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mercredi 18 novembre 2015 à 12:05
Par exemple, un mot comme justice peut être défini assez rapidement par un dictionnaire (moins de deux page pour le TRÈS détaillé Trésor Informatisé de la Langue Française. Pourtant, le *concept* de justice est un objet philosophique énorme. Ainsi, la Théorie de la justice de Rowls est une tentative de donner une définition de la justice. Le livre fait plusieurs centaines de pages. Et ce n'est qu'un infime fragment de la masse considerable de textes écrits afin d'apporter une définition à ce terme. On parle ici de centaines de milliers de pages écrites dans des dizaines de langue durant des millénaires.

Oui, mais tout ça n'est que de la théorie abstraite, qui n'a pas de rapport avec le monde réel ? Ce corpus compte pourtant quelques titres comme De L'Esprit des lois, Le Contrat social, Contre la peine de mort. Au delà de gains minimes comme la démocratie, ou l'abolition de la peine de mort, on peut compter parmi les avancées permises par cette remise en question permanente de ce qui est juste le droit à l'avortement, le droit du travail, la loi sur la séparation des cultes (et non de l'Église, comme certains aiment à le faire croire) et de l'état.

Quelle rapport entre ceci et cela ? Tout d'abord, sur le rôle important qu'à la définition des termes pour changer les choses : En 1900, on considérait largement que la peine de mort était juste. En 1650, la monarchie de droit divin de même. Ces choses ne sont pas devenue injustes parce qu'elle ont pris fin, elles ont pris fin parce qu'elles étaient devenues injustes. L'appel au dictionnaire est donc en soi un appel à la sagesse des anciens, au consensus des générations précédentes, un outil réactionnaire.

Mais si j'ai choisi cet exemple, c'est aussi parce que le droit de la guerre, qui je le rappelle a quasiment mis fin aux conflits armés entre les nations (il n'y a jamais eu moins de guerres qu'aujourd'hui, et elles n'ont jamais été aussi souvent résolues par la diplomatie), est un produit de cette réflexion. Ce droit de la guerre pose un cadre, juridique, autour de la notion 'la France est en guerre'. Utiliser l'expression hors de ce cadre, en particulier lorsque l'on est le chef des armées, représente un retour en arrière, une remise en cause des principes mêmes de la République. Le concept de guerre est indissociable du concept de justice : les parties se réclament toujours de leur bon droit, de leur légitimité. Or, dès que l'on ignore le réseau des concepts, que l'on veux en définir un sans produire une recursion infinie de modification du sens, comme le font les dictionnaires, on se limite à une vision superficielle. Ceci a son utilité, certes, mais ne saurait être le fondement de la réflexion.

On reproche souvent au progressistes de rédiger des pavés, de compliquer les choses. J'ai moi même reçu cette critique lors de l'affaire Timo. Poir autant, il n'y a pas de pensée simple qui soit juste, tant au sens de la justice que de la justesse. Poser un cadre est un préalable nécessaire à toute réflexion poussée. Si l'appel au dictionnaire à le mérite de poser un tel cadre, j'ai déjà montré que ce cadre n'est pas le point de vue objectif que l'on voudrais qu'il soit.

Ainsi, en construisant cette argumention de l'exemple vers la définition pour revenir vers le cas particulier que je veux etudier, je me libère du poids des prémisses implicites en explicitant mes prémisses. Je rattache ma pensée à un réseau de concept connu et connaissable. Les implications de la définition de la guerre (que je donnerai si ce texte faisait 10 pages de plus) sur les concepts de justice, de démocratie, de société, de pouvoir, etc, seraient connaissables, mesurables (qualitativement), et l'on pourrais alors entrer dans un débat de fond sur la nature de la guerre comme concept. Alors que si tu prend la définition du Larousse, de google, ou du wikitionnaire, tu accepte les prémisses de celui qui l'a rédigé, et ce implicitement alors même qu'on ne les connais même pas ! Tu interdit la réflexion profonde, tu te lie à une superficialité qui est au mieux ignorante, au pire anti intellectualiste.

Je soutiens donc totalement la position d'Alda dans ce débat.

AlexO
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