Nuit Debout peut au final également constituer un énorme recul.
La réaction face à l'échec va pousser les gens à abandonner la lutte, mais également à considérer que l'échec n'est pas du à leur méthode.

Cela me rappelle le Parti Pirate en Belgique il y a quelques années dont j'ai suivi de loin via 2-3 blogs pirates l'évolution.
Première étape: on est plus malin que tout le monde. Si la politique ne marche pas, c'est simplement du à des phénomènes hyper-basiques, hyper-clichés (les élus sont corrompus, veulent à tout prix être ré-élus, défendent leur chapelle, ...)
Deuxième étape: on monte un parti en ne prenant aucune leçon des autres. Évidemment, certains remarquent qu'on refait les mêmes erreurs que les autres, qu'on a une vision naïve de la politique, mais ces gens-là sont juste des aigris ayant peur des nouvelles idées.
Troisième étape: on fait les mêmes erreurs que les autres. Alors qu'on croyait qu'il suffisait de discuter pour qu'apparaisse LA solution à laquelle tout le monde tombe d'accord (car tout le monde est de bonne volonté), on voit que ça ne marche pas. La vraie raison, c'est simplement que différentes personnes ont différent idéal de vie et différente croyance quant au moyen d'y arriver (aahh, se prendre dans la tronche la fameuse "gauche vs. droite" alors qu'on se glorifiait d'être un visionnaire constatant qu'elle n'existe plus), mais la raison retenue, c'est "le type qui n'était pas d'accord avec moi n'a pas joué le jeu. Il a trahi l'idée du PP en se comportant comme un politicien".
Quatrième étape: surtout, SURTOUT, ne pas se remettre en question. Si ça a échoué, ce n'est pas parce que les types de la deuxième étape avaient en fait raison, mais à cause de tout autre chose. La conclusion étant: "je suis dégoutté, j'avais une super bonne idée qui marche du tonnerre, j'en suis encore plus convaincu maintenant, mais les autres ont tout saboté".

Nuit Debout va se passer de la même manière: ça va aboutir sur rien, mais ça va renforcer l'idée que la mauvaise méthode est une bonne méthode, que eux les méchants, ce sont décidément les méchants et que nous les gentils, on est décidément les gentils.
Soit un grand pas en arrière par rapport à une attaque intelligente de la situation.
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