/complice puisque qu'elle n'a pas appelé à ne pas harceler cet homme là qui n'a pourtant harcelé personne, ni appelé au harcèlement.

D'ailleurs puisque tu reconnais que c'est tiré par les cheveux d'affirmer qu'il a insulté la librairie dans ses tweets, est-ce que tu penses que "vieux macho aigri" ça pourrait être considéré comme une insulte ? parce qu'on dirait bien que ce que lui n'a pas fait mais dont tu l'accusais pour justifier de s'en prendre à lui, et bien toi tu le fais sans que ça ait l'air de te poser de problème. deux poids, deux mesures ?

En espérant que ça te permets de comprendre comment on est biaisé quand on s'identifie dans l'appartenance à un groupe et pas à l'autre.

Bien sûr que le clivage a pour effet de générer d'un coté des vagues de violence et de l'autre des vagues de soutiens, juste regarde le succès de l'ignoble cagnotte d'extrême droite en soutien au policier meutrier lancée en réponse à la cagnotte de soutien pour la famille de la victime.
on pourrait aussi s'amuser à reprendre le raisonnement sur coupable/responsable/complice pour l'appliquer au succès de la cagnotte, et selon le camps d'appartenance on peut choisir des interprétations différentes. soit c'est "bien fait pour ce vieux macho aigri" qui a causé l'effet inverse de ce qu'il voulait, soit bien joué et une masterclass d'avoir réussi à sauver une librairie à laquelle il était attaché mais qu'il ne fréquentait plus depuis le changement de direction.

Mais la réalité des faits est tout autre. c'est d'ailleurs ce que rapporte l'article de causette que tu cites. Quand on prends le temps de vérifier ce qui est raconté on voit rapidement que les faits et la chronologie raconte une autre histoire.

il y a une forme d'ironie à lire "« Dès le len­de­main, un homme nous tombe des­sus sur Twitter », explique Annabelle Chauvet à Causette." qui est un classique du patriarcat de ne pas nommer les femmes et de dire"une femme". C'est un aussi un classique des appels au harcèlement déguisés de ne pas donner citer directement l'identité de la cible sachant qu'il est trivial de la trouver.
Il est exagéré, pour ne pas dire trompeur, de dire qu'il leur tombe dessus car causette rappelle en dessous qu'en substance il ne fait que répéter la critique énoncée par le délé­gué géné­ral de l’Association déve­lop­pe­ment de la librai­rie de créa­tion dans l'article de télérama.

Critique à laquelle la librairie a répondu de manière très aggressive et clivante sur twitter le jour de la parution de l'article entrainant des réactions de rejet tout aussi violent et haineux caractéristique de twitter. ça se passe la veille du tweet de Jérôme Godefroy.

on se retrouve d'un coup avec une autre lecture de l'histoire, l'origine n'est plus le tweet de Jérôme godefroy mais l'article de télérama, et le stock de poudre semble avoir été mis là par la librairie elle même et avoir commencé à prendre aussitôt. Ce qui est pointé comme l'origine du harcèlement n'aurait au final que joué un rôle d'accélérant de flamme.

« Ironiquement c’est peut-​être grâce au tweet de Jérôme Godefroy que l’on a pu sau­ver notre librai­rie, raille Annabelle Chauvet.

Et pourtant c'est factuellement faux, le palier de la campagne financement permettant de sauver la librairie a été franchi le 5 juillet soit environ une semaine avant le tweet. comme indiqué sur la page de la campagne ce palier c'est "50 000 euros on a payé les dettes les plus importantes et on peut rouvrir nos comptes chez nos fournisseurs de livres et recevoir les nouveautés, notamment la rentrée littéraire" et 3 fois plus que l'objectif initial de la campagne. Ce qui indique clairement qu'il y avait déjà un fort soutient et que cette campagne était un succès avant le tweet.
Il y a probablement une part de vrai mais pour autant il y a clairement une volonté d'établir une trame narrative autour de l'arroseur arrosé qui attise le clivage et donne un sens faussé de justice.

Pour ce qui est de sauver la libraire, rien n'est gagné. Cette campagne de financement lui évite de disparaître et lui permets de payer ses dettes accumulées. Mais ça ne veut pas dire pour autant que les difficultés décrites dans l'article de télérama ont disparu et qu'elle a un modèle économique pérenne assurant qu'elle va durer dans le temps.

Parce qu'au final ce qu'il faut garder en tête c'est que notre ennemi commun c'est le capitalisme, et pas un "vieux macho aigri" qui fait des tweets ni un groupe de militantes engagées qui essayent de vivre en adéquation avec leurs valeurs personnelles. Que pour s'en défaire il faut que nous soyons unis dans notre combat, et qu'on ne se laisse pas diviser.

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